Les présents textes traitent principalement du Népal, de l'alpinisme, de l'himalayisme



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JUILLET 2008.



JUILLET 2008. VERS L’ELECTION DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE. TEXTE ECRIT AVANT CES ELECTIONS.

Les royalistes ayant été éliminés en tant que force politique importante, rappelons que les trois principaux partis, de la droite vers la gauche, sont :



- le Nepal Congress, N.C. qui a incorporé les membres du dissident Democratic Congress. Il a essuyé un dur échec lors des élections. C’est le parti de l’immobilisme, il fera tout pour conserver les anciennes structures politiques et sociales du Népal. Il est dirigé par Girija Prasad Koïrala, un bahun de plus de 80 ans, actuellement premier ministre dans le gouvernement de coalition. Le chef du Democratic Nepal Congress – dissous pour la circonstance - Deuba, sera certainement son successeur. Ce parti recueillait habituellement les voies des notables et de très nombreux croyants hindouistes pris dans la masse des illettrés - 85% ou plus dans le pays - Mais de nombreux hindouistes n’ont pas voté pour lui puisqu’il n’a obtenu qu’environ 20% des voix.

- le parti communiste C.P.N. U.M.L. Rappelons qu’il regroupe une vingtaine de partis communistes. Lui aussi a subi une lourde défaite aux dernières élections : environ 20 % des voies. Ce parti s’inscrit dans les partis de gauche, il dit vouloir changer la société mais en n’utilisant que des méthodes démocratiques, donc sans utiliser la violence. Il demande de profondes réformes sociales, que soit adoptée la laïcité – la fin de l’hindouisme qui est de fait religion d’état, le gouvernement finance encore des sacrifices d’animaux ! - une politique d’éloignement avec l’Inde… Malgré son appellation incluant le mot communiste, on ne peut s’empêcher de le comparer au parti socialiste français dans ses attitudes successives de l’après guerre de 1940 à nos jours. Sera-t-il ? Deviendra-t-il un parti de centre gauche flottant ? Il était dirigé par Kumar Nepal, qui, après le résultat des élections a démissionné, mais qui est revenu sur scène au moment du vote du Président de la République. Son secrétaire général est aujourd’hui Jhalanath Khanal. Parmi ses membres, des gens de caste bahuns et chétris, des nantis, des intellectuels sincèrement révoltés par les inégalités et l’archaïsme du pays. Noter que depuis la trêve, les incessants affrontements entre les communistes U.M.L. et les communistes maoïstes, les maoïstes étant à l’origine de ces affrontements, n’ont pas favorisé un rapprochement entre ces deux partis, rapprochement qui, seul, aurait permis de résoudre rapidement les problèmes du pays.

- le parti communiste maoïste ou le C.P.N. M. ou le Communist maoïste : C.M. C’est le parti des révolutionnaires partisans de la lutte armée (pléonasme volontaire). Ce sont ces révolutionnaires qui se sont battus pendant dix ans mais qui ont aussi fait réussir la deuxième révolution. Leur programme reflète leur volonté de réformer le Népal en profondeur. Ils désirent  en particulier:

- établir une république.

- améliorer le sort des misérables.

- mettre fin au pouvoir réservé aux gens de castes – administrations, armée, police…- en permettant à des tribaux d’accéder à tous les postes y compris les plus élevés.

- créer un pays vraiment laïc, dégagé de l’influence de l’hindouisme.

- supprimer la corruption endémique en jetant hors de l’administration les fonctionnaires les plus corrompus.

- diviser les grandes propriétés dont celles créées par les institutions de l’ancien régime, mot volontairement choisi : rajyas, birtas, guthis… qui avaient pour but le don de terres attribuées par un des rois ou un des Rana à un de ses sujets. La corruption à haut niveau – prélèvements sur les aides étrangères en particulier - a permis d’acheter les autres.

- supprimer le servage ou le demi-servage.

- supprimer l’illettrisme, modifier l’école gouvernementale, celle que nous nommons laïque et qui ne l’est pas, et les écoles privées. Noter qu’il y aurait aujourd’hui encore, malgré les discours, environ 50 % d’illettrés au Népal !

- donner aux femmes de véritables droits en modifiant la société de type patriarcal.



Le leader du C.P.M., Phuspa Kamal Dahal, 52 ans, surnommé Parchenda est un être étonnant. On sait peu sur lui. C’est un bahun issu d’une famille paysanne pauvre, c’est un ancien professeur d’école primaire, le mot instituteur n’existe pas. Il est donc de ces lettrés qui ont pu lire les textes révolutionnaires. Sa lutte témoigne de sa pugnacité. Militant d’un des premiers mouvements de contestation, constatant que la révolution-janaandolan de 1990 n’avait rien changé, il a préconisé la guerre du peuple et mis sur pieds l’armée de libération du peuple P.L.A. en 1996. Depuis il n’a cessé de lutter, vivant en reclus pendant plusieurs années – un temps en Inde dit-on - Pourtant, au cours de la guerre civile, il a toujours été partisan d’une intervention de l’O.N.U., ce sont les forces gouvernementales et royales qui, sûres d’être victorieuses, ont refusé cette intervention. Dès l’accord, pour mettre fin à la guerre signé par les sept principaux partis, il s’est révélé être un tribun, un indéniable chef, non dénué de sens politique, et un bon diplomate. C’est maintenant un chef de parti politique et à cause de cela il serait naïf de prendre pour argent comptant toutes se déclarations et lui accorder toutes les qualités. Une question se pose par exemple aujourd’hui : les mouvements violents qui sont le fait de membres de la Y.C.L. Jeunes communistes, se produisent-ils à son insu ou avec sa complicité ? Il est secondé par le docteur Baburan Battaraï présenté comme le théoricien du mouvement : il a rédigé le programme de réformes de ce P. C.M. Moins brillant orateur, moins rond de manières, plus austère, possédant moins de charisme, il est néanmoins aussi convaincu que son leader. Lui aussi a vécu caché de nombreuses années.



Leurs opposants ont fait courir maints bruits au sujet de leurs méthodes de gestion lorsqu’ils dirigeaient certaines régions du Népal, l’Ouest en particulier. On doit préciser à ce sujet que les maoïstes ont bien attaqué des postes de police allant parfois jusqu’à tuer plus de 15 policiers. Pour obtenir de l’argent ils ont bien pillé des banques, des administrations, des commerçants, des O.N.G. Ils ont également obligé de grands propriétaires à fuir les régions qu’ils occupaient. Ils ont embauché comme agents de liaison de jeunes enfants, ils en ont obligé d’autres à suivre une instruction politique… Mais ils n’ont jamais demandé à des enfants de combattre, les pires exactions ne sont pas de leur fait, en particulier celles sur la population. Celles-ci ont été commises par les policiers ou les militaires venus en force les combattre lors d’opérations de type coup de poing. Ainsi lorsque 1000 policiers ont occupé des villages de l’Ouest. On doit à cette force gouvernementale de nombreux viols, des tortures, des disparitions. C’est elle et non les mao qui ont obligé les paysans à fuir dans la forêt. Cette idée de paysans fuyant les mao a été habilement répandue par la droite népalaise. C’est pourquoi on la retrouve exprimée par de nombreux naïfs ou même des Occidentaux ayant des idées de gauche ou de centre gauche. Des cadres d’agences de tourisme l’ayant ainsi transmise à leurs clients trekkeurs ou himalayistes ! Les mao auraient-ils obtenu près de 50% des voix dans un pays dominé par les brahmanes-bahuns, donc par le parti congress, dans un pays où la religion hindouiste est de fait religion d’état et est aussi puissante que l’était la nôtre au moyen âge, s’ils avaient laissé de mauvais souvenirs dans les régions occupées ?

Rappelons que la fin de la guerre et le départ du roi ont été rendus possible :

- par une alliance de sept partis traitant avec les maoïstes, ceux-ci acceptant de déposer les armes et de respecter les règles démocratiques.

- par la deuxième révolution-jana-andolan se produisant dans le pays – surtout dans Kathmandu où résidait le roi - et dans quelques grandes villes - dont les acteurs principaux ont été les maoïstes.

- par l’impuissance de l’armée à endiguer le mouvement et à assurer la sécurité du roi.

A l’étonnement de beaucoup, ce parti maoïste communiste C.P.N.-M. a ensuite été le grand vainqueur des élections. Les spécialistes lui accordaient 10 à 20 % des voix ! Si ces spécialistes avaient quitté leurs bureaux et avaient un moment côtoyé des membres des masses pauvres, en ville et à la campagne : coolies, petits paysans, conducteurs de taxis, petits commerçants, salariés dans les régions touristiques même… ils auraient indiqué un pronostic différent. Quoiqu’il en soit, ce parti a atteint un pourcentage proche de la majorité absolue. Mais il ne l’a pas obtenue. Les deux autres partis forts N.C. et P.C.- U.M.L., ont subi une sérieuse défaite en n’obtenant chacun qu’environ 20% des voies.



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