BOUTHAN - LE GNIAN GNIAN DES TREKKEURS ET DE LEURS MEDIAS :
S’extasient des naïfs sur ce pays. Va son train train le gnian gnian habituel dans les milieux de tourisme, de montagne, chez les écologistes, leurs médias. Pensez : ce pays est bouddhiste, on y parle développement mesuré, protection de l’environnement, de bonheur national brut ( Oh ! La jolie formule ! ), de spiritualité conservée… On lit même que le pays est en cours de démocratisation : l’ancien roi a désigné son fils pour lui succéder ! Désigné ? Ah ! Des élections ont eu lieu, le parti du roi a obtenu quarante quatre sièges sur les quarante sept à pourvoir. Un tel pourcentage à des élections, cela ne vous rappelle rien ? L’opposition a été laminée. Tiens il y avait une opposition ! Oui et des spécialistes pensaient même que les deux partis auraient un nombre de voix très proche. Mais chut, le nouveau roi a un langage qui plaît à des Occidentaux et à leurs médias gnian gnian. Il serait bien, pourtant, que dans un article on parle démocratie véritable, lutte contre la misère et aussi des quelques cent mille Lhotsampas, ces Népalais immigrés au Bouthan qui ont été expulsés pour cause de non assimilation. Non assimilation, expulsions, vous n’avez pas entendu ces mots ?
L’ANTI GNIAN GNIAN CHEZ LES MEDIAS :
Un ami qui sait que je suis en manque de livres, de journaux français, m’apporte le Monde diplomatique d’août 2008. J’y découvre une critique des médias écrite par Pierre Jourde, professeur à l’Université Stendhal de Grenoble ( namasté professeur), qui me ravit. Pierre Jourde écrit :<< Les médias ont su donner des dimensions monstrueuses à l’universel désir de stupidité qui sommeille même au fond de l’intellectuel le plus élitiste… A quoi bon s’échiner à réformer l’école et l’Université ? Le travail éducatif est saccagé par la bêtise médiatique, la bouffonnerie érigée en moyen d’expression, le déferlement des valeurs de l’argent, de l’apparence et de l’individualisme étroit diffusées par la publicité…>>. Et ce texte me fait penser que la presse spécialisée dans le tourisme et la montagne est, elle aussi, victime de cette médiocrité qui conduit à, déjà dit, caresser le lecteur dans le sens de la connerie. Elle le fait en cautionnant sans nuances le ridicule, en stationnant dans la partialité, en n’allant jamais en sens inverse des engouements, en appuyant sur les idées à la mode, idéalisations comprises. Ah ! les maisons en terre ! Ah ! le chauffage au gaz d’excréments ! Ah ! le doux peuple du Tibet ! Ah ! les réincarnations ! Ah ! Le Bouthan ! Ah ! Le bonheur par la destruction de l’égo. Ah ! le durable ! Ah ! l’équitable ! Bref à ne tenir compte que de la forme d’audimat appliquée au tourisme. Merde, il y a quand même des médias indépendants des circuits financiers !
ENGINS MECANIQUES ET CHOMAGE :
On remarque de plus en plus d’engins mécaniques pour travaux publics au Népal : bétonnières, pelles mécaniques, niveleuses. Un camion à béton ( toupie ) a même été aperçu. Progrès ? Oui et non. Il faut différencier les engins qui permettent d’obtenir un meilleur travail : bétonnières, rouleaux compresseurs par exemple et les engins qui se contentent de se substituer au travail des hommes et créent du chômage : les pelles mécaniques par exemple. Celles-ci sont néfastes dans un pays où sévit le chômage, où la main d’œuvre prête à effectuer ces tâches abonde, où le métier de terrassier existe encore. Des paysans se sont récemment révoltés contre une entreprise qui effectuait une route en utilisant une pelle mécanique. Rappelons qu’un hélicoptère de transport a été brûlé à Jiri pendant la guerre par les maoïstes car il enlevait leur travail aux coolies spécialistes du portage, et qu’un autre a disparu quelque part du côté du Makalu.
METTRE FIN AU SACRIFICE D’ANIMAUX :
Des animaux sont sacrifiés tout au long de l’année, mais, surtout au cours de la fête nommée dasagn, qui a lieu fin septembre-début octobre. Des voix s’élèvent contre ces sacrifices. Battaraï, le ministre maoïste des finances a déclaré récemment : << Le gouvernement ne va pas continuer à ouvrir ses coffres pour payer des sacrifices d’animaux pendant le dasagn….>> Le ministère de la culture avait un budget pour cela. Sic ! le Népal pays laïque ? Evidemment, des voix se sont élevées contre cette mesure, celles de Newars plus haut que les autres. De durs affrontements avec la police ont eu lieu au cours de manifestations : les dieux, la tradition millénaire obligent… ! Le gouvernement maoïste a fait marche arrière, hello la démagogie ! Et il a eu raison de ne pas s’attaquer aux religions, les religions bouddhique et hindouiste sont trop profondément imbriquées dans les mentalités, il a plus urgent à réformer. Si les écolos étaient nombreux dans ce pays, le gouvernement aurait eu en eux des puissants alliés, ils sont quasi inexistants. L’hindouisme étant ce qu’il est, ce qui nous semble ridicule ne l’est pas pour eux. J’ai écrit ailleurs qu’un British ayant posé à Nehru la question suivante : << Vos sacrifices d’animaux, un peu arriéré ? Non ? >>, ce premier ministre aurait répliqué : << Vous les tuez bien uniquement pour les manger, vous ! >> Car nos hindouistes consomment la viande des bêtes sacrifiées au cours de cette sorte de Noël népalais. Ils concilient fayotage auprès des dieux et bamboula en quelque sorte. C’est en me basant sur ce raisonnement que je propose qu’en France on rajoute un peu de religieux à nos actes : les chasseurs, les pêcheurs, les équarrisseurs, les utilisateurs de bombes insecticides… devraient réciter une prière avant d’agir. Ils pourraient demander à un hindouiste celle qu’il faut déclamer. A défaut, ils pourraient réciter le mantra bouddhique que les sherpas utilisent pour être absous quant ils ont tué un insecte – ils ne tuent jamais de gros animaux - : öm mani péma guru bésa siti ou. Sois sérieux me dit-on, quand un prêtre entaille une veine jugulaire d’un bouc garrotté et qu’il projette le sang qui sort par saccades sur les roues d’un véhicule à bénir, c’est, admets-le, insupportable. Je l’admets mais je réponds : << Pour les guerres on finasse moins. Qui défend avec acharnement ceux qui, ayant eu le bedon ouvert par un éclat de quelque chose, regardent leurs tripes se répandent, ceux qui ont vu un de leurs bras, une de leurs jambes s’envoler dans les airs, ceux qui ont été rôtis vivant par un lance flamme… ? Mais, au fait, maintenant que les jeux olympiques sont terminés, les tibétophiles en chômage technique de manifestations ne pourraient-ils reporter leur fougue pour lutter contre les guerres, les ventes d’armes, les armes de toutes sortes, y compris celles de chasse ?
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