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auto
SECTEuR
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A u T o M o B I L E
Si le secteur automobile est un des plus
touchés par la crise, il est également l’un
de ceux qui ont besoin rapidement de
nouveaux cadres très spécialisés pour
réorienter leurs activités vers des pro-
duits technologiquement différents.
Les premières aides octroyées par les
pouvoirs publics vont servir en prio-
rité tant à la production et à l’emploi
préexistants, qu’à la commercialisa-
tion des modèles en production. La
seconde vague de crédits d’État devra
relancer, sinon lancer, la recherche et
le développement des futures fabri-
cations, nettement moins polluan-
tes, par exemple.
«Les jeunes diplômés des écoles supé-
rieures de commerce ne devraient pas
avoir trop de difficultés pour trouver un emploi. Les ingénieurs
commerciaux non plus, pour peu qu’ils privilégient les réseaux
de distribution et un peu moins les constructeurs. Pour les autres
formations traditionnelles, l’avenir immédiat va demeurer très
aléatoire», estime André Devienne, gérant du cabinet spécia-
lisé Auto Consultant.
Investissement massif
Seuls
les départements de pointe – la R&D,
les énergies nouvelles… – ne connaî-
tront pas la stagnation, encore moins la
récession. Les recrutements battent leur
plein. Les formations dans ces domaines
relativement nouveaux étant encore très
récentes, les élèves frais émoulus des gran-
des écoles d’ingénieurs sont fort recher-
chés. Tant chez les constructeurs que chez
les équipementiers, les manufacturiers, les
plates-formes d’ingénierie ou les sociétés
actives dans l’univers du développement
durable appliqué à l’automobile, les emplois
existent ou sont en passe d’être créés.
Que ce soit PSA ou Renault, les deux
constructeurs français investissent massive-
ment dans la conception de véhicules plus
propres, réclamés par des consommateurs
soucieux de l’empreinte polluante que leur automobile lais-
sera demain dans l’environnement. Peugeot opte en priorité
pour l’hybridation diesel/électricité que Citroën adoptera à son
tour. Renault table, avec son allié japonais Nissan, sur l’avenir
de la voiture électrique et coopère déjà avec des fabricants de
batteries pour propulser dès 2011 ses futurs modèles en Israël
et au Danemark, notamment. Deux petits pays par la taille qui
serviront de terrain d’expérience, avant une généralisation à
venir de ces modèles sur les routes de l’Europe continentale.
Chercheurs : passeport pour l’emploi
Les
recherches, longtemps demeurées embryonnaires, vont connaî-
tre un formidable essor et la demande en jeunes spécialistes
s’amplifie déjà – les “experts” n’existent quasiment pas dans ces
branches d’activité. Au-delà des diplômes, une spécialisation
complémentaire sur les carburants nouveaux, la recherche et
les applications en électricité, sur les batteries, les techniques
de récupération d’énergie, le développement et l’utilisation
de l’hydrogène dans les véhicules terrestres ou encore la pile à
combustible, constitue un passeport certain pour l’emploi.
Les grandes écoles prennent d’ailleurs de mieux en mieux
en compte ces évolutions
récentes et renforcent ces
parcours spécifiques dans
leurs programmes de for-
mation. Car si en France,
il est vrai que l’on manque
d’ingénieurs, la pénurie de
spécialistes des nouvelles
technologies de l’automo-
bile est encore plus criante.
Jean Rol-Tanguy
Contrairement à ce que l’on aurait pu croire, l’univers
de l’automobile reste demandeur et continue à recruter toujours
en nombre de jeunes diplômés. Toutefois, les profils retenus
sont bien différents aujourd’hui.
L’automobile
se réoriente
En savoir plus
La filière automobile est
complexe. Voici les différents
syndicats qui la représente :
www.ccfa.fr
www.csiam-fr.org
www.cnpa.fr
www.feda.fr
www.fna.fr
www.fiev.fr
«Nous sommes beaucoup
plus petits que Renault
ou Peugeot !», signale
Magali Aubry, responsable
du développement RH
de Mercedes Benz en
France. Elle reste toutefois
optimiste : le siège français
de l’entreprise recrute chaque
année des jeunes diplômés.
outre les jeunes issus des
écoles de commerce, destinés
aux services marketing ou
financier, les ingénieurs sont
recherchés pour concevoir
et piloter les fonctions de
service après-vente de la
marque prestigieuse. «Notre
réputation implique une
qualité de service de très
haut niveau. Nous avons
besoin d’ingénieurs qui
nous permettent d’améliorer
nos process et outils de
maintenance, en liaison
étroite avec la maison mère.»
Une vision globale et la
passion de l’automobile,
voilà les atouts des jeunes
diplômés chez le constructeur
allemand. Sans oublier les
capacités de communication :
«Les ingénieurs ont moins
conscience de l’importance
du relationnel. Je leur conseille
de s’ouvrir davantage aux
autres et aux aléas de la vie
professionnelle. Quand ils
sortent d’école, ils imaginent
un parcours tout tracé.
Du coup, ils se ferment
des portes !»
Ingénieurs recherchés
MAGALI AUBRy, responsable
du développement RH de Mercedes Benz
en France.