Lyon Citoyen numéro 67 octobre 2008 Directeur de la publication: Jean-François Lanneluc

Le dossier.

A + B : rentrée dans le rang.

Dans les écoles de la Ville de Lyon, on estime que la rentrée s’est bien passée. Tous les petits Lyonnais sont au travail, accueillis, instruits et nourris (soigneusement) dans de bonnes conditions. Mais réforme nationale “oblige” (c’est le mot) : pour les équipes éducatives et la direction Education, la suite va être compliquée…

Quand l’adjoint à l’Education esquisse un sourire, c’est qu’il est très satisfait. Il cache sa joie. Quand il fronce les sourcils, c’est qu’il y a grosse colère rentrée. En ce moment, Yves Fournel passe de l’un à l’autre. Pour le sourire : de gros chantiers achevés pile à l’heure, l’accueil des petits handicapés qui progresse, le service aux parents qui se développe, une TV éducative exemplaire, une informatique de mieux en mieux adaptée à la pédagogie, des classes de découverte pour tous, une restauration scolaire au top, un personnel municipal qui donne le maximum aux côtés des équipes enseignantes. Pour la grosse colère, on va y revenir…

Au-delà de la qualité de l’accueil dans tous les établissements, l’objectif de la Ville, pour ambitieux qu’il soit, est on ne peut plus clair : mettre à la disposition des enfants et des enseignants le meilleur de ses ressources éducatives. Depuis l’équipement de toutes les écoles en informatique (dès 2003), on n’a cessé d’en améliorer l’utilisation. Dernière avancée en date, un projet primé par l’Education nationale (le seul en France) qui comporte : des programmes, logiciels et sites pour l’accompagnement éducatif, une formation commune enseignants / animateurs associatifs, l’expérimentation d’ateliers enfants. Unique en Europe, la TV éducative Cap Canal est à la veille de devenir, depuis Lyon, une chaîne nationale ; «en vérité, elle l’est déjà par sa diffusion sur Internet (en plus du câble auquel toutes les écoles sont raccordées) et la vente de ses DVD qui explose, indique son directeur Philippe Meirieu ; mais en effet, la visibilité d’antenne est essentielle ; nous y travaillons tout en préservant notre ancrage local afin de traiter de l’éducation en profondeur, s’appuyer sur des exemples locaux, montrer la réalité sans polémiquer».

La réalité, c’est un effort permanent pour l’égalité des chances. Les écoles de la Ville accueillent, cette rentrée, 212 petits handicapés dans 22 classes d’intégration, plus de 400 suivent leur scolarité en “classe ordinaire” avec accompagnement pour chacun, et les enfants sourds sont répartis dans 7 classes des écoles Condorcet et Pasteur. À la maternelle, le programme d’éducation artistique se poursuit ; 9 nouvelles écoles (1.200 enfants) en bénéficient cette année. Depuis 2003, 180 classes partent en séjour découverte chaque année (tout enfant est assuré d’en bénéficier durant sa scolarité). Pour le dialogue avec les parents, les lieux d’accueil se multiplient (28 dans le cadre du programme de réussite scolaire), tandis que les loisirs éducatifs sont en développement : 4.000 enfants vont participer cette année aux “Mercredis de Lyon” et 200 places supplémentaires sont proposées en centres de loisirs éducatifs maternels. Mais tout n’est pas simple. Les récentes mesures gouvernementales modifient -entre autres - l’organisation de l’accompagnement à la scolarité et les études surveillées. Pour faire court, disons que la Ville a opté pour le maintien de l’accompagnement dans les territoires prioritaires, laissant aux enseignants des écoles hors de ces périmètres le soin de mettre en œuvre les mesures nécessaires. Concernant les études surveillées, la Ville continue de prendre en charge 805 ateliers hebdomadaires soit l’accueil de 15.800 enfants.

Encore plus compliquée est l’application des réformes sur le service minimum et la nouvelle semaine de 4 jours. «La précipitation de cette mesure laisse ouverte la question de fond sur les rythmes journaliers et hebdomadaires des enfants», déplore Yves Fournel. L’année scolaire passe de 156 à 144 jours soit moins 2 heures par semaine et le soutien aux enfants en difficulté ne peut se faire qu’après la classe, ce qui ajoute à l’effort qui leur est demandé. Quant à “l’allègement des programmes” qui en découle, «il ne pourra se faire qu’au détriment des activités d’éveil en temps scolaires», avertit l’adjoint au maire. Reste le service minimum que l’État impose aux communes à partir de 25 % d’enseignants grévistes. «Cette mesure nous oblige à mobiliser 450 vacataires en 48 heures ; alors que nous avons pour priorité la qualité d’accueil des enfants, nous ne pourrons faire dans ces circonstances que du dépannage». Sur le service minimum, on en est là. Sur les activités d’éveil, elles devront être reportées sur le temps périscolaire. Quant à l’accompagnement à la scolarité, il se met en place ce mois sur propositions des inspecteurs de l’Education nationale.
Repères.

Le secteur scolaire public (1^er degré) à Lyon en chiffres.

198 écoles : 108 maternelles, 90 élémentaires.

1.316 classes : 518 maternelles, 776 élémentaires, 22 CLIS (classes d’intégration scolaire pour enfants handicapés).

Environ : 33.000 élèves.

130 restaurants scolaires : 16.400 convives (1 élève sur 2).

1.244 agents municipaux (dont les personnels d’assistance éducative auprès des enseignants qui relèvent, quant à eux, de l’Education nationale).

13 médecins scolaires, 57 infirmièr(e)s, 34 assistant(e)s sociaux(ales).

Travaux.

Pour la rentrée de septembre 2008, la Ville de Lyon a achevé comme prévu 5 grosses opérations tenant compte de l’évolution des effectifs, tout en préparant les constructions à venir : 3 nouvelles écoles dans les quartiers en développement que sont la Confluence, la Buire (3^e) et Vaise Industrie.

Ferdinand-Buisson (5^e). Le groupe scolaire (GS) est passé de 14 à 17 classes, restaurants regroupés dans un bâtiment neuf, accessibilité aux personnes handicapées.

Gerson (5^e). Réhabilitation de 10 classes, refonte du restaurant, accessibilité.

Jean-Racine (6^e). 23 classes, extension et rénovation des 2 restaurants, nouvelle bibliothèque, nouvelle salle de sieste, locaux annexes, accessibilité.

Édouard-Herriot (8^e). 17 classes dont 3 CLIS, agrandissement du restaurant, accessibilité.

Audrey-Hepburn. De 17 à 19 classes, maternelle agrandie ainsi que restaurant et salles de sieste. 2^e tranche (école élémentaire) : réfection des cours de récréation, rénovation des sanitaires (en cours), des huisseries, toitures et escaliers.

Au total, plus 10 M€ de travaux + les opérations de gros entretien menées durant l’été dans 50 autres écoles.

Unique : l’éducation à la télé.

Coup de chapeau à Cap Canal, la chaîne éducative de la Ville de Lyon et de ses partenaires qui, avec un budget annuel inférieur à une seule émission de variétés en “prime time” sur une grande chaîne privée, innove et se développe constamment avec la “bénédiction” de l’Education nationale. Parmi les nouveautés de la rentrée : “Les p’tits lézards”, magazine d’actualité culturelle par et pour les 6 à 12 ans ; “Chemins de réussite”, émission coproduite avec l’AFPA, sur le développement personnel et professionnel (pour tous) ; “Questions d’éducation”, les réponses à nos questions sur l’éducation à travers le témoignage des associations. En projet “Fais ton cinéma”, pour diffuser et promouvoir la multitude de films réalisés par des jeunes, avec l’analyse de grands réalisateurs de la toile nationale. Toujours à l’antenne : “Cap infos”, le magazine de l’école ; “Allée de l’enfance”, le magazine des familles ; “Cap sup”, magazine des savoirs conçu avec les établissements d’enseignement supérieur. 04.72.10.24.70.

L’intelligence dans l’assiette.

Dans les restaurants scolaires de la Ville de Lyon, 50 % du pain, des fruits, volailles, céréales et légumes sont bio. 50 % des céréales : issus du commerce équitable. La prestation est la mieux notée de France (16,75/20). Et le prestataire, à la virgule conforme au cahier des charges, incluant notamment le choix possible d’un menu sans viande (à partir du 6 novembre) et prise en compte du développement durable, moyennant un prix hyper serré pour les familles. «Il y a une vraie intelligence du service Education de la Ville, constate Gilles Patin, directeur régional d’Avenance-enseignement ; les diététiciens mettent les menus au point pour l’année ce qui garantit le respect des saisons et nous permet de négocier avec nos fournisseurs. Accompagner l’enfant dans sa découverte du goût est maintenant notre priorité au même titre que la sécurité alimentaire. Pour le développement durable, outre le tri des déchets (effectifs) nous mettons au point une nouvelle tournée qui va réduire nos déplacements de 37.000 km par an».

Réussite éducative : mobilisation.

Dans le cadre de la loi de cohésion sociale de 2005, la Ville de Lyon a obtenu un financement de près de 1 M€ de l’État pour le développement d’actions d’accompagnement individualisées auprès des enfants les plus en difficulté.

Dans les territoires prioritaires (1^er, 3^e, 7^e - Painlevé, Dru, Aristide Briand, Longchambon et une partie de Gerland, 8^e Mermoz - Langlet-Santy, 9^e - La Duchère) 7.800 enfants de 2 à 16 ans sont pris en compte.

Pour le dépistage des difficultés et le suivi sur tous les champs qui structurent le développement et le bien-être de l’enfant, 20 équipes pluridisciplinaires travaillent ensemble, en collaboration avec la direction Prévention - santé - enfant de la Ville de Lyon.

Ces équipes sont constituées de 42 professionnels de la Ville de Lyon, de l’Education nationale, des services de l’État, du Département et d’associations spécialisées.