Ministère de lEconomie, des Finances et de lIndustrie


"c'est trop cher" ! ou à l'inverse "cette gratuité ne m'inspire pas confiance"



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4.1.1.3"c'est trop cher" ! ou à l'inverse "cette gratuité ne m'inspire pas confiance"

4.1.1.3.1"C'est une technologie trop onéreuse pour ma PME"

Mais l'entreprise n'a en général aucune idée sur les coûts d'Internet, qui sont, nous l'avons vu à la portée même de très petites entreprises et, alors même que celui-ci est susceptible de générer immédiatement des économies considérables (télécommunications, courrier, …)

Mais psychologiquement l'image "haute technologie" est associée à "coûts élevés"


4.1.1.3.2À l'inverse la "gratuité" nous a plusieurs fois été présentée comme un facteur de blocage :

"les entreprises qui croient encore au Père Noël ne survivent généralement pas longtemps"

"aujourd'hui c'est gratuit probablement parce qu'il s'agit de flux marginaux qui utilisent les infrastructures existantes, mais si l'Internet se développe ces réseaux seront atteints d'apoplexie et ceux qui auront fait le pari Internet auront le choix entre la paralysie et le prix fort. Il serait beaucoup plus rassurant pour nous de payer un service à son juste prix : c'est à dire dont nous saurions qu'il permet à l'opérateur de financer normalement son exploitation et son développement"

"Nous avons la crainte que ce soit comme les "joints" dans les cités : au début on vous les offre mais quand vous vous êtes mis en situation de dépendance..."
4.1.1.3.3Le réel problème des coûts?

Un point mérite d'être approfondi : quel est l'équilibre économique permettant de financer le fonctionnement et le développement d'Internet notamment au niveau des opérateurs de télécommunication ?.

Remarquons d'entrée de jeu que la "gratuité" d'Internet est toute relative : les coûts sont certes de plusieurs ordres de grandeur inférieurs à ceux des structures tarifaires précédentes (notamment dans les réseaux à valeur ajoutée) mais ils sont néanmoins loin d'être nuls, comme l'ont rappelé les internautes au cours de 2 grèves ayant pour objectif d'arriver à une tarification forfaitaire.



Ce que payent aujourd'hui les utilisateurs assure-t-il globalement aux opérateurs une rémunération convenable?

De sources crédibles le prix de revient des communications transatlantiques serait de 10 à 20 F/heure et celui des raccordements à Internet par liaison permanentes 200 à 400 F/mois (aujourd'hui facturé 10 000 F/mois). Ceci est corroboré par les dernières prévisions tarifaires des nouveaux entrants: 5 à 10 cents la minute

Par ailleurs les écarts entre la tarification de services dans différents pays (France / USA) dont rien ne permet de croire que le prix de revient diffère sensiblement, conduit à penser que, comme dans le système bancaire, la surtarification de certains services compense la gratuité des autres (ainsi que les surcoûts de structures qui n'étaient pas confrontées à la concurrence internationale ce qui avait pu les conduire à un certain embonpoint)

Cette situation peut permettre un équilibre financier global mais ne conduit pas forcément les acteurs concernés à un comportement optimal notamment en terme d'investissement

Heureusement l'ouverture progressive de la concurrence permet déjà d'observer une très rapide remise en ordre des prix

Derrière cette question du prix, se cache en fait deux problèmes bien distincts

4.1.1.3.3.1Le prix des communications locales pour se raccorder au fournisseur d'accès internet: le forfait?

Sur ce plan ce sont, après le Japon, les pays européens dans leur ensemble qui connaissent des prix élevés, tous les opérateurs historiques ayant peu ou prou suivi la même politique visant à reporter leurs marges de la partie exposée à la concurrence (la longue distance) vers la partie protégée (la boucle locale), qu'ils défendent bec et ongle (long blocage du dégroupage)

D'après l'ART Internet représentait en 1999 12% des communications locales en France avec une prévision de 50% d'ici 2002 www.art-telecom.fr )



Andy Grove, président fondateur d'Intel, estime que les internautes européens payent encore trois fois plus cher que leurs homologues américains leurs abonnements et leurs communications, (Le Monde du 18 novembre 1998)

"high telephone access charges will continue to retard the amount of time spent online for the foreseable future" Jupiter Communication www.jup.com/jupiter/press/releases/1999/0518a.htm

La pression des internautes (ADIM : www.citeweb.net/ADIM/accueil.htm Association Des Internautes Mécontents) a conduit à imaginer une tarification spéciale pour ce type de communication locale se rapprochant du forfait américain : de nombreuses initiatives commerciales des nouveaux entrants marquent de substantiels progrès (encore que de nombreuses promesses s'avèrent ne pouvoir être tenues devant le rush qu'elles déclanchent)



Il est d'ailleurs symptomatique de noter que les protestations des internautes de base ont été beaucoup plus vives que celle des PME, alors que l'enjeu pour ces dernières était beaucoup plus important (il faut dire que beaucoup de CCI, même les plus grosses, avaient "sous-traité à l'opérateur historique le soin de "sensibiliser" les PME à internet …ce qui permettait d'éviter de focaliser sur les bonnes questions): ceci illustre le faible niveau de prise de conscience de nos PME sur les enjeux (comme nous avons pu le constater régulièrement dans nos nombreuses visites de terrain

Cette question ne pourra sans doute pas trouver de réponse satisfaisante avant le "dégroupage de la boucle locale", c'est à dire la fin du monopole de fait de l'opérateur historique sur l'accès au client final


4.1.1.3.3.2Un coût prohibitif des lignes louées nécessaires pour héberger un serveur ou raccorder une entreprise

L'Association Européenne des Fournisseurs de services Internet (EuropISPA www.euroispa.org ) soulignait fin 1998 qu'un provider britannique acquittait 4.000$/mois pour une liaison à 2 Mbit/s quand, pour ce prix un américain disposait d'une 45 Mbit/s!

Sébastien Socchard, pdg de Worldnet, s'étonne dans Netsurf de payer le Megabyte de bande passante 40.000F contre 7.000F outre-atlantique

Ces coûts anormalement élevés conduisent les fournisseurs d'accès à sous-dimensionner leurs installations et réduit leurs capacités d'investissement, les mettant en situation d'infériorité dans la compétition internationale

L'ADSL, que nous verrons plus loin voir page141, qui apporte à la fois la large bande et un vrai forfait (200 à 300F/mois) ou le câble (et peut-être le réseau électrique ou la boucle radio) semblent être la véritable réponse: encore faudrait-il que leur déploiement se fasse rapidement, et pas seulement dans les zones privilégiées comme beaucoup le craignent

Le problème se pose surtout de façon aiguë pour les lignes louées, aujourd'hui indispensables pour héberger un serveur

"On ne pourra pas indéfiniment payer 5 à 10 fois plus cher qu'aux Etats Unis, nous réfléchissons sérieusement à l'opportunité d'un hébergement outre atlantique" déclare Frédéric Filloux directeur des éditions électroniques de libération (Netsurf dec 97)

Seal's, hébergeur français de sites de commerce électronique a conservé son siège en France mais il a installé son centre technique pour l'hébergement à Phoenix (US) pour des questions de prix et de bande passante

Quant à Ubisoft il a installé pour les mêmes raisons ses serveurs de jeux en ligne sur le continent américain

Ce mouvement de délocalisation est encore accru par le fait que les liaisons transatlantiques sont de meilleure qualité et moins onéreuses que les liaisons intraeuropéennes (1M$ par an pour 45 mégabit/s sur Londres New York, alors que pour le même prix la liaison Paris Madrid n'offre qu'un débit de 8 mégabit/s – source : Philips Tarifica Ltd

L'Ocde dans ses tableaux comparatif fait ressortir un coût au km 27,5 fois plus élevé pour Paris Bruxelles par rapport à New York Los Angeles www.oecd.org

"il existe des écarts gigantesques et injustifiables au sein de lUnion par rapport aux Etats Unis" DG XIII oct 99

Notons par exemple que Echo, filiale de France Télécom, qui réalise le moteur "voilà" a installé ses ordinateurs serveurs à Jersey City (New York) pour assurer une connectivité plus directe avec les différents pays d'Europe!!. un site miroir a été installé à Montréal (Le Monde 20 janvier 1999)

Pour sa part IDT évalue le prix de revient d' une communication transatlantique à 0,25 F par minute.

En Californie Pacific Bell propose un abonnement forfaitaire à 15 dollars par mois pour une ligne de téléphone classique connectée 24 h/24 (Michel Ktitareff)

L' entreprise Finkl à Chicago nous a indiqué en 1997 payer pour une T1 (1,5 Mégabit/s) 1500$/mois et le prix affiché à l'Internet Fall de New York en novembre 1998 était de 999$. C'etait le prix en France d'une liaison à 64 kbit/s

Voir également www.sims.berkeley.edu/resources/infoecon/Pricing.html qui rassemble des informations très riches sur la question des tarifications

Phillips Tarifica ( "leased line market in Europe" 1998 (incumbant Princing) indique dans son étude de 98 que pour la location d'un demi-circuit E 1 les tarifs en France sont 16 fois plus élevés qu'aux USA (les écarts sont bien moindres avec les autres pays européens : 50 % de plus que la Hollande mais bien moins chers qu'en Italie).

Les coûts facturés par notre Opérateur Historique ont baissé de 70% en 1999, mais restent encore notoirement trop élevés


4.1.1.3.3.3Une substantielle baisse des prix amorcée depuis 1998

En 1998 le développement de la concurrence, associé à un rythme soutenu de progrès technologique et d’augmentation des volumes a entraîné une substantielle baisse des prix, surtout bien entendu à l’International (Source NUS):

 pour l'international: Etats Unis –56 %, Allemagne -55%, Hollande –54 %, Suède –49 %, Italie –23 %, France –19 %, Belgique –6 %

 pour les communications nationales, là où la concurrence était moins vive, la baisse était moins forte : Allemagne –64 %, USA –37 %, France –10 %

 pour les communications locales l'absence de concurrence conduit aux résultats que l'on pouvait prévoir. L'émergence de la téléphonie IP qui contourne cet obstacle et le dégroupage de la boucle locale devrait conduire à une évolution substantielle en 2001

 pour les lignes louées les prix ont baissé de 70% en France en 1999

C'est en Allemagne, marché considéré comme l'enjeu majeur dans la bataille que livre les nouveaux opérateurs (pas moins de 155 licences ont été accordées en 1998 et 51 opérateurs étaient déjà actifs au 31 décembre 98) que la pression de la concurrence a été la plus vive, faisant perdre 30% de part de marché en un an à Deutsche Telekom

"la première année de concurrence fut passionnante, excitante et souvent aussi mouvementée. Elle nous a amené à faire plus rapidement des baisses prévues depuis longtemps" commentait Ron Sommer, président de l'entreprise qui avait du accepter des baisses allant jusqu'à 70% sur les liaisons longue distance en avril 1999

Le 12 novembre, il a du annoncer une nouvelle baisse allant jusqu'à 63%, suivi immédiatement le 8 décembre par Mannesmann (jusqu'à –54%) et le 14 décembre par O.tel.o (jusqu'à 61% ). Les analystes prévoient encore une baisse de 20% d'ici la fin de l'année 1999.

Le premier trimestre 1999 a connu pour la première fois une baisse de 7% du chiffre d'affaire et le premier semestre 2000 a vu, hors éléments exceptionnels une baisse de 28% du bénéfice et le titre a perdu 58% depuis son plus haut niveau.

Ces chiffres semblent montrer que la marge de baisse est encore substantielle là où la concurrence lui permettra de se concrétiser

L'an 2000 a vu la pousuite du mouvement avec un éclatement de l'offre tariffaire qui se traduit par d'innombrables options destinées au moins pour partie à rendre les comparaisons de prix plus complexe afin de tenter de freiner la pression à la baisse

le rapport Abramatic mission-dti.inria.fr/index.html souligne que pour le transport les coûts ont été divisés par 10 entre 1998 et 2000 et qu'ils vont continuer à baisser de moitié tous les semestres, tandis que la capacité fait plus que doubler dans le même temps



Il est regrettable qu'il n'existe actuellement en Europe qu'aussi peu de centres de recherche capables d'analyser de façon indépendante les modèles économiques dans ces domaines

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