Florian OLTEANU, Ionuţ ŞERBAN,
Le calendrier d’Istros a la lumière des sources épigraphiques
Florian OLTEANU, Ionuţ ŞERBAN
La cité d’Istros, colonie milésienne, fondée dans le VII-e siècle av. J.C. présente une organisation politique propre au monde ionien.
L’un des aspects qui nous intéressent, est celui du calendrier politique de la cité, à l’âge de l’autonomie.
À Milet, on connaît aussi quelques mois de l’année, mais ce calendrier aussi n’est pas complète1.
La plus ancienne inscription grecque d’Istros qui rappelle une fête est le décret ISM I 65, datant de la première moitié du III-e siècle av. J.C. :
. . . . la dixième les synèdres on fait la proposition suivante :
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Que le Conseil et le Peuple fassent possible que l’architecte Epikrates, soit honoré fils de Nicoboulos, de Byzance, pour les mérites et ses bonnes intentions envers la ville et qu’il soit couronné d’une couronne dorée, au théâtre, à l’occasion de la fête Thargelia.
L’inscription nous offre une mention relative à la fête de Thargelia (dédiée aux enfants de Zeus, Apollon et Artémis ). Aussi, peut-on considérer que l’une des mois d’Istros était celle de Thargelion2.
Pour cet exemple, il faut citer aussi le décret ISM I 25, datant de la période du III-e/II-e siècles av. J.C. :
Pour cela, soit-il couronné d’une couronne dorée au théâtre à l’occasion de la fête Thargelia ( ? )
L’inscription ISM I 26 (II-e siècle av. J.C.) présente dans le préambule, la mention du mois Taureon. Celle-ci était, à Milet, le premier mois de l’année politique. Le début de l’année grecque était à l’équinoxe de printemps3.
Un autre mois, Taureon est aussi attesté à Istros. On peut citer le décret ISM I 26, II-e siècle av. J.C.:
Pendant le sacerdoce d’Hestiaios, fils de Mikkalion, mois de Taurion, le Conseil et l’Assemblée du Peuple ont trouvé possible : pendant la présidence d’Eupolemos, fils de Kleomedon, les archontes ont fait la proposition suivante :
En même temps, dans l’épigraphie histrienne, sont présents les adorateurs de Poséidon-taureau, les « Taureastai » (ISM I 57, 61), et même la fête Taurea, comme dans le décret ISM I 60, datant du II-e siècle av. J.C. :
Que … -nicos, fils d’Anthestérionos soit honoré, pour ces raisons, et couronné chaque année à la fête Tauréa, la quatorzième journée . . .
Un autre mois documenté dans la cité située près des bouches du Danube, est le mois d’Artémision, le dernier mois du calendrier ionien.
La source épigraphique est le décret ISM I 54 (le milieu du I-er siècle av. J.C.) :
À la bonne fortune ! Pendant le quatrième sacerdoce d’Aristagoras, fils d’Apatourios, mois d’Artémision, dixième journée, président de l’Assemblée, Athenados, fils d’Apollodore, Xenochares, fils d’Hestiaios a fait la proposition suivante : . . .
Le mois d’Artémision est présente aussi dans la dédicace ISM I 142, de l’époque impériale (la première moitie du III-e siècle, apr. J.C.) :
À la bonne fortune !
Pendant la quatrième prêtrise des Dioscures, mois d’Artémision, Aurelios Asiarques, fils de Charmides, de la tribu des Romains, à la fin de sa prêtrise, a posé [la dédicace] pour Dionysos.
Le dernier mois connu à Istros est le mois d’Anthesterion, dans le décret ISM I 58 (le II-e siècle, av. J.C.) :
À la bonne fortune : Plaise aux tribus, d’honorer pour cela Meniskos, homme distingué, qui pendant sa vie entière n ’a pas cessé de montrer sa bonté aux citoyens et à décider de l’honorer, chaque année à la 12-eme journée du mois d’Anthestéries, à cette occasion faisant des sacrifices pour les dieux…
Grâce aux découvertes épigraphiques, on peut identifier à Istros, l’existence de trois mois : Taureon, Anthesterion, Artémision.
La présence du mois de Thargelion, peut être postulée, à partir de la présence de la fête Thargelia. La présence assez fréquente du prénom Apatoúrios, déterminait D.M. Pippidi à supposer l’existence du mois Apatoureon, dans le calendrier histrien.
Les dates (12 du mois d’Anthestérion où 10 du mois d’Artémision) pouvaient être des établissements politiques, pour honorer les citoyens zélés, mais dans l’absence d’autres détails, on ne peut faire que de suppositions.
L’importance du calendrier pour une cité grecque est représentée par la nécessité d’avoir une chronologie politique et religieuse. Pour la plus vieille cité grecque de la Coté Ouest de la Mer Noire, on peut reconnaître l’usage d’un calendrier ionien (ou bien milésien).
Les mentions découvertes jusqu’à ce moment-là relèvent l’importance des mois de l’année dans la vie politique de la ville.
ABBREVIATIONS
ISM I D.M. Pippidi, Inscripţiile din Scythia Minor, vol. I, Histria şi împrejurimile, Editura Academiei, Bucureşti, 1983.
NOTES
1 Fr. Bilabel, Die ionische Kolonisation, Leipzig, 1920, p. 67-80; Vanessa B. Gorman, Miletos. The Ornament of Ionia: A History of the City to 400 B.C.E., Ann Arbor: University of Michigan Press, 2001, p. 38.
2 D.M. Pippidi, Contribuţii la istoria veche a României, Ediţia a II-a, Bucureşti, Editura Ştiinţifică, 1967, p. 115-116.
3 D.M. Pippidi, Inscripţiile din Scythia Minor, vol. I, Histria şi împrejurimile, Editura Academiei, Bucureşti, 1983.
4 D.M. Pippidi, ISM I, p. 114.
BIBLIOGRAPHIE
Bilabel, Fr., Die ionische Kolonisation, Leipzig, 1920.
Gorman, Vanessa B, Miletos. The Ornament of Ionia: A History of the City to 400 B.C.E., Ann Arbor: University of Michigan Press, 2001.
Pippidi, D.M., Contribuţii la istoria veche a României. Ediţia a II-a, Bucureşti, Editura Ştiinţifică, 1967.
Rezumat
Autorii prezintă informaţiile existente despre calendarul histrian, pornind de la descoperirile epigrafice. Până în prezent, sunt atestate 3 luni: Taureon, Anthesterion, Artémision. De asemenea, sunt atestate indicii de natură cultică şi prosopografică în privinţa posibilei existenţe a lunilor Thargelion şi Apatoureon. Toate dovezile analizate converg către concluzia existenţei la Istros a unui calendar de origine milesiană.
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