Résultat ? L'appareil s'est révélé opérant dans 85 % des cas. Les 15 % restants concernent les cas où, par exemple, la personne trébuche et se rattrape. "Nous sommes restés trop analytiques", observe Norbert Noury. L'équipe va travailler à partir d'autres théories, comme celle de la "logique floue", qui permet de prendre en compte les événements incertains. La personne ne serait plus seulement debout, penchée ou couchée, mais plus ou moins debout, plus ou moins penchée ou plus ou moins couchée. Idem pour la vitesse, plus ou moins rapide, selon que l'on se baisse ou que l'on tombe. En combinant ces données incertaines et en travaillant sur les algorithmes de décisions, les chercheurs espèrent obtenir une fiabilité à 100 %, de façon à pouvoir envisager un transfert technologique.
Le détecteur de chute n'est qu'un élément de l'"environnement intelligent" créé autour de la personne. Il existe un programme plus vaste d'un vêtement de télé-assistance médical nomade (VTAMN) qui associe plusieurs laboratoires et partenaires industriels.
L'idée est de réunir dans un seul et même gilet fabriqué par la société Itech, à Ecully (Rhône), un ensemble d'outils capables, outre de détecter les chutes (avec le capteur développé par le Timc), de mesurer le volume respiratoire, grâce à un capteur (Visuresp), mis également au point par le TIMC et commercialisé par la société RBI, implantée à Meylan près de Grenoble ; de surveiller la température, à l'aide d'un capteur conçu par le Laboratoire de propriétés des matériaux (Lpm-Insa Lyon) et de suivre sa fréquence cardiaque (société Mediag, à Montpellier). L'ensemble des informations recueillies est communiqué à un centre de télésurveillance (société TAM, à Aix-en-Provence) qui, en cas de problème, peut envoyer un message à la personne ou, si celle-ci n'est pas en capacité de répondre, de la situer grâce à un système GPS également embarqué dans le gilet.
L'ensemble des paramètres physiologiques vitaux (température, fréquence cardiaque, variations respiratoires, mouvements) est suivi en continu, sans que la personne soit jamais sollicitée ni dérangée.
DIMENSION ÉTHIQUE
Une autre équipe du TIMC travaille actuellement, à partir de la fusion d'informations, telles que la présence dans une pièce ou la température de celle-ci, à l'élaboration de scénarios qui permettent de déduire l'apparition d'un événement ou d'une pathologie. Un malaise peut ainsi être suspecté, par exemple par le fait de ne pas ressortir de la salle de bains ou de ne pas être levé à une certaine heure. La surveillance est facilitée par la reconstitution en trois dimensions du sujet, sous la forme d'un clone, qui permet au service compétent de suivre ses faits et gestes, sans violer son intimité, c'est-à-dire sans qu'il y ait jamais de véritable regard comme celui d'une caméra.
Vincent Rialle, chercheur à l'Afirm, insiste sur la dimension éthique de l'environnement intelligent, sans rapport, selon lui, avec une surveillance type "Big Brother" ou "Loft Story". "La technologie apporte des solutions novatrices, en se mettant au service d'une médecine centrée sur la qualité de vie et de soin du patient et qui travaille en réseau sur le principe de la subsidiarité des intervenants, affirme-t-il. Ni la technologie, ni le monde médical, ni le monde social ne s'impose à l'autre."
Nicole Cabret
Dostları ilə paylaş: |