BOURGES : Il faut sauver le Moulin de la Chappe
Les pieds dans l'eau de l'Auron depuis le 13ème siècle, le Moulin de la Chappe sent son avenir menacé au 21ème. L'inondation qui le menace est un déluge de bureaucraties, d'intérêts financiers et d'amateurisme écologique.
Invoquant la Loi sur l'Eau de 2006 des entreprises ont présenté aux autorités locales des devis variant entre 380.000 et 470.000 € pour démolir le petit barrage qui freine l'eau près du Moulin, en bordure du boulevard d'Auron. Ce n'est pas le Niagara. La rivière qui s'élargit un peu devant le barrage y retombe dans un beau bouillonnement un mètre vingt ou un mètre quarante plus bas selon les étiages.
L'objectif de l'opération baptisée "arasement du déversoir" est d'enlever "les sédiments", c'est-à-dire la boue qui fait le lit de la rivière, et de faciliter la circulation des poissons.
Il s'agit donc de démolir ce petit barrage. Mais le Moulin de la Chappe a été construit dans l'espèce de lac qui s'est formé en amont du déversoir.
"Que vont devenir ses fondations ?" s'inquiètent les meuniers, Jean-Claude et Xavier Grosbois. Leur famille fait tourner le moulin depuis trois générations. On sait combien d'immeubles ont vacillé sur leurs fondations lors de sécheresses persistantes.
Et les poissons ? Il suffirait de leur laisser un couloir contre les berges du Boulevard d'Auron, propriété de la Ville de Bourges. Ce travail ne coûterait que cent mille euros, quatre ou cinq fois moins que la destruction du barrage. Les poissons en seraient heureux et le paysage, si souvent photographié par les touristes serait respecté.
Pour l’ARECABE (Association pour la réouverture du canal de Berry), la hauteur de la retenue d'eau du barrage au moulin de la Chappe a permis la navigation. Notre combat pour la réouverture du canal doit pérenniser un niveau d'eau permettant le passage de l'écluse de la Chappe à l'écluse Messire Jacques. En 2011 nous avons vu le résultat de l’ouverture des vantelles du barrage pendant plusieurs semaines, avec ce spectacle d’un tout petit cours d’eau. Les barrages ont un rôle de modulation, de régulation des eaux. C’est encore 516 m de canal dans Bourges qui risquent de disparaître.
Cela ne peut que favoriser le développement de plantes aquatiques invasives (la jussie) lors des périodes d’étiage, avec des poissons morts et les odeurs qui en découlent.
Un monument historique à préserver
Ce moulin, destiné à moudre le grain pour en faire de la farine, avait été construit vers 1.300, à peu près au même moment que la Cathédrale de Bourges. Les meuniers, dans ce temps là, savaient user des énergies renouvelables : moulins à vent, et moulins à eau.
Au moulin de la Chappe, on apporte encore "du grain à moudre" On ne l'écrase plus à la force du courant de l'Auron, mais à l'électricité depuis cinquante ans. L'immeuble encore debout n'a pas 800 ans dans sa totalité. Il avait été agrandi vers 1920. Les cinq étages du Moulin qui s'active encore témoignent d'une construction plus récente.
Les planches de la roue à eau que brassaient trois mètres d'eau sur toute leur largeur sont encore là. Un peu pourries certes. Mais terriblement impressionnantes. Le diamètre du moulin est de huit mètres. Elles restent immobiles, depuis longtemps, à quelques centimètres au dessus de l'eau.
La mécanique est toujours là
Dans l'axe de la grande roue, une véritable boite de vitesses, transformait la force récupérée dans l'Auron pour faire tourner de lourdes meules. Les roues dentées dont certaines font deux fois la taille d'un homme ont été conçues pour résister à l'usure. Un vrai musée de la technologie.
Une des vannes par lesquelles le moulin contrôlait le courant alimentant la roue, porte la date de 1441. Un maçon, un certain DARDEAU, a gravé avec son nom, une date en chiffres romains sur une pierre de taille, et la même en chiffres latins 1776 sur une autre.
Va-t-on abandonner cette mémoire ?
Le Moulin de la Chappe n'est qu'une PME parmi d'autres. Ses propriétaires n'ont pas besoin de l'eau de l'Auron pour faire tourner leurs machines. L'électricité a pris le relais.
Mais le Moulin avait été construit les pieds dans l'eau, en amont du petit barrage qui en retient un volume suffisant pour le maintenir debout. Si l'eau s'en va, tout s'en va.
Juste en face, un espace vert a remplacé sur le Boulevard d'Auron d'anciennes maisons démolies. Les touristes s'y attardent et prennent des photos du moulin.
- "Quand je vois ça, je me dis que ce serait dommage d'abandonner le moulin"
dit Xavier Grosbois, 48 ans, célibataire et sans enfants. Son oncle, Jean-Claude, 71 ans ne dit mot, mais pense la même chose.
Les Grosbois ne se battent pas contre des moulins à vent. Ils sont à peine informés, sans trop comprendre, par des organismes publics et privés, aux acronymes parfois incompréhensibles. Ces organismes disent avoir assez d'argent disponible (fourni par les contribuables) pour démolir le petit barrage et les mettre au sec.
Habitués à écraser du blé, les Grosbois se sentent à leur tour écrasés par cette avalanche d'initiatives plus ou moins intéressées.
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Je préférerais ne pas voir disparaître le barrage du Moulin de la Chappe
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Comité de soutien du Moulin de la Chapppe
c/o SCHIFF – Le Briou 4 – 18140 GROISES
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