Gaston Bardet



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UNE METHODE DISCRETE.


Par ailleurs, dans ce fleuve impur de « représentations » et d'images obtenu en état-second, en état déréistique : coupé du réel où le sujet est invité à se laisser aller à un débride­ment incoordonné, comment supposer des relations de cause à effet, des relations (que les Ecossais appellent des associa­tions) essentielles entre toutes ces images 332 ? Le sujet est invité à composer un tableau picassiste où se trouvent, dans un coin, un œil, un pain, une oreille, ailleurs une fleur ou un couteau. De quel droit planter ce couteau dans l'œil et non dans le pain ? Et pourquoi pas la fleur derrière l'oreille à l'espagnole ?

Chez les individus conscients, dont la mémoire associatrice est en bon ordre de marche, la filiation dans les associations d'idées, obtenue par rappel, est légitime. L'est-elle chez des individus dissociés ? Lorsqu'on lit les comptes rendus de séan­ces psychanalytiques, on arrive difficilement à croire qu'un individu puisse être, à la fois, la proie de tant de bas appé­tits 333. Au bout d'une centaine de séances, n'a-t-on pas créé un véritable habitus de voyance toujours dirigée vers le bas, « le regard d'en bas » dira Allers de son côté. Est-ce qu'en remuant toujours de plus en plus profondément un lac des glaciers on n'arriverait pas à en troubler l'eau ? Alors que sans intervention extérieure, la vase normalement déposée ne ternirait jamais le cristal.

En bref, est-ce que la méthode des associations libres ne multiplie pas par dix les « indigestions » ? A force de vomir cinq fois par semaine - règle du traitement - est-il encore possible aux aliments d'avoir le temps d'être digérés, à la fonction normale d'oubli de fonctionner ? Est-ce que la pré­tendue « résistance » opposée au bout de quelque temps, n'est pas celle d'un organisme... qui ne veut pas rendre ses boyaux ? Et qui, de plus en plus affaibli, finit par croire sa vomissure somnambulique, une seconde nature dont il se débarrasse par dégoût peut-être, mais sans résoudre la cause primordiale.

Est-ce que l'esclavage imaginaire 334 auquel est soumis le patient n'achève pas de détruire son unité qu'il ne retrouve­ra plus - l'expérience l'a montré - le laissant dans une odeur de vidange définitive. Car si la guérison est rare (n'allant pas jusqu'à la cause première) la destruction est sûre.

Toutefois, comment faire, objecterez-vous, si le malade actuel, le « coupable antécédent » - ne disons plus la victime du frein social - a si bien refusé d'écouter, jadis, sa conscience morale qu'il ignore aujourd'hui la cause profonde de son remords ?

Observons tout d'abord que connaissant bien les trois con­voitises et leurs trois niveaux qui correspondent au Ça bestial, au Moi propriétaire et au Surmoi orgueilleux, vous pouvez aisément détecter ce qui a été refusé et « refoulé ». Une simple liste de mots inducteurs et un chronomètre donnant le 1/5me de seconde suffisent. Les mots inducteurs doivent être choisis au hasard, mais dans les trois niveaux, et disposés de façon à n'avoir aucun rapport logique de signification. Lors­qu'on présente l'un après l'autre ces mots au sujet, il n'éma­ne ainsi de cette liste aucune suggestion, ce qui est toujours le cas dès que plusieurs mots constituent un thème quelcon­que (cas des associations libres).

« L'expérimentateur invite le sujet à réagir à chaque mot inducteur aussi rapidement que possible en prononçant seulement le premier mot qui vient à l'esprit... On déclenche le chronomètre par exemple, chaque fois que l'on prononce la dernière syllabe du mot inducteur et l'on arrête dès que le sujet fait entendre sa première syllabe du mot induit. On note le temps écoulé, dit temps de réac­tion » 335. .

Jung se contente de cinquante à cent réactions. Au cours de ces expériences, vous remarquez que les temps de réaction sont fort inégaux, tantôt courts, tantôt longs. Vous observez aussi que certaines réponses subissent des perturbations di­verses et surtout un accroissement anormal du temps de réac­tion, qui se prolonge parfois sur les mots suivants. Jung ap­pelle cela une « persévération ». Ces mots inducteurs n'ont pas seulement provoqué une réaction de la claire conscience, mais éveillé un écho dans les placards du rejet mnésique. La conscience psychologique se retourne en quelque sorte vers l'intérieur soit pour un rapide examen de conscience, soit pour un nouveau refus. Elle est victime d'une courte absen­ce qui capte son attention pour un instant, d'où le retard dans la réponse qui révèle ce que la peur de la douleur mo­rale a refusé de regarder en face.

Ce test de l'Association Experiment a été inventé et mis au point par Jung en 1907, donc avant de connaître Freud. Bien plus ce sont ses « Etudes diagnostiques sur les associa­tions » qui apportèrent à Freud la base expérimentale qui lui faisait défaut. Mais le Mage Noir l'a, comme toujours, déviée, en supprimant ses précieux caractères de non-suggestibilité thématique et de discrétion absolue, le sujet ne pouvant re­marquer ses hésitations.

C. G. Jung précise : « J'associe à la phase ci-dessus décrite de l'expérience, une deuxième phase qui consiste en ceci : après avoir enregistré un certain nombre d'associations, on reprend la liste des mots induc­teurs à son début, en priant le sujet de répéter la réponse faite à chacun d'eux... Le sujet s'en souvient ou ne s'en souvient pas, ou encore croit s'en souvenir mais donne une réponse différente. On note tout cela. Les réactions oubliées constituent des reproduc­tions défectueuses. On a constaté que celles-ci sont aussi des indi­ces... au même titre que les autres perturbations qui distinguent les associations ayant effleuré les sphères affectives ».

Nous avons utilisé ce test, si commode, sur des sujets nul­lement en état de passivité mais parfaitement rationnels et alertes. Il nous a permis, en plusieurs cas, d'aider certaines consciences à voir clair en elles-mêmes. Mais attention, avant de livrer le diagnostic, il faut déjà des consciences décidées à lutter, à combattre, voire à réparer et en état de lutter pour combattre, réparer. Un médecin ne doit pas commencer par révéler à son client une grave maladie s'il n'a pas la certitude qu'il peut quelque chose pour lui. A l'hôpital, nous n'avons jamais entendu parler devant un malade de cancer, de tuberculose, ni même d'alcoolisme ; le clinicien emploie des formules hermétiques : néoplasme, bacillose, éthylisme 336...

A l'opposé des méthodes criminelles d'associations libres (libres uniquement vers le bas) ramenant toute la boue de l'animalité à la conscience du sujet, l'association dirigée son­de la mémoire à tous niveaux.

Parmi les techniques nouvelles demandées par Pie XII, voici une méthode qui ne développe pas la suggestibilité, qui ne risque pas de dissocier la personnalité, de favoriser les né­vroses secondaires par irruption de réminiscences de l'infer dans le conscient. Seul l'opérateur doit connaître le « refusé » par voie négative - « indirecte », demande le Saint-Père. Il sera facile alors d'orienter fermement et paisiblement le su­jet vers un examen de conscience fait en toute lucidité, au moyen des questionnaires classiques qu'on pourrait améliorer avec avantage. Cet examen porte sur la culpabilité primordia­le réelle et non les causes-secondes ou diagnostics plus ou moins « abracadabrants » avoue Claparède.

Il s'agit de fortifier la conscience morale du malade actuel, de la soutenir et de la renforcer. Ce ne peut en aucune façon être réalisé après une déflagration de la mémoire de l'infer. Lorsqu'une digue a des fissures, les ingénieurs se gardent bien de la rompre... pour la conforter par après. Ils la doublent in­térieurement. Or la névrose provient de réminiscences, de fuites d'images rejetées sans succès, fuites qui agissent com­me des rêves ou des suggestions à échéance ; il faut, par un renforcement de l'énergie psychique, obtenir le repentir, l'ac­ceptation de l'état de faute, qui seule, peut la dissoudre dans l'oubli et rénover notre être.

On a pu observer que les conducteurs de locomotives ne se suicident quasi jamais ; chez eux, la notion de devoir est portée au plus haut point. La conscience n'a pas laissé de failles.

La courroie qui lie la Chair et l'Esprit ne peut être immo­bile, si elle ne transmet pas la force du haut vers le bas, c'est le bas qui fait tourner, en sens inverse, la roue du haut. Il y a soit conduite dégradante, soit névrose si la courroie patine par suite de résistance de la route du haut.



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