voir les propositions d’embauches se multiplier… même si,
pour le moment, l’attentisme est encore de mise chez les
grands opérateurs énergétiques pour se lancer dans des pro-
grammes d’ampleur.
L’émergence de nouvelles fonctions liée
à la crise ?
Nul ne peut prédire ce que sera le visage de
l’économie après cette crise de système. Les politiques parlent
de refondation du capitalisme, de moralisation et de contrô-
les accrus. L’avenir nous dira si ces déclarations faites à chaud
étaient le signe avant-coureur d’un changement profond ou
juste de belles paroles. Pour les entreprises en tout cas, les
prochains mois seront sans doute utilisés pour affiner leurs
outils de contrôle. Les fonctions d’audits orientés sur le pilo-
tage stratégique et les métiers du chiffre (expertise comptable,
contrôle de gestion) devraient connaître une évolution posi-
tive. Dans la tempête, il faut un pilote et un gouvernail fonc-
tionnel. Concernant l’audit, après des années de croissance
à deux chiffres basée sur la croissance externe et les fusions
acquisitions, il faut s’attendre à un recentrage du métier vers
l’opérationnel. En effet, pour le moment, les opérations de
rachat sont presque toutes gelées et bien malin qui peut dire
quand la folie «fusac» reprendra.
Les fonctions RH, en période de restructurations, prennent
elles aussi une plus-value certaine, bien que les rémunérations
sur ce type de poste puissent être revues à la baisse. Ce ne sont
d’ailleurs pas les seules fonctions qui pourraient être impac-
tées par les restrictions budgétaires des entreprises. Si l’âge
d’or des jeunes loups de la finance semble être mis durable-
ment entre parenthèses, les salaires de nombreuses professions
risquent également de marquer le pas.
Exprimer sa motivation
Comme vous le voyez,
tout n’est pas sombre dans le tableau 2009. Pour autant,
les choses évoluent avec une telle rapidité que jouer les
oracles serait une erreur. Dans ce contexte, l’essentiel est
de conserver son dynamisme et sa rigueur. Pour
la préparation d’un entretien
notamment. Il faut s’informer en amont sur l’entreprise,
sa culture, et le poste visé pour prouver votre sérieux, votre
motivation. Une démarche qui vous rendra, dans le même
temps, plus à l’aise face à votre interlocuteur. Une situation
dont rêve tout un chacun au moment de négocier un job.
Et, n’oubliez pas : un poste, ce n’est pas qu’une chaise, un
bureau, un ordinateur et un téléphone. C’est un salaire, une
carrière et un avenir pour vous. En somme, un investissement
humain pour chacun.
une relation nouvelle
Ainsi, le contrat de base seul
(salaire, horaires, conditions, ambiance…) ne suffit plus. Dès
les premières rencontres lors d’un recrutement, un échange
donnant/donnant doit s’instaurer. Dans cette relation nou-
velle, l’entreprise, saisie par l’effet papy-boom et l’enjeu de
transmission des savoirs, doit répondre à un investissement
fort. En face, vous, candidat soumis aux aléas du marché, sou-
haitez obtenir un équilibre de vie professionnelle. En effet,
selon une étude TNS Sofres – Euro RSCG C&O, un tiers des
candidats à l’emploi craignent de voir leur carrière bloquée.
Mais, il vous faut d’abord séduire le recruteur. Si vous y par-
venez, il déploiera les moyens pour faciliter votre intégration,
vous accompagner dans
votre évolution profession-
nelle, parce qu’il veut vous
fidéliser. En échange, parmi
vos priorités, une est pri-
mordiale : mettre en avant
votre capital talent et ce, dès
le recrutement. Il faut donc,
le plus tôt possible, savoir
mettre en forme vos atouts
et exprimer vos envies afin
de faire la différence.
Stanislas Hallesix
Des sites
d’informations pour
suivre les évolutions
de la crise au plus
près :
Le site de l’oCDE :
www.ocde.org
Centre de recherche en
économie de sciences po :
www.ofce.sciences-po.fr
Situation internationale :
www.imf.org (site du FMI
pour une vision macro-
économique)
Chômage :
www.insee.fr,
www.pole-emploi.fr
www.apec.fr
8
«Nous communiquons sur
nos actions en faveur de la
diversité, car nous sommes
une entreprise qui fait ce qu’elle dit
et dit ce qu’elle fait !», soutient Dominique
Lagarde, DG délégué RH et communi-
cation d’EDF, une des 2 125 entreprises
signataires de la Charte de la diversité.
Lancé fin 2004 par Claude Bébéar et Yazid
Sabeg, ce texte incite les sociétés à garantir
la promotion et le respect de la diversité
dans leurs effectifs. Primo signataire, avec
les grands patrons du CAC 40, le dirigeant
de la PME NEF (50 salariés) s’est engagé
dans la prévention des discriminations
raciales suite à une prise de conscience:
«En travaillant sur des marchés classés, j’ai
réalisé que, sans être raciste, j’avais adopté
un comportement discriminant. J’hésitais à
employer un Africain
ou un Maghrébin, par
crainte des réactions de
mes clients», précise le
PDGJean-LucGaidon.
Dans le cadre du Cen-
tre des jeunes dirigeants
(CJD) et en partenariat
avec l’Observatoire sur
les discriminations et
les territoires intercul-
turels (ODTI), il a alors sensibilisé tous ses
salariés et modifié son processus de recru-
tement: «Je rencontre souvent le candidat au
patronyme étranger. Faute de poste à pour-
voir, je l’aide à améliorer son CV ou le fais
circuler. À compétences égales, je vais dans le
sens de l’équilibre. Je recrute une femme s’il y
a beaucoup d’hommes dans l’entreprise, et un
Noir s’il n’y a que des Blancs.»
Diversifier les recrutements
Comme NEF, beaucoup d’entreprises
citoyennes lancent des actions positives,
après avoir été alertées par des inégali-
tés flagrantes sur le terrain: «Nous avons,
aujourd’hui, réussi à réduire globalement
l’écart de rémunération entre les hommes et
les femmes», précise Dominique Lagarde.
Mais, faut-il aller jusqu’à la discrimination
positive ? Lorsqu’il s’agit de rendre les CV
anonymes, les avis divergent: «Nous avons
mis en place le CV anonyme pour toutes nos
filiales et services. Et nous sommes allés plus
loin, en supprimant sur le CV l’âge des candi-
dats et tous les éléments au-delà de quinze ans
d’expérience, car il existait une grande discri-
mination envers les seniors», précise Sylvain
Breuzard, PDG de Norsys. Trois ans plus
tard, les recrutements de personnes de
plus de 40 ans ont rehaussé la moyenne
d’âge de 28 à 33 ans et les candidats issus
des minorités visibles sont trois fois plus
nombreux. Jean-Luc Gaidon a jugé diffi-
cile l’application d’une telle pratique: «Je
ne suis pas pour la discrimination positive.
Exister par son origine peut être humiliant
pour une personne. Le CV anonyme est dif-
ficilement applicable aux PME, dépourvues
de DRH. Et, jusqu’où aller ? Après le nom et
l’adresse, faut-il faire disparaître la référence
à une école locale, qui pourrait identifier
l’origine du candidat ?» NEF a préféré un
processus RH qui analyse les CV selon
des critères de compétence, puis teste les
candidats en situation. «Nous avons aussi
diversifié les sourcing en termes d’origine, de
formation (…) et cartographié les compéten-
ces pour chaque métier», précise Jean-Luc
Gaidon, qui avait été discriminé lui-même
sur sa formation en doctorat. «Je suis PDG
de l’entreprise qui a autrefois refusé ma can-
didature ! Le diplôme ne doit pas être un élé-
ment discriminant.» Pour lutter contre un
système qui privilégie souvent les grandes
écoles, les entreprises réagissent, à l’image
de Norsys: «Nous recrutons autant de jeu-
nes issus de la fac que des grandes écoles. Et
nous faisons appel à l’apprentissage qui per-
met à des jeunes à fort potentiel de réussir.»
Une richesse des parcours comme des
compétences, qui participe à la réussite et
l’épanouissement de chacun. «L’entreprise
doit ressembler à la société que nous croisons
dans la rue, car entre clones, on ne s’enrichit
pas», souligne Marianne Naud, directrice
du pôle diversité d’Areva.
Emma Philibert
D I v E R S I T É E T H A n D I C A P
La lutte contre les discriminations est devenue
un sujet d’actualité incontournable pour les entreprises.
Elles en ont fait une véritable politique.
Effet de communication ou réelle pratique de la diversité ?
La différence,
un atout
pour l’entreprise
La diversité est un levier
de performances pour l’entreprise
DoMINIqUE LAGARDE, DG délégué RH et communication
d’EDF, signataire de la Charte de la diversité, applique
une politique volontariste pour l’égalité des chances.
«Nous souhaitons
refléter la société dans
laquelle nous évoluons
par la diversité de nos
salariés. Nous recrutons
des cadres comme des
techniciens et nous avons
développé l’apprentissage
avec une embauche sur
trois, du CAP au niveau
ingénieur. Pour certains
métiers commerciaux,
nous recrutons des jeunes
sans diplôme, par rapport
à leur motivation et à leurs
capacités d’intégration.
Depuis vingt ans, nous
menons une politique
active d’intégration des
personnes handicapées,
avec notamment 130
embauches en 2008. Nous
avons rendu accessible la
grande majorité des lieux
de travail et développé
des techniques d’accueil
adaptées aux clients
malentendants. Notre
engagement en faveur de
l’égalité professionnelle
a été récompensé par le
«Label Égalité». Nous
sommes parvenus en
quelques années à une
égalité salariale globale
entre hommes et femmes.
Nous avons mis en place
un dispositif pour lutter
contre la discrimination
à l’embauche et
continuons à sensibiliser
l’ensemble des salariés,
avec notamment une
journée interne dédiée (le
«Diversity Day»). Car la
diversité est interculturelle
et intergénérationnelle.
EDF se renforce
à l’international et
encourage les échanges
interculturels à travers les
entités du groupe, toutes
constituées de salariés
de divers horizons, en
termes d’origine comme
de profil, de sexe et d’âge.
Je suis convaincu que
la diversité est un levier
de performances pour
l’entreprise !»
La richesse
des parcours,
comme des
compétences,
participe
à la réussite
de chacun.
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