Gaston Bardet


VERS UNE PSYCHOSYNTHESE UNIVERSELLE



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VERS UNE PSYCHOSYNTHESE UNIVERSELLE.


La psychanalyse remonte péniblement des bas-fonds. De l'inconscient personnel de Freud, réceptable d'ordures « re­foulées » qui s'est substitué aux instincts à « réfréner » 361, nous avons vu Jung, le non-initié, arriver à la notion « d'in­conscient collectif ». Certes, il n'y a pas plus « d'inconscient collectif » jungien que de conscience collective durkheimien­ne 362 - laquelle est une « naturalisation » de la Commu­nion des saints. Tout cela repose, implicitement ou non, sur les hypothèses du Transformisme et Jung, qui le sent bien, s'en méfie 363. Il y a une mémoire propre à l'espèce humaine, autrement dit, la structure symbolique de l'imagination est la même chez tous les hommes, comme elle est la même chez tous les chiens, toutes les abeilles, toutes les fourmis. Seule­ment chez l'homme, cette structure de l'imagination en la mémoire d'appui est théomorphique ; l'homme exprime toutes les possibilités de la structure divine, et c'est bien pourquoi le Verbe a pu devenir le nouvel Adam, sans rien perdre de sa Divinité. Ce qui correspond aux qualités de hauteur, longueur, largeur, profondeur en l'Esprit de Dieu, se traduit par les qualités spatiales de la hauteur, de la longueur, de la largeur et de la profondeur dans la symbolique incarnée de l'imagina­tion humaine.

Il est bouffon de lire que « l'investigation freudienne n'a pas eu de peine à déceler, d'abord, dans la maison, une repré­sentation du corps humain ». Cela ne peut être que parce que le Verbe (de toute éternité) a dit : « Détruisez ce Temple, et je le rebâtirai en trois jours » et saint Paul de s'étonner : « Ne savez-vous pas que vos corps sont le Temple du Saint­ Esprit » ? (1 Cor. VI.19).

Il est instructif de comparer la méthode jungienne avec la freudienne. Pour Freud, les problèmes fondamentaux se si­tuent dans l'enfance. Il a bâti une psychologie infantile en termes d'adulte parce qu'il est, lui-même, resté (moralement) infantile et a prolongé chez l'adulte les conditions de sommeil irresponsable de l'enfant 364. L'école anglaise renchérira, jusqu'à l'absurde, jusqu'au fœtus 365, parce qu'elle part d'un présupposé transformiste implacable.

Jung, partant des faits, observe que « les dépressions augmentent beaucoup chez les hommes aux envi­rons de la quarantaine ; chez les femmes, les troubles névrotiques commencent ordinairement beaucoup plus tôt. Durant cette phase de vie, entre trente-cinq et quarante ans, une profonde modifica­tion se prépare ».

Eh oui, c'est le midi de la vie, c'est le moment où la créature est bien forcée de s'apercevoir qu'elle est mortelle, qu'elle n'a plus qu'à redescendre la courbe ; c'est le moment où le problème métaphysique se pose - implicitement ou non. Tandis que chez les jeunes de Freud, il s'agissait, au contraire d'affirmer leur personnalité, leur pseudo-virilité...

La méthode freudienne est vraiment une psycho-analyse, le sujet est mis, en quelques années, « en pièces détachées ». Ce qui faisait l'unité, déjà fissurée de l'individu, n'est plus. Si certaines personnes sont vraiment débarrassées de leurs symptômes « elles trouvent la vie décolorée et ne savent que faire d'elles-mê­mes, leurs nœuds complexuels avaient du moins, au prix certes de la névrose, donné formes à leurs aspirations et à leur existence désormais, l'énergie est bien théoriquement disponible, mais elle demeure comme stagnante, faute d'une liaison entre les parties et d'une orientation de l'ensemble. Et d'autre part, nous concevons que certaines personnes analysées par les adeptes de Jung, si elles sont assez contentes d'elles-mêmes, contentent moins leur entou­rage et que les mauvaises langues puissent se demander, à leur sujet, si elles sont vraiment analysées » 366.

Il y a donc échecs des deux côtés, mais fort différents. La personne est désagrégée, d'une désagrégation qui augmentera avec l'âge chez Freud. La méthode Jungienne essaie d'être une psycho-synthèse ; elle redonne aux personnes, sur le dé­clin de la vie, une certaine unité métaphysique. Nous som­mes certes remontés du pansexualisme à une métaphysique ; mais cette métaphysique reste une mythologie païenne, un ersatz de métaphysique, un ersatz de religion vraie, qui est re-concentration sur des mythes, mais non contact créateur, régénérateur avec le Dieu vivant.

Puisque nous sommes dans l'occultisme jusqu'au cou, ou­vrons donc un Papus 367, reproduit par Sevânanda.

« Choisis toi-même qui tu veux être », et trois figures sym­boliques nous sont offertes. Au choix :

- un porc, surmonté d'un singe, dont les impulsions infé­rieures sont d'un sanglier, le mental d'un perroquet - l'en­dormi.

- un bœuf surmonté d'un homme, dont l'âme inférieure est d'un lion, le mental d'un aigle - l'inquiet.

- un cheval [psychopompe] surmonté d'un ange, dont l'âme inférieure (!) est un chien paisible, et dont l'esprit est symbolisé par une colombe 368 - l'éveillé.

Rien n'est plus frappant, le bouc Freud a choisi le plus bas registre possible, celui qu'il pouvait appréhender par con­naturalité, celui du singe transformé 369. Jung, d'un autre niveau moral, est arrivé à l'homme, mais à l'homme naturel, le païen qui privé de la Révélation se raccroche, comme il peut, à des mythes. Reste donc à faire une psychosynthèse de l'homme chrétien, de l'homme ayant reçu le baptême, les dons du Saint-Esprit, l'Eucharistie, de l'homme qui ne se re­groupe pas sur des mythes, mais qui tire son unité du Père commun.

Jung devra bien arriver, un jour, à découvrir que tous ses mythes ne sont que des pré-figurations d'une réalité vécue, et même que (dans bien des cas) ils sont des déviations démoniaques ; ce n'est pas par hasard, si le système du monde jungien apparaît comme une « démonologie ». Mais il manque à Jung de savoir que le Serpent n'est pas ambivalent ; que la « Grande Mère » providentielle n'est qu'une caricature de la Vierge Marie ; que la Vierge Mère n'est pas un archétype personnifiant « une puissance vitale qui du fond de l'incon­scient entend être prise au sérieux, et s'applique à se mettre en valeur d'une manière surprenante » mais qu'il s'agit d'une jeune vierge de Nazareth appelée Marie, dont la mère s'ap­pelait Anne, le père Joachim, qui a fait un mariage blanc avec son cousin, un beau et viril charpentier nommé Joseph, de la race de David comme elle, et ceci se passait sous le règne de César Auguste ; de savoir encore que le 3 et le 4 ne sont, en alchimie, qu'un pâle reflet de la Trinité, laquelle est parfaite en ses opérations ad intra, mais, par amour, ad extra couronne Marie, pour unir définitivement la pure créa­ture au Créateur...

Tous nos symbolistes pataugent littéralement dans les symboles 370 parce que ceux-ci sont échelonnés sur diffé­rents niveaux et qu'on ne peut les hiérarchiser qu'en partant du haut : c'est le Père céleste qui explique le « Vieux Sage » jungien, puis le « père castrateur » du bouc freudien... et il n'y a pas « au-dessus » de déité à la Baruzzi !

Il n'y a pas à faire de transfert négatif sur le Père, comme Adam ; à rejeter sur le Père cet objet désirable « que Tu as placé près de moi... » ; pas de transfert sur l'autre, même mé­decin payé pour cela 371. Il faut accepter sa responsabilité, car seule l'acceptation du péché déclenche la miséricorde dans la loi d'amour. Nous ne cesserons de le répéter, rien n'est plus aisé que l'ascension du Carmel, l'obtention des plus grandes grâces mystiques, il suffit simplement de s'accepter tel qu'on est, de s'accepter totalement, c'est-à-dire non seulement un zéro, en acte, mais une puissance de mal infini. La sainteté n'a jamais été autre chose, non point le regret de fautes, mais la totale conscience de son inexistence absolue, et de sa malice infinie. Ce pouvoir de malice en acte, infinie par refus de l'Amour infini, n'étant dissous que par la conformité à l'Agneau crucifié.

Reste donc à faire une psychosynthèse et une psychosyn­thèse catholique, donc universelle. Elle devra utiliser une méthode catholique et une doctrine catholique. Une méthode qui respecte « la loi d'intégrité et de pureté personnelle », qui ne dissocie, ni ne salisse ; une via negativa comme nous l'a­vons esquissée ; une méthode discrète qui s'adresse aux as­pirations les plus élevées de la conscience. Quant à la doctrine, il suffira de purger les esprits de toute cette mythologie em­poisonnée qui a été installée en Occident depuis la Renais­sance, et de montrer que ces masques, ces « persona » ca­chent - non les instincts - mais les véritables figures de Dieu et des trois mondes angélique, terrestre et démoniaque.

Oui, les constantes de l'imagination, les « archétypes » sont bien « comme des lits de rivière que l'onde a délaissés, mais, qu'elle peut irriguer à nouveau » ; ce sont bien les mythes païens qui ont été, criminellement, ré-introduits par les dilet­tantes de la Renaissance. Et il faut lire l'ébahissement des Pa­risiens, lors de l'Entrée (à la Romaine) de Henri II, en 1549, où Castor et Pollux, Jupiter et Minerve viennent se superpo­ser à Notre-Dame de Paris 372 ! Après trois siècles de sup­pression continue et méthodique de la vie mystique (qui réa­lisait le lien concret avec le Dieu vivant), il est normal que ce soient les vieux mythes d'Ouranos et de Chronos, d'Aphro­dite ou de Mercure qui remplacent dans les lits desséchés des âmes - vidées par le rationalisme - tout le petit peuple de saints qui s'abritaient sous le bleu manteau de Notre-Dame.

Mais pour établir cette psycho-synthèse, il faut tout sus­pendre au Père « archétype » de notre Mémoire, il faut tou­jours repartir du haut, de l'expérience du transformé, et, tout d'abord, reprendre conscience d'un facteur fondamental - à l'opposé du pansexualisme - à savoir la normalité de la chasteté en ces Derniers Temps.


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