V. 1. 3. Connecteurs
Les connecteurs les plus importants dans la constitution d'une narration sont les connecteurs temporo-aspectuels, puisque les récits constituent un genre discursif fortement organisé par la dimension temporelle (Klein & von Stutterheim, 1987 ; Noyau, 1986). Mais les autres connecteurs qui encodent les relations de cause, de condition ou de conséquence par exemple sont également importants, puisqu'ils nous informent en premier lieu sur les liens logiques entre les événements, et en deuxième lieu sur leur chronologie.
Les connecteurs jouent donc un rôle non négligeable à un niveau plus local, lorsqu'il s'agit de marquer la relation sémantique entre deux clauses et/ou deux phrases. Rappelons que c'est le narrateur qui construit sa narration, c'est à lui qu'incombe la tâche de choisir entre le type de connexion qu'il veut établir ainsi que l'ordre des événements à encoder. C'est à lui de choisir entre la coordination (connexion plus faible) et la subordination dont le propre est de marquer l'instauration d'une relation hiérarchisée entre deux structures phrastiques ; entre une "isomorphie parfaite entre la linéarité du texte et la linéarité chronologique" (Confais, 1990) et la "contre-séquentialité" (counter-sequentiality, Givon, 1984).
Les connecteurs nous intéressent, dans la mesure où, comme le souligne De Weck (1991), ils permettent "des opérations de connexion" c'est-à-dire qu'ils "permettent l'intégration des structures propositionnelles dans une structure englobante, tout en marquant les points de jonction : ils lient autant qu'ils segmentent.... Ces unités sont la trace de différentes opérations de connexion : le balisage, l'empaquetage et le liage." (De Weck, 1991:107).
Ces connecteurs nous intéressent également en ce que leur nombre, mais aussi leur variété semblent être de bons "indicateurs de complexité" (Bange & Kern, 1995, 1996). Selon nous, une complexité syntaxique croissante traduit le fait que le monde ainsi construit par le discours est de plus en plus cohérent en lui-même et que cette cohérence interne, c'est-à-dire la création d'états de choses complexes de plus en plus reliés entre eux, hiérarchisés en épisodes, constituant un tout de signification, une macrostructure sémantique, est un indice majeur d'une compétence narrative achevée et un indice d'autonomie du discours. C'est le rôle qui incombe aux connecteurs au niveau du texte dans son ensemble. En d'autres termes, l'utilisation des connecteurs contribuent à la réalisation de la cohésion et par là même à celle de la cohérence, et ce, à différents niveaux d'organisation.
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