REPƒRAGE DES RESSOURCES Musique Žlectronique et informatique musicale : historique, faits marquants et situation actuelle
Annie Luciani
I. Historique
La notion de recherche liŽe ˆ la technologie en musique a deux ancrages d'origine qui sont :
• le dŽveloppement de l'enregistrement et de la radiodiffusion, qui a permis un fort dŽmarrage de la musique dite "Žlectroacoustique",
• le dŽveloppement des ordinateurs et du codage numŽrique, qui a permis la naissance de l'informatique musicale.
Le paysage se dŽcrit bien par ces deux origines, ainsi que les concepts de recherche et les pratiques qui en dŽcoulent.
I.1. Origine "radiodiffusion et enregistrement"
Dans le premier cas, les centres de recherches parmi les plus significatifs ont ŽtŽ liŽs aux centres de radiodiffusion (GRM de la RTF en France, studio de Cologne de K. Stockhausen...). Les autres centres sont nŽs de l'essaimage ˆ partir de ceux-ci, avec comme technologie centrale l'enregistrement et le traitement du son. Leurs lieux d'attache Žtaient et sont prŽfŽrentiellement les centres de diffusion : maisons de la culture, centres d'art ŽquipŽs de studios et de salles de diffusion, conservatoires (GMEB, GMEM en France...).
Dans ces centres, des dŽveloppements technologiques ont ŽtŽ effectuŽs sous la demande des compositeurs (phonogne, Acousmonium, Gmebaphone, audio-processeur SYTER, puis logiciels comme GRM-Tools en France, Springer, klangumwandler en Allemagne...), mais l'activitŽ dominante est la production de musique Žlectroacoustique, sous le sigle "musique expŽrimentale".
I.2. Origine "Informatique"
La recherche en informatique musicale dans le monde, nŽe dans des laboratoires, est ˆ l'origine trs liŽe ˆ la recherche scientifique et au dŽveloppement technologique, qu'il s'agisse de laboratoire privŽs ou de laboratoires de type universitaires. On doit citer l'UniversitŽ de l'Illinois (Hiller et Isaacson), la Bell Telephone (Pierce, Mathews, Risset), l'UniversitŽ de Columbia-Princeton (Winham, Howe), l'UniversitŽ Stanford (Chowning), le laboratoire de J. Sundberg ˆ Stockholm, le laboratoire de la communication parlŽe ˆ Grenoble (Cadoz)É
Souvent, ces laboratoires ont hŽbergŽ l'informatique musicale ˆ sa naissance en raison de l'intŽrt personnel d'un directeur pour cette discipline naissante. La situation n'Žtait alors pas fondamentalement diffŽrente dans les diffŽrents pays les plus actifs.
I.3. Diversification
La situation se diversifie ensuite en trois styles :
• des centres importants ou ˆ politique forte :
- CEMAMU, crŽŽ par Iannis Xenakis avec l'aide de la Fondation Gulbenkian et du CNET.
- CCRMA, fondŽ dans le cadre de l'UniversitŽ Stanford par J. Chowning, compositeur, avec l'aide de contrats de recherche et de revenus de licences privŽes.
- IRCAM, une institution importante crŽŽe gr‰ce au prestige et partant au poids politique du compositeur et chef d'orchestre Pierre Boulez : c'est un dŽpartement du CNAC Georges Pompidou, mais avec un statut de droit privŽ.
- ACROE, association crŽŽe par 3 ingŽnieurs de l'Institut national Polytechnique de Grenoble et financŽe principalement par la Direction de la Musique du Ministre de la Culture.
- EMS, studio informatisŽ financŽ par l'Etat suŽdois.
• la poursuite des activitŽs en laboratoires scientifiques publics :
- Informatique Musicale ˆ Marseille :
Laboratoire du Centre Universitaire de Luminy, puis Žquipe du Laboratoire de MŽcanique et d'Acoustique du CNRS (Jean-Claude Risset)
• la rŽorientation de l'activitŽ, dans les studios liŽs ˆ la radiodiffusion ou aux centres d'arts ou de diffusion, vers la crŽation contemporaine, la production et la diffusion.
I.4. Paysage actuel
Le paysage est aujourd'hui le suivant :
• De gros centres autonomes peu liŽs ˆ l'universitŽ, ˆ politique centralisatrice d'une activitŽ culturelle intŽgrant la crŽation contemporaine :
- Banff (Canada),
- ZKM (Allemagne)...
Ces centres sont lourdement ŽquipŽs et participent plus ou moins activement aux dŽveloppements technologiques dont ils ont besoin et que le marchŽ ne leur fournit pas encore.
• Des centres (studios) de taille petite (1 ˆ 2 personnes) ou moyenne (10 ˆ 15 personnes) non liŽs ˆ l'universitŽ.
Ces centres sont soit autonomes soit liŽs ˆ des Žcoles d'arts, des Conservatoires ou des centres de diffusion.
- En France : GRM, CIRM, Espaces Nouveaux, Grame, SONUS.. ;
- A l'Žtranger : Aarhus, Den Haag...
Il s'y fait de la production expŽrimentale plus que de la recherche, ce qui se traduit par le fait qu'il n'y a pas d'accueil de thŽsards.
• Des petits et nombreux laboratoires universitaires, (Grande Bretagne, Australie, Canada, USA...) dans lesquels 1 professeur (souvent c™tŽ SHS, en fac de Musique) entourŽ d'une petite Žquipe de 1 ˆ 3 personnes dŽveloppent de petits projets en Electronic Music utilisant l'informatique. Les autres personnes sont soit compositeurs (avec charge d'enseignement, parfois orientŽe informatique) soit des Žtudiants (stages, PhD.) en Musique ou Sciences dures. La plupart du temps, l'informatique musicale est davantage un terrain d'application qu'un programme de recherche en soi. Dans ce type de structure, il n'y a pas vraiment de notion d'Žquipe ni de projet. C'est plut™t 1 personne = 1 projet. L'activitŽ, outre la production expŽrimentale, consiste souvent ˆ intŽgrer, transformer et rŽutiliser des techniques dŽveloppŽes ailleurs. Peu de ces groupes ont de vrais programmes de recherche.
Un exemple typique est la situation dans les UniversitŽs Canadiennes :
- EMS- McGill : Bruce Pennycook
- Univ. de MontrŽal : Jean PichŽ
- Simon Fraser University, Vancouver : Barry Truax
- New York University: Robert Rowe
- University of East Anglia: D. Smalley
Cette formule ne se trouve quasiment pas en France l'heure actuelle.
• Des laboratoires ou Žquipes universitaires et assimilŽes, de taille moyenne ou grande, qui mnent une activitŽ de recherche et/ou de crŽation significative :
- Media Lab du MIT,
- Princeton University (P.Lansky, P.Cook),
- Columbia University (B. Garton, F. Lerdahl),
- Dartmouth College (J. Appleton) aux USA,
- UniversitŽ Pompeu Fabra (X. Serra), Barcelone
- Equipe d'informatique musicale du LMA ˆ Marseille
• Des centres en relation plus ou moins explicite avec l'universitŽ :
- CCRMA (USA),
- CNMAT (USA),
- IRCAM (France),
- ACROE (France).
Ces centres cherchent ˆ mener de front la recherche et/ou l'innovation technologique et de la crŽation contemporaine avec ces outils, avec des poids diffŽrents selon l'histoire, le programme, le pays. Ces centres ont ŽtŽ et sont encore acteurs (enseignants) de l'universitŽ (ex : Rodet, CaussŽ, Depalle, Cadoz, Luciani en France...). Ils ont une activitŽ importante de publication scientifique et pourraient trs bien, de part la nature et la qualitŽ de leurs travaux et la manire de travailler, tre reconnus comme unitŽs externes associŽes au dŽpartement SPI-CNRS (URA, UMR...).
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