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recrute 650 collaborateurs, attend pour sa branche Bâtiment
une trentaine de cadres de profils ingénieurs d’affaires et une
dizaine de postes de techniciens de niveau bac +2 avec une
troisième année de spécialisation. «Une première expérience en
bureau d’études avec un peu de connaissance au niveau des calculs
est appréciée», révèle Isabelle Gozdowski, DRH de l’Apave.
Les réseaux se développent et recru-
tent
La crise épargne donc relativement le BTP et les
recrutements de jeunes diplômés, au moins jusqu’au
second semestre 2009. En revanche, elle est moins tendre
avec l’immobilier, charriant son lot de conséquences… pas
toujours négatives. Certes, les foncières ont freiné leur
quête de nouvelles recrues. D’autant «qu’elles recherchent
plutôt des bac +5 de profil financier. Elles vont les trouver
plus facilement, puisque les banques vont leur offrir moins d’op-
portunités», indique Thierry Cheminant, directeur pédagogi-
que de la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim) et de
l’école supérieure de l’Immobilier (ESI). Et de manière géné-
rale, les recruteurs vont avoir le choix. «Les tensions du marché
immobilier font que de nombreux commerciaux expérimentés
recherchent un emploi. L’offre de profils est importante», révèle
Olivier Alonso, PDG et fondateur du réseau Solvimo. Bien
sûr, l’immobilier connaît un sérieux ajustement de ses effec-
tifs. «Toutefois, après avoir généré 5000 à 7000 postes l’an passé,
il va rester créateur d’emplois», poursuit Thierry Cheminant.
D’abord, la construction de 500000 logements minimum
pour couvrir les besoins au niveau national n’ont pas disparu
avec la crise. «La demande est toujours là, mais les acquéreurs
n’osent pas réaliser en raison des difficultés rencontrées.» Ensuite,
les réseaux continuent à recruter, «car l’effet papy-boom per-
siste, ainsi que les départs naturels liés aux évolutions de carrière
et changements de postes». Facteurs auxquels il faut ajouter les
croissances des agences et des réseaux. Résultat: 800 à 1000
embauches sont prévues chez Century 21. De son côté, Lafo-
rêt Immobilier attend 750 nouveaux collaborateurs, dont 400
pour le renouvellement des effectifs, 150 pour des ouvertures
d’agences et 200 pour la création de postes. Solvimo, qui vise
400 nouvelles agences d’ici 2010 contre 160 début 2009,
compte sur la venue de 80 jeunes diplômés.
Crise et réglementation: vecteurs de
professionnalisation
«Toutes les entreprises de tran-
sactions, locations, gestions de biens, syndics… qui représentent
90% du chiffre d’affaires des activités professionnelles de l’im-
mobilier régies par la loi Hoguet (10% pour les foncières) vont
être en recherche de collaborateurs en 2009», affirme Thierry
Cheminant. Toujours à cause de la crise ! Car, tensions
obligent sur un marché de l’immobilier qui doit désormais
digérer des années de flambée des prix, «les acheteurs comme
les vendeurs de biens deviennent très exigeants. Les profession-
nels vont donc devoir mettre en avant tous leurs atouts pour les
satisfaire». Conséquence: dans une logique très pointue de
services et de relations aux clients, «les métiers se profession-
nalisent en faveur des jeunes diplômés». Également parce que
le secteur se codifie. À l’instar des diagnostics amiante, gaz,
termites, plomb, gaz, électricité, de performances énergéti-
ques qui sont créés pour sécuriser transactions et locations,
«la manne de réglementations qui touche l’immobilier, notam-
ment dans une logique consumériste, nécessite un bon niveau de
formation et de veille tout au long de sa carrière». Ainsi, chez
Century 21 «où l’essentiel des besoins en recrutement porte sur
le poste de conseiller vente habitation, nous ne nous focalisons pas
sur les diplômes, explique Laurent Vimont, président de Cen-
tury 21 France. Pour autant, 70% de ces candidats sont au moins
titulaires d’un BTS Management des unités commerciales (MUC)
ou Professions immobilières». Une proportion qui monte à 80%
chez Laforêt Immobilier (20% des recrutés n’ont pas de forma-
tion spécifique) pour ses conseillers commerciaux. 90% de ces
jeunes diplômés ont un BTS MUC ou DUT Techniques de
commercialisation, et 10% des jeunes arrivants sortent d’écoles
de commerce, à condition que des évolutions vers la fonction
de responsable commercial soient envisagées. Chez Solvimo,
autant de ces bac +2 sont escomptés ainsi que 20% de sortants
d’écoles de commerce et licence. Avec à la clé de belles oppor-
tunités de carrière: «Un grand nombre de patrons d’agences ou
dirigeants de réseaux sont d’anciens négociateurs, alors que rares
sont les guichetiers qui deviennent patrons de banque», conclut
Thierry Cheminant.
S. L.
«Avec le Grenelle de
l’environnement, nos
entreprises doivent s’inscrire
dans le cadre d’une offre
globale qui nécessite
d’importantes compétences
au niveau de l’encadrement.
Tous les jeunes qui convergent
vers le développement
durable, l’environnement
ou la gestion énergétique
des bâtiments n’ont pas de
soucis à se faire, pour peu
qu’ils soient mobiles. Une
qualité indispensable, car
les chantiers se déroulent
dans toute la France et à
l’international. Désormais,
le bâtiment – dont le niveau
de rémunération a crû de
35 % en cinq ans – offre une
image technique, performante,
avec des perspectives
d’avenir importantes et une
employabilité constante, car
il a toujours besoin de main
d’œuvre et de compétences.
Il reste un formidable
vecteur de formation et
donc d’ascenseur social.»
D’importantes compétences
au niveau de l’encadrement
ARMEL LE CoMPAGNoN,
président de la commission nationale
formation de la Fédération française
du bâtiment (FFB).