Innombrables sont les récits du monde



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(pour + infinitif)

(afin de + infinitif)

18

(+)


(-)

15

(+)


(-)

4

(+)


(-)

12

(+)


(-)

20,5

(+)


(+)

3) Infinitive

-

5

4

12

11

4) Adverbiale de manière

(prép. + infinitif)

(gérondives)

(participiales)



23

(+)


(+)

(+)


-

(-)


(-)

(-)


-

(-)


(-)

(-)


12

(-)


(+)

(+)


18

(+)


(+)

(+)


5) Adverbiale de cause

(gérondives)

(participiales)


-

(-)


(-)

-

(-)


(-)

-

(-)


(-)

5

(-)


(+)

11

(+)


(+)

6) Autres

9

-

-

3

-

Tableau (50) : Pourcentage par types (fonctions sémantiques et formes) d'ellipses en fonction de l'âge des sujets.

Ce tableau montre une diversification des types d'ellipses avec l'âge. Les plus jeunes sujets (jusqu'à 7 ans) n'utilisent que de 3 ou 4 types différents alors que les plus âgés vont jusqu'à en employer 6. De plus, le nombre d'ellipses passe de 9,5% à 31% des formes totales dans la fonction de maintien de la référence.

La catégorie la plus représentée indépendamment de la tranche d'âge envisagée est celle de l'anaphore zéro qui se subdivise en anaphore coordonnée et en anaphore juxtaposée. Jusqu'à l'âge de 7 ans, on note une diminution du second type au profil du premier.

Après 7 ans, la juxtaposition continue à diminuer, pendant que la coordination commence elle aussi à diminuer. En fait, les sujets acquièrent de nouveaux outils linguistiques leur permettant de faire le lien entre deux ou plusieurs états de choses, comme un certain nombre de conjonctions de subordination45. Cette dernière est un excellent moyen de hiérarchiser les événements à décrire et de changer de point de vue dans le discours. La complexité syntaxique des phrases nous intéresse dans la mesure où nous pensons qu'une compétence croissante traduit le fait que le monde ainsi construit par le discours est de plus en plus cohérent en lui-même. Nous sommes donc les témoins d'un développement clair de la compétence narrative qui va vers plus de diversifications et plus d'autonomie par rapport aux représentations picturales.

On observe un phénomène semblable dans l'étude des contextes qui précèdent les relatives chez nos sujets, comme on peut le remarquer sur le tableau (51) suivant.


Relatives

3/4 ans

(N=14)


5 ans

(N=20)


7 ans

(N=12)


10/11 ans

(N=12)


Adultes

(N=12)





1) Ya/C'est + art. + nom (introduction) + qui

18,5

52,5

66,5

50,5

15

2) Ya/C'est + art. + nom (réintroduction) + qui

59,5

29,5

26,5

8

10

3) Verbe + COD + Pr. rel.

22

(3 réintr.)

(4 intro)


16

(3 réintr.)

(4 intro)


7

(1 réintr.)

-


8

(8 réintr.)

-


22

(9 réintr.)

(6 intro)


4) Compléments autres que COD (introduction) + qui

-


-

-

25,5

(C. lieu)



22


5) Compléments autres que COD (réintroduction) + qui

-

-

-

8

(C. agent)



16


6) Autres

-

2

-

-

14,5

Tableau (51) : Pourcentage des contextes précédants les relatives utilisées pour encoder le maintien de la référence en fonction de l'âge des sujets.

Les résultats du tableau (51) montrent une diversification des contextes qui précédent les relatives ainsi que des fonctions des relatives avec l'âge. Jusqu'à 7 ans, on relève dans notre corpus deux grands contextes dans lesquels on trouve des relatives : après des formes présentationnelles (types 1 et 2) comme ya + art. + nom, ou c'est + art. + nom ou encore c'est l'histoire de + art. + nom, et des contextes du type "promotion du complément d'objet direct en position de sujet" (type 3). Les premiers représentent 78% chez les 3/4 ans, 82% chez les 5 ans et même 93% chez les 7 ans. Les seconds représentent dans le même ordre 22%, 16% et 7%. On peut distinguer deux fonctions principales aux types de relatives suivant la nature de l'antécédent : nouveau ou ancien. Dans le premier cas, elles qualifient un référent que l'on vient d'introduire sur la scène discursive, alors que dans le second on apporte de nouveaux éléments à propos d'un référent déjà introduit ultérieurement. Contrairement aux enfants de 3/4 ans qui emploient dans 70% des cas des relatives pour compléter les informations au sujet d'un ancien référent, ceux de 5 et de 7 ans les utilisent eux dans la même proportion pour introduire un nouveau référent.

On peut noter également un tournant important dans l'utilisation des relatives au-delà de 7 ans. Les sujets plus âgés disposent d'un plus grand nombre de contextes où se situent des relatives : 4 pour les 10/11 ans et 6 pour les adultes. Avec cette diversification des contextes, on observe également une diminution des anciens contextes, comme après des formes présentationnelles par exemple. Ces derniers sont remplacés par les contextes 3, 5 et 6 qui augmentent dans les fonctions d'introduction comme de réintroduction, bien que la fonction d'introduction soit moins réalisée par des relatives chez nos sujets les plus âgés. L'apparition de nouveaux contextes est non seulement le signe d'un accroissement des outils linguistiques dont disposent les narrateurs mais également l'indice d'une complexification du discours produit. En effet, si l'on considère le contexte "promotion du complément en position du sujet", ce contexte présente l'avantage de permettre au locuteur de changer de perspective sans pour autant perturber la progression thématique. L'utilisation de la relative dans un tel contexte montre que le narrateur est capable de renverser les rôles d'agent et de patient au cours d'une même phrase, ce qui n'est pas une tâche facile pour un enfant, et qui n'est attestée qu'après l'âge de 7 ans (Jisa & Kern, 1994). Parallèlement, on observe une augmentation des relatives à fonction narratives.

IV. 4. 5. 2. Développement du changement

En ce qui concerne le changement de la référence, on peut noter la distribution suivante des formes :


Formes linguistiques

3/4 ans

(N=14)


5 ans

(N=20)


7 ans

(N=12)


10/11 ans

(N=12)


Adultes

(N=12)





1) (Pr. pers. D.) + Art + N

24,5

32

47

45,5

45,5

2) Nom Propre

-

-

3

8

7

3) (Pr. pers. D.) + DG

40,5

29

23

13

5

4) (Démonstratif) + DD

6

4

2,5

2

1

5) Autres

1

-

-

1,5

2

Sous-total formes plus explicites

72

65

75,5

70

69,5

6) (Pr. pers. D.) + Pr. Pers. S.

25

32,5

22,5

28

20

7) Ellipse

0,5

1,5

1

2

3

8) Autres

2

1

1

-

6,5

Sous-total formes moins explicites

28

35

24,5

30

30,5

Tableau (52) : Pourcentages des formes linguistiques utilisées pour encoder le changement de la référence en fonction de l'âge des sujets.

Dans ce tableau, on constate la présence d'environ 70% de formes plus explicites dans l'encodage de la fonction de changement de référence. Cette stratégie est adaptée à la fonction à réaliser, puisque le narrateur doit être aussi informatif que possible. Les formes nominales simples (catégories 1 et 2) augmentent avec l'âge, alors que les disloquées (catégories 3 et 4) diminuent. Cette diminution reflète le passage d'un discours oral à un discours plus proche de la réalité de l'écrit, à un discours plus formel, c'est-à-dire à un discours dans lequel on évite les formes nominales disloquées. Enfin, on voit apparaître des noms propres à partir de 7 ans, ce qui est le signe de la construction d'un discours plus "littéraire".

Il nous faut toutefois souligner également l'emploi d'environ 30% de formes moins explicites dans cette fonction. Ces dernières - les pronoms personnels sujet et les ellipses - concernent surtout le garçon et/ou le chien chez les plus jeunes enfants, contre le couple garçon/chien chez les adultes ; ce qui est une façon d'attribuer un statut particulier à ces deux personnages. Les auditeurs ont donc la tâche délicate de faire des inférences afin de retrouver l'identité du référent désigné. On retrouve les mêmes remarques chez Bamberg (1987) et Karmiloff-Smith (1981), c'est-à-dire une préférence pour les formes pronominales pour le personnage principal qu'il s'agisse de maintenir la même référence ou d'en changer. Pour ces auteurs, ces formes sont le reflet de la stratégie du sujet thématique. Selon eux, dans ces cas là, les pronoms fonctionneraient plutôt comme des formes zéro ou pour reprendre les paroles de Karmiloff-Smith :

"d'un point de vue psychologique, mon hypothèse est que la pronominalisation anaphorique fonctionne comme une instruction implicite à l'auditeur afin que celui-ci ne recherche pas un antécédent mais qu'il traite plutôt le pronom comme le cas par défaut pour le sujet thématique d'un certain nombre d'énoncés et qu'à partir de cela les déviations seront marquées linguistiquement de manière claire par des formes nominales" (Karmiloff-Smith, 1981:17, notre traduction46).

Toutefois, on remarque que les sujets de Karmiloff-Smith emploient la stratégie du sujet thématique autour de 6 ans alors que ceux de Bamberg le font dès 3/4 ans. Cette différence est certainement liée aux conditions d'expérimentation des deux études. Chez Bamberg, du fait de la phase de familiarisation, les petits enfants utilisent certaines stratégies plus précocement que leurs compères anglophones. Nos résultats iraient plutôt dans le sens de ceux de Bamberg. En effet, ce sont les enfants de 3/4 ans et de 5 ans qui semblent privilégier la stratégie du sujet thématique puisque 10 sujets sur 14 de 3/4 ans et 12/20 sujets de 5 ans utilisent dans plus de 50% des cas, d'une part, des formes pronominales pour encoder le garçon, qu'il s'agisse de maintien ou de changement de référence en position de sujet, et d'autre part, des formes nominales pour encoder le chien dans un changement de référence en position de sujet, contre seulement 7/12 chez les 7 ans. Cependant, il nous faut être prudent quant aux conclusions à tirer, dans la mesure où il existe des variations assez conséquentes au sein d'une même tranche d'âge.

Pour conclure, on voit clairement dans ces résultats le développement progressif de la compétence de nos sujets dans le domaine de la référence aux participants. Ils mentionnent plus de participants et de manière plus adaptée aux exigences de la tâche. Avec l'âge, ils prennent plus en compte les besoins de l'auditeur et répondent par là même aux contraintes communicationnelles. Cela transparaît dans l'augmentation des formes plus explicites et par là même identifiables de manière non problématique par l'auditeur ainsi que dans la diminution de la régulation par les images. Les enfants apprennent à construire un discours cohérent avec des personnages dont les rôles sont spécifiés par les outils linguistiques qui les encodent. L'emploi de formes syntaxiques plus variées leur permet de hiérarchiser les actions et de constituer un tout sémantique. En d'autres termes, ils respectent progressivement les contraintes discursives/narratives. Enfin, ils répondent de plus en plus aux caractéristiques propres à la langue à acquérir avec l'augmentation des introductions indéfinies post-verbales et des relatives par exemple. En fait, ils apprennent à ne plus se focaliser sur une seule contrainte, mais apprennent à gérer tous les niveaux de travail, afin de réaliser la tâche de la meilleure façon possible. Karmiloff-Smith résume parfaitement ce développement lorsqu'elle dit que "graduellement les enfants deviennent capable de gérer les interactions entre les niveaux discursifs et phrastiques d'un discours" (Karmiloff-Smith, 1981:19, notre traduction47).




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