Institut de Protection et de Sûreté Nucléaire I. Introduction :
Note technique : Philippe Hubert est l’un de ceux qui ont le plus réfléchi sur l’utilisation de faits scientifiques incertains dans la prise de décision. Il anime un groupe de réflexion sur l’évaluation du risque au sein du Comité National de Sécurité Sanitaire. D’un point de vue épistémologique, le contexte actuel de la téléphonie mobile est assez proche de celui des rayonnements ionisants il y a quelques dizaines d’années, d’où l’intérêt de cet échange.
Je m’occupe du service d’évaluation et de gestion des risques, portant essentiellement sur les effets des rayonnements ionisants, à l’IPSN. Ce service comprend une unité effectuant une évaluation de l’impact, une unité d’épidémiologie des rayonnements et une unité de gestion des risques, qui fait des travaux sur les règles de gestion, du point de vue philosophique et du point de vue de la perception des risques.
Note technique : le texte qui suit est celui remis par Philippe Hubert, suivi de la transcription des débats.
La gestion du risque radiologique porte sur un domaine très vaste. Elle s’applique aux expositions du public et des travailleurs. Elle porte sur les activités utilisant l'énergie nucléaire (filière électronucléaire, navires à propulsion nucléaire, nucléaire militaire) ou les propriétés des rayonnements ionisants (radiodiagnostic, radiothérapie, contrôle des matériaux, stérilisation, traitement de surface, inspection de bagages et colis, détection d'incendie), mais aussi les activités conduisant à augmenter les expositions "naturelles" (mines, transport aérien, certaines céramiques et terres rares, thermalisme et embouteillage d'eaux...). Elle vise de plus à la réduction de risques "naturels" (par exemple Radon dans les bâtiments). Enfin, la maîtrise des doses aux patients en cas d'examen radiologique ou le traitement par les rayonnements font partie de ce que l'on appelle la "radioprotection". Aussi en plus de quelques centaines de milliers de travailleurs (En France environ 250 000 personnes sont suivies), toute la population (cf. radiodiagnostic, radon) est concernée à un titre ou à un autre.
Les dangers à maîtriser se rangent en deux familles. La première regroupe des effets à seuils, associés à des doses assez fortes, souvent aigus (brûlures et destructions de tissus, troubles de la spermatogenèse, cataractes, tératogenèse) que l’on appelle "effets déterministes". Le respect de Valeurs Limites d'Exposition permet d'éliminer ce type d’effet. La seconde famille regroupe des effets différés, qui ne se produisent pas nécessairement, mais dont la probabilité de survenue croît avec la dose (cancers, malformations congénitales). Ils sont appelés "effets stochastiques". Le respect des Valeurs Limites d'Exposition n’est pas supposé éliminer le risque et la gestion fait appel à des notions d'acceptabilité.
Depuis l’identification des risques et des premières précautions (dès l896 pour les brûlures) s'est constitué un système de gestion des risques très élaboré et placé d'emblée au plan international. La genèse de ce système puis son fonctionnement actuel sont décrits ci-après. Les avantages et inconvénients de ce "modèle de gestion de risque" seront ensuite discutés et mis en perspective avec les principes de gestion discutés actuellement.
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