Textes de la troisième étape « Dans ce paysage nous y serions nous-mêmes, dans un paysage nu de toute construction, sans déguisement, avec pour seule loi d'être le plus possible nous-mêmes. Avec, en plus, l'envie de lutter pour arracher le plus possible des autres à leurs renoncements, pour les amener à la troupe de ceux qui veulent que l'on soit libre de parler sa langue, de jouir de toutes les subtilités de sa culture, de ses formes propres de communication ». « Ce pays qui m'inspire existe, je le construis déjà au-dedans de moi. Tu le construis au-dedans de toi. On ajoute, on assemble nos deux constructions et ça continue. Et déjà on peut se regarder sans savoir faire la grimace habituelle, on se détend on se donne son regard pour recommencer ». « Mais, je veux d'abord que tu m'apprivoises et que je t'apprivoise. Tu sais comme le petit renard. Et cette attente est bonne et douce à mon cœur. Il me suffit de te regarder pour te dire ce que je pense, pour te montrer toutes les petites fourmis qui dansent en moi et aussi les petites araignées. Car le monde de la parole me semble parfois si difficile à comprendre, si imperméable, comme un sol qui ne veut pas que l'eau s'y infiltre. Elle viendra pourtant, mais, naturellement, quand le regard et la complicité voudront bien lui laisser la place. Et je veux combattre et ne pas être un acquis, Tu me souris, je te souris et on s'appartient. Non, demain, je devrai encore te reconquérir et toi aussi Ce jour sera agréable où tu seras un petit d'homme et moi une petite d'homme, où toutes les prothèses dont chacun a besoin pourront, petit à petit, s'en aller. Et pour apprécier l'authenticité de l'autre, j'aime connaître d'abord celui qu'il est tous les jours, son visage devant le monde et le cadeau en est encore plus précieux lorsque ce visage va changer et se détendre, que ce soit de rires ou de pleurs. Il ne sera plus sans rides, sans taches. Et je pourrais te choisir, te trouver ». « Ce n'est que tendresse multipliée toutes ces choses que l'on tait parce qu'on a appris à en avoir honte. En fait ça serait trop révolutionnaire et on ne pourrait plus canaliser les énergies vers la production. Notre volonté de vivre peut vaincre celle qui veut nous étouffer, nous sommes forts de notre tendresse qui déjoue tous les mécanismes huilés de l'adulte : nous le vaincrons et alors, ce sera beau. Nous existerons enfin ». « Pourquoi voir les murs. Ils n'existent que si on les construit. Il faut apprendre à les dissoudre, à être dans l'oasis partout. Quelle pauvreté que d'être ainsi sensible au temps et aux maisons ! Combien de pièges encore te prennent ? Tu ne les déjoues pas. Tu marches à tous les coups. Tu t'enfonces dans le piège à loup. On dirait que sa morsure te fait du bien, Puisque, demain, tu recommenceras encore à prendre ce chemin où tu es sûr de le trouver. Son dieu, il est temps que tu te déprennes » « Moi aussi j'ai faim de dire et d'entendre
Tu as des prairies ». « Ce matin, il y avait chez elle, prêt à son visage, le désir de communication plus vraie. Il y avait prêt à son coeur, un épanchement de tendresse qui attendait depuis longtemps. Mais non, toi il te faut des instruments de musique, des cadres définis, des répétitions de réussites anciennes. Et toi, si tu n'as pas ton rythme et ton dessin, tu ne peux plus jouer de rien. Et tu en empêches les autres ». « C'est vrai que beaucoup des gens que l'on rencontre ne sont prêts qu'à l'échange corporel qui n'est pas compromettant, qui n'engage pas la personne. Et ça, moi je ne peux plus pour le moment, le supporter. J'ai surtout besoin de la richesse et de la communication. J'ai besoin de savoir qu'il y aura du temps devant moi qui me permettra de me dérouler, de me dire, de me détendre. Et de permettre à l'autre de se dire, de se livrer. Un jour quelqu'un m'a dit - Plus tu te nommes toi et plus tu libères l'autre - la communication c'est toute une approche, toute une progression ». « Est-ce que je peux t'aimer toi ? Ça ne peut se savoir par avance. Ce qui peut nous arriver est quasiment impossible à déjouer. A moins d'une vigilance extrême. Ce que j'ai appris, c'est qu'on ne peut calculer. Nos petites tactiques sont d'une extrême mesquinerie. Et elles pourraient être balayées en une seconde. Alors toi, moi qu'est-ce qui nous attend ? Rien, je l'espère. Sur une mer démontée, j'ai peur. Je ne suis plus prêt à assumer l'aventure.