UTOPIE – GALILEE :
Utopie. De l’idéal à l’état pur, sans réalité, du rêve. Un mot qui fait sourire alors qu’il devrait donner à espérer. Car, combien de rêves se sont réalisés. A l’inverse, combien de coutumes, d’habitudes, de règles de vie, d’institutions, de vérités qui paraissaient immuables ont disparues. Le ridicule couvre les institutions qui se disent éternelles, les épistémès ont une fin, le durable n’est qu’éphémère ! Alors qu’avec le temps l’utopique se vit au quotidien. Que de haussements d’épaules, de moqueries, de sourires apitoyés, de rires, de grondements, de cliquetis d’armes si l’on avait affirmé :
- aux chasseurs de rennes du quartenaire qu’un jour la chasse serait réglementée.
- aux Celtes, experts dans l’art de manier les épées des forges de Bourgogne, qu’un jour on se battrait sans se voir, qu’on tuerait des ennemis à plusieurs kilomètres de distance.
- aux prélats, aux prêtres, aux croyants du Moyen âge, que les cathédrales et les églises qui se construisaient sous leurs yeux dans l’enthousiasme et la ferveur, seraient un jour désaffectées.
- à Napoléon, que le sous-marin présenté par Fulton au Directoire et refusé par lui, serait un des engins les plus meurtriers des guerres futures.
- aux cavaliers d’Attila, qu’on construirait des chevaux en fer, à roues, qui atteindraient des vitesses trois fois supérieures à celle d’un cheval au galop.
- aux utilisateurs de calèches, que demain, les voyageurs se déplaceraient sur des diligences métalliques roulant sur des bandes de fer à la vitesse de plus de 75 lieues à l’heure. Que des tubes de métal transporteraient dans le ciel, plus de trois cent personnes, à des milliers de mètres au-dessus du sol, à une vitesse proche de 250 lieues à l’heure.
- aux peuples nomades, qu’un jour il faudrait posséder, pour se déplacer d’un lieu à un autre, un minuscule bout de parchemin estampillé.
- à Christophe Collomb, que des navires sans voile promèneraient des inactifs sur des bateaux de luxe qui ne mettraient que quelques jours pour traverser l’atlantique.
- aux rois de France, Charles X, Louis XIV…, aux seigneurs de leurs cours, que viendrait un jour où les manants dirigeraient leur pays, que leurs biens seraient confisqués, que tous les hommes voteraient, que ces hommes seraient égaux en droit.
- aux grands colonisateurs anglais de l’Inde, qu’il suffirait d’un fakir demi-nu pour les chasser de ce pays.
- à Blaise Pascal, qu’un jour des adolescents de dix hui ans en sauraient plus que lui, en maths et en physique.
…
Pour résumer le tout : si on avait dit aux membres de l’église qui ont condamné Galilée, que les affirmations de ce savant étaient non seulement pure vérité mais que cette vérité serait enseignée dans toutes les futures écoles religieuses, et qu’un jour des hommes iraient se promener dans l’espace, marcheraient sur la lune, ronde comme la terre et tournant comme elle autour du soleil.
C’est en me basant sur cela et sur le fait que l’inhumain, la connerie et la stupidité de l’homme d’aujourd’hui sont trop grands pour que ses institutions perdurent, que j’affirme que demain, dans quelques décennies, un siècle tout au plus, on vérifiera :
- que la misère résiduelle dans les pays riches a disparu. Il aura suffit pour l’effacer de quelques lois limitant l’avoir, imposant la suppression de l’inutile et de l’immoral banalisés dans les sociétés actuelles. Les changements de mentalités auront suivi.
- que les habitants du tiers monde ont atteint un niveau de vie et de dignité au moins égal à celui qu’ils ont dans les pays riches. Pour obtenir ce résultat, des institutions internationales composées de personnes simplement honnêtes auront géré des fonds prélevés par impôts dans les pays riches. Ils auront appliqué quelques principes simples, exempts d’hypocrisie.
- que la misère ayant été déclarée crime contre l’humanité, ce mot a été supprimé du vocabulaire social. Il ne sera plus appliqué qu’au psychique. Le mot misérable ne servira qu’à définir le pauvre type, l’être dépassé, celui qui est encore animé par le désir de Toujours plus, par le désir de richesse.
- que l’argent a perdu son pouvoir sélectif. Etre riche d’argent ne signifiera plus rien. La bourse, les organismes bancaires, usuriers des temps modernes, gagnant de l’argent avec l’argent auront disparu. Il sera déclaré immoral de gagner de l’argent par de simples pronostics ou des jeux d’écriture. Les salaires, les gains s’inscriront entre des limites fixées par des lois. L’héritage aura été déclaré obsolète au même titre que les droits de la noblesse transmis par simple hérédité.
- que l’épanouissement de l’individu et la qualité de ses lieux de vie sont une des principales préoccupations de ceux qui gouvernent. l’Humain est la base de toute chose. La stratification par le niveau d’instruction, la puissance et l’argent n’ont plus cour. Seul fera agir et progresser les hommes, le désir constant d’amélioration de soi.
- que les politiques sont élus sur des propositions de montants de budgets par ministère et non grâce à la fluidité de discours démagogiques et mensongers.
-- que les électeurs ont enfin refusé de donner le pouvoir aux hommes, ces mâles conquérants qui ont basé leurs politiques sur l’utilisation de la force, banalisé les conflits, cautionné les compétitions malsaines, encouragé les courses aux armements, déclaré des guerres. Ils ont enfin élu des femmes, choisies pour leurs qualités féminines et non parce qu’elles adoptaient des attitudes de mâles dominants, comme les Tachker ou les Meïer.
- que la croissance des villes a été endiguée, la population d’un pays s’éparpille sur l’ensemble d’un territoire. Les hommes ne sont plus confinés entre des murs en béton, un sol de bitume, un toit de grisaille, ni soumis à des agressions créées par de trop grandes promiscuités. Les habitudes de politesse, de courtoisie, de fair-play inspirent les actes, le sourire est revenu sur les visages, les chants sur les lèvres.
- que les croyants sincères, lassés de leurs prélats, de tous les prédicateurs et prophètes qui ont placé dans le ciel des dieux différents, créé des églises dont les états major n’ont aspiré qu’à dominer les autres, sont devenus simplement déistes.
- que les institutions religieuses, qui ont été à l’origine de mille combats, luttes, guerres, n’ont plus ni biens, ni audience, ni pouvoir de nuisance. Le mot kamikaze est un mot oublié, le mot intégriste n’a plus le sens que lui ont donné des Espagnols en 1800, mais a repris son sens lié à la probité.
- que l’armée en tant que force de combat n’existe plus. Elle est réduite à quelques orchestres militaires jouant de vieux airs militaires que l’on écoute avec le même étonnement que celui que l’on éprouve quand on entend les trompettes des tournois, aujourd’hui. Les hommes parlent entre-eux de nos courses aux armements, des décideurs des guerres passées avec la même incompréhension, le même regard apitoyé et critique que celui que nous avons, lorsque, aujourd’hui, nous parlons guerre de Cent ans, guerres de religions…
- que les différends ne dégénèrent jamais en conflits, ils sont résolus par voie diplomatique ou par les jugements portés par des computers programmés par de super juristes ayant établi des textes législatifs internationaux. On apprendra dans les écoles que les individus comme Bush, ayant déclenché des guerres dans les années 2000, n’ont été que de minables assassins soutenus par une église immorale.
- que le pouvoir de l’école est devenu immense. Les enseignants constituent enfin l’élite de la nation, l’ossature de la société. L’école continue d’inculquer des connaissances, mais elle s’emploie aussi à modifier l’individu pour le transformer en un citoyen honnête homme sans aucune bassesse. L’immoral principe d’études limitées dans le temps qui est une des importantes causes de clivage des individus, a été supprimé et remplacé par la possibilité d’études permanentes s’étalant sur le cours d’une vie.
- que les hommes, animés par un sens social élevé, rejettent toute forme de régionalisme et n’aspirent plus qu’à être des simples citoyens du monde, pétris de culture universelle. Les régionalismes seront étudiés, nostalgie non exclue, comme on étudie aujourd’hui les civilisations romaine, grecque, égyptienne… Les hommes se moqueront des naïfs parlant de conservation des patois et des idiomes, de culture à protéger, de peuple racine…, de ceux qui ont idéalisé les conditions de vie des hommes primitifs, Inuits et aborigènes compris, n’ont pas voulu voir que ces êtres vivaient comme des misérables : sans soins, sans école, sans engins mécaniques éliminant le travail pénible. Que les aspects négatifs de notre civilisation occidentale tenaient principalement au fait de la puissance accordée à l’argent écrasant toute autre valeur.
- que les Parcs nationaux ont été supprimés, chaque pays étant devenu un immense Parc.
- que l’homme envié, le modèle, celui qui fermente l’ambition des jeunes, inspire leurs pensées, motive leurs choix… n’est plus l’homme riche, le footballeur, l’acteur de cinéma, le politique… mais l’homme sage.
<< Niaiseries. Rousseau est mort. >>, vont s’écrier les gens raisonnables. Je réponds : << Je n’écris pas pour les gens raisonnables, les gens que l’on dit raisonnables aujourd’hui sont les sots de demain. J’écris pour les jeunes, les adolescents. Ce sont eux qui inspireront l’avenir. >> Je leur dis : << Rien n’est impossible à l’Homme, choisissez des buts qui sont exempts de médiocrité, évitez la bassesse. >> Il y a du naïf et du ridicule dans tout cela ? Evidemment qu’il y a du naïf et du ridicule, mais il vaut mieux être un naïf ridicule avec des pensées pures et un visage propre qu’un type qui se vante d’avoir les pieds sur terre et se promène les mains pleines de fric, mais sales ou avec une arme dans les mains.
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