TABLE RONDE : QU’ATTENDENT LES INDUSTRIELS DES BIO-MATERIAUX ?
Une TABLE RONDE permettant d’intenses questionnements entre industriels de l’agroalimentaire ou de l’emballage et chercheurs s’est ensuite appuyée sur un sondage collecté au moment de l’inscription des participants, ce qui a permis d’identifier les applications-cibles et les principaux verrous, techniques ou technico-économiques, des biomatériaux d’emballage. Ce sondage a montré qu’une partie des industriels est déjà dans une démarche de développement durable, la majorité s’exprimant sur des préoccupations privilégiant les approches globales de type ACV, et dans une moindre mesure sur des attentes en terme de biodégradabilité.
Les industriels de l’emballage ont une expérience concrète de certains matériaux bio-sourcés, ils ont une nette avance sur les industries agroalimentaires (IAA), chez lesquels les essais et mises en marché sont plus rares. Les professionnels de l’emballage admettent que les biomatériaux actuels peuvent exiger plus d’attention en production industrielle, et qu’ils ont des particularités susceptibles d’impacter le consommateur. De l’avis général il reste un pas à faire pour répondre aux besoins et exigences complexes des IAA, par l’émergence de nouveaux biomatériaux synthétiques et par l’amélioration des matériaux existants par voie de formulation (par exemple résistance à l’eau, barrière à l’eau , barrière à l’oxygène, résistance thermique..). Toutefois l’identification de verrous génériques sur les agro-matériaux peut être liée à une connaissance partielle de l’offre du marché (connaissance préférentielle du PLA ou des mélanges polyester/amidon, et généralisation de leurs verrous techniques à l’ensemble des agro-matériaux).
Sur le thème de la fin de vie, les spécialistes accordent une préférence à court terme sur la valorisation thermique comme une bonne solution technique et économique. Mais cette solution va à l’encontre de l’attente du consommateur qui privilégiera spontanément la fin de vie par biodégradation ou par recyclage.
Le recyclage constitue évidemment la fin de vie à privilégier, à partir d’un volume conséquent d’une matière donnée utilisée sur le marché. L’Europe poussera de plus en plus à trier et recycler les emballages ménagers, avec des objectifs de taux de recyclage qui devraient pousser prochainement les filières de tri à élargir les types de matières et d’objets recyclés : sont concernés les matériaux thermoformés et les films plastiques d’usage alimentaire qui n’entrent pas aujourd’hui dans les filières de tri.
La biodégradabilité n’a pas été identifiée par les industriels présents comme une propriété espérée et incontournable : en dehors des applications ou elle fait partie de la fonctionnalité du matériau (sacs à compost, paillage agricole), le caractère biodégradable constitue un plus, pour la prévention du risque de fin de vie non maîtrisée (cf les matériaux oxo-dégradables). Mais a contrario, on peut craindre une déresponsabilisation du consommateur ainsi qu’une dégradation de la qualité des matériaux recyclés (effets d’inertie chimique et incidence négative sur les propriétés fonctionnelles).
Le compostage industriel est un secteur en développement pour la production de compost (dégradation aérobie) et de méthane (dégradation anaérobie). La collecte n’étant pas développée au niveau des particuliers, l’emballage alimentaire n’est pas concerné par cette filière ; reste à savoir combien de temps cette situation intermédiaire devrait perdurer.
Cette rencontre entre industriels de l’agroalimentaire et de l’emballage a offert une occasion pour les industriels de l’agroalimentaire de s’informer et de s’impliquer dans le développement d’une nouvelle génération d’emballages. Il a fallu 60 ans pour développer et mûrir le marché des plastiques modernes. Le développement de la nouvelle filière sera plus rapide, mais il nécessitera tout de même un fort investissement de recherche et développement dans un cadre précompétitif, en partenariat entre les filières amont et aval.
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