5. Petits pas des grandes écoles
Si des efforts d’accessibilité sont réalisés au niveau des universités, les grandes écoles restent peu fréquentées par les étudiants handicapés. L’action d’Handimanagement sert souvent d’amorce à une réflexion sur l’accessibilité aux études supérieures.
C’est le paradoxe de la poule et de l’œuf. D’un côté, des grandes écoles, comme Centrale Paris, Telecom Paris, HEC, l’Insa de Lyon…, peu préparées à l’accueil d’étudiants handicapés ; de l’autre, des chefs d’entreprise frileux quant à l’embauche de personnel handicapé. Qui est un frein à qui ?
Selon le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, on dénombrait 8 411 étudiants handicapés en 2005-2006. Et seulement 291 dans les grandes écoles.
Des associations étudiantes, soutenues par la Conférence des grandes écoles, qui regroupe une centaine d’écoles, sont particulièrement actives dans le combat pour l’intégration des personnes handicapées. En juin 2006, des étudiants de l’École centrale de Paris, conseillés par la Fédération des Apajh (Association pour les adultes et les jeunes handicapés), ont rédigé la charte “Grandes écoles et handicap”.
Déjà, au sein des établissements, des travaux sont effectués pour améliorer l’accessibilité des locaux. L’Insa (Institut national des sciences appliquées) de Lyon est particulièrement engagé dans cette dynamique. Le directeur adjoint, Louis Flamand, énumère les aménagements entrepris : « Des claviers d’ordinateur en braille, des amphithéâtres munis de boucles magnétiques, un système d’accessibilité pour les personnes en fauteuil ». De plus, les salles de restauration ont été aménagées, ainsi que des hébergements. Malgré cette politique résolue, l’Insa ne compte que 12 étudiants handicapés sur 4 200 étudiants.
Sensibiliser les étudiants
Depuis 2005, l’action d’Handimangement, qui œuvre pour la sensibilisation des futurs managers à l’embauche de personnel handicapé, s’amplifie. Par le biais de l’insertion professionnelle, les étudiants abordent ainsi le problème de l’accessibilité dans leurs propres écoles.
Dans ce cadre, des écoles ont mené des campagnes d’action qui ont souvent mis l’accent sur un problème d'accessibilité des installations et des cours. L’École supérieure de commerce de Rouen, par exemple, lors d’une “journée de combat”, a placé ses élèves en situation de handicap. Les professeurs parlaient à voix basse, déréglaient les rétroprojecteurs et demandaient à leurs étudiants droitiers d’écrire de la main gauche. De son côté, l’association Handizgoud de l’Insa de Lyon a organisé une semaine de sensibilisation. « Des ateliers démystification ont réuni 200 personnes, des compétitions handisport remplaçaient les cours d’éducation physique, 150 personnes ont assisté au spectacle du mime sourd Joël Chalude, des conférences ont été organisées, ainsi qu’un dîner dans le noir avec 80 participants », rapporte François Authier, responsable de l’association, lui-même sourd.
Ces événements mettent en exergue les problèmes liés à l’accessibilité et démontrent qu’il est possible, malgré un handicap, de suivre des études supérieures dans les grandes écoles.
Sarah Lachise
Handimanagement : 01 30 71 26 64.
www.companieros.com/handimanagement
Voir aussi ÊTRE Handicap Information, n° 88, mars-avril 2007.
Titre 3 : Accéder à l’emploi
1. Introduction : Accéder à l'emploi
Quid du décret d'accessibilité des lieux de travail ?
Plus de deux ans et demi après l'adoption de la loi de février 2005, le décret sur l'accessibilité des locaux professionnels n'a toujours pas été publié. Une première version a été présentée, en début d'année, au Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH) qui a émis un avis négatif, jugeant le texte insuffisamment contraignant. En effet, seules les entreprises de 200 salariés et plus (soit moins de 0,5 % des entreprises) auraient été concernées par l'obligation de mise en accessibilité des locaux de travail. Celles employant entre 20 et 199 personnes (4,5 %) auraient été simplement tenues de mettre aux normes un étage ; quant aux plus petites (95 %), elles auraient été exemptées de toute obligation. Inadmissible pour les associations membres du CNCPH et en particulier pour l'APF, qui a sorti en octobre dernier son carton rouge : « Si le gouvernement souhaite faire baisser le taux de chômage des personnes handicapées, il faut qu'il commence par rendre les locaux accessibles. » Depuis, le ministère du Travail, des Relations sociales et de la Solidarité planche sur un nouveau projet de décret qu'il s'est engagé à publier d'ici à la fin de l'année.
Ce que dit la loi
La loi de 2005 maintient le taux d'emploi de personnes handicapées de 6 % demandé aux entreprises ayant 20 salariés et plus, mais elle augmente le montant de la contribution financière à l'Agefiph pour les entreprises privées qui ne se sont pas engagées dans une action en faveur de l'emploi des travailleurs handicapés. Cette contribution devient obligatoire dans toutes les administrations publiques qui ne respecteraient pas l'obligation d'emploi et alimente le Fonds d'insertion professionnelle des travailleurs handicapés de la fonction publique (FIPHFP).
La loi traduit le principe de non-discrimination à l'embauche par l'obligation pour l'employeur de prendre des mesures appropriées et impose l'obligation de négocier chaque année avec les partenaires sociaux sur les mesures relatives à l'emploi des personnes handicapées et à leur maintien dans l'emploi. Elle considère qu'il appartient à l'entreprise de rétablir l'égalité entre le salarié ordinaire et le salarié handicapé, en compensant le handicap de ce dernier lorsque cela est raisonnablement possible par des aménagements, des aides techniques ou humaines.
Accompagnement personnalisé
Afin de permettre une meilleure insertion des personnes handicapées sur le marché du travail et de consolider leur parcours professionnel, les pouvoirs publics ont mis en place à leur intention une démarche active d'insertion. Celle-ci va du bilan de compétences à l'accompagnement personnalisé dans la recherche d'emploi et l'adaptation au poste de travail. Ce dispositif est en cours d'expérimentation auprès de 4 000 bénéficiaires de l'allocation aux adultes handicapés (AAH). Un bilan sera réalisé début 2008 pour décider de l'extension de ce dispositif à l'ensemble des demandeurs d'emploi et travailleurs handicapés.
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