Documents de l’educateur 172-173-174 Supplément au n°10 du 15 mars 1983 ah ! Vous ecrivez ensemble ! Prat ique d’une écriture collective Théor


Voici des extraits de ce qui a été posé sur les feuilles tournantes



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Voici des extraits de ce qui a été posé sur les feuilles tournantes
« Les mots des autres sont souvent nos maux à nous, les jeter à la face d'une feuille les rend si faibles, si ténus. La résistance cède à la pression de l'encre. Et le barrage s'écroule devant la marée des plumes. Usée jusqu'à la ficelle, la culotte étroite de nos limites. Repoussé le non-dit aux limites du tréfonds. Et encore savoir qu'il reste tout à dire quand on a tout dit ».
« Ce que je trouve sensationnel, c'est qu'on a tout un bagage de mots, ils sont là, ils sont pas à nous. On peut les prendre. Ça dépend lesquels. Certains mots, je suis bien copain avec eux, je les aime bien et ils me le rendent. Ils se laissent prendre pour un temps et je les écris sur tous les tons, dans tous les sens et je les dis et je les crie et je les chante. Et puis, avec d'autres mots, c'est encore l'indifférence, ou bien la peur. Alors, je les regarde de loin. Je tente des approches des fois. Et puis, ils m'attendent. Et puis c'est comme ça que depuis deux ans, je me suis fait plein de copains avec des mots qui me faisaient peur avant ou que je connaissais pas. Mais de toute façon ils sont libres, je ne les oblige pas à rester avec moi. Le langage est à la disposition de tout le monde. C'est chic, c'est chouette, c'est belette, c'est Roudouallec » ».
« L'écrit, ça m'a donné envie d'écrire encore plus, d'écrire plein de choses à chaque fois que j'ai quelque chose à dire, à chaque fois que je n'ai rien à dire non plus, d'écrire parce que c'est important, parce que je découvre les langages vivants, parce que je veux qu'ils soient nombreux, parce que je veux en créer des dizaines ou des millions. Parce que mon crayon va plus vite à dire et à moins peur que ma voix quand c'est dur à dire, parce que cela vient plus facilement que quand je veux parler parce que cela me montre comme je suis. D'abord écrire. Ensuite, on peut parler à haute voix mais pas toutes les fois et pas toujours avec tout le monde ».
« On monte des marches vers le haut de la tour, on sent l'air vif là-haut et la lumière. C'est en nous que ça monte. Ça veut parler au plus clair, sans plus retenir. On essaie, on tâtonne, on tâte, on tente, on réussit parfois, cela m'est arrivé deux fois, comme deux orgasmes de communication ».
« L'écrit est finalement une recherche continuelle, on part et on ne sait jamais où on va aller, il faut à chaque fois construire. Peutêtre est-ce pour cela que, parfois, j'ai des réticences, par peur de l'inconnu ? Peur de ce que je pourrais écrire ? Et pourtant je viens, je suis là, ma main écrit, c'est souvent court, j'ébauche souvent mais c'est comme pour la parole, j'exprime peu, j'ai toujours eu du mal à sortir de moi. Et je pense que l'écrit m'a aidé ».
« L'écrit, c'est des moments de plaisir, c'est des moments d'indifférence peut-être de haine, de bouts de vie rongés, des moments où je sens qu'on est tout près des choses précieuses, des moments où on agrippe les insaisissables ».
« Découverte de l'autre à travers l'écrit. Oui il est pernicieux cet écrit. Il nous dévoile souvent plus qu'on ne le voudrait, On se laisse prendre au jeu, l'écart entre l'inconscient et la main se craquelle toujours un peu plus et la main court, court. Elle éloigne un peu les préjugés, je dis un peu car on ne fait pas toujours tomber les barrières. On a osé dire ça et puis on tourne un petit moment dans sa coquille. Mais c'est bon d'avoir pu en sortir ».
« Tu es mon être. Je suis un garçon. Tu es mon moi-femme avec mes désirs de femme réalisés. J'aimerais que tu me dises tout ce que tu éprouves quand tu fais les expériences de vie que je pourrais t'avoir commandées. Tout être est un autre moi-même et je le suis aussi pour lui. Le matin à l'aube, avant de lancer le char du soleil dans sa course de ciel, je vous fais venir auprès de moi, tous mes moi(s) qui ne demandent qu'à vivre et palpiter par tous les êtres dans tous les recoins cachés de l'univers ».
« La communication, c'est comme une drogue à laquelle on a été initié très tôt dans notre vie. Mais on est resté longtemps en manque. Mais ici, j'y goûte à nouveau avec émerveillement. Et de cette soif, je ne saurais plus me défaire, D'autant plus que je le sens, il y aura renforcement par assouvissements répétés. ».
« A la lueur du sombre, il n'y avait que le reflet dolent du désespoir qui s'incrustait, l'effigie du souvenir des saignements passagers qui furent si violents, bourrasques de vie, craquelures de l'automne avec son glas nostalgique. J'ai longtemps couru dans des cimetières dérisoires à l'ombre du courant. Il y a maintenant cette rage de vie, cette folie du soir, cette source de regret voilé à la recherche inassouvie de l'inaccessible. Mais j'ouvre des regards familiers pour y asseoir du vrai, du mélangé, du concret. Dans l'intimité de moi, je me cotonne en douce des soirées amicales et j'écoute et je devine ces émotions fortes, ces amours fabuleuses qui ne dureront pas. Je suis comme l'amoureuse qui se parfume d'espoir et guette le moindre frémissement en dehors des paroles dans la simplicité attentive d'une amitié déjà offerte. Il est là dans cette absence si lointaine et si proche, lui qui ne côtoyait que la passion. J'aime toujours et peut-être plus fort qu'avant. Il m'a transmis sa soif de vie et d'amour. Celui qui cherche n'est jamais guéri d'amour. Et c'est un mal salutaire. A la une du jour, je chercherai toujours l'éternel et le fugitif ».
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