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Contre le français jacobin, colonisateur



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Contre le français jacobin, colonisateur
Claude Duneton n’a cessé de « remettre à sa place » le français standard, le soi-disant français, en rappelant son origine géographique limitée, sa prédominance historiquement très récente et son caractère social très marqué.

Le français est la langue d’Ile-de-France, comme on s’en convainc en lisant dans la Préface du Petit Robert que la transcription phonétique des mots y est conforme à celle de la bourgeoisie d’Ile-de-France. Paris n’est pas la France. La France a été jusqu’à une époque récente la France des régions, où on ne parlait pas massivement le français.

La prédominance du français, d’origine historique et donc accidentelle (les aléas des luttes entre seigneurs pour la royauté et le prétexte de la lutte contre les hérésies cathares et albigeoises pour mettre au pas le Sud de la France), est si récente que jusqu’au début du XXe siècle, de 10 à 20% seulement des Français parlaient ce français. « La langue française n’est pas véritablement la langue des Français. » (La mort du français, 27)

Claude Duneton souhaite rappeler ces données afin d’établir la réalité de l’usage de la langue française et de souligner sa nature élitiste, socialement très marquée. La langue du peuple étant très différente de cette ancienne langue royale, le français est très clivant : il oblige à des choix qui manifestent telle ou telle appartenance sociale.

Les manuels de français ne s’en sont pas toujours rendu compte, qui demandent de trouver la version soutenue (en fait, implicitement, la version « correcte », la traduction noble) de certaines tournures familières comme « casser la croûte », expression populaire diabolisée. La traduction est tout bonnement impossible, puisque la différence entre « prendre une petite collation » et « casser la croûte » n’est pas une différence de registre, mais bel et bien de référent socialement identifiable (Parler croquant, 166).

Duneton est bien ici l’occitan qui proteste contre l’éradication de sa langue par les instituteurs de la République française. Il aurait pu être un défenseur passionné et exclusif de l’occitan quelques décennies plus tôt. Et, de fait, il a fait figurer des textes en occitan dans son anti-manuel de français. On sent, dans un épisode comme celui du « gode » (petite étendue d’eau, supérieure à la flaque, mais nettement inférieure à l’étang, et intraduisible en français) à quel point il a senti l’imposition du français comme une injustice et une absurdité, un acte d’autoritarisme bête : l’élève


apprenait à avoir honte, il apprenait le français. Et pourtant le gode, avec sa glace peu sûre, sa boue séchée autour, le vent d’hiver sur la gelée blanche (la brada), le gode, ce n’était pas l’étang ! Il avait glissé sur le gode, il n’avait pas glissé sur l’étang ! J’en suis sûr : j’y étais ! 

(Parler croquant, 209-210)


Mais Claude Duneton (il nous explique dans le même livre cette particularité : 11-12) a été en réalité, par hasard (suite à un séjour en hôpital à Paris), très tôt en contact avec la langue française, qui est devenue sa seconde (il dit même sa première) langue maternelle. Et son combat s’est situé finalement à l’intérieur du français plutôt que pour ses langues régionales.


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