Documents de l’educateur 172-173-174 Supplément au n°10 du 15 mars 1983 ah ! Vous ecrivez ensemble ! Prat ique d’une écriture collective Théor



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  • Icône
Paillasson bulgare : Foin au bulgare de l'autre

Cristal : Cri que lance un garçon d'écurie pour dire où on doit mettre le cheval.

Cheval : dire à ma mère.
On le voit : les à-peu-près les plus-loin, les très-loin même, les au-delà, les choses les plus tirées par l'écheveau, tout est bon qui surprend. Et encore, ceux-ci se tiennent à peu près convenablement. Mais parfois on s'esclaffe inexplicablement pour des trucs qui n'en valent vraiment pas la peine. Par exemple, voici une série minable :
Icône : C'est l'envers de ta cône !

Métropolitain : Le métro poli nous teint

Andouille : de balle en trou de balle

Circulation : circule dans une ville d’Israël.
Il faut que l'ambiance soit vraiment bonne pour que l'on puisse être amené à rire de ça !.
Les à-peu-près sont parfois si épouvantables que personne ne peut les saisir sans une laborieuse et comique explication. Mais cela n'a pas d'importance puisque celui qui les a commis a déjà souri intérieurement et, parfois même, extérieurement,
Le dérèglement des lettres est également très utilisé :
« Le Zinois n'aimait pas la Zine de Mao »
Là, il y a quelque chose de plus qui confine à une sorte de liberté de régresser. On se met dans la peau de celui qui ne peut encore prononcer correctement les phonèmes locaux. la preuve en est qu'un étranger qui s'essaie à la langue du pays a toujours un aspect enfantin. Cet infantilisme calculé repose du sérieux adulte. Il permet aussi de prendre une sorte de revanche. Car on a souffert avant de parvenir à parier « juste » quand on y est parvenu. Et on y a été fortement condamné sous peine de sanctions, moqueries, punitions... Aussi, cela nous procure un plaisir intense de faire des fautes de prononciation à volonté, on se trompe et, non seulement on ne s'en trouve pas sanctionné, mais on en est même gratifié. Quel progrès ! Avant, on ne pouvait pas, on n'était pas autorisé à... et on ne s'autorisait pas à... Maintenant, on peut !
A propos d'étrangers, on imite souvent - de loin - le langage des peuples qui n'ont pas nos phonèmes.
- Pourquoi êtes-vous en retard ?

- Pa que mi papa s'est pèdu dans la mède

- Où est le petit Didier ?

- Le bedit Titier, il est bardi jez lui

- Tommache, je foulais lui tire teux mots
Mais, on a facilement fait pire :
- Caca, pipi coucouil, voyou. Tola splach, chrisbar tin quane di chtroufouilli

- Y a pas que le Popo qu'à des Peltes.
Quel sentiment de liberté, n'importe quoi, vraiment n'importe quoi ! Quelle ivresse, quelle jouissance de pouvoir descendre si bas, tout au fond.
Mais on passe à d'autres dérèglements. Par exemple on parle breton en français :
- Si j'aurais su, je n'aurais pas été venu ici pour être malade.

- Je suis restée quinze jours couchée avec le docteur.
Ou bien, on mélange l'ordre des lettres comme le fait la Comtesse :
- Le train va tarpir. Attention au pédart.
On réinvente spontanément le verlan en inversant les syllabes
- Comme un vol de faugert hors du nièchar talna.
On le voit, tout est vraiment permis, c'est le délire total, c'est la folie.
Je conçois très bien que le lecteur puisse s'en agacer. Ça paraît tellement facile, gratuit, infantile. Et puis, personne n'a vraiment été formé à accepter ce genre de fantaisie. Heureusement, nous ne restons pas longtemps à ce niveau parce que c'est un dérèglement trop mécanique, trop superficiel. Et un délire profond est nettement plus intéressant. Mais il faut permettre aux choses de se construire et les laisser aller jusqu'à leur aboutissement. Les voies de l'expression profonde sont impénétrables. Qui aurait pu penser, par exemple, à ce qui va suivre.
Un jour, nous n'étions pas très en forme ; personne n'avait d'idées. L'un de nous a dit :
- Et si on essayait d'écrire les choses les plus stupides possible.
Alors, on est parti. Et, une fois de plus, on a constaté qu'il suffit de partir. Même de plusieurs degrés au-dessous de zéro. On débouche toujours sur quelque chose d'intéressant. Mais, pour partir bas, ça oui, on partait bas.
CHARADE
Mon premier est la femelle de ton

Mon second est un animal veuf du mâle de mon premier

Mon troisième est un cri d'animal

Mon quatrième est borné sans but

Mon tout est comme cette charade.
Premier = ta

Second = raton, veuf du ton = ra

Troisième = cot, cot = bis cotte.

Quatrième = borné = butté sans but = té.

Mon tout = tarabiscoté.
Le malheur, c'est qu'Alain était spécialiste de ce genre de charade. Il affectionnait celles du genre :
Premier = instrument d'éclairage

Second = instrument de cuisine



Tout = homme célèbre. (Lampe au néon, Pelle à tarte).
En voici une autre de sa veine
« Mon tout est le département d'un petit homme qui a perdu sa poule anglaise : Main-Hen = Ain».
La supériorité d'Alain était évidente. Elle nous a tous bloqués dans un premier temps. Bien fait ! Ça nous apprendra à autoriser les productions individuelles. Mais, par chance, nous avons pensé au correctif, c'est-à-dire au collectif. Chacun démarrait par un premier qu'il ne révélait pas. Le suivant inventait un second d'après ce qu'il avait cru comprendre du premier, etc. Quels rires lors de l'explication finale. Qui aurait pensé que les autres auraient pu aller aussi loin dans le non sense ?
Évidemment, tout cela vole plutôt bas. Mais la fiente de l'esprit peut améliorer le terreau du jardin d'agrément. Et puis, on a besoin aussi de marcher très près de la vie ordinaire, à ras de terre ; ça prépare l'envoi. En fait, on se fatigue assez vite des charades. Il faut trop se tournicoter l'esprit. Cette masturbation intellectuelle se trouve à l'opposé de la décompression, du relâchement. Il faut simplement savoir qu'on peut aussi se détendre vis-à-vis de la logique. Et puis, ce n'est pas si stupide que cela : Freud n'a-t-il pas parlé du mot d'esprit et de ses rapports avec l'inconscient ? Et ce jeu sur les mots est peut-être un pattern de conduite spécifiquement français. A ce propos, j'avais été frappé par le récit suivant d'un rescapé des camps de la mort :
« Quelqu'un s'était évadé du camp. Il avait un nom un peu spécial, mettons : Maire. En attendant qu'il soit repris, les déportés avaient été condamnés à rester debout sur la place d'appel. Il faisait très froid. C'était une terrible punition. Les Russes étaient sombres, en sourde révolte. Les Anglais étaient distants, ailleurs. Mais le groupe des Français était secoué de rires. Ils faisaient des astuces : Il s'est bien dé Maire dé, il est parti en A-Maire-ique, il en avait Maire,... ».
Pour que de tels comportements résistent à des conditions aussi atroces, il faut vraiment que ce soit bien chevillé au corps. C'est peut-être une défense, un moyen de faire face aux circonstances par la dérision. Ça a vraiment de l'importance. Il ne faut pas mésestimer cet outil de survie. Aussi, on n'a pas à être indulgent, ni par devoir, ni par gentillesse. On a à liberté, égalité, fraternité d'accepter toute forme d'expressions à l'égal des autres. En sachant d'ailleurs que si on continue à aller de l'avant on n'en restera pas là. Mais aussi, qu'on pourra, librement, y revenir.
Voici quelques textes coffrets à l'accueil du lecteur
« Comment sabbat ? - Ça botte et toile à sommier ? - Savate rapiécée – Ah ! bon je suis content pour toi. »
« Qu'ouis-je ? Qu'entends-je ? Que fais-je ? Que fris-je ? Qu'enterre-je ? Qu'espère-je ? Qu'interrogè-je ? Que perceneige ? Qui bourre-je ? De quoi joue-je ? Chez qui cours-je ? Qui secours-je ? Sur qui discours-je ? ».
Tous les légumes seraient de la fête : les petits pois roublards - on a toujours besoin d'eau - les poireaux dégingandés avec une barbe de trois jours, les carottes timides et rougissantes, les tomates enceintes de trois mois, les céleris scélérats sur les bords, les choux-fleurs qui viennent de chez le coiffeur, les choux-frisés naturellement, les pamplemousses pimpantes et douces et le chaton à charmille qui se chatouille en saison sèche sous les chansons soyeuses des sirupeux séringas et les artichauts au coeur et les censettes à papa et les longues bananes si juteuses, si juteuses… »
Voici maintenant, une série de textes écrits dans la même soirée. Ils démontrent que si, au départ, il arrive qu'on se traîne à terre, il arrive aussi quelquefois que l'on se redresse.

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