Les telephones mobiles


Audition de Jean-Marie ARAN



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Audition de Jean-Marie ARAN

Du Laboratoire d'audiologie expérimentale et clinique de l'hôpital Pellegrin, Bordeaux

              I. Réponses aux questions écrites
              1. Pourquoi s'interroger sur des effets éventuels des micro-ondes GSM sur l'audition ?

Il apparaît nécessaire de s'interroger sur les effets éventuels des micro-ondes GSM sur l'audition pour diverses raisons, la première étant le nombre croissant d'utilisateurs (environ 20 millions en France) et les craintes soulevées sur d'éventuels effets biologiques délétères. En outre, l'oreille est l'organe le plus exposé à ces ondes étant donné que le téléphone mobile dans sa version actuelle est appliqué directement contre l'oreille. De plus, si des effets biologiques généraux sur les tissus sont démontrés, ils doivent se retrouver dans l'oreille interne à niveau d'irradiation identique (ce qui reste à démontrer).

Par ailleurs, l'oreille interne est une structure hautement différenciée, un micro-organe spécifique relativement isolé du reste du corps. Elle présente une sensibilité extrême aux stimulations acoustiques extérieures : le seuil de détection des vibrations se situe à des amplitudes inférieures au nanomètre. La réception des vibrations acoustiques s'effectue par l'intermédiaire de protéines contractiles (la prestine) qui amplifient les vibrations de 40 à 50 dB. L'épithélium sensoriel est très hétérogène et comporte des compartiments liquidiens extra-cellulaires à forte concentration en potassium (l'endolymphe, dans lequel baignent les cils des cellules sensorielles). Il existe une différence de potentiel d'environ 160 mV à l'interface entre les cils des cellules sensorielles et ce liquide dans lequel ils baignent. Les phénomènes électriques associés à la transduction mécano-sensorielle sont de l'ordre de quelques nanovolts. Par conséquent, indépendamment des effets biologiques communs à tous les tissus, on peut s'attendre à des perturbations éventuelles des phénomènes électrobiochimiques fins propres au fonctionnement de l'oreille, par les ondes électromagnétiques.

Enfin, l'oreille est soumise simultanément aux micro-ondes du téléphone et aux sons produits par celui-ci. Il pourrait se produire une synergie entre les micro-ondes et les sons dans les cellules sensorielles, synergie qui pourrait s'avérer délétère, même si séparément ces deux agents étaient sans nocivité. La sensibilité des cellules sensorielles aux micro-ondes pourrait donc être modifiée lors de leur dépolarisation fonctionnelle.

              2. Quels effets pourrait-on attendre d'une exposition de l'oreille aux micro-ondes GSM ?

Si l'énergie diffusée au niveau de l'oreille interne est suffisante, on pourrait s'attendre tout d'abord à l'apparition d'une sensation auditive associée à la stimulation électromagnétique, ce qui n'est apparemment pas le cas avec les téléphones mobiles. Ainsi, si le téléphone mobile induit le développement d'une onde acoustique dans le crâne, celle-ci est d'intensité inférieure au seuil d'audition, au bruit ambiant, et donc sans aucun risque pour l'oreille. Les ondes électromagnétiques pourraient également réaliser une stimulation directe - identique à une stimulation électrique - des structures sensorielles et nerveuses de l'oreille interne, hautement sensibles aux phénomènes acoustiques et électriques, et entraîner une sensation auditive, ce qui n'est vraisemblablement pas le cas.

Les autres effets éventuels ne sauraient être spécifiques à l'oreille mais communs aux effets biologiques généraux des micro-ondes GSM.

Q : Voulez-vous dire qu'en l'absence de sensation auditive, il n'y aurait pas d'autres effets étant donné que - selon vous - la première manifestation serait le développement d'une sensation auditive ?

R : L'énergie étant insuffisante pour développer une sensation auditive, elle devrait également être insuffisante pour produire des lésions de l’oreille ou de la rétine par exemple. Le même constat pourrait être effectué pour l'équilibre (les vertiges).

Q : Certaines personnes se plaignent de vertiges à la suite d'une exposition au téléphone mobile.

R : La fonction vestibulaire est plus complexe que la fonction auditive, elle fait intervenir l'oreille mais également la vision, les autres récepteurs somesthésiques et des processus d'intégration au niveau central. Les vertiges sont un phénomène central. L'origine périphérique des vertiges au niveau de l'oreille est difficile à déterminer. Il n'existe pas de test périphérique vraiment spécifique du vestibule chez l'homme.

Q : Certains travaux ont rapporté que les potentiels évoqués auditifs corticaux n'étaient modifiés que lorsque les personnes étaient soumises à une tâche intellectuelle. Cela veut-il dire qu’il peut y avoir des conséquences sur le fonctionnement cérébral ?

R : Si les potentiels sensoriels évoqués autres qu’auditifs (visuels ou somesthésiques) sont également modifiés, on peut penser qu’il s’agit de modifications du fonctionnement du système nerveux central. Si seuls les potentiels auditifs étaient modifiés, il faudrait se poser d'autres questions plus précises. Dans nos expérimentations, nous n'excluons pas la possibilité qu'un effet central s'ajoute aux phénomènes périphériques. Si une modification se produit au niveau des réponses centrales qui font intervenir toute la chaîne de la périphérie jusqu'au centre, nous sommes capables, grâce à différents types de tests (otoémissions acoustiques, électrocochléographie, potentiels évoqués du tronc cérébral) , d’en déterminer la localisation centrale ou périphérique.


              3. Etudes sur des effets spécifiques des micro-ondes GSM sur l'oreille

              1. L'étude hongroise chez l'homme (1999)

Cette étude constate un allongement de la latence du pic V des potentiels évoqués du tronc cérébral lors de la stimulation par clic de l'oreille exposée alors que celle-ci reste normale pour l'oreille non exposée. Cette augmentation de latence correspondrait à une élévation des seuils auditifs sur les hautes fréquences d'environ 15 à 18 dB. Celle-ci est confirmée par des mesures audiométriques effectuées juste après les tests électrophysiologiques, bien que les sujets ne remarquent aucun changement dans leur audition. Il s'agit par ailleurs d'un effet immédiat, l'évolution à long terme n'est pas rapportée. Les auteurs supposent que les cellules sensorielles, qui baignent dans du liquide, sont soumises à un échauffement local ou à des mouvements ioniques transmembranaires induits par les micro-ondes. Cette étude très limitée qui porte sur dix sujets, sans évaluation statistique, demande à être vérifiée. Il serait notamment intéressant de mesurer le premier pic et l'intervalle entre le premier et le cinquième pic pour préciser la source périphérique ou centrale des éventuelles modifications.

              1. L'étude de Carmela Marino chez le rat (2000)

Cette étude décrit bien le système d'exposition, la dosimétrie et les mesures physiologiques. Il s'agit des otoémissions acoustiques (produits de distorsion enregistrés devant le tympan) qui testent les cellules ciliées externes de la cochlée. Ces cellules sont en effet les plus sensibles (elles assurent l'amplification des vibrations à l'intérieur de la cochlée) et les plus fragiles (effets du bruit, ototoxicité). L'ensemble de la tête du rat était exposé. Les expositions portaient sur des DAS de 0,2 et 1 W/kg, trois heures par jour pendant trois jours (0,2 W/kg) et cinq jours (1 W/kg). Aucune différence significative dans les amplitudes des produits de distorsion des otoémissions acoustiques n'a été observée. S'il ne se produit pas de modification des oto-émissions, il n'y a pas de problème au niveau des cellules ciliées externes, responsables de la grande sensibilité et sélectivité fréquentielle de l’oreille.

              1. Etudes en cours

Dans le cadre du projet COMOBIO, nous étudions l'audition - au niveau périphérique (cellules ciliées et nerf auditif) et central (tronc cérébral) - de cobayes exposés à différents niveaux de DAS (1,2 et 4 W/kg) une heure par jour, cinq jours par semaine pendant deux mois. Les groupes sont constitués de 8 animaux. Les groupes et les animaux au sein des groupes sont permutés en fonction de l'heure et de la localisation afin d'homogénéiser au maximum les conditions d'exposition.

L'enregistrement des otoémissions acoustiques donne une mesure de la fonction des cellules ciliées externes de la cochlée, à la base de la première étape de la réception des sons. L'enregistrement du potentiel d'action du nerf auditif donne une mesure de la fonction périphérique globale (cochlée et nerf auditif). L'enregistrement des réponses évoquées du tronc cérébral donne une mesure centrale de la fonction auditive. Nous nous intéressons essentiellement aux seuils en fonction de la fréquence (pour les réponses électrophysiologiques) et à l'existence ou non de produits de distorsion acoustique des otoémissions, en fonction également de la fréquence.

A l'avenir, nous comptons modifier le protocole car plusieurs animaux ont perdu en cours d'expérimentation la canule implantée dans le cerveau pour la mise en place dans le colliculus inférieur de l’électrode d’enregistrement. Nous n’implanterons plus de canule à demeure mais piquerons désormais, lors de chaque enregistrement, des aiguilles sous la peau au niveau du vertex et des mastoïdes pour l’enregistrement des potentiels évoqués du tronc cérébral. Ainsi d’une part les réponses seront enregistrées d’une manière absolument identique pour les deux oreilles, d’autre part les animaux, hormis décès, seront disponibles dans leur totalité à tous les stades de l’expérimentation. Nous venons d’en valider la méthode chez des animaux normaux.

              4. Pertinence des études réalisées et en cours

Il est possible de formuler trois critiques majeures pour ce genre d'études. Tout d'abord, le nombre de sujets d'expérience est faible par rapport au nombre d'utilisateurs actuels et futurs de téléphones mobiles. De plus, les durées d'exposition (journalière et totale) sont bien en dessous des durées d'utilisation actuelle des téléphones mobiles par un nombre significatif d'utilisateurs.

Enfin, il est difficile de trouver des cobayes ayant une audition normale au départ. Certains sujets expérimentaux ou humains sont plus fragiles de manière générale (fragilités héréditaires et génétiques) et peuvent présenter des conditions physiologiques plus propices au développement de troubles.

Trois remarques peuvent être opposées à ces critiques.

Si les expériences actuelles révélaient des risques, des expérimentations à plus large échelle ne seraient pas nécessaires. En revanche, il faudrait s'intéresser aux mécanismes mis en jeu. La mise en œuvre d'expérimentations plus proches de la réalité de l'utilisation des téléphones mobiles demanderait des moyens extrêmement importants, sans aucune mesure avec les moyens actuellement disponibles. Toutefois, les expériences in vitro, beaucoup plus faciles à réaliser, même si elles peuvent apparaître très loin de la réalité, devraient permettre de préciser le risque. Le principal problème est la dosimétrie.

Remarque technique : Il faut juste préciser que l'in vitro est à contre-courant de la tendance actuelle et risque de créer de nouveaux problèmes sans répondre à la question principale des effets sanitaires.


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