Les demi-phrases On peut partir d'une phrase banale que l'on désarticule. On pense à une phrase complète mais on n'en écrit que la première moitié sur la feuille que l'on a devant soi et on la passe à droite. Et on écrit la seconde moitié à partir du verbe, sur la feuille que l'on reçoit de son voisin de gauche. Et on écrit à la suite une seconde « première moitié de phrase ». Voici ce que ça donne avec des phrases banales de la vie quotidienne :
Les têtards du bocal
« On est plus sûr quand on meurt de rater le chemin de fer »
« La pluie dégouline le silence des autres »
« La tristesse de tes yeux demande beaucoup de travail». On sent que l'on ne reste pas obligatoirement au niveau de la plaisanterie. Et on peut même s'inspirer des résultats obtenus pour écrire entièrement de nouvelles phrases de ce type sans recourir à la phrase coupée en deux. C'est une nouvelle technique :
« -S'en revient celui qui veut - Moi, le soir, c'est dimanche - Le plus sûr, c'est l'autre » On pourrait déplacer des sujets, des compléments, des verbes...
Je ne puis maintenant m'empêcher de citer la production suivante, obtenue je ne sais plus par quel procédé :
« Le ciel, ce matin, tu resteras toujours enfant. Les arbres dans le lointain n'avancent pas longtemps. L’angoisse ce matin a grimpé sur mon arbre. Le ridicule de ma peur m'attend. Les oiseaux donnent des frissons. Le chien casse son temps. Les chariots de nos bosses font des ombres folles sur les herbes des magnétophones. Les soleils luisants ne se suivent pas pour rien. La chaîne hurlante qui nous enlace éblouira la nuit. Tiens, si une main noie les bêtes et les gens des montagnes géantes, elle prend à la gorge et serre. La hache du bourreau se bat en jouant. Une dame hurle tant il y a d'os ». Alors, pourraient venir les temps des poètes, ces êtres aux sensibilités particulières qui contournent les mots et « absconsent » les phrases pour établir autour de leur pensée nue une muraille franchissable. Mais seuls pourront la passer ceux qui en auront assez le désir pour s'offrir aux ronces des ésotérismes, aux griffures des obscurités, aux broussailles enchevêtrées des sens. Seuls ceux qui auront su le mériter pourront être accueillis avec tous les égards fraternels que l'on doit à ses doubles.
Mais cela, c'est l'affaire des poètes. Laissons-les à leurs connivences et à leurs intelligences. Ils se débrouillent d'ailleurs très bien sans nous et n'ont nul besoin de nos maigres lueurs.
Et puis, nous, les « non-poètes », nous avons tellement d'autres choses à connaître, à explorer, à imaginer, à réaliser, à voir apparaître !...
ET LA TROISIEME SEANCE ? Je viens donc de présenter à la suite du canevas d'une possible seconde séance une série de techniques dérivées. Et je me permets maintenant de proposer le canevas d'une possible troisième séance alors qu'elle n'est pas plus assurée. Mais je le fais en toute tranquillité car je sais que l'essentiel, ici, est de présenter un grand nombre de techniques diversifiées. Chacun pourra en faire son profit comme il l'entendra.
Ce qui est certain, c'est qu'au bout d'un moment plus ou moins long, le groupe est prêt à accomplir des pas supplémentaires. On peut alors lui proposer des « pièges à inconscient » tels que l'acrostiche, l'écriture automatique, la réécriture à trois mots, la réécriture d'un mot...