7.1.1.151999: la rupture du contrat moral entre ingénieurs et Grandes Entreprises
Jusqu'à une période récente, dans notre pays, les ingénieurs,, "officiers de la guerre économique" (Bernard Esambert), avaient autant le sentiment de se battre pour leur pays en travaillant dans une grande entreprise, "champion national", que directement dans l'administration (avec d'ailleurs de nombreux passages de l'une à l'autre, le défi de la compétitivité étant "porté" par l'Etat, actionnaire des entreprises clé de l'économie. il est d'ailleurs symptomatique que les plus grandes des Grandes Ecoles soient des institutions fondées à l'origine pour former les fonctionnaires de l'Etat: X, ENA, Ulm, Mines, Ponts, Télécom, Gref,…)
En contrepartie le cadre bénéficiait d'une forte solidarité de son entreprise, notamment en matière d'emploi et de statut social (lié en partie à l'organisation très hiérarchique, quasi-militaire, voire "royale" de nos grandes entreprises où il est souvent plus important de faire plaisir au chef qu'au client. N'oublions pas que le terme de "barons", défenseur des marches du royaume, pour décrire un haut dirigeant d'un Grand Groupe n'a disparu que récemment)
Aujourd'hui, les restructurations majeures et permanentes des "World Companies" avec leurs charrettes de cadres qui, parfois, avaient sacrifié , durant des décennies,l eur vie familiale à l'entreprise ajouté au fait que le bénéficiaire ultime de leurs effort soit souvent un fonds de pension de retraités américains ou des capitaux flottants internationaux d'origine parfois floue, a considérablement fait baisser "l'affectio sociatis".
L'embauche de conseillers psychologiques pour aider les cadres à vider leur bureau, toucher leur chèque et rejoindre leur voiture sur le parking (Apple) n'adoucit que peu le traumatisme
En France les nombreux contacts que nous entretenons avec les élèves des Grandes Ecoles montrent la "rupture du contrat moral entre les grandes entreprises et leurs cadres" (Bernard Corneau VP chase Manhattan Bank):
En particulier les jeunes qui ont vu leurs parents brisés au moment ou eux-mêmes terminaient leurs études, ont profondément changé leur vision du monde professionnel et la participation à la création d'entreprise devient un objectif pour beaucoup d'entre eux plus séduisant que la Grande Entreprise (au moins ils savent pour qui ils travaillent)
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