1) Formes organisationnelles des secteurs populaires et gestion communautaire de l'environnement urbain: avantages, limites et innovations
Les secteurs populaires ont souvent recours à différents formes d'organisation, qui pour la plupart obéissent aux besoins de la vie quotidienne, aux conditions d'existence dans les quartiers concernés, à leurs spécificités et à leurs différences d'avec l'environnement rural.
Ces spécificités concernent essentiellement les aspects territoriaux (présence de quartiers d'habitat spontané -bidonvilles-, municipalités, villages), les aspects socioculturels (familles, chefferies, relations de consanguinité, parenté), les thèmes spécifiques de travail (habitat, environnement, droits de l'homme) et enfin les populations concernées (femmes, personnes âgées, négritudes...).
Or, les formes d'organisation traditionnelle subissent de plus en plus la concurrence de nouvelles formes d'organisation sociale. Les grandes organisations de travailleurs, d’agriculteurs, d’indigènes, d’étudiants, sont les victimes d’une perte d’identité, et doivent coexister avec les “ nouveaux mouvements sociaux ”, qui répondent à des besoins d'expression plus concrets et à une transformation du concept de “ représentativité ”.
Par ailleurs, et plus particulièrement dans le cas de la Colombie, le processus de décentralisation administrative ainsi que la promulgation de la nouvelle constitution en 1991, ont ouvert un nouvel espace de participation locale et directe; ainsi, les effets des politiques d’ajustement structurel ont mené à la création de centaines de coopératives et de formes d’organisation de travailleurs mis au chômage par la déconcentration des processus productifs et de l’application de politiques. Certaines des ces formes d’organisation suivent un modèle solidaire, et dans la majorité des cas prennent la forme d’entreprises individuelles mieux connues sous le nom de “ microentreprise ”.
On peut signaler dès à présent, que ces nouvelles formes d'organisation populaire ont permis aux groupes concernés d'acquérir plus de poids et de participer plus activement à la construction de la démocratie. La communauté se reconnaît désormais comme un acteur à part entière, dont les possibilités d'intervention et d'action sont non seulement élargies, mais déterminantes.
Pourtant, les organisations sociales qui devraient travailler à côté de l'État ne sont pas encore prêtes, puisqu'elles n'ont jamais eu accès aux espaces publiques de prise de décisions. La manipulation de la part des partis politiques, la cooptation de la part de l'État, l'accès à l'exécution des programmes financés par l'État et la concurrence qui en résulte, ont souvent provoqué la perte de capacité critique et d'indépendance des organisations communautaires: la reconquête de ces attributions est un défi lancé.
C'est ainsi que les ONG deviennent des pièces clé dans le processus de participation populaire pour le développement. Parfois elles deviennent les instances d'exécution des politiques publiques, à la place d'un État qui n'a cessé de démontrer l'inefficacité de son action sociale. De ce fait, elles entrent en concurrence avec les organisations sociales, dans une société qui est déjà très fragmentée. Cette fragmentation qui peut être accentuée par la formulation de projets trop cloisonnés empêchant l'articulation entre les différents acteurs, doit être évitée.
2) Réplicabilité des expériences sur la gestion intégrée de l'environnement urbain
Le concept de "réplicabilité" consiste en la capacité de reproduire les expériences précédentes. Il s'agit de multiplier l'expérience d'un groupement ou un acteur en particulier, pour l'utiliser dans des groupements différents, et dans des circonstances différentes. Définit ainsi, ce concept est dangereux et inapproprié: pour que la réplicabilité soit possible et produise des effets positifs, il faut toujours tenir en compte certaines consignes:
Il faut respecter les caractéristiques particulières de chaque espace, de chaque expérience et ne pas oublier les spécificités politiques, économiques et socioculturelles propres à chaque groupement humain. L'idée de réplicabilité doit ainsi respecter le nouveau contexte, donc répliquer veut dire aussi "re-contextualiser" les faits et les processus: c'est à dire identifier le nouvel environnement, les difficultés rencontrées et le rôle qu'ont les acteurs au sein de la société. Sans une réelle connaissance de ces facteurs, la réplicabilité devient une transposition mécanique qui ne produira aucun résultat positif.
Tout contexte a ses spécificités en termes d’articulation entre les acteurs, de cadres institutionnels, d’échelles d’intervention et de formes d’organisation. Il faut donc conclure que la réplicabilité est viable uniquement lorsque l'expérience originelle est utilisée comme source d'inspiration pour les nouveaux acteurs.
La réplicabilité est synonyme d'apprentissage mutuel, d'échange et de transfert de connaissances. C'est un processus méthodologique et pédagogique qui ne peut pas aller au-delà de cet apprentissage car il existe une énorme différence entre le savoir et les solutions qu'il est possible de mettre en oeuvre sur le terrain, tant au niveau théorique comme au niveau pratique et parfois technique. Il doit s'agir donc d'un échange d'expériences.
Par ailleurs, il faut être conscient du rôle prépondérant des communautés et éviter de mutiler leurs compétences et leur autonomie.
Il existe une certaine catégorie de situations, qu'on appelle "situations de motivation ou stimuli" et qui sont susceptibles d'être répliquées. En ce qui concerne l'aspect technique, il est cependant important de rester vigilant sur la viabilité financière, sans pour autant réduire la réplicabilité à une question purement monétaire. Ainsi, la réplicabilité est avant tout fondée sur la capacité qu'a la communauté d’apprendre et de créer des nouvelles expériences grâce à la reconnaissance de son savoir propre.
Dans ce processus de renforcement des acteurs communautaires, il est indispensable de tirer des enseignements des expériences précédentes, et de connaître les limites et les capacités des acteurs sur place.
La réplicabilité devient ainsi un processus délicat mais souhaitable.
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