Droit de retransmission
201 La Convention de Rome et l’Accord sur les ADPIC confèrent le droit de retransmission ou de rediffusion en tant que droit d’autoriser ou d’interdire appliqué uniquement aux retransmissions sans fil. La transmission par fil– c’est à dire les retransmissions par câble – est exclue du champ de ces textes. Cela s’explique par le fait que la télévision par câble en était encore à ses débuts lors de l’adoption de la Convention de Rome et par refus d’étendre la protection lors des négociations de l’Accord sur les ADPIC. En termes pratiques, un organisme de radiodiffusion gratuite ne jouit pas de la protection légale (conférée actuellement par le droit international) lorsque ses signaux radiodiffusés sont transmis sans autorisation par câble. Il en de même de la retransmission non autorisée par réseaux informatiques.
202 Le projet de traité tend à combler ces lacunes en définissant le droit de retransmission comme un droit autorisant ou interdisant la retransmission d’un signal “par n’importe quel moyen”, y compris par câble ou par réseaux informatiques. Cela en soi ne confère pas aux organismes de radiodiffusion ou de câblodistribution un avantage inéquitable par rapport aux titulaires du droit d’auteur sur le contenu et aux titulaires de droits connexes, dont les droits sont protégés par les traités de l’OMPI relatifs à l’Internet (à savoir le Traité de l’OMPI sur le droit d’auteur (WCT) et le Traité de l’OMPI sur les interprétations et exécutions et les phonogrammes (WPPT).
203 La définition du droit de retransmission comme un droit d’autoriser ou d’interdire “par n’importe quel moyen” prend tout son sens dans le contexte des émissions non autorisées. Par exemple, en 2008, lors des Jeux olympiques, la transmission non autorisée de manifestations sportives était générale et s’est soldée par 453 cas d’atteinte en ligne aux droits68. Auparavant, la Caribbean Broadcasting Union/Caribbean Media Corporation s’était heurtée à des difficultés à faire valoir ses droits exclusifs et sous licences lors des Jeux de 1996 et avait abandonné son action en vue d’obtenir une injonction contre un radiodiffuseur de la Trinité car il lui eût été impossible d’obtenir gain de cause avant la fin des Jeux69.
204 Au cours de la saison 2007 2008, on a signalé un total de 364 sites de diffusion non autorisés parmi les quatre grandes ligues européennes de football, et la majorité de ces sites étaient liés à une diffusion de pair à pair non autorisée70. L’aptitude à distribuer sur
l’Internet des émissions sportives permet un accès rapide et facile à des émissions sportives exclusives, ce qui fait peser une grave menace à la fois sur les organisations sportives et sur les radiodiffuseurs71.
205 À la différence de l’Accord sur les ADPIC et de la Convention de Rome, le projet de traité cherche à étendre la “radiodiffusion” à la transmission de signaux cryptés lorsque l’organisme de radiodiffusion offre ou consent à ce que soit offert au public un moyen de décryptage. Cette formulation est calquée sur le Traité de l’OMPI sur les interprétations et exécutions et les phonogrammes (WPPT), qui protège les droits connexes des artistes interprètes ou exécutants et des producteurs de phonogrammes. Par conséquent, les signaux cryptés entrent également dans le champ de la protection du projet de traité. Ce traité définit la “radiodiffusion” comme “la transmission sans fil de sons ou d’images et de sons, ou des représentations de ceux ci, aux fins de réception par le public”. L’expression “représentations de ceux ci” couvrirait la possibilité de protéger des signaux sous forme analogique ou numérique et cryptés ou non. Cette même interprétation s’applique à la “distribution par câble”.
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