Les présents textes traitent principalement du Népal, de l'alpinisme, de l'himalayisme



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CONDUIRE AU NEPAL :



CROQUIS 7.


ON ROULE A GAUCHE :


Les Anglais l’ont appris aux Indiens, les indiens aux Népalais : il faut rouler à gauche d’une chaussée. Contrairement à ce que croit le touriste français, on s’habitue très rapidement à cette façon de faire, la position du volant à droite du véhicule facilitant le changement. Une exception, quand on roule sur une route de montagne déserte et que l’on est distrait, on se retrouve parfois à droite de la chaussée. Les difficultés de conduire au Népal viennent d’ailleurs. Enumérons quelques exemples sur les manières de conduire des Népalais qui étonnent le plus blasé des touristes, bien qu’elles soient semblables à celles qui sont courantes en Inde et en Amérique du Sud .

CONDUITE PARTICULIERE DES NEPALAIS.


Peut-on déduire la manière de se conduire d’un peuple à la façon dont il conduit ses véhicules ? En Europe, on distingue facilement le conducteur nordique du sudiste. Le Latin, cet éternel indiscipliné, ce carotteur impénitent, a peu de respect pour le texte législatif que celui-ci s’applique à la protection de la nature, au droit fiscal, au Code de la route… Et bien, il faut admettre qu’en ce qui concerne sa façon de conduire, le Népalais est le Latin d’un Latin. Ici, le pire chauffard occidental est un modèle de conducteur. Qui ne le sait, le peuple népalais est un peuple offrant de grands contrastes, un peuple paradoxal, il y a en lui du meilleur et du pire. Cette assertion est vérifiée à chaque instant lorsqu’on observe la circulation en ville mais aussi sur les routes.

Quelques exemples :

- On roule à gauche, donc on devrait doubler un véhicule plus lent ou éviter un véhicule arrêté en passant sur sa droite. Il n’en est pas toujours ainsi, on double, on évite, en passant indifféremment à gauche ou à droite. Ici se vérifie à chaque instant que : La voiture a horreur du vide. Vous êtes dans une longue file d’attente, vous vous êtes sagement placé dans l’axe de la voiture qui vous précède, il ne passe pas une minute sans qu’un véhicule vienne à votre niveau sur votre gauche et un autre sur votre droite. Et les chauffards de ces véhicules vont, dès que la file va s’ébranler tenter de vous couper la route.

- Les conducteurs appliquent la règle : Doubler à tout prix. On ne devrait doubler que sur une seule file, pourtant on voit banalement des conducteurs en deuxième, voire en troisième ou en quatrième position sur le boulevard de ceinture Ring Road et les routes un peu larges.



CROQUIS 8.

Reproduction de trajectoires virtuelles de véhicules sur Lazim-path à une heure de circulation intense.

- D’une manière générale on roule au milieu, cela permet d’aller rapidement d’un côté ou de l’autre. Il n’y a pas de partie réservée à un sens de conduite, toute la route est à chacun. On se faufile, on s’encastre, on s’insère, on s’intercale, on s’enchâsse, on s’immisce, on se glisse, on frôle, on intimide, on repousse du klaxon, de sa masse si on est plus lourd ou plus volumineux que l’autre.. On bloque la circulation. Qu’importe !

- La route est à tout le monde, c’est donc un dépotoir à ordures et un entrepôt pour les matériaux de construction : sable, graves, briques, armatures pour le béton… et tant pis pour la fluidité de la circulation.

- La route est le stade de l’incivilité. On peut y être impoli, brutal, sans-gêne, goujat, filou, grossier… Bref, y exhiber tout le négatif qui est dans la nature humaine lorsqu’il n’est pas canalisé par des règles de politesse élémentaire ou par des textes législatifs.



Mais conduire est une épreuve de force sans manifestation d’agressivité :

Jamais de parole grossière, de coup de gueule, d’injures, de geste rageur. Et de quelle patience, de quelle tolérance fait preuve le conducteur népalais ! Un véhicule arrive en face, il double sur la partie droite de chaussée en troisième position, le conducteur qui arrive en sens contraire ne dit rien, il ralentit ou s’arrête. Il n’y a chez lui aucune manifestation de méchanceté, aucun n’acte inspiré par la colère, le désir de gagner, de donner une leçon. Suprême manifestation de mécontentement, on fixe l’autre, silencieusement, droit dans les yeux. Je me souviens, il y a 25 ans, sur la route du Téraï, la chaussée est en travaux, une piste à une voie a été aménagée. Notre bus s’y engage avant un autre qui arrive en face et ne s’arrête pas. Les deux bus sont rapidement face à face, à trente centimètres l’un de l’autre. Les conducteurs se fixent. Combien de temps dure l’épreuve ? C’est notre conducteur qui finit pas faire marche arrière. Lorsque les deux véhicules se croisent les conducteurs restent impassibles, aucun regard de vainqueur de l’un, aucune parole acide de l’autre.

Très rares sont les remerciements que l’on adresse à un autre conducteur qui a eu une attitude civile, qui a accepté de laisser le passage à des piétons ou à un autre véhicule. Quelques souvenirs qui contredisent cela, dont celui de ce conducteur de moto que j’ai laissé passer, qui, stoppé par le feu rouge de Tridévi marg quelques mètres plus loin, enlève son casque pour m’offrir le plus gracieux des sourires népalais et qui, mis en retard par son geste, cale son moteur lorsque le feu passe au vert, me sourit de plus belle avec le geste qui va avec les mots que l’on prononce dans ces circonstances : << ké garné >>, que faire !

L’inconstance, l’absence de rigueur sont propres à ce peuple, de nombreux exemples permettent de le vérifier. Pendant un temps très court il a été obligatoire de fixer les ceintures de sécurité. Je suis sur Maharajganj, deux bus arrêtés au même niveau interdisent tout passage. Je m’arrête et j’attends. Un flic se précipite vers moi, il ordonne << Chi bel >>, je ne comprends pas, il fait des gestes en dessous de la ceinture. Il insiste << Chi bel >>. Je dis à Danzee : << Dis-lui que je n’ai aucun problème intestinal >>. Heureusement elle comprend et m’explique :<< Il faut mettre nos ceintures >>. J’ai le temps de mettre la mienne et de vérifier deux ou trois fois si elle est bien accrochée, les bus sont toujours là. Je les montre au flic qui me regarde maintenant avec sympathie mais ne comprend pas que je souhaite qu’il impose aux conducteurs des deux bus de libérer le passage. Autre exemple : Thamel ouvert aux voitures, aux motos est devenu un lieu d’autant plus infernal que les conducteurs y utilisent le klaxon. Quelle intelligence logique a réussi à convaincre les gestionnaires de ce quartier d’y interdire toute circulation mécanique ? Toujours est-il qu’un jour une chaîne et un garde sont placés aux principales entrées de ce quartier - sauf celle de Tridévi marg où se trouvent des parkings. Initiative heureuse mais qui n’a qu’un temps, la saison suivante, gardes et chaînes ont disparu !



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