Documents de l’educateur 172-173-174 Supplément au n°10 du 15 mars 1983 ah ! Vous ecrivez ensemble ! Prat ique d’une écriture collective Théor



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Substitution de lettres, de mots

d'expression
1) La gym astique - L'abysse à cliquette - Les pendeurs de fumiers - Et patati et pétris pas ta tarte - Le porc salue l'escadre - Dix pur-sang de TVA.
2) Baiser à nouilles rabattues - La majuscule émascule le minus - Un mince sana incorpore l'anus - Une de pondue, dix de couvées - Tel père, tel déficit - C'est au pied du mur qu'on voit le caleçon - Comme on fait son guili on se touche - INRI, plus maintenant.
3 ) Une de perdue, une dixième qui n'a pas encore voulu de moi - Comme on fait son délit, on se fait enfermer sa jeunesse - Tel père, telle névrose poursuivie - C'est au pied du mur qu'il faut rassembler ses faibles forces pour s'évader - Mettre un enfant au coin... de ses rêves - Se glisser comme une ombre dans sa propre lumière - Pousser les mémères dans les hospices - INRI ra plus jamais.
Le sexe
C'est ce qui suit immédiatement le flirt avec le tabou de la folie ; dès que la parole s'est un peu libérée. Et ce n'est pas surprenant puisque c'est aussi ce qui a été très fortement réprimé dans l'enfance.
En fait, le sexe est apparu dès le début. Mais on ne s'en est pas aperçu parce qu'il s'est contenté de se manifester sous forme allusive ou symbolique... A défaut.
« Il y a longtemps que la sexualité cligne de l'oeil sous les jeux de mots, les fantaisies du regard, les résonances, les homophonies » (VANEIGEM, Le livre des Plaisirs).
Mais, chez nous, il se montre assez rapidement sous son vrai jour, en pleine lumière. Il suffit que quelqu'un fasse un premier pas pour qu'il y ait aussitôt surenchère. Et l'on arrive très vite à appeler une chatte une chatte.
Mais curieusement, on retourne très vite au voilement, car c'est beaucoup plus intéressant. C'est comme s'il fallait habiller le sexe de mots pour le rendre présentable et charmant.
«  Mère noire où plonge et replonge un sexe à mesure que la pompe s'amorce et se désamorce. Faire l'amour, c'est brancher le régulateur sur le tensiomètre. Et le gagnant doit faire péter l'appareil. Mais comme les appareils sont réglés pour ne pas péter, y a jamais de gagnant. Et les mecs se retrouvent comme des cons devant les nanas ; eux qui voulaient tellement les épater. Heureusement, qu'elles sont bonne pâte ! ».
Le plaisir du sexe, c'est aussi de tourner autour. Il y a beaucoup à prendre dans les allusions. C'est que l'on s'est nourri, très tôt, de fantasmes. Et on n'en finit pas d'essayer d'en épuiser les jouissances. Il y a beaucoup de degrés dans la sexualité et le premier degré c'est celui des mots. Au début, comme dans la vie quotidienne, la moindre possibilité d'interprétation délictueuse déchaîne des rires homériques. Et cela dure longtemps. Et puis, ça évolue comme dans l'histoire tournante suivante (8 auteurs).
« Je me promène entre les mailles de mon pull. C'est dur, dur, dur. C'est plein de couleurs et de fibres, de cheveux tricotés au hasard. J'arrive soudain à un changement brusque de couleurs. Je passe au marron. Un gros morceau de cuir, d'abord, puis du tissu plus fin, gris marron. Je sens de fortes odeurs de fauves, comme dans les ménageries. Ça sent la petite fille qui se néglige. Je m'aventure encore un peu et là, horreur ! J'ouvre les yeux, les narines, les doigts de pied, la bouche et je vois, je n'ose encore y croire, c'est là, devant moi monstrueux, visqueux, tout un tas de laine noire qui est tapie dans un coin. Pourtant je n'en ai pas. C'est quelque chose qui a pris la forme de la laine noire alors ? Je m'avance prudemment vers cette masse informe. Ce sont des poils de femme. Je m'avance, ça craquète, ça crispaille. Je rampe, je me faufile dans ce matelas de crin. C'est chaud. Jy resterai bien. Mais quelqu'un vient en chercher pour en faire du cordonnet à monocle. Cet intrus a une tête de sagouin mal embouché. Y veut prendre des poignées de la laine. Mais elle résiste. Et soudain, la main du sagouin disparaît. Elle disparaît dans un gant. Et dans cette forêt douce et tendre, elle pénètre profondément. Des soubresauts ponctuent sa pénétration. Elle revient en arrière, rentre à nouveau. La main et la laine se confondent alors. Les doigts s'entrelacent entre les mailles mouvantes et douces, cachées et prenantes. La main se perd, se perd. Où est-elle rendue ? Elle a perdu la boussole, la main. Elle est perdue. Les mailles du filet de laine se referment. La main affolée cherche désespérément une sortie. Elle voit une pancarte « braguette ». Elle s'y précipite, traverse des marécages chauds et doux. Ah ! quelle est loin la douce et ensorcelante mais dangereuse laine. Enfin voici le ciel l'air pur. Le voyage est terminé. Mais on le refera ! ».
S'il faut en croire Michel Foucault, le plaisir de la parole sexuelle, c'est le pouvoir que l'on prend sur l'autre quand on le pousse à parler de son activité sexuelle. Et on reçoit en même temps et en prime, une forte éclaboussure de ce plaisir. Inversement, celui qui est poussé à parler de son plaisir a ce pouvoir de se montrer, ou de scandaliser, ou de résister à l'interrogation qu'on lui adresse. Dans un groupe où l'on peut être à la fois parleur de plaisir et sollicitateur de parole, il peut s'installer un jeu dont on ne saurait se lasser, un jeu d'émois et des autres, un jeu subtil et inépuisable.

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