Globalement c’est un très bon support et cela permet de passer en revue les principaux éléments de la prise en compte environnementale que nous n’avons pas encore ici de manière « automatique » comme cela semble être le cas dans les pays germanophones. Deux aspects en particulier me semblent intéressants par rapport aux autres démarches : L’introduction de la notion de « confort » : cette notion, difficile à manier car encore une fois assez subjective, est peu traitée par les autres systèmes. Le fait de mettre en avant le confort acoustique est propre à la démarche française.
Le principe du Management de l’opération (SMO) : l’implication demandée au Maître d’Ouvrage en amont du projet est sûrement très positive, même si la lecture du document est particulièrement indigeste et risque d’effrayer un Maître d’Ouvrage peu habitué à travailler sur une base ISO. Ceci dit, cette séparation entre la SMO et la QEB n’est pas à proprement parlé française puisque le GBTool dont elle est inspirée met en avant l’importance que le Maître d’Ouvrage définisse bien de quelle manière il va assurer ce management environnemental tout au long de l’opération.
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Qu'est-ce qui vous dérange dans la démarche HQE actuelle et que vous aimeriez changer?
Le nom HQE
La dénomination « Haute Qualité Environnementale » me gêne d’une part parce qu’il m’apparaît un peu « prétentieux » et irréaliste de viser la Haute Qualité Environnementale lorsqu’on voit le retard français dans ce domaine. Elle sous-entend que c’est un « tout ou rien » : ou bien on est dans la haute qualité environnementale, ou bien on est dans le dénie. Il me semble que le principe même d’aborder autrement la construction de manière enfin écologique, c’est de se dire que les petits pas (par manque de moyens, compétences, compréhension du Maître d’ouvrage, etc.) valent mieux que de ne rien faire du tout : il faut bien démarrer quelque part. D’une opération à l’autre, les acteurs se forment, s’informent, tentent de nouvelles choses qui vont petit à petit, espérons-le, monter le niveau. C’est de toute façon mieux que de continuer à dire que « l’architecture par nature est durable », comme on le lit et l’entend encore chez certains architectes.
D’autre part, je crois que la polémique et un certain rejet de la HQE viennent justement de l’utilisation de deux termes, « Haute » et « Qualité », qualifiant des notions subjectives et difficiles à définir de manière consensuelle. La qualité pour les architectes n’est bien entendu pas celle des ingénieurs ni celle issue des concepts industriels d’assurance qualité de type ISO. Comme on ne parle pas tous de la même chose, il y a forcément des malentendus et des flottements, alors même que l’objectif final, qui est la nécessité de construire différemment, fait à peu près l’unanimité même si la meilleure manière d’y parvenir reste encore à trouver.
Du travail d’analyse des autres démarches environnementales dans le monde que je suis en train de faire, je note que les intitulés des démarches, mises à part la LEED (Leadership in Energy and Environmental Design) sont très neutres et simplement descriptives du concept :
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BREEAM : Méthode d’évaluation environnementale BRE
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GBTool : Outil Bâtiment vert (construction verte)
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GREEN GLOBE : Planète verte
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NABERS : National Australian Built Environment Rating System
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CASBEE : Comprehensive Assessment System for Building Environment Efficiency
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LEED Canada : sous-titré « système d’évaluation des bâtiments écologiques ». Le nom LEED a été déposé aux USA et je fais une recherche pour comprendre quel genre de « leadership » est visé.
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La Maison Saine : concept développé par l’Agence de l’Habitat canadien SCHL
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Passiv Haus
Enfin, même si ce n’est pas fondamental, le nom HQE se dit très mal en anglais : ce n’est pas une nomination qui se retient et qui pourrait par exemple contribuer à la faire connaître et reconnaître comme un « plus » ou un exemple dans le milieu des certifications existantes. D’ailleurs, la certification HQE® n’est pas connue internationalement !
La cible 1 : « relation harmonieuse du bâtiment avec son environnement »
Là encore, il y a une grande confusion et une incompréhension autour d’un terme finalement très multiforme : « environnement ». Pour les anglo-saxons, c’est une notion principalement « physique » liée aux conditions naturelles d’un site (physiques, chimiques, biologiques) et dans une moindre mesure liée aux conditions culturelles et sociologiques. Pour les français, et particulièrement les architectes, c’est plutôt dans un rapport inverse que le terme se définit : cette notion est très fortement liée au contexte urbain, culturel, social et dans une moindre mesure aux caractéristiques naturelles du lieu. Donc évidemment, lorsqu’on parle de « relation harmonieuse avec son environnement », on pense soit à l’anglo-saxonne en se concentrant sur les pollutions de sol existantes ou à éviter, sur la gestion des eaux pluviales, sur les essences végétales indigènes etc., soit à la française avec une vision plutôt liée à l’insertion urbaine.
L’insertion urbaine est évidemment à prendre en compte, mais je ne crois pas que ce soit l’objectif qui était visé par cette cible. Trouver pour cette cible un titre moins ambivalent, par exemple « Aménagement écologique des sites », permettrait de clarifier l’objectif recherché et d’éviter que les architectes aient l’impression qu’on leur demande de faire ce qu’ils font tous les jours.
La cible 11 : confort olfactif : Hiérarchiquement, cette cible ne devrait pas apparaître au même niveau que les autres cibles car l’enjeu n’est pas de même importance et de même ordre. Cela pourrait très bien être une sous-cible de la qualité de l’air.
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