Innombrables sont les récits du monde


IV. 4. 5. Développement du maintien et du changement



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IV. 4. 5. Développement du maintien et du changement

Après cette étude du développement des formes linguistiques utilisées pour l'introduction des personnages principaux et des personnages secondaires, nous traitons dans un second temps des problèmes de maintien et de changement de référence dans une perspective développementale. Commençons par donner quelques chiffres concernant la réalisation de ces deux fonctions.




Âge des sujets

3/4 ans

(N=14)


5 ans

(N=20)


7 ans

(N=12)


10/11 ans

(N=12)


Adultes

(N=12)





Nombre de maintien

238

354

188

223

316

Index de fréquence

38

34.5

34

35.5

42

Nombre de changement

275

481

277

329

368

Index de fréquence

44

47

50

52.5

49

Tableau (48) : Nombre et index de fréquence des maintiens et des changements de la référence en position de sujet en fonction de l'âge.

Pour commencer une remarque générale concernant le tableau (48). Dans toutes les tranches d'âge, l'index de fréquence des maintiens de la référence est moins grand que celui des changements. Cette différence est également relevée par Bamberg (1987) dont les sujets changent trois fois plus de référence qu'ils ne la maintiennent.

Ensuite, pour ce qui est de la courbe développementale du maintien et du changement de référence, elle comprend deux mouvements majeurs. On note tout d'abord une diminution du nombre de maintien de la référence entre 3/4 ans et 7 ans et une augmentation de celui des changements entre 3/4 ans et 10/11 ans. Ces tendances s'expliquent entre autres par le fait que petit à petit, les enfants ne se contentent plus de raconter leur histoire du point de vue du petit garçon, mais intègrent également les actions du chien dans leur narration. En effet, ce passage s'observe dans le nombre de références au chien à travers les âges. Les données montrent une augmentation du nombre moyen de références au chien en fonction de l'âge des sujets. On compte 10,5 mentions en moyenne pour les 3/4 ans, 9,5 pour les 5 ans, 10 pour les 7 ans, 12 et 13 pour respectivement les 10/11 ans et les adultes. Chez les plus âgés, il faut encore ajouter à ce nombre de mentions supplémentaires du chien le nombre de mentions du couple garçon/chien qui lui aussi augmente en fonction de l'âge.

Puis, à partir de 7 ans pour le maintien et 10/11 ans pour le changement, jusqu'à l'âge adulte, on observe la tendance inverse : le maintien augmente et le changement diminue. Plusieurs explications sont possibles et ne s'excluent pas mutuellement. Premièrement, les sujets commencent à utiliser des outils syntaxiques tels que les ellipses ou les relatives qui ont pour conséquence de faire augmenter le nombre de maintien. Deuxièmement, ils envisagent plus souvent l'histoire du point de vue du couple garçon/chien, ce qui a pour conséquence de diminuer les passages d'un participant à un autre, et donc les changements de référence également. Le nombre moyen de références au couple garçon/chien passe de 2,5 et 4 chez les 3/4 ans et les 5 ans à 3,5 et 7 chez les 7 et les 10/11 ans avant d'atteindre 13 chez les adultes.

IV. 4. 5. 1. Développement du maintien

Après ces quelques remarques introductives sur le maintien et le changement de la référence, passons à l'examen détaillé des formes utilisées par nos sujets pour les encoder et leur développement en fonction de l'âge. Commençons par le maintien de la référence.




Formes linguistiques

3/4 ans

(N=14)


5 ans

(N=20)


7 ans

(N=12)


10/11 ans

(N=12)


Adultes

(N=12)





1) Art. + N

7

9

10

7

5,5

2) Nom Propre

-

-

3

1

1

3) (Pr. pers. D.) + DG

13

7,5

2

1,5

-

4) Autres

2

1

0,5

2,5

1

Sous-total formes plus explicites

22

17,5

15,5

12

7,5

5) Pr. pers. S.

53,5

50,5

63,5

56

35,5

6) Pr. rel.

13,5

12,5

8

6

22

7) Ellipse

9,5

18,5

13

26

31

8) Autres

2,5

1

-

-

3

Sous-total formes moins explicites

78

82,5

84,5

88

92,5

Tableau (49) : Pourcentage des formes linguistiques utilisées pour encoder le maintien de la référence en fonction de l'âge des sujets.

Le tableau (49) ci-dessus révèle chez nos sujets le mouvement suivant : d'une part la diminution des formes plus explicites avec l'âge (22% > 17,5% > 15,5% > 12% > 7,5%) et d'autre part, l'augmentation des moins explicites (78% < 82,5% < 84,5% < 88% < 92,5%). Les sujets apprennent à répondre aux exigences de la tâche. Ils respectent les principes gricéens de la communication dans un souci de coopération : fournir assez d'informations à leur interlocuteur mais pas trop. Nous confirmons ici les résultats d'autres recherches (Bamberg, 1987 ; Clancy, 1980, 1982 ; Küntay, 1992 ; Marslen-Wilson, Levy & Tyler, 1982) arrivant aux mêmes conclusions.

Lorsque les sujets dévient de la stratégie anaphorique qui - rappelons-le - implique l'emploi de formes nominales pour le changement de référence et celui de formes pronominales pour le maintien - c'est-à-dire lorsqu'ils sur-marquent par des formes nominales le maintien de la référence, c'est dans la plupart des cas au passage d'une image à l'autre. Bamberg (1987) note également cette déviation et lui attribue la fonction de segmentation, de début de nouvelles unités informationnelles. On voit ici l'influence du prédécoupage sur les productions et la diminution de cette influence en fonction de l'âge.

Le tableau (49) révèle aussi la disparition des dislocations à gauche chez les plus âgés et l'apparition de noms propres. Ces deux constats vont dans le sens d'un développement de la compétence narrative. En effet, avec l'âge, les sujets évitent l'emploi de dislocations à gauche dont la présence entraîne non seulement un sur-marquage de la référence mais aussi une impression de discours très oral. Par contre, l'emploi de noms propres principalement pour désigner les personnages principaux produit l'effet inverse : une impression de discours plus écrit, plus "littéraire" qui suit des règles précise de mise en mots.

Parmi les formes moins explicites, on observe une augmentation du nombre d'ellipses avec l'âge, augmentation qui semble aller de pair avec une diminution des pronoms personnels. Ce changement peut s'expliquer par la diversification des relations entre les états de choses décrits, ainsi que de celle des outils linguistiques utilisés pour les exprimer. C'est ce que l'on constate sur le tableau (50) ci-dessous.


Ellipses

3/4 ans

(N=14)


5 ans

(N=20)


7 ans

(N=12)


10/11 ans

(N=12)


Adultes

(N=12)





1) Anaphore zéro

(juxtaposition de 2 clauses)

(coordination par et )


50

(20)


(30)

80

(50)


(30)

92

(20)


(72)

57

(15)


(42)

38,5

(8)


(30,5)

2) Adverbiale de but


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