2008 : manipulation utilisant des gaz inflammables –explosifs
ce matin un chercheur qui veut monter une manipulation m'a demandé mon avis niveau sécurité : il veut utiliser une cellule (typiquement contenant 1/2 à 1l de gaz) à gaz, rempli avec de l'azote, du CO2 et de l'oxygène au départ pour recréer les conditions atmosphériques, puis ajouter d'autres gaz (type méthane et CO, donc en partie explosif) afin de tester des détecteurs nanométriques mis au point au laboratoire, détecteurs qui fonctionnent via un laser. Plusieurs questions me sont venues : peut-il utiliser autant de gaz explosif dans une pièce, sachant qu'il n'y a pas de bunker extérieur d
pour ces gaz ? Comment éliminer les gaz une fois la manip' terminée (ce sont des gaz en partie polluant tout de même) ?
Pour N2 et CO2, c'est pas inflammable. Pour l'introduction de méthane et de CO (inflammables) : tout dépend des quantités utilisées lors de la manip (car même s'il devait y avoir une explosion, si les quantités de gaz utilisés sont faibles, les conséquences seraient alors minimes). Tout dépend aussi de la cellule dans laquelle est faite la manip (petit volume avec fortes surpressions en cas d'explosion ?), de sa résistance mécanique, de sa fixation, de l'existence d'une soupape de sécurité... Exemple : je me souviens d'une manip où on introduit H2 et O2 en proportions stoechiométriques mais en très faibles quantités et dans un volume ouvert. Résultat : l'explosion ressemble à un "pet de mouche"... Tout dépend aussi des proportions dans lesquelles les gaz sont introduits... (reste-t-on sous les LIE ?) et de la fiabilité du système utilisé pour contrôler les proportions des gaz introduits. Tout dépend de l'énergie d'activation nécessaire pour enflammer les gaz : j'imagine que la puissance du laser du détecteur est très faible. Après il y a le problème du stockage des bouteilles gaz et là on se trouve ramené aux prescriptions classiques : pas de stockage de bouteilles en réserve. Bouteilles de volume le plus faible possible. Bouteilles attachées aux 3/4. Ventilation mécanique du local ou de la zone où sont situées les bouteilles (avec alarme si la ventilation s'arrête). Présence d'un extincteur à CO2 à proximité. Pas d'armoire élec à proximité.
Il faut également voir si la manip est automatisée ou non...
Peut-être que l'INERIS pourrait t'aider.
Je suis assez d'accord avec les remarques d'Olivier, notamment sur la taille des bouteilles de gaz : attention cependant à la reprise des bouteilles d'un volume inférieur à 1 litre (en général, les B04) ; il semble que praxair les reprenne dans un délai de 3 ans. A vérifier ! L'utilisation de CO doit être faite avec un détecteur de gaz toxiques, et non pas un explosimètre, car le principal risque du monoxyde de carbone est quand même le risque toxique : il y a chaque année des intoxications
mortelles au CO, à ma connaissance ils ne meurent pas dans un incendie !! Penser aux actions pilotées par une détection éventuelle : les limites d'une alarme sonore sont liées à la présence obligatoire de personnel susceptible de traiter le défaut ; sinon, prévoir des asservissements de coupure des gaz à la bouteille ; toujours vérifier à la livraison d'une bouteille l'absence de fuites (systèmes de bullage).
On a dans nos locaux des manips qui doivent ressembler à ce qui est décrit. Nous avons pris les mesures suivantes :
- bouteille de Co dehors (on est en rez-de-chaussée) dans enclos, les autres à l'intérieur, attachées. Les bouteilles qui ne sont pas branchées à une manip sont stockées dans un local extérieur
- détecteur gaz (avec webcam devant l'affichage consultable à distance par les chercheurs et visible du couloir) - asservissement à des électrovannes de coupure de l'alimentation qui se mettent également en route en cas de panne de l'extraction, de coupure de courant. En cas de détection de fuite : signal sonore et lumineux (le signal sonore ne peut s'arrêter avant que le taux ne soit redescendu) ) - attention ces détecteurs sont difficiles à étalonner et on les fait régler au moins une fois par an
- détecteurs portatifs
- explosimètre (mais tout n'est pas antidéflagrant dans le labo)(ils utilisent aussi de l'H2)
- portes (coupe-feu) à hublots pour voir ce qui se passe à l'intérieur (occupation des angles morts par du mobilier)
- masque respiratoire d'intervention et formation des personnes susceptibles de l'utiliser.
- consignes aux personnels du labo et autres : personnel qui ouvre et ferme les portes - personnel de ménage
Tiennent-ils compte des risques liés à l'électricité statique (c. f. Brochure ED 874 de l'INRS "Electricité statique")
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