VII. Nouvelles formes artistiques intŽgrant les diffŽrents mŽdias et les rŽseaux de tŽlŽcommunications
Ce domaine commence ˆ exister du point de vue artistique - il reste difficile ˆ repŽrer.
- Il faut noter l'activitŽ sur l'art en rŽseaux du CRIM de Nice (Michel Redolfi, LucMartinez).
- Jean-Baptiste Barrire et Maurice Benayoun, acteurs dans le domaine du multimŽdia, proposent un projet - "SŽmaphore" - qui aiderait en particulier ˆ diffuser les rŽalisations.
Deux changements profonds conduisent ˆ ouvrir aujourd'hui les catŽgories artistiques traditionnellement cloisonnŽes et ˆ faire Žmerger des formes artistiques nouvelles :
• le multimŽdia et plus gŽnŽralement la prise en compte de la multisensorialitŽ. Le phŽnomne n'est pas ˆ proprement parler nouveau (cf l'opŽra et le cinŽma, par exemple ou mme les pomes graphiques), mais il fait l'objet, sous l'impulsion des mutations technologiques, de changements quantitatifs et qualitatifs;
• le dŽveloppement de la communication mŽdiatisŽe.
Des pices contemporaines, Žgalement appelŽes "opŽras", incluent prestations thŽ‰trales, chant et installations orchestrales ou sonores en direct, images et/ou sons de synthses, contr™lŽs ou non en direct par les instrumentistes, les chanteurs ou les acteurs.
De la mme faon, des spectacles dansŽs en rŽseau incluent l'image en tant que telle, numŽrique ou non, de synthse ou non, produite ou diffusŽe localement ou ˆ distance.
Il en est de mme des installations interactives qui bouleversent les catŽgories intŽrieures au domaine des Arts plastiques : dŽambulateurs, installations immergŽes du type "cave", espaces organiques modifiables...
Plus banalement, les avatars des jeux Žlectroniques, dont il est prŽvu qu'ils se diversifient et envahissent nos outils de consultation et de communication ˆ distance, sont des clones parlant, bougeant, dansant, dans des univers virtuels visibles, tactiles et audibles, et manipulant objets virtuels et bases d'informations.
En ce qui concerne la multimodalitŽ sensorielle :
Si nous ne pouvons apprŽcier ˆ ce jour leurs retombŽes rŽelles en matire artistique, il n'en reste pas moins que ces nouvelles formes sont un vecteur considŽrable de connaissances nouvelles, par exemple :
- connaissance des fonctionnements intersensoriels;
- connaissance des modes de reprŽsentations et de conception artistiques;
- connaissance des modalitŽs de mŽmorisation et de d'apprentissage.
De rŽcents travaux en psychophysique intersensorielle tendent ˆ montrer que les catŽgories classiques observables immŽdiatement (tels que les "auditifs" ou les "visuels") sont plut™t des "styles" susceptibles donc de variabilitŽ et qu'il existerait de plus un style nouveau, les "proprioceptifs", au c™tŽ des styles "classiques" visuels et auditifs. Encore faut-il rŽgler la question des connaissances des reprŽsentations mentales et des fusions intersensorielles.
Ces formes nouvelles apportent Žgalement une stimulation des imaginations et des pratiques artistiques, car il est possible que la catŽgorisation monomodale de nos imaginations et nos compŽtences en termes par exemple d'auditives ou de visuelles soit fortement liŽe au poids de l'histoire. Si tel est le cas, de nouveaux artistes et de nouvelles personnalitŽs pourraient ainsi na”tre et na”tront sans doute.
En ce qui concerne la communication mŽdiatisŽe ;
Nous ne pouvons pas non plus prŽdire l'ampleur de son influence sur l'activitŽ artistique. Elle bouleverse dŽjˆ la diffusion des Ïuvres et ses modalitŽs sociales de production et de protection (droits d'auteurs...). Elle touche de plus ˆ des questions fondamentales pour la crŽation artistique, celles de l'ubiquitŽ et de la modifiabilitŽ.
Mais surtout, plus fondamentalement, l'activitŽ artistique ne peut rester indiffŽrente ˆ l'une de ses questions cruciales : la proximitŽ. Lˆ encore, la communication mŽdiatisŽe doit tre vue comme stimulant connaissances et pratiques.
La dualitŽ simple entre "tout prs" (toucher et proprioception) et "loin" (extŽroception : voir et entendre) Žclate, nous obligeant ˆ structurer notre espace matŽriel et symbolique en "plus ou moins proche", "plus ou moins lointain". Ainsi, le toucher proprioceptif d'objets virtuels Žtend (sans la contredire) notre zone de proximitŽ matŽrielle aux limites extrmes de rŽactivitŽ ultra-rapide des communications numŽriques; la modification rapide interactive d'objets virtuels crŽe une zone de mŽso-proximitŽ correspondant ˆ une sorte de "corps psychologique"; et la communication mŽdiatisŽe d'informations et de connaissances Žtend encore au delˆ. On voit de plus dans cet exemple ˆ quel point temps, espace et structures s'imbriquent, changeant malignement leurs r™les en permanence.
Les expŽriences d'artistes de "toucher ou de sentir corporel ˆ distance(s)", "de peindre ˆ distance(s)", "de danser ensemble ˆ distance(s)",... peuvent ˆ ce jour tre considŽrŽes comme Žtranges et frustes, mais Žgalement toniques et peut-tre prŽmonitoires.
VIII. Applications extra-artistiques
1 - DŽvelopper, en relation avec la crŽation et l'analyse musicale, les possibilitŽs "d'auralisation" de divers phŽnomnes - par exemple mathŽmatiques. On peut faire entendre certaines structures mathŽmatiques en les transposant dans le domaine sonore (par exemple on peut "Žcouter" les polyn™mes de Tchebitcheff au travers de la distorsion non-linŽaire). A l'instar de la reprŽsentation graphique, on peut espŽrer que cette auralisation, faisant intervenir l'intelligence des mŽcanismes de perception auditive, permettra de rendre manifestes certaines propriŽtŽs
Il existe dŽjˆ certaines initiatives dans ce domaine (International Conference on Auditory Display, http://www.santafe.edu/~icad/): mais elles ne paraissent pas concerner la recherche franaise.
2 - DŽvelopper la signalŽtique sonore en relation avec les recherches sur les sons, leur fusion ou leur dissocation par l'oreille, et les points de repre musicaux.
3 - Mettre en relation le champ du geste d'excellence en art avec l'ergonomie et l'Žtude des pratiques sportives.
Une compagnie de robotique mettant en Ïuvre aux Etats-Unis des dispositifs d'aide aux paraplŽgiques a collaborŽ avec une compagnie de danse pour rendre les gestes de ces automates plus harmonieux. Un interprte qui dŽchiffre bien rŽalise un exploit ergonomique. On peut Žtudier les procŽdŽs mis en Ïuvre - notamment la notation musicale, qui est ˆ la fois analogique - on voit d'un coup d'Ïil le dessin gŽnŽral - et numŽrique - on est prŽmuni contre les dŽrapages. On peut envisager de transposer ces capacitŽs en codant musicalement des instructions pour un processus de contr™le non musical - lumire, robots....
4 - Utiliser les connaissances sur les canaux sensori-moteurs humains et sur la technologie des interfaces pour compenser ou attŽnuer les dŽficiences chez les personnes ayant un handicap sensoriel ou moteur.
Jean Schmutz et Jean Haury, ˆ Marseille et Paris, ont dŽveloppŽ des systmes utilisant des interfaces gestuelles et des systmes de synthse sonore pour permettre ˆ des handicapŽs moteurs d'exŽcuter en groupe des pices musicales. Une partie des informations est prŽalablement enregistrŽe, une autre est fournie par des dispositifs de contr™le spŽcialement ŽtudiŽs et adaptŽs aux possibilitŽs motrices de chaque personne.
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