Documents de l’educateur 172-173-174 Supplément au n°10 du 15 mars 1983 ah ! Vous ecrivez ensemble ! Prat ique d’une écriture collective Théor


Lacryma : larme Lacryma Christi



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Lacryma : larme

Lacryma Christi : vin d’Italie que nous avons bu récemment dans une fête de famille.

Lacédémone : ville grecque où un héroïque enfant s'était laissé manger le ventre par un renard volé.

La crémone : mot favori d'un pion qui nous détestait mon frère et moi, quand nous étions enfants.

Crémone : ville d’Italie où on fabriquait des violons. Et peut-être celui sur lequel jouait Mozart, l'héroïque enfant.

La sacrée Simone : peut-être une fille pour laquelle j'aurais eu des désirs refoulés.

La Simonie : la vente d'indulgences dont j'aurais certainement besoin.
Je pourrais continuer dans cette voie. Mais il ne faut pas se faire d'illusion : il faut se lever de très bonne heure pour mettre le doigt sur la bonne explication. Et ce n'est souvent qu'une explication provisoire. L'inconscient, ça ne se déchiffre pas comme ça. Cependant, quand il cherche à se donner du plaisir, souvent il nous en donne. N'est-ce pas l'essentiel ?
Cependant, en la circonstance, j'incline très fortement à penser que c'est bien de l'acrimonie qu'il s'agit. Mon rêve de ce matin m'en fournit une forte présomption. C'était un rêve agité, rempli de tensions, de luttes au cours desquelles j'étais très agressé verbalement. Il s'est terminé par l'exclamation de quelqu'un :
« Il y a de la crinoline et Paul ne fait pas ce qu'il faut ».
A mon réveil, j'ai essayé de déchiffrer ce rêve comme je m'amuse à le faire souvent, sans beaucoup de succès d'ailleurs. Mais je n'ai rien trouvé. Et c'est précisément par ce mot crinoline qu'a débuté ma vraie troisième série ! C'est bien vrai que je ne fais pas ce qu'il faut : je me tais, je laisse faire, je n'agis pas, je n'aide pas ceux qui voudraient lutter pour empêcher qu'elle ne s'installe, l'acrimonie. Et certainement, ça ne doit pas me donner bonne conscience.
Mais ce n'est peut être pas non plus par hasard que j'écris ces derniers mots. J'ai peut-être, en ce moment, mauvaise conscience à parler ainsi de moi, de mes rêves, de mes mots-clés, de mes idées. Le moi n'est-il pas haissable ? Est-ce que je ne donne pas à mon propos une tournure trop personnelle ? Eh bien tant pis ! C'est un passage que l'on ne pourra éviter. A un moment ou à un autre, l'écriture collective débouchera nécessairement, non seulement sur une production personnelle, mais, également, sur des idées, des interrogations, des jouissances personnelles que l'on devra au groupe et que l'on paiera en retournant au groupe pour en multiplier encore plus les bénéfices. Alors j'ai bien fait de descendre à mon niveau si j'ai pu convaincre le lecteur que c'est intéressant d'écrire, que ce n'est pas rien, que c'est plus fondé qu'on ne le croît, que c'est une aventure qu'il faut vivre, que ça permet de déboucher sur des inconnus...
Evidemment, on pourrait encore nous dire que c'est regrettable de s'arrêter ainsi en chemin, que nous n'allons pas assez loin, que nous devrions chercher à comprendre ce que recouvre cette production de parole dans nos groupes...
Oh ! non, nous avons une telle perspective de plaisirs à découvrir que nous n'allons pas nous arrêter à ce qui nous est si difficilement accessible.
Je crois avoir déjà signalé à propos de l'acrostiche et de l'écriture automatique que, parmi les registres possibles, on peut avoir un registre principal. Le mien, celui qui me convient parfaitement, c'est la réécriture. Et maintenant, j'ai sur ma table de travail un poème qui n'avait que deux lignes au départ. Et je le réécris de temps en temps. Il a maintenant une quinzaine de pages. Cependant je ne peux pas me le dissimuler : des mots reviennent souvent : il y a des constantes. Peut-être irai-je les regarder un jour. Mais j'ai une certitude : j'ai un très grand plaisir à l'écrire : les mots montent des profondeurs et éclatent comme des bulles à la surface, dans un sentiment de libération, d'allègement, de détente, de mieux être inexprimable qui ne dépend nullement du sens que je pourrais leur accorder. « A dire ses mots parfois on s'en soulage ».
Tiens, à propos de réécriture, on pourrait penser à la réécriture tournante où l'on réécrirait la phrase du précédent en laissant venir des associations. Et ce serait curieux de faire « son » marché après cela, en relevant tout ce qu'on a écrit. Eh ! bien, si l'occasion s'en présente... Mais voici une lettre d'Annie.
- J'ai envie de dire comment, avec un peu de recul maintenant, je ressens tout ce qu'on a fait pendant ces séances « d'écrit ». Ca a été la découverte d'un domaine inconnu, de pouvoir jouer avec les mots, de s'enivrer avec.
Mais aussi cela sur deux ans. Ce n'est pas en six mois que j'aurais pu commencer à faire craquer ma carcasse protectrice. La peur des mots qui vont me révéler aux autres alors que je ne veux montrer que le côté que je trouve « bon » aux autres. Le jugement des autres et la crainte de se montrer telle quelle. Et puis, après, la découverte que les autres sont pareils, ont leurs problèmes, leurs angoisses, leurs folies. Et puis, une fois que les mots qui font peur sont écrits, réécrits encore et encore, voir que finalement, ils n'ont plus autant de pouvoir. Et puis alors, la sensation de liberté dans l'écriture et la jouissance des mots, l'invention.
Le mot que j'aimais beaucoup : « crusmiellé », il est toujours dans un petit coin. Et je me le dis parfois. Et ça m'émerveille toujours. Et puis et puis... surtout, je crois, le fait que tout est à découvrir, à inventer. C'est comme une porte ouverte, seulement entrebaillée pour le moment, mais qui ne demande qu'à s'ouvrir complètement. Et puis, non seulement, cette jouissance de l'esprit, mais aussi tout le bien que ça fait sur mon comportement, plus de sûreté de soi mais plus en profondeur. Après tout, chacun est ce qu'il est, Chacun a des tas de petits coins secrets à défricher. Et ça vaut le coup de tenter de les chercher plutôt que de rêver de ressembler à une image qui ne correspond pas plus profondément à ce que je suis.
J'ai essayé de jeter sur le papier mes impressions d'ensemble de l'apport que j'ai eu de l’I.U.T. En écrit sur tout d'ailleurs. Mais c'est toujours dur de figer des sentiments sur le papier (là je trouve que le mot restreint). C'est vraiment formidable toute cette expérience que j'ai faite. Et j'en ressens les conséquences dans tout mon comportement. Mais ce n'est pas tous les jours facile de se montrer comme on est. C'est pas grave, ça viendra. »
Annie.
Avant de poursuivre, je voudrais faire appel à un second témoignage : celui de Claude Nougaro (interview d'Ouest-France)
« Rien, chez moi n'est délibéré. Je suis finalement le premier témoin de ce qui se passe en moi. Et j'ai pour mission première d'être l'exécutant appliqué de certains événements qui naissent dans les fibres de mon esprit ou de mon muscle mental. Mais tout est le fruit d'un mûrissement intérieur, d'une réflexion, d'une tension, d'un désir sourd qui, peu à peu, font leur passage. »
« Je dois me débarrasser de mes germes. D'autres textes sont encore bloqués en moi. Je suis à l'intérieur de moi comme à l'intérieur d'un labyrinthe. Je marche à travers des parois, mais butte sur un mur. Je suis toujours prisonnier de quelque chose et il me faut limer un barreau pour retrouver un espace neuf. Il y a en moi, quelque part, quelque chose d'incarcéré qui demande à être libéré. »
« Il n'y a jamais d'état de paix entre les mots et moi. Je suis manipulé par des forces: il faut que je les exprime. .. Mais j'aime cette torture. »
Eh bien, il semble que nous ayons trouvé récemment le moyen de faciliter l'expression de ces forces dans un groupe qui se réunit hebdomadairement depuis plus d'un an. Voici à quel schéma général de séance nous nous maintenons actuellement (provisoirement ?)
A - Lecture d'un montage de textes. B - Technique de rire. C - Marché de poèmes. D - Marché de marché. E - Parole.
A Il s'agit d'un montage très court de quelques extraits de textes auxquels le groupe avait réagi lors de la séance précédente. Ça nous met tout de suite en forme.
B Plus que d'une technique de rire (il nous est simplement donné en prime), il s'agit d'une désarticulation, d'une réduction du langage à un assemblage hétéroclite de mots et de phonèmes.
Prenons la dernière en date :

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