Qu’il soit un professionnel expérimenté, un étudiant débutant ou un généalogiste passionné, l’historien s’appuie dans son travail sur une double pratique : l’étude critique de ces nombreux fonds d’archives qui sont les traces les plus évidentes de notre passé, mais aussi la comparaison des résultats ainsi obtenus avec les recherches menées, ailleurs et par d’autres, sur les sujets les plus divers.
Dès lors, rien d’étonnant à ce que les Archives Départementales de la Charente-Maritime s’attachent depuis de longues années maintenant, à offrir à leurs lecteurs une bibliothèque régionale et d’histoire qui s’enrichit chaque année de plusieurs centaines de titres, grâce aux achats effectués par le service, aux dons ou aux échanges. Ouvrages de référence, témoignages publiés, travaux d’érudits mais aussi périodiques locaux, revues scientifiques ou grand public, ils sont autant d’outils qui rendent possible et profitable l’utilisation des pièces d’archives.
Le catalogue, dont j’ai le plaisir de vous présenter le premier numéro, viendra deux fois par an informer le public des nouveaux ouvrages et des périodiques entrés dans les collections du service dans les six derniers mois. Il est destiné aux différents partenaires des Archives Départementales et notamment aux enseignants du second degré qui en utilisent le service éducatif et qui pourront ainsi, dans les locaux mêmes des Archives, montrer à leurs élèves le cheminement qui, de la masse brute des documents, mène à l’ouvrage d’histoire achevé.
Ce catalogue nous montre également que la vocation des Archives Départementales - la collecte et le traitement des fonds documentaires produits par les administrations ou les personnes privées - ne peut se concevoir sans son prolongement naturel : donner à tous ceux qui le souhaitent les moyens d’accéder pleinement aux sources de l’histoire.
Claude BELOT
Sénateur,
Président du Conseil Général
de la Charente-Maritime
Avant-propos
La création des Archives départementales date de 1796, quand la loi du 5 Brumaire an V (26 octobre 1796) ordonne de réunir au chef-lieu du département les archives de toutes les institutions supprimées et celles des administrations subsistantes et nouvellement créées. Les Archives départementales de la Charente-Maritime sont hébergées dans les locaux de la préfecture, précisément dans ses combles quand celle-ci a été transférée de Saintes à La Rochelle en 1810. Mais leur organisation ne débute véritablement qu’en 1839 avec l’arrivée de deux archivistes, et leur installation matérielle ne s’améliore qu’avec la construction d’un bâtiment neuf situé face à l’actuelle préfecture, place Foch, entre 1878 et 1881.
La bibliothèque des Archives départementales de la Charente-Maritime demeure longtemps réduite, ne s’alimentant que par les échanges d’inventaires, et les dons de sociétés savantes ou d’érudits locaux, quand ils y songent. Elle reçoit également les envois gracieux du ministère de l’Instruction publique à partir des années 1830, en particulier les publications émanant du Comité des travaux historiques et scientifiques, fondé en 1834, et chargé d’éditer sous l’impulsion de Guizot la série des Documents inédits sur l’histoire de France : le Recueil des actes du comité de salut public, les Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’Etat du cardinal de Richelieu ou les Comptes des bâtiments du roi sous le règne de Louis XIV, par exemple. Pauvre et délaissée : une commission spéciale du Conseil général remarque en 1847 que la pièce où la bibliothèque est située manque de rayons et s’en émeut officiellement1. L’année suivante, lors de la séance du 30 novembre 1848, la même commission constate avec satisfaction que les livres confiés à l’archiviste, « qui se trouvaient dans un désordre complet », sont classés2.
Il faut attendre la IIIe République pour voir naître un intérêt à l’accroissement du fonds de la bibliothèque, et la mise en place d’une politique d’acquisition.
La première mention d’une ligne budgétaire pour l’« achat de livres et documents intéressant les Archives » apparaît dans le budget de 1876 du Conseil général. La demande de crédit se monte alors à 100 francs, soit 2,06% du budget total du service, somme que le rapporteur M. Bisseuil estime « parfaitement justifiée »3 (pour l’anecdote, signalons que le traitement annuel de l’archiviste départemental et de son employé auxiliaire est de 3700 francs, soit 79,5% de ce même budget). Dès lors, les Archives départementales bénéficient d’un budget spécifique d’acquisitions pour leur bibliothèque et elles peuvent ainsi s’abonner à la Revue historique, dont le premier numéro paraît cette année 1876.
Progressivement, la ligne budgétaire s’étoffe : en 1902, par exemple, le budget est étendu à la reliure et à l’impression du rapport annuel et des inventaires des archives communales, mais au détriment de la part réservée aux ouvrages. L’archiviste départemental se voit en effet refuser une dotation supplémentaire pour l’achat exceptionnel d’un ouvrage « d’une insigne rareté », en l’occurrence l’édition originale des Icones, relié en vélin au portrait et armes de l’empereur Charles Quint4. En 1914, 6,41% du budget des Archives départementales sont utilisés pour les « acquisitions, frais de versement, reliure de documents intéressant les Archives, impression du rapport annuel ». Aussi, en 1919, ne faut-il pas s’étonner de voir que la bibliothèque ne s’est enrichie que de 7 ouvrages...
Dans son rapport annuel pour l’année 1927, l’archiviste signale que le nombre total des ouvrages de la bibliothèque est passé de 1332 à 1434. Soixante-quinze ans plus tard, près de 20000 ouvrages et brochures sont répertoriés. En 2001, la bibliothèque a ainsi vu l’entrée de 1094 documents, dont 53% ont été achetés, le surplus provenant des dons ou des versements effectués par les diverses administrations. Le budget alloué aux acquisitions, achats et abonnements, tout en représentant 2,34% du budget total, permet de répondre aux évolutions intervenues dans les missions des Archives départementales. En effet, la bibliothèque d’un service d’archives n’a plus seulement pour objet de recueillir toute publication concernant le département sous tous ses aspects (histoire, géographie, etc.), sujet que l’archiviste en fonction en 1967 estimait « restreint »5 : ainsi que le stipule la circulaire conjointe des directions des Archives de France et du Livre et de la lecture du 2 septembre 1994, la « vocation des Archives est de mettre à la disposition des chercheurs soit des ouvrages de référence relatifs à l’histoire générale ou locale, soit des ouvrages complémentaires des fonds conservés par le service d’archives ».
L’objectif du présent catalogue est d’exposer, périodiquement et par ordre thématique, l’ensemble des entrées effectuées à la bibliothèque des Archives départementales afin d’en souligner la diversité et l’intérêt. Ces ouvrages doivent permettre aux lecteurs d’inscrire leurs recherches géographiquement limitées dans le contexte historique régional, national voire européen, complétant ainsi leurs études ou leurs analyses. Ils sont autant d’incitations à la recherche, quand tel sujet, étudié à l’échelle nationale, se révèle encore en friche pour notre département.
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