Remarque technique : La raison primordiale est qu’il est très difficile, en raison d’une forme de crâne différente, de reproduire sur le macaque l’exposition de l’homme. Des années ont été consacrées pour construire des antennes spéciales pour les rongeurs. Pour le macaque, il faudrait développer un système. En outre, nous possédons davantage de références expérimentales sur les rongeurs.
R : Je reconnais ces raisons qui sont tant de fois aussi mises en avant à propos d’autres domaines de recherche, ne serait-ce que pour des motifs économiques et de difficultés de manipulation des primates. Il est clair que l’utilisation de macaques, ou même de babouins, exigerait une logistique nouvelle, beaucoup d’argent et beaucoup d’efforts, mais je persiste à penser que cela en vaudrait peut-être la peine.
Q : On a l’impression que ce domaine scientifique est immature, comme l’était celui de la très basse fréquence il y a huit ans. Or dans ce dernier domaine les études conduisent maintenant à des résultats concordants d’une équipe à l’autre.
R : C’est un peu ce que je pense aussi. Il faut que les protocoles soient mieux standardisés pour en stabiliser les résultats et faciliter l’interprétation. Notez en tout cas que bien des chapitres du rapport de l’Académie se terminent par une sorte de phrase rituelle :« il convient de poursuivre les expériences car les résultats ne sont pas définitivement acquis». Ainsi qu’une autre, sorte de leitmotiv : « il n’a pas été démontré que les RF étaient à risque, mais l’absence de tout risque n’a pas davantage été démontré ».
Q : Il serait intéressant de travailler sur des modèles animaux ou sur des hommes atteints de certaines pathologies. Ainsi, il faudrait par exemple rechercher si des électroencéphalogrammes légèrement anormaux ne sont pas plus profondément modifiés que des enregistrements normaux.
R : Effectivement, il pourrait s’agir avec l’EEG légèrement pathologique d’un indicateur très sensible. Car nous manquons parfois de tels indices assez sensibles. Je n’ignore pas qu’un programme de COMOBIO a envisagé de se tourner vers certains sujets atteints d’épilepsie.
Q : Dans une synthèse publiée durant l’été, K Foster et J Moulder prétendent que s’il existait effectivement des effets non thermiques, la mesure du DAS ne serait pas un bon critère d’appréciation de l’exposition. Que pensez-vous de cette proposition ?
Remarque technique : Contrairement à une idée répandue, le DAS n’est pas une mesure d’un effet thermique, mais est représentatif du champ électrique au carré. Or, il faudrait pouvoir mesurer le champ électrique à un endroit donné. En prenant le champ électrique au carré, on perd de l’information. Le DAS prend en compte les absorptions différentes des divers tissus puisque qu’il inclut qui mesure la conductivité.
R : Pour reprendre la remarque technique, il est exact que le DAS n’évalue en aucun cas seulement l’effet thermique, mais bien plus généralement la puissance absorbée. Mais la seule mesure du champ électrique E ne suffit pas à apprécier cette puissance absorbée puisque joue, comme le remarque l’intervenant, la conductivité du tissu irradié comme multiplicateur et en plus sa masse volumique comme diviseur (E²/2). Quant à savoir si le DAS est la meilleure évaluation de l’effet des RF (étant entendu que nous sommes de toute manière au-dessous du seuil d’effet thermique), la preuve reste peut-être à faire. Quitte à me répéter, je souhaiterais insister sur la nécessité de ne pas détacher le seul danger physique de l’irradiation, d’un contexte plus large dans lequel interviennent les effets psychologiques de la crainte d’un risque, fût il en soi-même inexistant. Parmi tous les messages en direction de la presse, ce dernier facteur mérite de ne pas être négligé.
Je tenais pour terminer à souligner que le rapport de l’Académie, comme bien entendu aussi le Colloque dont il est l’émanation, n’auront représenté qu’un instantané sur l’état d’une question, qu’un rapport d’étape sans autre prétention que de faire le point au moment même où les choses ont été dites.
Le temps m’a ici manqué pour évoquer ce que nous avaient dit les sociologues. Nul doute que leurs messages sur la gestion des risques, ce qu’il conviendrait de faire et ce qu’il conviendrait d’éviter devant une panique, sauront intéresser les lecteurs du rapport.
Audition de Philippe HUBERT
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