Selon certaines, Mahomet serait mort d'une courte maladie, peut-être une pleurésie, pour d'autres, il serait mort empoisonné par une juive de Khaybar108. Ibn Kathir, Ibn Hisham et Bukhari évoquent cette hypothèse, aujourd’hui peu usitée, de l'empoisonnement. Afin de ne pas être en contradiction avec la protection divine de Mahomet évoquée dans le Coran, des traditionnistes, comme H. Zaqzuq d'al-Azhar défendent que Mahomet aurait survécu trois ans au poison et y voit un miracle. Ibn Sa'd attribut plutôt la mort de Mahomet à un sortilège. Pour Hela Ouardi, cette accusation est invraisemblable et s'inscrit dans une construction anti-juive, misogyne et a pour but d'"écarte[r] tout soupçon qui pourrait planer sur l'entourage du Prophète". Le monde shiite adhère à la thèse de l'empoisonnement, faisant de Mahomet un martyr. Ainsi, Majlisi accuse Aïsha, Hafsa, en lien avec Abu-Bakr et Umar d'avoir empoisonné Mahomet109.
Aujourd’hui encore, l’assassinat de l’Envoyé de Dieu est utilisé à des fins de propagande antisémite : « cela est à ajouter aux crimes des juifs qui ne connaissent aucune limite que ce soit dans l’antiquité ou aujourd’hui. L’hostilité entre eux et nous durera jusqu’à ce que nous les combattions et les tuions à la fin des temps, comme nous l’a dit le Prophète »110.
30.2L’accusation de l’empoisonnement de Yasser Arafat lancée contre les Israéliens
« L'accusation d'empoisonnement, inscrite dans la tradition culturelle musulmane, est devenue un lieu commun de la rhétorique "antisioniste" contemporaine. L'accusation de complot pour assassinat par empoisonnement a été lancée contre les Israéliens aussitôt après la disparition de Yasser Arafat, décédé de mort naturelle le 11 novembre 2004 sur le territoire français, une accusation régulièrement reprise depuis par l'OLP et divers milieux palestiniens111. Du fait que les médecins français refusèrent de publier les résultats des examens toxicologiques pratiqués, cette mort entourée de mystère est devenue aussi gênante que suspecte112. La gêne des milieux palestiniens venait de ce que certains experts, questionnés sur les symptômes apparents de la maladie d'Arafat, avaient diagnostiqué une cirrhose du foie ou encore le sida113, maladies peu glorieuses pour un combattant arabo-musulman héroïsé, érigé depuis les années 1970 en symbole de la cause palestinienne, Cause supposée "pure". La conjonction du mystère et de l'inavouable a nourri l'imagination conspirationniste114. Dès le jour de la mort d'Arafat, les Israëliens ont été accusés d'assassinat sans preuves, avant toute enquête, par les Brigades des martyrs d'Al-Aqsa, milice armée issue du Fatah et pratiquant les attentats-suicides. C'est ainsi qu'a été lancée la rumeur d'un complot criminel organisé contre Arafat par les autorités israéliennes. Cette rumeur présentait le grand avantage d'être hautement vraisemblable, du moins pour le public arabo-musulman travaillé par la propagande "antisioniste" fondée sur l'assimilation des "sionistes" à des "criminels". La rumeur était crédible parce que l'opinion palestinienne s'y attendait : comme toutes les rumeurs ou les légendes contemporaines qui "marchent", elle répondait à une demande sociale »115.
Le problème est qu’en 1997, le Mossad avait tenté d’empoisonner chef politique actuel du Hamas, Khaled Mechaal, à Amman en Jordanie. Deux agents israéliens, déguisés en touristes canadiens, avaient été arrêtés par les autorités jordaniennes. Israël n’avait pu les récupérer que moyennant un antidote pour Mechaal et la libération du chef spirituel du Hamas, le cheikh Ahmed Yassine, alors en prison. Ce précédent d’empoisonnement peut être avancé pour expliquer la mort suspecte d’Arafat116.
Le problème dans cet exemple est d’affirmer sans preuve et sans prudence, et d’avancer sans cesse un complot des juifs derrière tout fait inexpliqué (comme dans le cas des causes de la mort d’Arafat). Que le Mossad ait commis des complots, c’est indéniable, mais qu’il ait commis des complots partout, en tout temps, et sur toute la terre, là nous tombons dans la paranoïa et les théories du complot.
31Citations sur l’antisémitisme musulman
« Il existe en France une minorité afro-arabo-musulmane qui est radicalement antisémite ; il faut cesser de ne pas oser le dire ; l’analyse ne doit pas annuler l’indignation. », Max Gallo, historien117 118.
« Il ne peut y avoir de racisme anti-Blanc, nous expliquent des voix autorisées, sinon par réaction puisque le Blanc est seul coupable d'avoir inventé la hiérarchie des races et d'avoir répandu le malheur partout où il s'est installé. Ce racisme existe, il nous crève les yeux, et c'est l'antisémitisme, présent au Maghreb, au Moyen-Orient, en Afrique subsaharienne et dans nos banlieues, et réactivant la vieille haine antijuive de notre extrême droite », Pascal Bruckner, essayiste119.
« Il n'y aura pas d'intégration tant qu'on ne se sera pas débarrassé de cet antisémitisme atavique qui est tu, comme un secret. Il se trouve qu’un sociologue algérien, Smaïn Laacher, d’un très grand courage, vient de dire dans le film qui passera sur France 3 : “C’est une honte que de maintenir ce tabou, à savoir que dans les familles arabes, en France, et tout le monde le sait mais personne ne veut le dire, l’antisémitisme, on le tète avec le lait de la mère”. », George Bensoussan, historien120.
« Cet antisémitisme, il est déjà déposé dans l’espace domestique. Il est dans l’espace domestique et il est quasi naturellement déposé sur la langue, déposé dans la langue. Une des insultes des parents à leurs enfants quand ils veulent les réprimander, il suffit de les traiter de Juif. Et ça toutes les familles arabes le savent. C’est une hypocrisie monumentale que de ne pas voir que cet antisémitisme, il est d’abord domestique et, bien évidemment, il est sans aucun doute renforcé, durci, légitimé, quasi naturalisé au travers d’un certain nombre de distinctions à l’extérieur. Il le trouvera chez lui, et puis il n’y aura pas de discontinuité radicale entre chez lui et l’environnement extérieur parce que l’environnement extérieur en réalité le plus souvent, dans ce qu’on appelle les ghettos, il est là, il est dans l’air que l’on respire. Il n’est pas du tout étranger et il est même difficile d’y échapper, en particulier quand on se retrouve entre soi, ce sont les mêmes mots qui circulent. Ce sont souvent les mêmes visions du monde qui circulent. Ce sont souvent les mêmes visions du monde fondées sur les mêmes oppositions et en particulier cette première opposition qui est l’opposition eux et nous. Puis après sur cette grande opposition, sur cette grande bipolarité, eh bien, se construisent une multiplicité d’oppositions entre les nationalités, entre les ethnies, etc. », Smaïn Laarcher, sociologue algérien121 122 123.
« L’antisémitisme de ces jeunes issus de l’immigration maghrébine pour qui le juif incarne négativement le complot permanent et le “deux poids, deux mesures” va bien plus loin que le préjugé judéophobe de leurs parents. On ne peut pas faire semblant de penser que la structure familiale est d’un effet nul sur la construction des représentations subjectives. Ce serait absurde. Aussi, ce n’est pas à l’école qu’il faut débusquer l’antisémitisme. Les modes de socialisation sont déterminants. C’est précocement que la langue de la maison, de l’entre-soi, s’apprend sur le mode du “cela va de soi”. Elle est enracinée bien avant toute scolarisation. Elle est déjà là. Et sur cette langue de l’intérieur et donc de l’intériorité sont déposés les mots qui désignent les gens haïssables et les gens “bien” que l’on donne en exemple, ceux que l’on doit fréquenter et ceux que l’on doit impérativement éloigner de soi et des siens. » », Smaïn Laarcher 124 125.
« ... la pire insulte qu’un Marocain puisse faire à un autre, c’est de le traiter de juif, c’est avec ce lait haineux que nous avons grandi... », Saïd Ghallab, auteur marocain Saïd Ghallab126.
« Articulé étroitement à la défense de la "cause palestinienne", l'antisémitisme antisioniste construit une chaîne d'identifications, du Palestinien à l'Arabe, au musulman, à l'immigré, à l'ex-colonisé prétendument néo-colonisé. Cette nouvelle judéo-phobie anti-israélienne articule alors antisémitisme et racisme anti-blanc : le Juif étant considéré comme un suppôt de l'impérialisme américain, un colonialiste, ancien supplétif des colons français, nouveau "colon" des "territoires occupés", capitaliste, mondialiste, super-blanc en somme. Et de par son assignation à une position anti-arabe et anti-musulmane, le Juif est renvoyé à cet ennemi principal du musulman désigné à la vindicte du "bon croyant" par nombre de versets du Coran ("une telle vie ne le sauvera pas de la punition", "Ce sont ceux-là les pires ennemis") et de passages des hadiths ("Vous combattrez les juifs", "Périssent les juifs et les chrétiens. Il n'y aura pas deux religions en Arabie") », Renée Fregosi, Philosophe et directrice de recherche en science politique à l’Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle127.
"Mais sur le banc des accusés, il y a pire ; il y a les complices actifs, comme certains de nos « responsables » politiques locaux ou nationaux qui, depuis des années, font le lit du terrorisme, du populisme, du salafisme et de l’antisémitisme. Pendant plus de vingt ans, ces derniers ont préféré acheter la paix sociale, comme l’a récemment rappelé le député de l’Essonne Malek Boutih, par l’abandon pur et simple de certains quartiers aux mains d’associations douteuses et d’autres apôtres de la haine. « Les élus locaux corrompus ont pactisé avec les voyous, les salafistes et les communautés pour avoir la paix. Nous ne pouvons plus laisser prospérer les supermarchés de la drogue dans nos cités dont on voit qu’ils [les élus] entretiennent des filières où gangsters et islamo-nazis se donnent la main », a courageusement déclaré Malek Boutih", Simone Rodan-Benzaquen, directrice de l'American Jewish Committee à Paris128.
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