19.1Concernant l’accusation de viol portée contre le prédicateur Tariq Ramadan
« Sur son site, l’association l’Union française des consommateurs musulmans qui organise des rencontres « en soutien à Hani Ramadan », frère de Tariq, « interdit de territoire français depuis le 8 avril 2017 », a affirmé, dans un post intitulé « Tariq Ramadan face au sionisme international », que « le site en ligne prosioniste Europe-Israël recevra 5 % de commission sur les ventes de l’ouvrage de Henda Ayari ».
Un journaliste du Courrier de l’Atlas a bien expliqué que cette mention était le fruit d’un partenariat signé avec Amazon, qui reverse à l’association ce pourcentage pour (tous) les livres vendus à partir de son site, mais cela n’a pas découragé les complotistes. « Nous avons tous conscience que les milieux sionistes s’occupent en premier lieu à vouloir détruire toutes les tendances islamistes, Tariq Ramadan faisant partie de cet effluent », assure Ahmed Eddalkra sur le site de l’Union des consommateurs musulmans. « Jesuisuneputesioniste », résume « Mohamed Papillon » sur le Facebook d’Henda Ayari.
Le nom de l’un des avocats d’Henda Ayari est aussi appelé à la rescousse. « Voici le 2e indice : avocat Jonas Haddad (certainement un membre de CRIF et LDJ) », écrit Filastine sur Oumma. « Son cabinet d’avocats se nomme Haddad-Touati-Allouche, à quand la barmitzva ? » demande Abou Tahar al-Tlemceni sur le même site. « Histoire fabriqué par des juifs pour casser Tarik, c une put tout simplement », assène « ha’s58 » sur Youtube. « Si tribunal il y a je lui conseille d’aller demander l’asile en Israël parce qu’elle va en prendre plein la tronche », prévient « Ben » sur Oumma. Voilà comment, pour une partie des commentateurs des réseaux sociaux, la plainte pour viol d’une ex-salafiste contre un islamologue musulman résulte… d’un complot « des juifs » et des « sionistes » »44 45.
"Concernant Jonas Haddad, l'avocat de la personne calomniatrice, s'affichant dans la presse vitrine de l'Etat usurpateur sioniste, nous savons facilement que cet avocat est un fervent défenseur des liens France/Israël, et du terrorisme sioniste ... Ainsi, "la plaignante" va-t-elle "ressentir le besoin de parler aussi" et dénoncer les crimes contre l'humanité : les massacres, la colonisation et le nettoyage ethnique menaient en Palestine occupée par les criminels de guerre sionistes ? En aura-t-elle le courage ?".
20Les théories du complot : les Protocoles des sages de Sion
La première traduction des Protocoles des Sages de Sion [un faux antijuif] en arabe (à partir d'une version française) est publiée au Caire en 1925. Pour Achcar, les « insanités que contient ce pamphlet ont connu une diffusion beaucoup plus vaste que le pamphlet lui-même » et qu'elles ont largement contribué à la « diffusion de l'antisémitisme dans le monde arabe ». Selon lui, les diffuseurs du pamphlet dans le monde arabe cherchaient à « excuser la défaite infamante […] des États arabes devant le mouvement sioniste et à expliquer pourquoi ce dernier avait pu gagner le soutien de l'ensemble des puissances du camp victorieux de la Seconde Guerre mondiale » [10].
En 2002, les Protocoles ont même été « adaptés à l’écran » dans un feuilleton de trente épisodes d’un coût de plusieurs millions de dollars, réalisé en Égypte par la radio et la télévision arabes, avec la participation de plus de 400 acteurs. Selon un important hebdomadaire égyptien, les téléspectateurs arabes ont enfin pu découvrir la stratégie essentielle « qui, jusqu’à aujourd’hui, domine la ligne de conduite, les aspirations politiques et le racisme d’Israël » [8].
En 1990, le cheikh Hussein Fadlallah, le principal dignitaire religieux du Hezbollah « Les Juifs veulent être une superpuissance mondiale. Ce milieu raciste des Juifs veut se venger contre le monde entier de leur histoire de persécution et d’humiliation. Dans ce contexte, les Juifs agissent dans l’idée que leurs intérêts priment sur les intérêts du monde entier » [9].
Mustafa Tlas, ministre syrien de la Défense, écrivait dans la préface de son livre désormais « classique », Le Pain azyme de Sion, édité pour la première fois en 1983 : « Le Juif peut vous tuer et prendre votre sang pour fabriquer son pain sioniste. S’ouvre ici devant nous une page plus répugnante que le crime lui-même : les croyances religieuses des Juifs et les perversions qu’elles contiennent, qui s’inspirent d’une sombre haine pour le genre humain tout entier et pour toutes les religions » [11].
Le général Hamid Gul, ancien chef des services de renseignement du Pakistan, est catégorique : « Je vous le dis, c’était un coup [d’essai], et je ne peux pas dire avec certitude qui était derrière, mais ce sont les Israéliens qui ont créé tant de malheurs dans le monde. Les Israéliens ne veulent voir aucune puissance à Washington à moins qu’elle ne soit soumise à leurs intérêts, et le Président Bush ne s’est pas soumis » [1].
À l’appui de la théorie du complot sioniste, le Jihad Times de Lahore et d’autres médias pakistanais ont inlassablement repris la légende selon laquelle les quelque 4 000 Israéliens et Juifs travaillant au World Trade Center avaient reçu une directive secrète du Mossad de ne pas se présenter au travail le 11 septembre. Les attentats auraient été ordonnés par les « Sages de Sion » en réplique au traitement subi par Israël à la troisième conférence de l’ONU contre le racisme à Durban [2].
De façon assez étonnante, d’après les sondages d’opinion réalisés auprès des Pakistanais en octobre 2001, plus des deux tiers de la population reconnaissaient qu’il était « possible » que les Juifs aient été prévenus de ne pas se rendre au travail le 11 septembre [3].
Un nombre comparable croyaient à l’évidence que le sionisme mondial était à l’origine de l’attentat. Ils étaient convaincus que les Juifs contrôlaient la façon dont les médias avaient traité des événements et avaient imposé la « campagne de calomnies contre les musulmans ». L’idée que les Juifs d’aujourd’hui exercent une « dictature sur les médias », qu’ils cherchent délibérément à empoisonner les relations entre l’islam et l’Occident, s’est largement répandue dans de nombreux milieux musulmans. Encore plus populaire est l’idée que les Juifs manipulent les médias en général, notamment aux États-Unis [4].
En 2001, l’éditorial d’un autre journal syrien contrôlé par le gouvernement, AlThawra, rédigé par Muhammad Ali Bouzha, présentait ceci comme une évidence :
« Israël s’est révélé comme une entité imprégnée de racisme, de haine et de terrorisme d’État, qui a même surpassé les nazis par ses actes criminels de meurtre, de destruction et de dévastation, et par son mépris de l’humanité » [5].
Le 17 mars 1997, à la Commission des droits de l’homme de l’ONU à Genève, Nabil Ramlawi a stupéfait les délégués en déclarant que « les autorités israéliennes […] avaient inoculé le virus du sida à 300 enfants palestiniens pendant les années d’Intifada ».
Abdel Hamid al-Quds, le responsable de l’approvisionnement dans l’Autorité palestinienne, a même eu l’effronterie d’informer le quotidien israélien Yediot Aharonot que : « Israël distribue des vivres contenant une substance provoquant le cancer, des hormones préjudiciables à la virilité, ainsi que des produits alimentaires avariés […] afin d’empoisonner la population palestinienne et de lui nuire » [6].
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