A la memoire des 1 500 000 victimes armeniennes



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GENOCIDE ARMENIEN


France

Génocide: le texte qui divise la gauche

Par L'Express, publié le 11/01/2012 à 18:30

Le groupe des Verts au Sénat s'oppose à la proposition de loi sur les génocides et ne redoute pas le clash avec le PS.

Le petit (10 élus) groupe des Verts au Sénat s'est trouvé un combat pour ce début d'année. Lors de l'examen de la proposition de loi de la députée UMP Valérie Boyer réprimant la négation des génocides, dont le génocide arménien, les écologistes comptent faire parler d'eux.

"N'en déplaise à Serge Klarsfeld, ce n'est pas aux Assemblées de décider ce qui fait l'Histoire", pointe le sénateur Jean-Vincent Placé, qui ne craint pas, une fois encore, le clash avec le PS. A commencer par son meilleur ennemi, le président du groupe socialiste, François Rebsamen, qui avait réclamé l'examen du texte à la Haute Assemblée "dans les plus brefs délais".

Pour Placé, il s'agit aussi de revenir à la politique des idées : "J'ai beaucoup été dans les histoires d'appareils. Il m'importe désormais de soulever des débats philosophiques."



http://www.lexpress.fr/actualite/indiscrets/genocide-le-texte-qui-divise-la-gauche_1070475.html

http://www.collectifvan.org/article.php?r=4&id=60241

Arméniens et Turcs de la rade divisés par la proposition de loi

Varmatin.com

Publié le jeudi 12 janvier 2012 à 07h04

Certains crimes perpétrés il y a un siècle, à 3 000 kilomètres de là, connaissent des retentissements jusqu'au pied du Faron. On a pu s'en rendre compte ces dernières semaines. En fait, depuis que l'Assemblée nationale a voté la loi pénalisant la négation de tous les génocides, et notamment celui du peuple arménien.

Car au sein de la communauté arménienne de Toulon (environ 150 familles), comme dans tout l'Hexagone, le sujet est encore brûlant. Épidermique. Et l'association Abris Club, qui les représente, ne cache pas son soulagement à quelques jours du passage du texte devant le Sénat.

En 2006, après deux décennies à militer, l'association avait déjà fait don à la ville d'un monument traditionnel, le Khatchkar, installé square du Champs de Mars. Il s'agissait, entre autres, de remercier les parlementaires varois de leur vote de 2001 en faveur de la reconnaissance du génocide.

« Il n'y a aucune revendication communautariste »

Le propos est aujourd'hui le même, ou presque, pour Maryse Grigorian, présidente de l'Abris Club : « On a tous des aïeux qui ont été massacrés. Et cette loi est une victoire qui va empêcher les attaques verbales dont on fait l'objet dans la rue ou dans les médias. »

Pour autant, celle qui est aussi conseillère municipale se refuse à cibler la communauté turque de Toulon (lire ci-dessous). « On ne veut pas jeter de l'huile sur le feu. Ce sont nos voisins », insiste Maryse Grigorian. « C'est leur État qui est coupable, pas eux. Ici, nos relations sont bonnes ».

De son côté, Alain Sarkissian, collaborateur au magazine Nouvelles Arménie, juge «fondamental que l'État rende justice aux descendants des 1,5 million de morts. » Et de répondre aux critiques stigmatisant une loi « mémorielle » : « C'est au contraire une loi cadre qui n'empêchera pas les historiens de faire leur travail. Simplement, elle protégera les Franco-arméniens de l'outrance, de la désinformation et des agressions permanentes des négationnistes. »

Professeure d'arménien au relais Peiresc, Arpiné Roumaillac-Sargsyan tient également à préciser qu'il n'y a plus de débat à nourrir sur la nature de la tragédie en question : « Quand le juriste Raphaël Lemkin a créé le néologisme de « génocide » au procès de Nuremberg, c'était à propos des crimes perpétrés contre les Juifs. Mais il s'était basé sur sa connaissance des massacres turcs de 1915 pour sa définition. »

Et Alain Sarkissian de conclure : « Il n'y a aucune revendication communautariste dans nos propos. Juste l'envie qu'une plaie se referme. »

Ma. D.

1. On estime que 500 000 Français d'origine arménienne vivraient dans l'Hexagone.



http://www.varmatin.com/article/toulon/armeniens-et-turcs-de-la-rade-divises-par-la-proposition-de-loi.746155.html

http://www.collectifvan.org/article.php?r=4&id=60242

Génocide arménien : Accoyer se démarque

12/01 | 07:00 | Les Echos

Le président de l'Assemblée nationale, l'UMP Bernard Accoyer, a souligné hier qu'il n'avait « intentionnellement » pas voté la proposition de loi sanctionnant la négation de tous les génocides, dont celui des Arméniens de 1915, pour marquer son désaccord avec ce texte mémoriel. Il a rappelé avoir présidé en 2008 une mission parlementaire consacrée aux lois dites mémorielles qui avait recommandé « à l'unanimité de retenir une résolution plutôt que la loi » pour de tels sujets.

http://www.lesechos.fr/economie-politique/france/actu/0201836864659-genocide-armenien-accoyer-se-demarque-274122.php

http://www.collectifvan.org/article.php?r=4&id=60244

« Les lois mémorielles ne servent à rien » vraiment ?

Le Monde

Chronique d'abonnés

par Hélène Chalard, Traductrice


08.01.12

Revenons sur certaines contrevérités entendues lors du débat sur la loi présentée par la députée Valérie Boyer instaurant des sanctions contre toute personne niant publiquement un génocide reconnu par la loi.

Nous avons ainsi entendu que les lois « mémorielles » étaient aussi inutiles qu'inefficaces. Or les défenseurs d'une telle assertion ont la mémoire bien courte. Rappelons-nous ainsi le précédent du régime de Vichy abolissant le décret-loi Marchandeau punissant les injures raciales et religieuses... On en connaît les conséquences. Ce fut la légalisation de l'antisémitisme et la porte ouverte aux déportations. Un état ne peut ni ne doit laisser s'exprimer publiquement et impunément des injures raciales sur son territoire, injures parmi lesquelles se trouve en bonne place un négationnisme outrancier visant à faire passer les victimes pour des coupables. Car c'est bien de cela qu'il s'agit dans le cas du négationnisme propagé par l'état turc, dire que les Arméniens sont coupables et ont conspiré en s'inventant le pire des crimes et en accusant des innocents de ce crime. Dès lors, quand de tels discours s'expriment, il ne faut pas s'étonner de la recrudescence des agressions négationnistes. Il y eut, bien sûr, l'assassinat d'Hrant Dink, en Turquie. Mais la France n'est pas épargnée: des esprits fragiles se laissent volontiers convaincre par les thèses racistes du négationnisme. Aussi assiste-t-on, sur le sol français, à des profanations, des agressions anti-arméniennes et cela sans compter les menaces de mort reçues par toute personne osant s'exprimer sur le génocide arménien. Les menaces qu'a reçues Valérie Boyer ne sont, hélas, pas exceptionnelles. Les sites traitant du génocide arménien sont régulièrement piratés et les personnes s'exprimant sur le sujet, menacées. Ces menaces ne sont pas à prendre à la légère.

On nous dit également qu'il faut laisser l'histoire aux historiens. Personne ne dit le contraire. Cette loi ne prétend pas dire l'histoire, mais sanctionner des propos dangereux. Ce n'est pas la loi qui menace la recherche historique, mais bien le négationnisme. Ainsi, Bruno Chaouat, Directeur du Centre d’études de l’Holocauste et du génocide de l’Université du Minnesota a été poursuivi pour avoir qualifié de « non fiable » le site de la Turkish Coalition of America. Le Prof. Donald Quataert, président de l’Institut d’Études Turques à Washington, a été limogé sur pression d'Ankara pour avoir qualifié de génocide les massacres des Arméniens… Le négationnisme d'Ankara menace la liberté des chercheurs bien plus qu'une loi ne saurait le faire. La loi ne prétend pas empêcher le révisionnisme, démarche historique légitime, mais punir le négationnisme, qui non seulement est une forme de racisme, mais encore n'a rien de scientifique en ce qu'il est un acte politique.

On nous dit encore que le génocide arménien ne concerne pas la France. C'est encore une méconnaissance historique. La France fut l'une des plus fortes voix pour dénoncer les massacres hamidiens par le truchement de Jean Jaurès. Elle accueillit sur son sol les réfugiés arméniens. Rappelons-nous également que le régime Jeune-Turc, ordonnateur du génocide arménien, s'inspira du modèle français qu'il piétina en commettant un génocide. Mais affirmons surtout qu'un état démocratique a le devoir de préserver ses citoyens des agressions racistes.

Nous entendons encore qu'une telle loi retarderait la reconnaissance officielle du génocide arménien par la Turquie. Voilà qui est faux. En 2001, lorsque la loi reconnaissant le génocide arménien fut votée par la France, on entendit les mêmes discours. Et pourtant, le tabou se brisa peu à peu en Turquie. Toute pression étrangère (et la France n'est pas la seule au monde à légiférer ainsi, une trentaine d'états et d’organisations ont reconnu le génocide arménien) agit comme un stimulus en Turquie. Une Turquie que la question crispe tant et si bien qu'elle impose un blocus aujourd'hui encore au petit état arménien.

Enfin, certains craignent les représailles économiques de la Turquie. Il ne se passera pourtant rien de plus en 2012 qu'en 2001, comme l'a démontré le politologue franco-turc Ali Kazancigil. Les discours enflammés d'Erdogan s’adressent au peuple turc bien plus qu’à la France, Erdogan cherchant à conquérir l'électorat nationaliste. Dans les faits, la Turquie ne peut rien contre la France. Elle est tenue par des accords internationaux et, cela n'a pas été rappelé, elle a besoin de la France dans sa lutte contre le PKK puisque le PKK prend l'essentiel de son financement, nerf de la guerre, en Europe... À bon entendeur.
http://www.lemonde.fr/idees/chronique/2012/01/09/les-lois-memorielles-ne-servent-a-rien-vraiment_1627138_3232.html

http://www.collectifvan.org/article.php?r=4&id=60252

Bataille mondiale sur les normes

Le Monde

Analyse | LEMONDE | 11.01.12 | 14h20 • Mis à jour le 11.01.12 | 14h21

par Gaïdz Minassian

Au-delà de la polémique franco-turque depuis l'adoption, le 22 décembre 2011 par l'Assemblée nationale de la loi pénalisant la négation des génocides reconnus par la loi, deux points sont passés entre les mailles du filet des commentaires sur ce qu'on a coutume d'appeler, en France, les "lois mémorielles".

Premier point, ce vote des députés a ouvert un nouvel épisode dans la bataille des normes internationales entre les puissances occidentales et les puissances émergentes. Depuis le XVIIe siècle, de même que l'Occident a imposé son modèle westphalien à l'ensemble du monde, les Occidentaux ont diffusé à l'échelle internationale les valeurs qui allaient avec.

Autant le monde extra-occidental s'est reconnu dans le modèle importé de l'Etat souverain, autant ses populations ont eu du mal à cohabiter avec les valeurs, normes et autres règles édictées par les Européens. L'universalité des droits de l'homme au nom de son égalité et de sa dignité. La criminalisation des auteurs d'un génocide au nom de la protection de l'humanité. L'intervention au nom de la liberté et de la sécurité des populations civiles.

Depuis la fin de la bipolarité et la poussée de mondialisation jusqu'au dépassement du paradigme westphalien, les Etats émergents sont entrés en rébellion contre les normes et les valeurs internationales que leurs populations appréhendent plus comme une ingérence occidentale dans leur mode de vie que comme une expression universelle du vivre-ensemble.

Ainsi chaque puissance émergente défend sa propre conception des droits de l'homme, d'un génocide, de l'interventionnisme ou plutôt du non-interventionnisme, comme on le voit dans les dossiers libyen, syrien et iranien, au nom du retour au principe de souveraineté absolue.

La polémique franco-turque reflète cette bataille des normes. D'un côté, la France transpose dans son droit une directive européenne sur la pénalisation de la négation des génocides. Considéré comme une pratique incompatible avec les normes européennes, le négationnisme conteste par nature le concept de génocide fondé lui-même sur des valeurs inspirées par les Occidentaux. Ainsi la France tient-elle à ce que cette règle internationale soit respectée dans son espace normatif. De son côté, la Turquie conteste la réalité du génocide arménien, invalidant par la même occasion les normes internationales dont elle se prévaut.

Derrière cette contestation, la diplomatie turque va jusqu'à évoquer l'existence de "génocides" à Gaza, dans le Xinjiang ou encore pendant la guerre d'Algérie, comme s'il existait une autre définition du concept de génocide que celle de la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime de génocide.

Et contrairement à ce que l'on peut croire, le négationnisme d'Etat est loin de se limiter à la Turquie. Il prolifère. L'Iran de Mahmoud Ahmadinejad et le Soudan d'Omar Al-Bachir s'en inspirent pour contester respectivement l'existence de la Shoah et du génocide au Darfour.

Outre la formation de cet axe négationniste, le différend franco-turc renvoie à un deuxième point : la rivalité entre histoire nationale et Histoire globale, autre facette du clivage Occident-émergents. La mondialisation a déconcentré les histoires nationales et permis leur confrontation épistémologique sans domination mais à parts égales.

Pendant des siècles, l'Européen, assimilé à l'Occidental, a tenu la plume du livre de l'histoire du monde. Désormais, les pays émergents, dont la puissance rivalise avec les Occidentaux, tiennent au nom d'une solidarité entre humiliés à lutter contre la domination euro-américaine en revendiquant une autre fabrique de l'Histoire fondée sur la grandeur d'un âge impérial révolu mais sublimé, présent, mais revisité.

L'affaire du génocide arménien est au coeur de cette réflexion. La Turquie d'aujourd'hui se remémore la puissance ottomane mais tout en rappelant qu'il faut reconnaître les victimes turques des années 1912-1918 au même titre que la tragédie arménienne, comme si la responsabilité de ces pertes incombait à l'Arménie, alors que les Arméniens étaient des sujets ottomans et qu'il n'existait pas d'Etat arménien avant la chute de l'Empire ottoman en 1918.

Pour la Turquie, les chemins de la puissance passent aussi par l'ambition d'imposer sa propre conception de l'histoire globale, c'est-à-dire par la confrontation de ses propres thèses, qu'elle ne vit pas comme négationnistes, avec les thèses scientifiquement admises en Occident de l'existence du génocide de 1915.

Cette poussée d'histoire globale rime avec la contestation des normes. Ne pas comprendre cette complémentarité entre relations internationales et sciences sociales, c'est ne pas saisir la rupture systémique de l'architecture du monde dont les plans de rénovation échappent de plus en plus aux Occidentaux voués à légiférer pour sauvegarder l'édifice des normes universelles.

Ne pas voir ce basculement du monde et ne limiter ces lois qu'au label de "lois mémorielles", c'est restreindre le champ de l'histoire à un sanctuaire national. C'est aussi utiliser une formule erronée à propos de réels enjeux internationaux. C'est surtout ne pas comprendre qu'au XXIe siècle, celui de la mondialisation, cette expression n'a aucun sens. La bataille ne fait que commencer.

minassian@lemonde.fr

Article paru dans l'édition du 12.01.12


http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/01/11/bataille-mondiale-sur-les-normes_1628309_3232.html

http://www.collectifvan.org/article.php?r=4&id=60249

Une nouvelle “loi scélérate”

Valeurs actuelles


Le Parlement légifère sur le génocide arménien

Anne-Marie Le P... le jeudi, 12/01/2012


dans Parlons Vrai

L’expression “lois scélérates” est traditionnellement utilisée en France pour désigner les textes tendant à restreindre la liberté de la presse et à rétablir la censure, en sou­venir des fameuses ordonnances de Charles X puis des lois adoptées sous la IIIe République pour réprimer le mou­vement anarchiste.

Force est de reconnaître que notre époque est marquée par un regain de la censure et une prolifération préoccupante des délits d’opinion. Ce qui caractérise cependant cette nouvelle vague répressive est qu’il ne s’agit plus du tout de protéger le pouvoir et les institutions mais, au contraire, de satisfaire les revendications communautaires et “l’envie du pénal” de ce que Philippe Muray appelait opportunément des « groupes d’oppression » de nature ethnique, religieuse, sexuelle ou autre. Ces lobbies divers dictent leur loi à un pouvoir politique faible, miné par le clientélisme électoral, incapable de résister aux surenchères vindicatives et sectaires et inconscient de la “tentation totalitaire” à laquelle il cède.

Le lobby arménien a ainsi obtenu du Sénat, en 2001, le vote d’une première loi comportant un article unique et inique : « La France reconnaît publiquement le génocide arménien de 1915. » Ce texte, dépourvu de tout caractère normatif, est contraire à l’article 34 de la Constitution qui impose au législateur de « fixer des règles » et ne l’autorise donc pas à procéder à des “reconnaissances”. Le Conseil constitutionnel, n’ayant pas été saisi, n’a donc pas pu censurer ce dispositif que les juristes appellent un “neutron législatif”. Mais, non content de l’avoir obtenu, le lobby en cause s’est ensuite attaché à faire voter, sur le modèle de la loi Gayssot réprimant la négation de la Shoah, un nouveau texte réprimant aussi la négation du génocide, en réponse à la Turquie qui avait voté une loi pénalisant son affirmation. Une proposition de loi a donc été adoptée en ce sens en 2006 par l’Assemblée nationale.

Tandis qu’une mission parlementaire, à la suite de longues auditions, a proposé en 2008 de renoncer à toute nouvelle loi mémorielle, le texte est resté bloqué au palais du Luxembourg avec la complicité gouvernementale et malgré les manifestations bruyantes du lobby arménien, qui n’a cessé de harceler les sénateurs. L’inertie de la seconde Chambre aurait peut-être perduré si son basculement à gauche et la perspective de la présidentielle n’avaient changé la donne. En effet, dès le lendemain des élections sénatoriales, François Hollande a promis de faire adopter le texte par le Sénat. En visite officielle en Arménie en compagnie de Charles Aznavour, le président Sarkozy n’a pas manqué, à son tour, de menacer les autorités turques de faire voter le texte si elles ne se décidaient pas à reconnaître le génocide. Cette ingérence a évidemment exaspéré une grande nation fière qui n’a pas, comme la nôtre, l’habitude de s’agenouiller chaque jour pour des repentances de toute sorte.

La cerise sur le gâteau a donc été apportée par la proposition de loi UMP adoptée le 22 décembre dernier par l’Assemblée nationale et « visant à réprimer la contestation de l’existence des génocides reconnus par la loi ». Point n’est besoin d’insister sur le caractère éminemment dangereux du texte qui prétend sanctionner pénalement la simple « minimisation », même pas de crimes jugés par des tribunaux, mais d’actes discrétionnairement qualifiés comme tels par des majorités politiques opportunistes et clientélistes. Les débats parlementaires qui ont précédé l’adoption de ce texte, comme celle de tant d’autres, sont consternants : bêtise, inculture politique, historique et juridique s’ajoutent à l’ignorance de la philosophie démocratique et libérale inscrite dans la Constitution. L’héritage de Descartes et Voltaire, qui fit l’intelligence de notre nation, est remplacé par ce qu’Alain Finkielkraut appelle le « triomphe du cucul sur la pensée ». L’émotion, la compassion et la répression dévoyées l’emportent sur la raison dans une république ridicule.

Au lieu de censurer, pénaliser et exciter les revanches, nos représentants devraient méditer le bel édit de Nantes : « Ordonnons que la mémoire de toutes choses passées demeurera éteinte et assoupie, comme de chose non advenue. Et ne sera loisible ni permis à nos procureurs généraux […] en faire mention, procès ou poursuite en aucunes cours ou juridictions. Défendons à tous nos sujets d’en renouveler la mémoire, s’attaquer, ressentir, injurier, ni provoquer l’un l’autre par reproche de ce qui s’est passé […], en disputer, contester, quereller ni s’outrager ou s’offenser […], mais se contenir et vivre paisiblement ensemble comme frères, amis et concitoyens, sur peine aux contrevenants d’être punis comme infracteurs de paix et perturbateurs du repos public ». Une loi antimémorielle… un rêve.

Reste à savoir, lorsque la loi Arménie II sera adoptée par le Sénat, si la Cour de cassation acceptera à l’occasion de renvoyer ce texte stupide et liberticide au Conseil constitutionnel. Sa décision de 2010 refusant de transmettre la loi Gayssot ne présage pas un grand courage juridictionnel. Mais, au fond, pourquoi attendre des prétoires l’intelligence qui a déserté les hémicycles ?

Anne-Marie Le Pourhiet, professeur de droit public

http://www.valeursactuelles.com/parlons-vrai/parlons-vrai/une-nouvelle-%E2%80%9Cloi-sc%C3%A9l%C3%A9rate%E2%80%9D20120112.html

http://www.collectifvan.org/article.php?r=4&id=60261

Contre l'Etat historien

Le Point - Publié le 12/01/2012 à 10:12

Claude Imbert

L'Etat français va-t-il nous imposer une vérité "officielle" du "génocide" arménien ? Oui, dit l'Assemblée nationale. Dans le marasme actuel, elle trouve urgent d'articuler cette prétention, une des plus incongrues de son répertoire.

Son vote, pour notre édification, conjugue trois vices. Le premier violente, avec le délit d'opinion, la liberté de pensée. Le deuxième démontre que le souci électoraliste contrarie de plus en plus, au Parlement, celui primordial de l'intérêt national. Le troisième s'aventure, et dans le mépris de notre diplomatie, jusqu'à provoquer une puissance émergente, la Turquie, au détriment de nos intérêts économiques et stratégiques dans une région ultrasensible du monde. Le tout fait un brouet indigeste pour toute démocratie respectable.

A combattre cette embardée parlementaire je m'emploie d'autant plus librement que j'ai, à maintes reprises, professé ma sympathie pour les Arméniens de France et leur intégration exemplaire. Je ne doute pas qu'il y a presque un siècle, en 1915, les Arméniens furent, en Turquie, victimes d'une extermination massive, laquelle n'est nulle part sérieusement niée, et pas même en Turquie. Je souhaite bien sûr qu'Ankara confie à une commission internationale d'historiens le soin d'y démêler le vrai du faux. J'incline, sans certitude, à penser avec une majorité d'historiens que ce massacre mérite le nom de "génocide" malgré l'avis de quelques autres dont l'islamologue américain Bernard Lewis. De même je puis comprendre que la communauté arménienne aspire à la reconnaissance publique de ce massacre. Mais rien ne me fera franchir ce Rubicon démocratique : donner au politique le pouvoir d'imposer sa vérité sur des méfaits commis dans le passé. Et de surcroît par des étrangers en sol étranger.

On m'objecte que la France, et plusieurs pays de l'Union européenne, n'hésitent pas à sévir, par des lois dites mémorielles, contre la négation d'exterminations collectives. Mais outre que le concept de ces lois reste discutable, voyons qu'elles s'appliquent aux seuls crimes contemporains jugés, après procès, par un tribunal international. Ainsi de la Shoah à Nuremberg, des Balkans, du Cambodge, du Rwanda. Et en aucun cas de crimes passés dont les auteurs putatifs sont morts et enterrés.

Le projet de loi actuel rompt le barrage sanitaire établi entre l'Histoire et la mémoire, et parfaitement défini, chez nous, par un Pierre Nora. Des associations mémorielles se trouvent habilitées à revendiquer, pour leur propre version du passé, le blanc-seing d'Etat. Déjà la mise en cause de la guerre de Vendée fit son apparition à l'Assemblée en 2008 avant d'en être sagement écartée. A quand la Saint-Barthélemy ? Pensons plutôt à nos récentes guerres coloniales, celles de "L'art français de la guerre", où il reste, je le crains, beaucoup à dire, hors des labels d'une vérité officielle.

L'Etat se fourvoie gravement en prenant le risque d'épouser ces anachronismes imbéciles de la mémoire. Entretenue par l'ignorance, elle n'incline que trop à juger, sur des critères contemporains, un passé vécu selon des normes morales et sociales qui feraient hurler nos vestales du "politiquement correct". La nation française eut à son service des générations de sabreurs. La traite négrière ne prenait pas conseil chez SOS Racisme. Et notre chère Révolution inventa la Terreur, le mot et la chose. Comment lessiver partout la séculaire férocité humaine sans sauter nous-mêmes dans la lessiveuse ?

L'Histoire, au fil du temps, dépouille la légende et arrache des vérités peu à peu consensuelles. Le culte mémoriel, lui, réveille des démons assoupis.

Cette loi exhibe un second vice non moins inquiétant : l'empire de l'électoralisme sur l'intérêt de la Nation. On y voit en pleine lumière comment le voeu des communautés arméniennes de Lyon, Paris et Marseille aura suffi pour entraîner l'Assemblée nationale dans cette hérésie démocratique. Quelle pitié de mesurer la légèreté de parlementaires, élus de la Nation, et qui se comportent en élus de leur canton ! Il y a péril à violenter un principe de notre droit pour complaire à des aspirations communautaires qui, un jour ou l'autre, pourront être ethniques ou religieuses. Puisse le Sénat résister à ce poison !

Car déjà le mal court. Plaignons Alain Juppé ! Notre diplomatie navigue au plus près pour conjuguer d'un côté l'écart de la Turquie hors de la Communauté européenne et, de l'autre, le souci raisonnable de ménager la puissance turque dont le môle ne cesse de s'élever dans un Moyen-Orient fiévreux. Or voici que la représentation nationale, par son vote incendiaire, avive contre nous le nationalisme turc et le rencogne dans sa résistance à reconnaître un épisode, en effet détestable, de son passé !

Fasse le Ciel que dans notre prétention sénile à décider, urbi et orbi, de l'histoire du genre humain nous n'engagions pas notre propre Histoire dans le désert !

http://www.lepoint.fr/editos-du-point/claude-imbert/contre-l-etat-historien-12-01-2012-1418067_68.php

http://www.collectifvan.org/article.php?r=4&id=60264

France/Turquie

L'info vue par la TRT (1)

Le Collectif VAN vous propose cet article publié sur la TRT (Télévision & Radio de Turquie). Les articles de ce site ne sont pas commentés de notre part. Ils peuvent contenir des propos négationnistes envers le génocide arménien ou d'autres informations à prendre sous toute réserve.

TRT


« Toutes les options sont ouvertes, sans aucune exception » a indiqué M. Burcuoğlu

France : l’Ambassadeur de Turquie s’est adressé aux sénateurs socialistes

Posted 11.01.2012 14:57:19 UTC
Updated 11.01.2012 15:00:23 UTC

L’Ambassadeur de Turquie à Paris, Tahsin Burcuoğlu s’est adressé aux membres du groupe socialiste au sein du Sénat français.

L’Ambassadeur Tahsin Burcuoğlu a mis en garde contre les conséquences graves qu’entrainerait l’adoption par le Sénat de la proposition de loi sanctionnant la négation des allégations arméniennes sur les incidents de 1915, déjà votée par l’Assemblée nationale française.

Les sénateurs socialistes ont invité à leur réunion de groupe l’Ambassadeur de Turquie à Paris pour se faire une meilleure idée des points de vue de la Turquie.

M. Tahsin Burcuoğlu a présenté des informations détaillées sur les faits historiques concernant les incidents de 1915 et mis l’accent sur les dommages que susciterait l’adoption de la proposition de loi en question sur les relations bilatérales des deux pays.

Il a répondu par la suite aux questions des sénateurs socialistes.

Un sénateur a interrogé M. Burcuoğlu sur “ce que la Turquie pourrait décider comme sanctions ?”, ce dernier a exprimé la réaction sévère d’Ankara en disant “que toutes les options étaient ouvertes, sans aucune exception”.

“Est-ce que vous allez vous opposer aux pays européens ?” a répliqué un autre sénateur prétendant que la proposition de loi avait été élaborée dans le cadre de la législation européenne.

L’Ambassadeur Tahsin Burcuoğlu a indiqué que c’était une allégation erronée, ainsi qu’à la démarche en vue de présenter la proposition dans le cadre de la législation européenne, que c’était la France elle-même qui avait émis des réserves.

Le diplomate turc a rappelé que l’auteur de la proposition de loi votée à l’Assemblée nationale était l’UMP. “Ce n’est pas votre proposition de loi, mais celle amenée par le parti au pouvoir. (…) Les sénateurs socialistes ne doivent pas être responsables de la détérioration des relations turco-françaises » a averti M. Burcuoğlu, en ajoutant : « Cette proposition de loi vient du pouvoir, ne vous faîtes pas d’idée de rétablir les relations turco-française quand les socialistes viendront au pouvoir après les élections ».

La proposition de loi en question votée par l’Assemblée nationale a été amenée par le gouvernement le 26 janvier à l’ordre du jour du Sénat.

http://www.trtfrench.com/trtworld/fr/newsDetail.aspx?HaberKodu=c9933c42-9c34-4816-931f-b886a01eadc0

http://www.collectifvan.org/article.php?r=4&id=60253

Questions à Ibrahim Erdogan, président de l'association franco-turque de Toulon

Varmatin.com

Publié le jeudi 12 janvier 2012 à 07h08

Pour les 200 familles turques de Toulon, la loi pénalisant la négation des génocides est vécue comme une offense. Le président de l'association cultuelle et culturelle franco-turque nous explique pourquoi.

Qu'inspire ce texte à la communauté turque de Toulon ?

Il y a beaucoup de colère. Ce n'est pas aux politiciens de faire l'histoire. Après la loi de 2001, les parlementaires n'avaient pas à en remettre une couche avec une loi sanction, liberticide, contraire aux valeurs de la France, pays des Lumières.

Le fait d'imposer sa façon de penser est digne d'un pays totalitaire ! À cause de cette loi, l'histoire est figée et nos enfants devront acquiescer à ce qu'on leur dira à l'école sans pouvoir s'exprimer.

On parle quand même d'événements qui ont presque un siècle…

Justement : ce n'est pas à 50 députés de s'immiscer dans l'histoire de deux pays, à 3 000 km de là et d'offenser ainsi 70 millions de gens. Mais le calendrier montre bien que le gouvernement a fait ça pour récupérer les voix des Arméniens.

Mais il y a autant de Turcs que d'Arméniens en France…

Nous sommes 500 000 dans l'Hexagone, comme les Arméniens. Sauf qu'ils ont immigré il y a cent ans et qu'ils sont tous devenus français, contrairement à nous qui sommes arrivés il y a 40 ans. Et puis l'immigration turque a essentiellement été économique, avec un niveau social moindre. On a donc plus de mal à se faire entendre. Mais j'adresse un message à nos élus : nous représenterons bientôt une force électorale importante.

Comment expliquer que le sujet est encore si sensible pour vous ?

On insulte quand même nos grands-parents. Et puis la Turquie jouit déjà d'une assez mauvaise image en France. On est mal connu, donc mal perçu. Ça ne va pas arranger les choses. Avant, on nous parlait du film Midnight Express, maintenant c'est du génocide…

Pour vous, ce n'est pas un génocide…

Il y a eu des milliers de morts et ce n'est pas un détail. Mais on pointe toujours ce qu'on fait les Turcs, jamais les crimes arméniens. Plutôt que de refermer les plaies, cette loi ne fait qu'ajouter de l'huile sur le feu.

Comment sont vos relations avec les Arméniens ?

Nos deux peuples ont vécu 500 ans ensemble. Aujourd'hui, on ne sait même plus si les baklavas (dessert traditionnel) sont turcs ou arméniens ! Ici en France, on travaille ensemble. Nos communautés ont de bonnes relations. On espère que cette loi ne changera rien à cela.

(Photo Matthieu Dalaine)



http://www.varmatin.com/article/societe/questions-a-ibrahim-erdogan-president-de-lassociation-franco-turque-de-toulon.746161.html

http://www.collectifvan.org/article.php?r=4&id=60254

Nathalie Goulet vice-présidente du groupe d’amitié France-Turquie au Sénat

Ouest-France

Politique mercredi 11 janvier 2012

Le sénateur Nathalie Goulet (union centriste et républicaine) a été élue vice-présidente du Groupe sénatorial d’amitié France-Turquie. « Dans un moment de grande tension entre nos deux pays, c’est un mandat particulièrement important », explique-t-elle. Nathalie Goulet s’était déjà déclaré « fermement opposée » au vote d’une loi mémorielle concernant le génocide arménien, arguant que « l’Histoire doit être écrite par les historiens, pas par les parlementaires ».



http://www.ouest-france.fr/ofdernmin_-Nathalie-Goulet-vice-presidente-du-groupe-d-amitie-France-Turquie-au-Senat_40771-2031044-pere-bno_filDMA.Htm

http://www.collectifvan.org/article.php?r=4&id=60247

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