Journal intime



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Dimanche 9 août 1992 (19h.05)


Nos invités ont eu de la chance, car il a fait très beau tout au long de leur séjour, alors que nous avions quelques raisons d'être inquiets à la veille de leur arrivée et que le temps semble sur le point de se gâter au lendemain de leur départ. Nous avons à peu près mis à exécution le programme des sorties que nous avions projetées et tout s'est bien passé. Jordi et Maria Dolors sont repartis enchantés, persuadés que nous avions réalisés des prouesses pour les recevoir, alors que nous nous sommes fait plaisir en même temps que leur faisions découvrir la ville et la région.

Le jour de leur arrivée, nous sommes allés au parc de la Tête d'Or, dont nous sommes loin de connaître tous les recoins. C'est un aspect de Lyon très différent de ceux auxquels sont habitués ceux qui traversent rapidement la ville, et Jordi, qui aime beaucoup la nature et les grands arbres, a été séduit par cette promenade. Nous sommes ensuite allés à la Part-Dieu où nous sommes montés dans la tour du Crédit lyonnais pour profiter de la vue. Mais l'orientation du bar ne permet pas de voir la ville sous son meilleur aspect. Du moins aurons nous vu l'intérieur de ce crayon qui domine Lyon.

Enfin, nous avons dîner au "Persil bémol", restaurant typiquement ardéchois qui a toujours beaucoup de succès.

Le lendemain matin, nous sommes partis en voiture, visiter l'abbaye Saint-Antoine - où nous avons rencontré Geneviève Theis, ancienne collègue de faculté avec qui nous avions perdu le contact depuis notre départ de Grenoble -, puis, l'après-midi, le musée Berlioz, à la Côte-Saint-André, deux visites qui ont beaucoup intéressé Jordi. Avant de rentrer à Lyon, nous sommes passés chez Véronique, ce qui m'a donné l'occasion de revoir Aline, toujours aussi gentille avec moi. La semaine prochaine, nous irons y passer deux jours et je m'en réjouis d'avance, en espérant que cela n'entraînera pas des drames.

Le jeudi, nous sommes restés à Lyon, ce qui nous a permis de faire un tour dans le quartier pour voir les théâtres romains et visiter le musée gallo-romain. Puis, après le déjeuner, nous sommes allés nous promener à l'Ile-Barbe et aux abords de l'Ile-Roy. Nous avons eu une brève visite d'Aurore qui a conduit Blandine au centre équestre, mais n'est pas restée dîner.

Le vendredi, nous avons repris la voiture pour nous rendre au parc ornithologique de Villars-les-Dombes, où nous avons déjeuner sur l'herbe. En fin d'après-midi, nous sommes allés à Pérouges, où nous avons eu la surprise de trouver une exposition de Grau Garriga, oncle par alliance de Maria Dolors. Ses tableaux actuels me déplaisent profondément, et j'ai l'impression qu'il se moque du public en faisant n'importe quoi, mais Jordi et sa femme étaient très contents de ce hasard qui leur faisait retrouver un parent à l'honneur dans ce village médiéval dont il a décoré la place principal.

Le soir nous avons retrouvé à la maison Yaël, venu dîner avec nous et faire un peu de musique pour Jordi. La soirée s'est, bien entendu, prolongé assez tard, mais nous commencions à en avoir l'habitude, car, durant ces quelques jours, nous avons presque vécu à l'heure espagnole, et, comme nos voisins sont absents, nous n'avions pas de scrupules à faire plus de bruit que d'habitude à une heure indue.

Contrairement à ce que nous pensions, nos invités ne sont pas repartis de nuit, mais en milieu d'après-midi. De ce fait, nous n'avons guère eu de temps pour faire des achats et flâner en ville. Nous avons même dû nous bousculer un peu pour le déjeuner, ce qui s'est avéré superflu, car l'autobus est parti, comme toujours, plus tard que prévu et nous avons eu le temps de prendre un verre près des bureaux d'Eurolines.

Après ces quatre jours d'intenses échanges culturels, il me reste maintenant à continuer sur ma lancée: j'ai promis à Jordi de lui enregistrer une cassette de Paul Tortelier, dont je lui ai fait l'éloge et qu'il ne connaissait pas. Je dois également lui trouver un livre de Sertillanges qui n'est pas actuellement dans le commerce, mais que je devrais pouvoir me procurer. Je suis également bien décidé à poursuivre mon travail lexicologique et parémiologique, ainsi que mes études musicographiques et historiques. Le tout, c'est de ne pas me laisser accaparer par l'informatique qui me détourne de ces activités.

Aujourd'hui, nous sommes allés passer la journée au bord de l'eau, à Condrieu, avec ma mère et avec Lionel, qui m'avait téléphoné ce matin et qu'une visite d'Aurore a fait rechuter. Nous l'avons cependant trouvé moins fatigué et en assez bonne forme, malgré les plaies et bosses qu'il accumule actuellement (alors que son entorse n'est pas guérie, il a fait une chute à moto en reprenant des cours de conduite). Pour que son fils ne le voit pas dans l'état où il était avant-hier, il l'a renvoyé chez sa mère et je ne sais pas s'il va mettre à exécution son projet de partir avec Grégory cette semaine.

Mercredi 12 août 1992 (22h.44)
Qu'ai-je fait de ces trois jours de congé? Ai-je tenu mes promesses et confirmé mes résolutions? Je suis assez satisfait de ma journée de lundi, où j'ai effectivement travaillé à la constitution de mes bases de données (proverbes et expressions) et terminé de taper les textes des poèmes de Pablo Neruda. Mardi après-midi, nous sommes allés à Mâcon voir la tatan, que nous avons trouvé en pleine forme et très bien installé dans la maison de Charnay. Elle n'a pas beaucoup de place (une grande pièce, plus de quoi ranger quelques affaires supplémentaires), mais son logement est plus agréable que la ferme de Bergesserin. Durant le temps qui m'est resté, je me suis lancé dans une remise en ordre des procédures d'initialisation de mes deux ordinateurs, et si j'ai fait, dans ce domaine, ce que j'estime un très bon travail, cela aura été forcément au détriment d'autres tâches. Ce matin, nous sommes allés à Saint-Fons et, après avoir fait les courses, nous avons déjeuner avec ma mère. Cet après-midi, je me suis occupé de mon courrier, pour lequel j'ai pris l'habitude d'utiliser un nouveau traitement de texte. Enfin, j'ai réussi à connecter entre eux mes deux ordinateurs, ce que je n'étais pas arrivé à faire lors d'une précédente tentative. Résultat: il me reste tout juste le temps d'écrire ces quelques lignes avant que la journée ne se termine. Et, si je retire les deux journées que nous allons passer à Saint-Michel, il ne me reste plus qu'une fin de semaine avant la reprise du travail. En plus, Pedro vient de téléphoner et nous l'aurons à déjeuner samedi, ce dont je me réjouis, mais cela veut dire que je risque d'être pris une bonne partie de l'après-midi.

Samedi 15 août 1992 (21h.24)


Il y a loin de la réalité aux fantasmes d'un esprit malade comme le mien. L'éloignement aidant, je m'étais, depuis Noël, forgé d'Aline une idée que ces deux jours passés à Saint-Michel m'ont quelque peu contraint à revoir. J'avais, un peu hâtivement, considéré Aline comme une victime que mon esprit chevaleresque se proposait de défendre et de protéger. La situation est en fait plus complexe et j'ai pu constater que, dans les relations conflictuelles entre mes deux nièces, les torts étaient partagés. D'autre part, c'est une Audrey bien différente de l'image que nous avions d'elle jusqu'à présent que nous avons découverte cette fois. Incontestablement, elle a du caractère et des qualités intellectuelles très vives. Cela ne veut pas dire que je ne garde pas toute ma tendresse pour Aline, même si, cette fois, je n'ai guère profité d'elle, me tenant volontairement en retrait, à la fois parce que je ne voulais pas provoquer d'incident et parce que je me suis efforcé de la laisser profiter de Blandine. Mais ce séjour aura eu le mérite de calmer un peu mes ardeurs et de rasséréner mon esprit un peu trop prompt à s'enflammer.

Il n'en reste pas moins qu'il y a dans cette famille quantité de problèmes, tant dans les relations entre Véronique et Jean-Paul que dans les rapports entre Véronique et ses filles ou entre chacune d'entre elles. Il est vrai que ma chère belle-soeur commet une foule d'erreurs dont il n'est pas toujours facile de lui faire prendre conscience et que, de toutes façons, elle n'aurait sans doute ni la force ni la volonté d'éviter. Delphine est bien mignonne, mais, outre ses habituels caprices, elle est beaucoup trop attachée à sa mère, laquelle a sans doute inconsciemment encouragé cette dépendance. Et, tant avec la petite qu'avec les grandes, il y a toujours ce manque de rigueur et d'exigence qui gâche l'éducation qu'elles reçoivent et contribue à aggraver les difficultés qu'elles ont à trouver leur équilibre et à se faire leur place.

Nous avons passé toute la journée de jeudi à Saint-Michel, ce qui nous a permis de faire un peu de marche, tandis que les filles allaient faire du cheval. Hier, par contre, nous nous sommes retrouvés avec toute la famille de Joëlle, du côté de Saint-Marcellin, au bord d'un lac où nous sommes installés pour toute la journée. nous avions emporté notre bateau, qui a beaucoup servi, et si le temps était assez instable, nous avons eu de bons moments de soleil qui nous ont laissé quelques traces.

Aujourd'hui, nous avons reçu à déjeuner Pedro et une amie à lui, Cristina. Ils sont venus passer quelques jours à Lyon en compagnie de Raúl - qui n'était pas disponible ce midi - et nous avons pu évoquer avec Pedro nos projets de passage par Zaragoza le mois prochain. Aurore, que nous avions prévenue, est passée prendre le café avec nous et revoir Pedro avec lequel elle est restée en très bons termes, même si l'on peut supposer qu'il ne fait plus battre son coeur.

Dimanche 16 août 1992 (21h.16)
Voici donc terminées ces deux semaines de congé passées en grande partie à la maison. J'ai essayé aujourd'hui d'aborder les points de mon programme que je n'avais pas réalisés et de préparer mon travail pour les jours à venir. Je suis toujours plein de bonne volonté pour organiser et mes plans de travail sont tous plus ingénieux les uns que les autres. Mais au moment de les mettre à exécution, l'ardeur est moins vive et l'esprit moins résolu. C'est qu'il est difficile de ne pas se disperser quand on a des centres d'intérêt aussi variés que les miens. Et il est plus tentant d'expérimenter sur le vif que de passer du temps à étudier. J'ai tout de même réussi à faire progresser quelques uns de mes projets, même s'il me reste encore beaucoup à faire et que je n'ai pas abordé certains de mes grands travaux. Le plus dur, c'est de ne pas se laisser décourager par le manque de temps. Comment entreprendre de vastes études, lorsque l'on n'a que quelques minutes chaque jour, grignotées sur les obligations de tout ordre et qu'un rien suffit à remettre en question? Il faudrait une volonté plus inébranlable que la mienne et une détermination plus farouche pour ne jamais s'écarter de sa route et oser prétendre à un but qui ressemble fort à un mirage. Sur ce sujet, les prochains mois vont me permettre de me rendre compte de quoi je suis capable.

Ce qui me déplaît le plus dans cette reprise du travail, c'est de devoir rapporter l'imprimante dont j'ai pu me servir pendant ces deux semaines. On s'habitue vite à certaines commodités dont on se passait fort bien auparavant. Je pourrai toujours imprimer au CIRTIL les fichiers de mes ordinateurs, mais j'ai pu constater que les résultats obtenus ne sont pas identiques.

Lundi 17 août 1992 (21h.06)
C'est un CIRTIL presque désert que j'ai retrouvé ce matin, récupération de l'Assomption aidant. Mon bureau m'attendait, presque trop frais malgré l'arrêt de la climatisation. La remise en route de tout mon matériel et le soleil de la journée ont réussi à remédier à cet état de choses. J'ai repris mes activités interrompues par ces deux semaines de liberté. En fait, c'est surtout pour moi que j'ai travaillé, mis à part deux interventions pour des problèmes rencontrés par Mâcon et par Lyon respectivement. Lassonde m'a toutefois demandé de prévoir une session de formation SNV2 pour le mois de septembre, essentiellement pour des gens de l'extérieur (Metz). J'eusse préféré une formation de micro-informatique, mais cela viendra peut-être. Après tout, tout ce qui fait travailler le groupe formation est bon à prendre.

En ce qui concerne les formations en micro-informatique et comme me l'a fait remarquer Joëlle, je n'ai écrit à aucune Maison de la Culture pour proposer mes services. C'est que je ne me sens pas encore totalement prêt dans tous les domaines et je crains qu'une activité secondaire ne me prenne beaucoup de temps et m'empêche de travailler pour moi-même. D'un autre côté, je risque de laisser passer une occasion de me faire la main et d'augmenter mes chances de réussite. Si seulement je savais quel sera l'avenir du CIRTIL... Mais la réunion du Conseil est fixée au premier septembre. D'ici là, nous allons continuer de vivre au conditionnel.

Après un premier faux départ hier, Blandine est partie aujourd'hui à Morestel préparer la compétition de voltige de la semaine prochaine en région parisienne. Nous devrions la revoir samedi, mais, à part cela, nous voici seuls pour deux semaines.

Jeudi 20 août 1992 (22h.24)


Hier soir, nous sommes allés dîner chez Annette, mais je n'ai pas bien profité de la soirée, car j'étais très fatigué. Dès le matin je m'étais senti mal et, en rentrant du travail, j'avais même dormi un peu sur le canapé. Malgré des douleurs d'estomac qui m'ont perturbé toute la journée, j'ai fait honneur au repas que l'amie de Joëlle avait préparé. Nous avons écouté de la musique sud-américaine et j'ai caressé la chatte, toujours aussi affectueuse avec moi. Puis nous sommes allés faire un tour dans le Vieux Lyon, où nous avons découvert des beautés de ce quartier que nous ignorions et dont nous avons pris note à l'intention des amis à qui nous faisons visiter la ville.

Aujourd'hui, je me sens un peu mieux, même s'il me pèse toujours d'avoir à me lever tôt le matin, ce qui contribue sans doute pour une grande part à perturber mon état général.

Hier, après être tombé sur Aurore, de passage à Saint-Fons, j'ai réussi à joindre Lionel au téléphone. Il oscille toujours entre le découragement et la résignation. Aujourd'hui, il m'a rappelé pour me demander notre caravane qu'il est venu chercher ce soir. Il a l'intention de s'installer quelques jours à Condrieu avec Grégory qu'il doit récupérer demain soir. Tant mieux si cette caravane qui dort dans notre garage depuis deux ans peut lui rendre service et l'aider à se changer les idées.

J'ai déjeuné hier avec ma mère qui m'a une fois de plus énervé avec ses radotages sur le temps et ses chicaneries avec les commerçants ou les administrations. Il est vrai qu'elle n'a rien d'autre à faire qu'à embêter le monde et à mobiliser les autres pour exécuter ses ordres.

Dimanche 23 août 1992 (22h.02)
Cela fait donc trois jours que je n'ai pas touché à ce Journal qui devient de moins en moins régulier et, je le sens bien, de moins en moins riche. Je ne prends pas assez de temps pour rédiger et surtout pour réfléchir au contenu de ces pages dont la préparation devrait m'occuper l'esprit avant que je ne me mette à ma table de travail. Mais je n'ai toujours pas réussi à maîtriser ma vie et à gérer mon temps de façon plus réaliste. Tenir un Journal est une occupation qui convient avant tout à ceux qui n'ont rien d'autre à faire. Mais comme, par ailleurs, il vaut mieux qu'une vie soit bien remplie si l'on veut que son carnet de bord soit intéressant, on se retrouve de nouveau face à un dilemme insoluble. Alors il faut faire avec le temps dont on dispose et les moyens que l'on a.

J'ai tout de même à mon actif, pour cette fin de semaine, d'avoir fait progresser mon répertoire de cassettes et d'avoir travaillé sur le thème de la musique espagnole auquel je voudrais consacrer un hypertexte, ambitieux projet qui, si je le mène à son terme, pourrait m'entraîner très loin. A part cela, nous sommes allés chercher Blandine hier après-midi à Morestel, ou plus exactement à Montalieu où avait lieu, dans une base de loisirs (la Vallée bleue), une démonstration de voltige à laquelle elle participait et à l'issue de laquelle nous avons été invités à dîner. Cela nous a fait rentrer à Lyon à plus d'une heure du matin. Nous n'avons même pas pu profiter du plan d'eau, car le temps, qui, à notre départ, était déjà très incertain, a fini par se gâter, et la journée s'est terminée sous une pluie tenace.

En prévision de la livraison de ses meubles, Joëlle a entrepris de refaire la tapisserie et les peintures de sa cuisine, ce qui transforme une partie de l'appartement en chantier. Plus les années passent et moins je me sens attiré par ces travaux et les bouleversements qu'ils entraînent. Je deviens de moins en moins apte à la vie matérielle et pratique. Hélas, je n'ai pas les moyens de payer quelqu'un pour effectuer à ma place ces tâches inévitables. J'éprouve bien quelques remords de mon indolence et de ma négligence en ce domaine, mais je n'ai vraiment pas la volonté de me changer.

Avant-hier, pris d'une inspiration subite, j'ai jeté sur le papier (ou plutôt sur l'écran) quelques vers dont l'idée m'était venue en écoutant des chansons. Je ne sais pas si j'aurais le courage de travailler jusqu'au bout ce qui n'est pour l'instant qu'une vague esquisse, mais cela faisait longtemps que je n'avais éprouvé le besoin d'écrire un poème.

Lundi 24 août 1992 (22h.01)
Mes rapports avec Lassonde, qui n'ont jamais été excellents, passent actuellement, me semble-t-il, par une phase critique. Rien n'est dit et tout se passe en arrière-plan, au point que l'on pourrait penser que je me fais des idées. Mais j'ai assez l'habitude du personnage pour sentir ses variations d'humeur - assez fréquentes, il est vrai. Il est bien évident, de toutes façons, que je pose problème: monsieur Henry m'avait trop laissé la bride sur le cou pour qu'un aspirant directeur ne soit pas amené à se demander comment faire rentrer dans le rang un élément trop indépendant et, qui plus est, peu aimé. Si la malchance voulait que, le premier septembre, le Conseil d'Administration fasse le mauvais choix, je ne manquerais pas d'être importuné par des mesures tendant à rogner ma liberté. Pour l'instant, je sommeille dans mon coin, mais comme les chats: d'un seul oeil.

Lionel m'a téléphoné à l'URSSAF et ma entretenu pendant trois quart d'heure: il avait visiblement besoin de parler. La preuve, c'est qu'il a ensuite appelé Blandine et qu'il l'a gardé au bout du fil aussi longtemps. L'épreuve est loin d'être surmontée et il suffit de peu de choses pour que ses défenses s'écroulent. Combien de temps faudra-t-il pour que guérissent les blessures?

Mercredi 26 août 1992 (21h.35)
Maintenant que j'ai un peu plus de temps libre et que je pourrais l'utiliser à écrire, je ne trouve rien à dire et, en écrivant ces lignes, j'ai plus l'impression d'accomplir un devoir que d'obéir à une nécessité. Il est vrai que ma vie est actuellement assez uniforme et vide: au CIRTIL, je poursuis mes études d'informatique, ne consacrant qu'un minimum aux activités d'assistance qui, les congés aidant, ne me sollicitent que modérément; à la maison, je m'efforce de bien partager mon temps, ne m'installant généralement devant mes écrans qu'après le dîner. J'ai repris contact avec la poésie - française et espagnole - et j'écoute des cassettes qui n'étaient pas sorties du placard depuis longtemps. Hier soir, j'ai fini un roman de Simenon, "le Relais d'Alsace", qui m'a beaucoup plu, autant par son ton désabusé que par l'incertitude d'un mystère qui ne se dévoile qu'aux dernières pages. Que dire de plus? J'ai la sensation d'avoir le coeur et l'esprit en sommeil...

Vendredi 28 août 1992 (22h.24)


Mademoiselle Germano, la compagne de monsieur Henry, m'a téléphoné aujourd'hui au sujet de la formation et, comme elle s'est permis de me poser une question au sujet d'un livre que j'avais offert à mon directeur au moment de son départ manqué pour l'URSSAF de Lyon, je lui ai demandé où se trouver la tombe que j'ai cherchée en vain au mois de juillet. Il s'avère que le caveau n'étant pas encore fait, j'avais peu de chance de le trouver, à moins de remarquer le nom de sa soeur sur la tombe voisine. J'ai également demandé à mademoiselle Germano si elle pourrait me procurer une photographie de monsieur Henry, mais il se trouve qu'elle même n'en n'a pas de correcte et qu'elle souhaiterait en obtenir une. En dernier recours, j'ai donc enquêté sur les négatifs qui avaient été réalisés lors de la remise des médailles du travail en 1990 et j'ai eu la chance de remettre la main dessus. J'ai aussitôt porté chez le photographe ces derniers documents qui nous restent et, à notre retour d'Espagne, je pourrai récupérer les tirages que j'ai commandés.

Dimanche 30 août 1992 (21h.20)


Dernière fin de semaine avant le départ pour Séville. Joëlle ayant entrepris de repeindre le plafond de la cuisine, l'appartement est tout en chantier, ce qui ne facilite pas les préparatifs, et ce serait bien étonnant que nous n'oubliions rien. Nous partons demain soir pour Valence, mais comme nous travaillons tous les deux demain, il ne nous reste guère de temps pour réfléchir à notre voyage.

En dehors du dîner d'hier soir que nous sommes allés prendre chez ma mère, nous n'avons pas quitté l'appartement de ces deux jours. Pour moi, ce fut surtout l'occasion de travailler sur mes bases de données et mon hypertexte, sans compter quelques retouches sur un système que je n'arrête pas de perfectionner. Ces dix jours que nous allons passer à l'extérieur, sans solution de continuité avec le travail, risquent de perturber un peu mon emploi du temps, mais je pars confiant, étant donné les progrès que j'ai faits dans mon organisation. Mon seul souci, actuellement, est d'ordre matériel et financier, car ma situation est loin d'être satisfaisante et je ne vois guère de solution pour restreindre nos dépenses, mais je me dis que, jusqu'à maintenant, ces problèmes ont toujours fini par s'arranger.


Jeudi 10 septembre 1992 (21h.28)
Il y a tellement à faire que je ne sais par quoi commencer. Il y a tellement à noter que je crains d'en oublier. Et, à peine rentré, je sens que je n'aurai pas assez de temps pour tout ce que je voudrais réaliser. L'inconvénient de ne plus tenir son Journal pendant les voyages, c'est que cela prend ensuite beaucoup de temps pour, de retour, rédiger ses impressions et le détail de ses déplacements. Or je ne voudrais pas être accaparé par ce travail et je brûle de m'attaquer sans tarder à des tâches dont notre escapade a ravivé l'envie.

Commençons par la fin: la reprise du travail. Je savais depuis Cordoue, pour avoir téléphoné à Declat, que nous n'avions pas de directeur et que le Conseil d'Administration avait décidé de faire un troisième appel de candidature. Ce que j'ai appris aujourd'hui, c'est qu'il s'agit d'une manoeuvre grossière pour faire nommer le sous-directeur de l'URSSAF de Lyon. J'ai tout de même téléphoné à Grenoble et contacté Tachker, ancien chef de projet de l'AEIO, pour lui proposer de postuler, ce qui n'a pas semblé susciter d'emblée son adhésion. Il m'a cependant demandé des renseignements complémentaires et pourrait éventuellement contacter d'autres personnes susceptibles d'être intéressées. Etant donné que nos deux candidats n'ont aucune chance de faire l'unanimité, le but de ma démarche est de trouver un autre candidat pour éviter que Pigaglio ne mette en place un homme de paille, quelqu'un, en tout cas qui lui serait redevable de sa nomination et dont la dépendance entraînerait celle du CIRTIL. Et à défaut d'avoir monsieur Magnol comme directeur, autant que ce soit quelqu'un qui me convienne.

Revenons à notre voyage: c'est une exposition bien différente de celle que nous avions vu en avril que nous avons trouvé cette fois. Ou, plus exactement, l'Expo était la même, mais les conditions de visite avaient changé. Il y avait tellement de monde que nous avons passé la moitié de notre temps à faire la queue. On s'y habitue, mais cela n'est pas toujours très plaisant et le nombre de pavillons visités s'en ressent.

Nous sommes passés brutalement de l'été sévillan à l'hiver lyonnais: de trente-neuf degrés dimanche à quinze degrés hier soir. Pour nous acclimater, nous avions eu le passage à Saragosse où l'orage qui nous a accueilli avait fait baisser la température de façon sensible. Dire qu'il y a des gens pour se plaindre de la chaleur! Partis le 31 août sous la pluie, nous sommes revenus hier sous la pluie: une bonne façon de mettre en relief cette parenthèse au milieu de notre grisaille et d'attiser nos regrets.


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