L’encadrement supérieur de la fonction publique : vers l’égalité entre les hommes et les femmes


Des améliorations à attendre et surtout à accélérer



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Des améliorations à attendre et surtout à accélérer

C’est en troisième classe, grade de début de carrière, que le nombre de femmes est proportionnellement le plus important et notamment pendant la formation initiale à l’Ecole nationale de la santé publique (545 sur 1436 cadres de direction de 3ème classe : 80 femmes sur 335 soit 24 %), soit :

- Elèves directeurs de 3ème classe : 63 femmes pour 128 soit 49 % de l’effectif.

- Chefs d’établissements de 3ème classe : 80 femmes sur 335 soit 24 %.

- Attachés de direction (adjoints dans les CHR, à Paris, Lyon et Marseille ainsi que dans les établissements de 1ère, 2ème et 3ème classe) : 402 sur 973 soit 41 %.

Il faut y ajouter les directeurs stagiaires en formation à l’ENSP, 31 femmes sur 47 soit 66 %.


On voit que, compte tenu de l’arrivée de femmes plus nombreuses à l’entrée des métiers de direction dans la fonction publique hospitalière, le déroulement normal des carrières devrait aboutir à ce que la place des femmes dans les emplois supérieurs de ce secteur soit largement améliorée dans le futur par rapport à celui que l’on constate à l’heure actuelle. Comme pour la fonction publique de l’Etat, on peut attendre du mouvement de rajeunissement des cadres, une meilleure représentation des femmes dans les emplois supérieurs. Cela ne signifie pas pour autant qu’il faille laisser le temps faire son œuvre sans tenter d’en accélérer l’évolution. Les mesures qui seront proposées dans la suite du rapport valent donc pour la fonction publique hospitalière, dans la mesure où il s’agit de rattraper des retards encore notables. Il reste que, comme le montre l’évolution retracée ci-dessus, les femmes se trouvent d’ores et déjà, ici et dans les autres fonctions publiques, à une nouvelle étape de leur histoire de fonctionnaires.

LES RACINES HISTORIQUES DE LA SITUATION ACTUELLE

La féminisation de la fonction publique s’est trouvée freinée par diverses réticences au cours de l’histoire5 de ce processus. On verra plus clairement à quel point l’évolution des mentalités sur ces questions est déterminante, en se replaçant, tout d’abord, au début du siècle dernier lorsque les femmes ont commencé à revendiquer une place dans le monde du travail. L’instruction féminine dans l’enseignement secondaire avait été déjà acquise. Dans les années 1880, M. Camille SEE, ministre de l’instruction publique créait les lycées de filles tout en affirmant de façon très paradoxale qu’il n’avait pas besoin d’avoir des “ avocats femelles ” pas plus que des “ docteurs femelles ”. Leur utilité au service de l’Etat est mise en doute, car elles n’ont pas accompli d’obligations militaires. Le pouvoir de séduction dont elles sont créditées est regardé comme de nature à perturber le bon déroulement du service. Enfin, l’Etat marque une profonde réticence à les employer dès lors qu’il considère qu’ils les détourne ainsi de leur vocation naturelle de maîtresse de maison.


Cependant, il était par trop contradictoire de développer l’enseignement sans offrir de débouchés dans l’administration aussi les femmes ont-elles d’abord fait l’objet de recrutement à but quasiment caritatif ; plus tard, si une place leur a été faire, ce fut pour remplacer les hommes, temporairement, en période de guerre.
La trace de ce passé d’exclusion n’a pas entièrement disparu : elle se retrouve en ce que, si les femmes ont acquis le droit d’être agents de l’Etat, on les y cantonne encore volontiers dans les postes d’exécution, où on leur reconnaît sans réticence des qualités de type féminin. Mais on leur donne encore parcimonieusement accès au statut de haut responsable, et à la condition expresse qu’elles s’alignent sur les comportements des hommes. Aussi la place faite actuellement aux femmes dans l’administration se comprend-elle d’autant mieux que l’on se remémore à travers quelles évolutions elle a été acquise.

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A l’exception de la nomination d’une femme inspectrice générale de 2ème classe des établissements de bienfaisance par Ledru-Rollin en 1848, ce n’est qu’à partir des années 1865-1870 que des femmes commencent à être présentes dans des administrations.

Une entrée difficile

Avec le développement de l’enseignement secondaire féminin, l’introduction de la dactylographie dans les ministères dès 1887 et la crise du recrutement des fonctionnaires dans les années 1905, l’administration s’est vue peu à peu contrainte de s’ouvrir aux femmes. Ainsi est organisé, dès 1901, un concours de dactylographie. Les dactylos remplacent peu à peu les agents qui recopiaient manuellement les documents administratifs -les expéditionnaires- ; il est reconnu que “ deux dactylographes font le travail de trois expéditionnaires ”. La reconnaissance de ces performances professionnelles ne suffisent pas, cependant, à leur éviter d’être sous-estimées par rapport à leurs collègues : elles ont un salaire plus faible que celui des hommes alors qu’elles effectuent les mêmes tâches et un statut précaire, puisqu’elles sont employées à la journée, peuvent être licenciées du jour au lendemain, n’ont pas droit à la retraite. Leur emploi sert avant tout à réaliser des économies de main d’œuvre.


Par ailleurs, le recrutement est loin d’être neutre : la tendance corporatiste et la cooptation prédominent. Par exemple, à l’administration centrale des colonies, les sténodactylographes “ sont choisies de préférence parmi les veuves et orphelines célibataires de fonctionnaires ou agents relevant de l’administration des Colonies, la nomination d’autres postulantes ne paraît s’effectuer qu’à défaut de candidates de cette catégorie ”6. Au ministère du Commerce bien que le recrutement se fasse par concours, un classement spécial existe en faveur des candidates ayant des liens familiaux avec des agents, en activité ou retraite, de l’administration centrale du Commerce et de l’Industrie comptant au moins dix ans de service.
Si les qualités de minutie, de promptitude, de dextérité, d’adaptation sont attribuées aux femmes, par contre, on ne leur reconnaît pas de qualités d’initiative, de raisonnement et de jugement, ce qui leur ferme les emplois de direction. On évoque même un stéréotype de la femme fonctionnaire, au bénéfice duquel les affinités entre le travail de bureau et la vie de famille sont soulignées...


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