Erda ou le savoir


La partition de l'univers



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1.5.La partition de l'univers


Ainsi la connaissance doit investir trois mondes ; le monde de la représentation théorique, celui de la réalité sensible, et le monde intermédiaire des relations entre les deux premiers. Nous rejoignons ainsi le partage mythique de l'univers tel qu'il apparaît dans toutes les civilisations, et toutes les religions ; Nous retrouvons ainsi l'univers de la Tétralogie.

1 Le monde « d'en haut », le ciel, la lumière, les dieux, créateurs, organisateurs du cosmos conduisant et dominant le destin des hommes62. Pour la science c'est le domaine de la théorie triomphante assurant l'isomorphisme parfait entre les constructions de l'esprit humain et le monde tel qu'il apparaît à nos sens63.

2 Le monde « d'en bas », celui des puissances chthoniennes, sous la terre, les ténèbres, les démons ; le désordre, les ennemis de la beauté et de la lumière, les forces obscures contre qui il faut mener une lutte continue, car blotties dans les entrailles de la Mère elles renaissent continuellement de leurs cendres. Ces forces travaillant au sein même de la nature détruisent les théories, obligent la science à se remettre continuellement en question.

3 Le monde du milieu, la terre, avec l'alternance du jour et de la nuit. Le domaine du doute, de l'ambiguïté, de la contradiction. En un mot le domaine des hommes. C'est aussi le monde où s'affrontent dieux et démons, en prenant l'apparence humaine. Le monde du bien et du mal. La science y naît péniblement, tiraillée par les forces du bien et du mal, mais triomphant malgré tout, de l'erreur et du mensonge64.

Il est tentant de mettre en parallèle ces trois mondes, et les mondes 1,2,3 de K Popper (Voir par exemple L'univers irrésolu, page 94, Hermann, ou Eccles, opus cité page 236-237).

Le monde 3 de Popper serait alors le monde d'en haut : «Par monde 3, j'entends le monde des productions de l'esprit humain...» (Opus cité page 94). Le monde 1 serait le monde du milieu : « Par monde 1 j'entends ce qui d'habitude est appelé le monde de la physique. »

Pour le philosophe, le monde 2 est celui de la psychologie : « monde des sentiments, de la crainte et d'espoir, des dispositions à agir et de toutes sortes d'expériences subjectives, y compris les expériences subconscientes et inconscientes.»

Concernant le monde 3, Popper ajoute : «...monde des bibliothèques, scientifiques, des livres, des problèmes scientifiques et des théories, y compris les fausses.

Le monde 3 est le creuset de la vérité, mais n'a rien d'un monde parfait. Finalement, il n'est pas si éloigné du monde des dieux de la Tétralogie. Notre monde du milieu étant finalement la réunion des mondes 1 et 2 de Popper. Le monde des puissances chthoniennes, celui d'Albérich reliant souterrainement les deux autres.

L'univers primordial de la Tétralogie, correspondant à la période pré-wotanienne, est une structure verticale linéaire ; c'est yggdrazil, l'arbre sacré qui constitue sa charpente, et le principe qui assure l'unité des trois mondes, le chemin qui mène de l'un à l'autre. L'univers de Popper, lui est circulaire, selon un schéma qui pourrait être le suivant :





Monde 1 : Ténèbres


Monde 2 : Monde du milieu
Monde 3 : Lumière


Selon Popper
La nature
Le monde de la technique (domestication de la nature)

Le monde des idées, des arts, de la pensée



Wotan en provoquant la mort de l'arbre du monde détruit la structure verticale. Quittant le Walhall, il investit les deux autres mondes. Il devient loup pour créer le lignée des Walsung, erre dans le monde du milieu où il devient l'insaisissable ennemi à abattre (le dieu magicien se sortira d'affaire, mais sa famille sera détruite) ; par deux fois il descendra dans le monde du bas :

- pour y séduire, ou plutôt soumettre et violer Erda, la mère primordiale, celle qui sait ;

- accompagné de loge, il descend dans l'antre d'Albérich pour lui arracher l’anneau.

« Là-haut dans les nues / vivent les dieux : / Walhall est leur palais / Wotan, Albérich blanc / règne sur eux.». C'est une des réponses de Wotan à Mine, dans le jeu des trois questions imposé par le Dieu au pauvre Mime. L'identification que le dieu opère de lui-même65 entre lui et Albérich mérite d'être souligné. Elle marque en effet la circularité des mondes occasionnée par la mort de l'arbre sacré Les extrêmes, symbolisés par Wotan et Albérich se rejoignent selon deux dimensions: Celle de leur être propre, le mal vient de l'un et de l'autre et entraîne, pour l'un et pour l'autre - par la magie de l'anneau - la ruine de leurs espérances ; celle des humains (Siegfried et Hagen) qu'ils ont fait naître pour continuer leur combat par descendants interposés.

Le monde d'en-haut, c'est celui de la pure théorie. Tout y est transparence et évidence. On y trouve, bien tranchés ; le bien et le mal ; je veux dire le vrai et le faux. Une base axiomatique solide comme le roc, des procédés de déduction permettant de passer, dans la clarté d'évidences en évidences. L'hydromel y coule à flots...je veux dire ces expressions bien formées que la déduction déclare valides et qui remplissent de bonheur, jusqu'à l'ivresse, ceux qui ont réussi la bonne démonstration, celle qu'on a peut-être attendue durant des siècles.

Nous sommes au cœur du temple de la science ; un Walhall. De redoutables murs protègent la citadelle ; mais sur quoi sont-ils construits ? Emergeant des nuages personne ne sait vraiment sur quoi ils reposent. Monde suspendu dont certains disent que c'est par la grâce de Dieu, les autres constatent que cela tient debout et que c'est finalement le principal. Peut-être suffit-il d'avoir toujours le regard tourné vers le haut pour que les mauvaises questions s'évanouissent. Le salut est alors dans l'ignorance des autres mondes.

Wotan a construit le Walhall en partie pour y réunir les héros devant constituer l'armée du Combat. Le grand combat, pour la justice et la vérité ; il faut toujours au moins cela pour accepter aux hommes leur sacrifice. Nous savons que les héros, glanés par les Walkyries sur les champs de bataille - des batailles d'hommes, donc d'espèce inférieure - sont les vaincus. Faut-il imaginer que les nos savants accueillis dans les centres prestigieux de recherche ont été quelque part vaincus en des combats douteux du monde des réalités quotidiennes ? Que grâce à leur défaite ils ont été accueillis au paradis de la science ? Ils ont de toute manière mené un combat qu'il semble bien avoir gagné, car leur mérite a toujours été reconnu et beaucoup ont été comblés d'honneurs... Mais trop peut-être ; Car si un invisible, ou insaisissable Wotan les a triés des communs des mortels, c'est bien pour constituer une armée... Peut-être au sens propre du terme. Il serait en effet intéressant de dénombrer, parmi les héros de la science, ceux qui directement ou indirectement ont contribué à la construction de moyens de destruction...Toujours, évidemment pour la bonne cause, puisque la science est toujours du côté de la lumière, c'est-à-dire des dieux.




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