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M. le Président - Merci, Madame COTILLON-DUPOUX.
Madame TERY-VERBE a la parole.

Mme TERY-VERBE - Merci, Monsieur le Président.
Chers collègues, nous sommes toutes et tous concernés dans notre quotidien par la santé : la nôtre ou celle de nos proches ; cela nous renvoie à de complexes questions existentielles. Les progrès des sciences et des techniques nous ont permis, avec une médecine de plus en plus pointue, de mieux soigner et mieux lutter contre certaines maladies. Le paradoxe est que ces mêmes progrès, accaparés par une économie sans scrupule et l’obsession de croissance, ont produit une nocivité de nos environnements et de nos modes de vie.
Avec le dérèglement climatique et la perte de biodiversité, la crise sanitaire constitue un volet majeur de la crise écologique. Les principales causes de mortalité et de souffrances modernes sont dues à des maladies corrélées au mode de vie et à l’environnement.
L’Organisation mondiale de la santé signale que les maladies infectieuses régressent depuis plusieurs décennies, tandis que se développent les maladies chroniques non transmissibles, les maladies dites de civilisation (diabète, obésité, cancers, asthme, allergies, maladies neurologiques, souffrance au travail, souffrances psychiques), et ce, alors que la connaissance des facteurs de risque indique que la plupart seraient évitables.
Pour les Écologistes, une politique de santé au XXIe siècle ne peut plus être centrée sur le médical. Il nous faut passer d’une logique de soins à une logique de santé. Il faut agir sur les causes de nos maladies et nos afflictions. La prévention fondée sur la protection de l’environnement, sur l’éducation et la promotion de la santé est une réponse à développer dans nos systèmes de santé.
Les Écologistes proposent donc de repenser l’action publique sanitaire, non seulement à partir de la connaissance de la maladie et de la médecine mais en priorité à partir de la protection du bien-être et de l’amélioration de la qualité de vie.
La crise de notre système de santé est structurelle et ne se résoudra pas uniquement par la mobilisation de nouvelles ressources financières en direction des soins.
J’ai l’honneur de vous représenter, Monsieur le Président, au sein du groupe régional « Santé Environnement ». Je profite de cette intervention pour rappeler qu’il existe actuellement, et jusqu’au 31 décembre, une consultation sur le troisième plan « Santé Environnement 3 ». L’approbation de ce PSE 3 arrivera en début d’année 2017. En région Centre-Val de Loire, l’expérience des deux premiers PSE montre que, pour répondre aux problématiques sanitaires et environnementales locales, l’implication des collectivités et des associations est indispensable.
Le PSE a le mérite d’exister mais, au-delà, c’est un changement de société que nous devons prescrire car réduire les inégalités sociales de santé suppose, à la vérité, de s’attaquer aux causes profondes qui touchent inégalement les habitants de notre région.
Si l’on veut aborder sérieusement la santé par le biais environnemental, il faut aussi être conscient des obstacles qui existent, notamment des lobbys qui agissent pour préserver les intérêts financiers au détriment de la santé, comme celui de l’industrie pharmaceutique, celui de l’industrie agroalimentaire ou encore celui de l’industrie des pesticides qui asservit les agriculteurs en leur imposant un usage excessif de pesticides, sans se préoccuper ni de la santé de ceux qui sont chargés de les épandre, ni de la santé des consommateurs, ni de la qualité des nappes phréatiques, ni mêmes de celle de l’air.
Je tiens à souligner aussi la tribune signée par une centaine de scientifiques, parue dans Le Monde daté du 30 novembre concernant les dangers des perturbateurs endocriniens et pointant du doigt le retard de Bruxelles à sévir et à réguler l’utilisation de ces produits qui pourraient être considérés comme de véritables poisons pour la santé.
Heureusement, il y a aussi, face aux lobbys, des mobilisations citoyennes, comme celle du mouvement « Générations Cobaye, non merci », ce collectif d’individus et d’associations réunis autour d’un « Appel de la jeunesse » depuis 2009, parce qu’on ne peut pas vivre en bonne santé sur une planète malade.
En définitive, si le groupe Écologiste partage l’ambition régionale, présentée dans cette communication, d’agir avec nos leviers contre la désertification médicale et, plus généralement, contre les inégalités de santé, nous insistons pour que l’on essaie de ne plus raisonner par catégories séparées. De même que les politiques de biodiversité ou les politiques climatiques traversent tous les champs de la politique publique, la politique de santé a des implications dans toutes les autres politiques, comme le disait Anne LECLERCQ.
Avoir une ambition en matière de santé, c’est aussi veiller à la qualité de l’air. Lig’Air, dont la Région est le principal financeur, donne l’alerte lors des dépassements de seuil du taux de particules dans l’air ou de la concentration d’oxydes d’azote, également dangereux pour les voies respiratoires, comme lors des épisodes de ces derniers jours qui n’étaient pas seulement à Paris : ils étaient également en région Centre. L’impact sanitaire prépondérant est attribuable à l’exposition répétée à des niveaux modérés et non aux pics de pollution.
C’est donc à nous tous qu’il revient de faire baisser ces taux, en particulier en diminuant la circulation des poids lourds, qui sont les plus gros producteurs, et des transports inutiles. Le transfert vers le rail n’est pas seulement un objectif climatique, c’est un impératif de santé publique.
Avoir une ambition en matière de santé, c’est travailler aussi sur la qualité de l’air intérieur, étant entendu que nous passons l’essentiel de notre vie dans ces espaces clos.
Avoir une ambition en matière de santé, c’est veiller à la qualité de notre alimentation, en favorisant les aliments non transformés issus de l’agriculture biologique et de proximité.
Avoir une ambition en matière de santé, c’est encore veiller au principe de précaution dans le cadre notamment du développement technologique, en n’occultant pas, par exemple, les risques, dans le cadre du développement numérique, de la nocivité du cumul des ondes et en favorisant au maximum les techniques qui s’avèrent moins dangereuses, comme les réseaux filaires.
Avoir une ambition en matière de santé, c’est aussi préserver la qualité de l’eau et des systèmes aquatiques, soutenir les projets « zéro phyto », refuser les OGM, avoir une politique de prévention des déchets dangereux, développer les énergies renouvelables pour entamer la transition « sans nucléaire », développer les mobilités douces et encourager les pratiques sportives pour enrayer la sédentarisation des populations, avoir une politique de développement économique qui limite l’utilisation de produits connus ou susceptibles d’avoir des effets sur la santé (les perturbateurs endocriniens mais aussi les nanomatériaux), élargir l’offre des MSP avec l’encouragement à l’intégration des médecines alternatives en complément de la médecine traditionnelle pour permettre aux populations d’avoir le choix.
Pour conclure, permettez-moi de souligner que les systèmes de santé les moins performants sont ceux qui font le moins de prévention et qui interviennent trop tard, donc de manière plus coûteuse. La prévention, ce n’est pas seulement diagnostiquer précocement les pathologies, c’est d’abord éviter la maladie en en éliminant les causes. C’est ainsi qu’une politique de santé sera vraiment complète.
Je vous remercie.

M. le Président - Merci, Madame TERY-VERBE.
Monsieur USSEGLIO a la parole.

M. USSEGLIO - Merci, Monsieur le Président.
Chers collègues, je veux d’abord saluer la communication qui nous est faite par notre Vice-présidente Anne LECLERCQ et qui témoigne de l’engagement fort de notre collectivité sur ce sujet.
« La santé est une question d’urgence, pas de compétence » : c’est un élément central et j’aimerais commencer par ce qui me semble partagé sur l’ensemble de nos bancs. Le constat d’urgence dans nos territoires ruraux mais aussi, il faut le dire, dans certains quartiers urbains sur l’accès à la santé me semble partagé.
Il me semble partagé aussi, on le voit quotidiennement dans les projets et les mobilisations des élus à tous les étages, que les élus locaux sont mobilisés et sortent de leurs compétences habituelles pour essayer d’intervenir sur ces sujets. Les premiers à s’être mobilisés sont les maires. Cela s’entend de façon partagée.
Il semble aussi partagé qu’agissant au-delà de nos compétences, on ne peut pas éviter la dimension nationale de ce débat. Même si nous agissons, même si nous essayons d’écoper dans une situation difficile, des réponses nous échappent et l’action régionale, comme celle des autres collectivités, ne permettra pas de traiter l’ensemble du sujet et renvoie à des débats nationaux ; j’y reviendrai à la fin de mon propos.
Un autre aspect me semble partagé. C’est une nouveauté, pas tellement récente mais je me souviens qu’en 2012, sous l’impulsion de François BONNEAU et de son Vice-président Philippe FOURNIÉ, la Majorité régionale a fait le choix de basculer d’une approche par la mise en œuvre des compétences à une stratégie globale avec le Plan urgence santé, puis la stratégie « Ambitions Santé 2020 ». J’entends aujourd’hui que l’on ne discute plus, alors que ce pouvait être le cas, sur : est-il pertinent que la Région aille au-delà de son rôle et que nous nous retrouvions tous dans cette action ?
J’ai entendu chez le groupe UDC que le débat se situait autour de la modulation, de la régulation du niveau d’intervention et de la nature des projets. C’est une discussion intéressante qui renvoie, selon ce qu’avançait Anne LECLERCQ et qui est indiqué dans le rapport, à l’idée qu’il faut que ce plan évolue, nourrisse, s’appuie sur des évaluations et des contributions. C’est intéressant.
2012, puis 2014, et nous voilà à un point d’étape 2016 : on peut souligner que les engagements sont tenus, et même dépassés. On a fait plus de MSP, en tout cas dans un calendrier plus resserré qu’annoncé. L’approche partenariale est au cœur de la démarche. On s’appuie sur la proximité et l’innovation. La stratégie s’appuie sur une mobilisation transversale de nos compétences – on le retrouve dans l’aménagement du territoire et dans les formations sanitaires et sociales – mais aussi sur notre capacité à nous dépasser et à essayer d’influer.
On parlait de la présence des étudiants en médecine dans l’ensemble du territoire ; je pense aux aides au stage, à l’engagement sur les chefs de clinique et aux logements prévus dans les MSP. On parle également de l’action déterminée pour influer sur le numerus clausus. Je me souviens que, dix ans en arrière, il était 23 % plus faible. En dix ans, nous avons donc obtenu une augmentation de 23 % quand celle du numerus clausus au niveau du territoire national est de 7 %. Cela a été aussi permis par la Région quand nous avons fait le choix, au-delà de nos compétences, de nous engager sur l’extension de la Faculté de médecine, quand nous avons conduit de façon permanente des discussions avec l’État au niveau de l’ARS et au niveau national ou quand nous avons soutenu le CHRO sur une résidence et sur le projet des chefs de clinique assistants, ce qui a permis d’avoir 80 externes.
Les perspectives sont nombreuses. Nous devons continuer d’agir sur tous les leviers, d’irriguer le territoire par les contrats locaux de santé, les maisons de santé pluridisciplinaires.
Je veux dire un mot : il faudra évaluer mais je constate en Vendômois que les maisons de santé pluridisciplinaires fonctionnent. Pas plus tard que quelques semaines en arrière, Serge LEPAGE, le maire de Saint-Amand-Longpré, venait vers nous en disant : « Je suis embêté, il va falloir que je négocie une extension de ma maison de santé. » On voit à Cheverny que l’on accueille des internes, à Sancoins que 25 professionnels sont présents, donc cela fonctionne. Sans doute le bilan est-il contrasté, il faudrait évaluer. En même temps, il est important de tenir l’objectif de 100 maisons de santé. Pourquoi ? Parce qu’il s’agit du maillage de notre territoire, derrière.
Renoncer à quelques maisons de santé, sous de nouvelles formes ou des formes adaptées – car il ne faut pas un seul modèle, comme Anne LECLERCQ l’indiquait –, c’est revenir à se demander sur quel territoire on fait une croix. De part et d’autre, nous n’y sommes pas prêts et cela veut dire que nous devons partager collectivement cette ambition de 100 MSP.
M. GRICOURT - Je vous remercie de conclure, cher collègue.

M. USSEGLIO - J’y arrive : agir sur les spécialistes, poursuivre l’effort et l’investissement pour la formation.
Sur le débat national, je dirai deux mots : il y a un enjeu sur les frais de santé. J’ai entendu, mais la proposition a disparu, donc c’est rassurant, que la question de ce qui était pris en charge ou non par l’Assurance Maladie pouvait être posée par un éminent candidat à la présidentielle. Il faut se dire que, si l’Assurance Maladie n’assurait plus le quotidien dans nos territoires – je pense au Nord du Vendômois mais vous l’avez dans tous vos territoires –, ce serait dramatique concernant l’accès aux soins. Cela pose la question de l’installation des professionnels.
Que l’on aille sur un grand débat sur le conventionnement, que l’on parle de liberté d’installation, c’est une mesure centrale mais sur laquelle il ne faut pas avoir d’effets de manche.
Pour conclure, un député qui siégeait auparavant dans nos rangs avait présenté une proposition de loi sur ce sujet, du temps où la Droite était majoritaire. Les députés de Droite avaient voté contre, ceux de Gauche avaient voté pour. La proposition avait été rejetée. Il a présenté de nouveau deux ans plus tard la même proposition : les votes ont été inversés. Les députés de Gauche avaient voté contre et ceux de Droite pour. La réforme de la médecine, on l’a vu avec le tiers payant, est toujours pleine de tensions.
Plusieurs d’entre nous assureront dans quelques mois d’éminentes responsabilités à l’Assemblée nationale ou au Sénat. Il serait bien que, tous collectivement, nous ayons une identité Région Centre à l’Assemblée nationale et que nous votions tous en faveur d’un texte de loi et non en fonction des consignes de notre gouvernement, qu’il soit de Gauche ou de Droite, ou de notre groupe.

M. le Président - Merci, Monsieur USSEGLIO.
Monsieur Philippe FOURNIÉ a la parole.

M. Philippe FOURNIÉ - Merci, Monsieur le Président.
Mes chers collègues, je souhaite rappeler que l’inégalité territoriale est regrettable et nous y travaillons, mais l’inégalité sociale de l’accès aux soins est terrible. Il ne faut jamais l’oublier car, lorsqu’une personne ne peut pas, pour des raisons financières, avoir accès aux soins, c’est extrêmement problématique.
Ce n’est pourtant pas le sens de mon propos ce matin.
Je rappelle le travail accompli sur les instituts de formation et la territorialisation de l’action de formation que nous poursuivons, avec un élément que je vous dévoilerai tout à l’heure. Nous avons fait le choix, pour des raisons d’aménagement du territoire et de réponse aux employeurs territoriaux, de maintenir l’ensemble des instituts de formation, alors que d’autres Régions décident de regrouper notamment les instituts infirmiers.
Une étude vient de sortir, concernant les instituts de formation et le niveau moyen d’accès au diplôme d’infirmier et aux concours d’infirmiers. On s’est aperçu que les candidats à Montargis, Dreux et Vierzon avaient un niveau plus faible de 1 point par rapport à celui de l’ensemble des autres instituts de formation. Néanmoins, à la fin de la formation, ils ont rattrapé le niveau, grâce à un accompagnement, à mon avis, un peu plus important dans ces instituts de taille moyenne et ils ont le diplôme comme les autres.
Cela veut dire aussi que, si nous n’avions pas ces instituts, les jeunes de ces territoires auraient peu de chances d’avoir le concours dans d’autres instituts.
Il en va de notre responsabilité d’égalité territoriale et d’égalité d’accès à la formation de continuer ce maillage et de faire progresser les instituts de taille moyenne pour qu’ils puissent, avec les instituts plus importants, proposer toujours des formations plus adaptées et plus évolutives.
Je rappelle également le travail accompli sur la territorialisation et la déconcentration des formations d’aides-soignants. Quasiment chacun en a une dans son territoire : Aubigny, Briare, Bourgueil, Nogent-le-Rotrou, etc., à un moment donné, a ou a eu des besoins repérés par rapport aux employeurs mais aussi par rapport aux personnes. Nous avons réussi à déconcentrer ces formations. Cela donne d’étonnants résultats et de très beaux parcours de vie de personnes souvent en réorientation professionnelle qui voient leur avenir s’éclaircir car, dans l’immense majorité des cas, elles ont un emploi en sortant.
Voilà ce que je voulais dire ce matin.

M. le Président - Merci, Monsieur FOURNIÉ.
Madame MAINCION a la parole.

Mme MAINCION - Merci, Monsieur le Président.
Chers collègues, merci d’avoir accepté de diffuser la cartographie de l’installation des jeunes. Cette carte est récente – elle date de 2015 – et a été présentée lors du Congrès national de l’Ordre des médecins l’an passé, réunion à laquelle j’avais été invitée et qui m’avait permis d’en prendre connaissance.
Celle-ci fait un peu froid dans le dos. Quand on regarde notre pauvre région Centre, on voit bien que tous les efforts conjugués que nous avons menés conjointement n’ont pas abouti pour l’instant. Il va falloir essayer de trouver d’autres leviers et de les accompagner.
Dans notre groupe, nous nous situons en proposition parce que nous établissons tous le constat mais il faudra compléter le dispositif.
La santé est une compétence régalienne, vous l’avez rappelé. Cependant, si toutes les collectivités, que ce soient les communes, les Communautés de communes, les Départements, dont certains ont un rôle essentiel, ou la Région, ne s’étaient pas impliquées et n’avaient pas financé nombre de mesures aux côtés de l’État, on voit bien que les inégalités seraient encore plus criantes.
Nous sommes la dernière Région en termes de démographie médicale. Je suis d’accord avec le CESER qui déplore l’ancienneté des cartes mais vous pouvez très bien vous rapprocher de l’atlas démographique – consultable en ligne – du Conseil national de l’Ordre des médecins. Il est réactualisé tous les ans et détaillé région par région. Nous sommes pratiquement derniers en tout. Cela ne nous réjouit pas, c’est un désespoir.
Il ne faut pas s’étonner que, lors des dernières élections départementales et régionales, lorsque l’on interrogeait les Français, le point n° 1 était la démographie médicale : pourra-t-on se faire soigner demain ?
Quand on regarde la carte d’installation des jeunes médecins, cela reprend tous les territoires que nous avons énumérés. Regardez Paris qui n’échappe pas à la non-installation de jeunes médecins, contrairement à ce que l’on pourrait penser.
Je voudrais rappeler le rôle essentiel que jouent les universités ; je citerai en exemple celle que je connais peut-être maintenant mieux que celle de Tours, à savoir celle de Toulouse qui a eu un rôle majeur dans l’installation des médecins. Elle se targue notamment d’avoir installé assez récemment en Aveyron dix jeunes médecins. C’est l’université qui a poussé et a fait découvrir ce territoire, qui n’est pas forcément gagné. Ce que l’Université de Tours est en train d’enclencher est de bon augure, à mon avis, et il faut vraiment l’accompagner.
D’autres projets sont émergents, comme le souhait de certaines maisons de santé, pluridisciplinaires ou non, c’est-à-dire qu’elles peuvent être privées, de devenir des antennes de l’université et d’accueillir des internes. Pour celles qui existent déjà en France – il y a d’autres exemples que je pourrai vous donner, si vous le souhaitez –, cela donne la possibilité aux internes de continuer à faire de la recherche. Cela fait partie de l’attractivité du métier. La recherche en milieu rural est tout à fait possible mais encore faut-il les accompagner.
La télémédecine est un outil d’accompagnement, mais s’il n’y a plus de médecins, ni de praticiens, ni de personnels de santé pour l’accompagner, ce n’est pas réalisable. Je sais qu’il existe déjà des expériences mais ce n’est pas généralisé. Le fait que le très haut débit ne soit pas encore généralisé en est un frein, mais c’est une piste qu’il ne faut pas abandonner et qu’il faut même intensifier.
Je voudrais insister sur le rôle des hôpitaux locaux, ceux des villes moyennes. Pascal USSEGLIO a cité l’exemple de Serge LEPAGE à Saint-Amand-Longpré, que notre Vice-présidente connaît. L’hôpital reprend le rôle qu’il avait dans les années 1970-1980 d’accueillir de nombreux internes pour leur faire découvrir les territoires.
Concernant l’hôpital de Vendôme, Monsieur le Président, vous étiez présent lorsque cela nous a été présenté : il est central dans les actions d’accompagnement d’installation des jeunes confrères.
S’agissant du numerus clausus, il faudra encore l’augmenter parce que le temps disponible des médecins n’est plus le même que vingt ans en arrière : c’est une nécessité. 20 % des diplômes ne sont pas exercés, donc disparaissent dans la nature.
En matière de méthodes coercitives, je voudrais rappeler qu’il est inutile d’être coercitif. On peut être incitatif mais pas uniquement. Dans la dernière loi de santé de 2016, un article est très intéressant et il serait bon que l’Association des Régions de France le rappelle régulièrement aux différentes ARS. Il s’agit de l’article L.1434-4 qui dit : « Le directeur général de l’Agence régionale de santé détermine par arrêté, après concertation avec les représentants des professionnels de santé concernés, les zones caractérisées pour une offre de soins insuffisante ou par les difficultés dans l’accès aux soins, mais aussi les zones dans lesquelles le niveau de l’offre de soins est particulièrement élevé, s’agissant des professions de santé pour lesquelles les conventions mentionnées au Code de la Sécurité Sociale peuvent ne pas être accordées. »
Il y a donc des régions surdotées. Pour l’instant, aucun directeur d’ARS, que j’ai eu le plaisir de rencontrer récemment au sein de l’Association des Maires de France, n’a osé l’appliquer. Puisque l’outil existe, il s’agirait tout simplement d’inciter les directeurs d’ARS à demander que les conventionnements ne soient pas accordés quand il y a surpopulation médicale.
Nous avons rappelé hier dans le vœu que ce qui a été pratiqué au niveau des infirmières et des sages-femmes fonctionne. C’est un peu différent pour ces dernières puisqu’elles sont en surpopulation un peu partout, dans la mesure où il en est formé énormément en Belgique. Les outils existent, donc ce n’est peut-être pas la peine d’en créer d’autres pour le moment.
Nous pourrions travailler sur un élément que certaines collectivités accompagnent : c’est tout simplement la recherche de travail du conjoint. Nous avons le même problème pour les cadres dans nos entreprises en milieu rural. Là aussi, la Région peut accompagner les collectivités.
Je vous invite à lire le document complet dont est issue la carte. Vous avez une partie des éléments et de ce que souhaitent les jeunes médecins pour venir s’installer chez nous.
Merci.

M. le Président - Merci, Madame MAINCION.
Monsieur ROULLET a la parole.

M. ROULLET - Monsieur le Président, merci.
Concernant la santé, je veux tout d’abord saluer le travail effectué par ma collègue et par les différentes équipes. Je note aussi que la Région s’est totalement impliquée dans ce sujet de la santé, même si elle n’y était pas obligée, avec les objectifs de maisons de santé pluridisciplinaires, ce dont a très bien parlé ma collègue, et concernant les formations. Nous avons joué la partition.
Je l’évoquais hier : quand on prend des territoires en région, en particulier l’Indre que je connais bien ou le Cher mais sans oublier d’autres départements, il se produit effectivement une désertification. En même temps, cela ne frappe pas seulement le milieu rural : la périphérie des villes ou des villes moyennes est atteinte et cela va se poursuivre.
On pourra répondre à cette situation dans le temps. Le problème est qu’il y a urgence. Comment fait-on aujourd’hui pour remédier à cela ? Une réunion a eu lieu voici une dizaine de jours avec le Département de l’Indre et l’ARS : quand on fait des projections dans certains territoires, cela va s’amplifier. C’est limité dans d’autres territoires parce que nous avons fait des maisons de santé pluridisciplinaires.
En même temps, sur le constat, nous sommes tous d’accord mais j’ai l’impression que nous tournons un peu en rond. Je dis clairement que la profession a une responsabilité, que l’Ordre des médecins connaissait la catastrophe annoncée. Il faut leur dire aujourd’hui d’avoir des actions d’information et de communication auprès des gens relevant de l’Ordre des médecins pour les inciter à venir dans des territoires subissant un manque.
La question fondamentale est celle de l’attractivité. On peut tourner comme on veut, je peux vous sortir depuis quinze jours cinq pages de La Nouvelle République dans l’Indre où c’est la catastrophe : « Il n’y a plus de médecins. C’est la pénurie, etc. » On se plaint sur tous les sujets, alors que la directrice de l’ARS qui était à la réunion disait : « Vous avez des atouts, mettez-les en avant. » Par exemple, il semblerait que nous soyons le premier département à avoir des médecins possédant le diplôme ou le label pour accueillir de futurs médecins en stage. Elle s’est engagée à contacter les doyens, car beaucoup de jeunes de l’Indre suivent leurs études à Limoges, pour qu’ils contactent Limoges afin d’inviter les jeunes à venir dans le département de l’Indre, et à faire de même sur Tours.
Cela peut être une piste mais c’est véritablement la question de l’attractivité pour ces territoires.
Si on leur raconte tous les jours qu’il ne se passe rien dans ces départements, dans ces territoires, que l’on est pauvre et malheureux, cela ne les fera pas venir ! Il faut arrêter de se faire du mal.
Un autre élément concerne les pratiques : il faut faire de l’éducation à la santé. Pour un oui, pour un non, un certain nombre de nos concitoyens sont demandeurs et veulent aller chez le médecin ou chez le spécialiste. Ce sont des pratiques développées.
Dans l’urgence, il faut trouver des modalités, même modestes. Heureusement que les maisons de santé pluridisciplinaires ont été initiées par la Région avec l’aide de l’État.
Il y a des anomalies : j’ai reçu voici trois jours un médecin algérien. Il a un diplôme de médecin algérien et il ne peut pas exercer. Il me dit : « Je veux bien être infirmier. » Je ne suis pas un spécialiste mais je ne comprends pas : il est capable de soigner des gens en Algérie mais pas en France ?
Nous sommes les meilleurs, nous sommes toujours les meilleurs et eux, ils ne sont pas bons ! Attendez ! Il soigne des gens en Algérie. Pourquoi ne pourrait-il pas soigner des gens en France ? C’est un médecin de seconde zone ? Je ne comprends pas cela.
J’en terminerai pour dire que, dans le temps, on va régler le problème d’une seule façon. Des mesures peuvent être prises aujourd’hui dans le sens des médecins salariés, sauf que l’on butte toujours sur la même problématique de l’attractivité. Ce n’est même plus une question d’argent : la directrice de l’ARS a développé tous les dispositifs, nous payons tout mais ils ne viennent pas ! Dans certaines villes, ils viennent s’installer, ils mettent leur plaque et ce sont les rois du pétrole. Pour autant, nous ne réussissons pas à les faire venir.
Il n’y a qu’une seule solution dans le temps : c’est celle d’imposer. Je ne vois pas pourquoi les médecins seraient les seuls travailleurs à choisir là où ils veulent aller. Je regrette, quand quelqu’un cherche du travail, il va là où il y en a.
Nous devons à tout prix prendre nos responsabilités. Or, les gouvernements successifs ne les ont pas prises.

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