REP. ARGENTINE
Erection d'un buste du Vénérable Fondateur au "Collège Champagnat’’ (Buenos Aires). — Nos lecteurs se souviennent comment, en 1915, fut ouvert ,à Buenos Aires le "Collège Champagnat’’ , avec une cinquantaine de tout jeunes enfants distribués en deux classes élémentaires. D'année en année, Dieu merci, ils ont grandi en âge et en science; tandis qu'ils montaient peu à peu les degrés successifs de l'enseignement primaire et de l'enseignement secondaire, de plus jeunes venaient les remplacer dans les deux classes primitives, lesquels étaient poussés plus haut, à leur tour, par d'autres plus jeunes qu'eux. Il en est résulté que la population scolaire s'est accrue et compliquée jusqu'à comprendre actuellement plus de 300 élèves dont l'âge s'échelonne entre 6 et 17 ans, et les connaissances, de l'A B C D au programme du baccalauréat. Mais tous, petits et grands, ont ce trait commun qu'ils aiment beaucoup leur Collège et leurs maîtres. Au mois d'août dernier, en souhaitant bonne fête au Frère Directeur, ils lui manifestèrent leur regret qu'en un lieu bien choisi du local il n'y eût pas un modeste mais bien artistique monument à celui qui, en plus d'avoir donné son nom à l'Institution se classe de droit parmi les plus grands bienfaiteurs de la jeunesse; et, en exprimant le vœu que cette lacune fût réparée au plus tôt, ils demandèrent comme un honneur la permission de se cotiser pour en couvrir la dépense.
La motion était trop juste et partait d'un trop bon sentiment pour qu'on pût éviter de lui faire droit; et à peine fut-elle approuvée qu'ils se bâtèrent de se mettre à l'œuvre. Pressenti au sujet de l'exécution, un sculpteur de mérite, M Brunninx, promit de faire tout son possible pour que le monument fût prêt avant la fin de l'année; et il tint si bien parole que, le 3 décembre dernier, jour de la distribution des prix au Collège, la belle œuvre d'art pouvait être solennellement inaugurée.-
C'est un buste très expressif du Vénérable, en marbre blanc, reposant sur une stèle de granit, ornée, sur le devant, d'un bas-relief représentant l'homme de Dieu dans l'attitude d'enseigner à lire à un petit enfant, et d'une inscription conçue en ces termes : A Marcellin Champagnat, Fondateur des Petits Frères de Marie, Guide et Maître de l'Enfance, les Elèves de son Collège, 1921.
La cérémonie de l'inauguration, qui coïncidait avec la distribution des prix aux Elèves du Collège, fut une belle glorification de l'humble Fondateur en même temps qu'une inoubliable manifestation de sympathie pour son œuvre. Rarement sans doute apparut plus vraie la parole évangélique: Celui qui s'humilie sera exalté.
Quelques instants avant l'ouverture de la séance, la cour du collège, avec sa décoration à base d'arbustes, de plantes d'ornement et de fleurs naturelles, présentait un frais et très gracieux coup d'œil, et devant le rideau qui s'étendait en arrière du monument, encore couvert de son voile, les teintes du pavillon argentin el du pavillon français alternaient avec les couleur pontificales.
Bientôt les parrains et marraines, vinrent s'asseoir à la place d'honneur accompagnés du Frère Provincial, du Frère Directeur, et des représentants nombreux et distingués de la population de la ville, du clergé et des corporations religieuses. A la tête des parrains et marraines avaient promis de se trouver M.M. les Ministres de l'Intérieur et de la Guerre avec leurs Dames; mais, retenus au dernier moment par une fonction officielle, ils ne purent y être présents que de cœur.
Après un morceau d'orchestre en guise de prélude, le chœur entonne l'hymne national, écouté debout; puis, au nom de ses condisciples le jeune Luis Maria Campos fait en ces termes l'offre du Monument:
Mon Cher Frère Directeur: Il y a quelques semaines, au jour de votre fête, nous vous exprimions le vœu de voir s'élever dans notre Collège un buste de celui qui lui a donné le prestige de son nom et que nous aimons à saluer du doux nom de "Père’’. Aujourd'hui nous voyons ce désir converti en heureuse réalité, et c'est avec une joie inexprimable que nous vous prions de vouloir bien l'agréer, comme un faible témoignage, de la reconnaissance de vos élèves. L'artiste qui l'a modelé a traduit fidèlement nos intentions. Dans la dureté du marbre, il a su empreindre les -doux traits de ce visage qu'auréolèrent toujours les reflets de la mansuétude et de la bonté. Du haut de ce piédestal de granit, il présidera désormais à nos joies et à notre enthousiasme; et il évoquera dans nos âmes le souvenir de cet apôtre de l'enfance ,que les vallons fleuris du Pilat et les voûtes vénérées de N. D. de Fourvière entendirent répéter, comme autrefois le Divin Maître, avec une touchante insistance : "Laissez venir à moi les petits enfants’’. Recevez donc, mon cher Frère Directeur, au nom des élèves de ce Collège et des aimables parrains et marraines qui ont. bien voulu faire rejaillir sur cette solennité le prestige de leur nom et l'éclat de leurs mérites, l'offrande de ce modeste monument comme un respectueux .hommage à la mémoire du Vénérable Champagnat, votre Fondateur et notre Père.
Parrains et marraines, tirant alors sur les rubans qu'ils Tenaient en leurs mains firent tomber le voile; et, aux applaudissements de l'assemblée, la belle œuvre de Brunninx apparut dans toute l'harmonieuse pureté de ses lignes expressives.
Le Frère Directeur, non sans émotion, on le comprend, l'accepta avec reconnaissance comme un généreux témoignage qu'elle était du bon esprit et de la noblesse de cœur de cette chère jeunesse et comme un touchant hommage à l'amour si saintement dévoué que le pieux Fondateur porta toujours à l'enfance; Puis, au nom des parrains et marraines dont il était, comme aussi au nom de la nombreuse assistance qu'il avait devant lui, M' Thomas Cullen, Directeur du Collège National. exalta dans une éloquente improvisation les mérites du Vénérable Champagnat et l'œuvre modeste mais féconde de ses fils, non seulement en Argentine, mais aussi dans les autres nombreuses régions du monde où la Providence les a disséminés.
Il trouva une vive adhésion dans l'auditoire et à peine les applaudissements qui accueillirent sa péroraison avaient-ils cessé que la scène se transforma en véritable jardin vivant. Toute une petite légion de jeunes élèves, porteurs de bouquets de fleurs magnifiques, entoura le buste et les offrit au Vénérable, tandis qu'une délégation de l'école d'arts et métiers de La Plata,. chantait une cantate au V. Père; et ce fut un des plus gracieux tableaux qu'on puisse se figurer.
Todo sea por Dios, comme on dit dans l'harmonieuse et si chrétienne langue de Castille ; tout à la plus grande gloire de-Dieu, et que du haut du ciel où l'ont certainement conduit ses vertus héroïques, le Vénérable Champagnat daigne bénir cette pieuse jeunesse qui a mis tant de cœur et tant de grâce à le bien fêter !
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