2/ Études sur l’homme
La contribution introductive d’Alain Bardou et Jean-Louis Coatrieux rappelle, de façon générale, les domaines d’action possibles des effets biologiques de la communication mobile, tels qu’ils avaient été dégagés dans le rapport de la Commission de Sécurité du Consommateur au Président de la République et au Parlement en 1997 [60], l’état de l’art à cette date concernant principalement:
- la possible induction de tumeurs cérébrales. La majorité des études s’avéraient négatives (Persson et Salford [762, 764], Adey [11], Juutilainen [426] ; la seule étude contradictoire, par rapport au grand nombre de travaux montrant une innocuité de l’irradiation, était celle de l’équipe de Michael Repacholi (Royal Academic Hospital, Adelaide, Centenary Institute of Cancer Medicine, Sydney, Australie), collaborateur de l’OMS qui, à partir de souris transgéniques génétiquement modifiées pour présenter un terrain favorable au développement du lymphome, a montré que “le risque de développement d’un lymphome est apparu significativement supérieur chez les souris exposées que chez les animaux de contrôle”, [734].
- des modifications de perméabilité de la barrière hémato-encéphalique où les résultats demeuraient encore contradictoires, Prato [710], Salford et Persson [763, 695], Fritze et coll. [278].
- des modifications de l’électroencéphalogramme, plus particulièrement sur les ondes a et la puissance spectrale (Thuroczy [861], Von Klitzing [901] et du sommeil principalement au niveau du sommeil paradoxal (Mann and Röschke [554, 748]).
- de l’altération de l’ADN, principalement de possibles dommages au niveau de l’ADN de cellules cérébrales de rat après exposition aux radiofréquences, Lai [487, 488], ayant observé “une augmentation des cassures des mono et double brins d’ADN après exposition à la fréquence de 2450 MHz en mode pulsé ou continu ”, alors que Fritze [279] et Juutilainen [426] affirment l’un comme l’autre que leurs résultats montrent qu’il est impossible d’imputer un quelconque effet génotoxique aux émissions du téléphone mobile.
- l’action au niveau des hormones hypophysaires, René de Sèze ayant montré une “ légère modification du taux de TSH pendant la période d’écoute téléphonique ” ainsi qu’une possible action sur le taux de Mélatonine [211, 212]
- le métabolisme de l’Acétylcholine, Lai [480] suggèrant une possible diminution de la capture de choline sodium-dépendante et une augmentation de récepteurs cholinergiques muscariniques, ainsi que des effets sur le système neurotransmetteur au niveau de variations de l’activité acétylcholine-estérasique rapportés par Hossmann [373].
La contribution de René de Seze à ces études sur l’homme est plus particulièrement consacrée à l’effet de téléphones mobiles sur l’audition, le sommeil et le système nerveux. Concernant le sommeil, des travaux de Röschke et Mann effectués chez 12 volontaires pendant le sommeil montrent que la latence d’endormissement était légèrement réduite (9,5 min au lieu de 12,3 min. ; p < 0,005) et la durée totale du sommeil paradoxal (REM) était également diminuée de 17,1 à 13,9% (p < 0,05) [554]. Borbely a également montré une réduction du temps d’éveil pendant le sommeil de 18 à 12 min. (p < 0,05) et une augmentation de la puissance spectrale pendant le sommeil paradoxal [40]. L’émission était alternative, avec des intervalles marche-arrêt de 15 minutes, une modulation à 217 Hz mais aussi à 2, 8, 17 et 36 Hz; ces dernières fréquences peuvent survenir pendant une faible fraction du temps d’émission des communications réelles. Le DAS calculé maximum dans les tissus, moyenné sur 10 g, était de 1 W/kg.
Au niveau de l’audition, aucune modification des latences des différents potentiels évoqués auditifs ou des intervalles qui les séparent n'a été observée par de Sèze et al. entre les PEA du tronc cérébral enregistrés, avant et après une demi-heure d'exposition à un radiotéléphone [214].
Au niveau du système nerveux en général, une étude épidémiologique non publiée [610] a montré une association entre l’utilisation des radiotéléphones cellulaires avec des symptômes bénins, mais perturbateurs de la qualité de la vie (céphalées, échauffement, voire irritation cutanée, ...). Si de tels effets sont provoqués par les radiotéléphones, une interaction physiologique primaire doit précéder l’apparition de symptômes ou d’une pathologie, qui pourrait être détectée par électroencéphalographie numérisée (Q-EEG). Les résultats sont variables, mais comme l'a signalé Reiser en 1995 [729], une augmentation d’activité de plusieurs bandes de l’EEG a plusieurs fois été observée. Thuroczy a par contre trouvé un effet inverse, d’abord chez le rat (1995), puis chez l’homme [862], tandis que Hietanen après 30 minutes d’exposition [30], ou l’équipe de Röschke après 3,5 minutes [748], n’ont pas observé de différence de la composition spectrale de l’EEG numérisé.
Au niveau des tests cognitifs (mémoire, attention, vigilance) Preece [715, 714] a montré que le temps de réaction de choix était significativement modifié, aucune variation n’étant par ailleurs notée pour le temps de réaction simple, le temps de réaction de vigilance, la mémoire immédiate de mots lus, de nombres ou d'images, ou la mémoire spatiale.
Koivisto a par ailleurs montré qu’aucun test de réaction visuel n’était significativement modifié [446]. Krause a également montré [452] qu’une exposition à un téléphone GSM pendant une tâche de rappel de mots prononcés, mettant en jeu la mémoire de travail auditive, augmentait la puissance relative de l’électroencéphalogramme dans la bande 6-12 Hz avec une prédominance en 10-12 Hz.
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