Université Louis Lumière Lyon 2 Faculté de Géographie, Histoire de l’Art, Tourisme


CHAPITRE 21 – La période de formation et le contexte institutionnel de l’IFCC (1966-1971)



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CHAPITRE 21 – La période de formation et le contexte institutionnel de l’IFCC (1966-1971)



Cette troisième manière de simuler la morphogenèse des plantes par ordinateur, cette manière que nous dirons « mixte » dans un premier temps, a été développée par un ingénieur agronome français en poste en Côte-d’Ivoire au début des années 1970. Au contraire des précédentes, elle naissait clairement d’un besoin pragmatique. Il y a donc un certain nombre de causes plus ou moins fortuites mais conjointes qui ont présidé à son émergence. Contrairement à ce qui se produisit pour les auteurs précédents, ces raisons ne sont plus uniquement spéculatives, rhétoriques ou esthétiques. Elles sont tout à la fois personnelles, institutionnelles et politiques. Afin de pouvoir comprendre comment elles concoururent, donnons donc d’abord quelques éléments de la biographie intellectuelle de ce chercheur. Ensuite, nous exposerons le contexte politique et institutionnel ainsi que les raisons plus particulièrement scientifiques et techniques de ce travail.

Philippe de Reffye naît en 19471. Lorsqu’il commence ses études en mathématiques supérieures, au lycée Hoche de Versailles, il se trouve d’emblée en porte-à-faux par rapport à l’idée qu’il se fait de la science et des mathématiques en particulier. Le principe gouvernant alors ces classes et consistant à favoriser l'absorption maximale en un temps minimal de savoirs mathématiques et physiques, par la suite plus ou moins bien assimilés, lui convient assez peu. Pourtant, depuis longtemps déjà, il veut se diriger vers l’étude des sciences, car la capacité qu’avaient eu les grands génies du passé (Galilée, Kepler, Newton, Maxwell…) à représenter de façon mathématique les grandes lois de la nature lui avait laissé une très forte impression : il en avait conçu une image idéalisée du travail des scientifiques. À l’époque de sa formation initiale, la science lui apparaît donc comme l’activité de l’esprit humain qui a le privilège de bien savoir user de cet outil unique en son genre pour le déchiffrement du monde et de ses lois : les mathématiques. Mais soumis au rythme très rude de la classe de mathématiques supérieures et au vu de ses résultats décevants, cette vision idéalisée de la science l’abandonne quelque peu. Il se rend alors à l’évidence qu’il lui conviendrait mieux de poursuivre dans une classe préparatoire aux écoles d’agronomie. Cette réorientation vers l’agronomie est également une façon pour Philippe de Reffye de renouer avec son goût pour les arbres et la botanique qu’il exerce dans le parc de Versailles et dans le jardin botanique du domaine de Chèvreloup2. À la fin de sa classe de mathématiques spéciales, il est reçu à l’ENSAT (Ecole Nationale Supérieure d’Agronomie de Toulouse).

On est alors en 1968, période d’agitation s’il en est, surtout dans le domaine universitaire. Si l’on ajoute à cela le fait que son goût pour la science s’est entre-temps quelque peu étiolé et que, dans ce genre d’école supérieure, l’intensité du travail demandé n’a rien à voir avec celui des classes préparatoires, on comprend que son investissement est moindre pendant les trois années que dure sa formation comme ingénieur agronome. Aussi n’est-il toujours pas réellement fixé sur ce qu’il veut faire lorsqu’il termine sa formation à l’ENSAT. Néanmoins, suite à une incitation de sa fiancée, il est prévu qu’à sa sortie de l’école il parte cinq ans en Afrique pour le compte de l’IFCC (Institut Français du Café et du Cacao et autres plantes stimulantes) dans le cadre d’une coopération. En échange de quoi l’IFCC prend en charge le DEA de génétique qu’il souhaite ajouter entre-temps à son cursus dans l’année de sursis qui lui reste et qui sépare sa sortie de l’ENSAT de son départ en Afrique.

L’intérêt de de Reffye pour la génétique, alors assez peu commun chez les ingénieurs agronomes, peut rétrospectivement s’expliquer si l’on se réfère à un épisode assez précis de sa vie d’étudiant. À l’ENSAT, en effet, toujours poussé par son amour un peu idéaliste pour les végétaux, il avait auparavant suivi l’option de troisième année intitulée « la défense des végétaux ». Il se voyait devenir ainsi une sorte de « docteur des plantes »1. Mais ce qu’on y apprenait le déçut beaucoup et le troubla même en quelque manière : la seule chose que l’on y enseignait, à ses yeux, était la liste des divers types de produits qu’il fallait mettre sur les plantes pour les protéger. De même que son goût pour les mathématiques appliquées avait auparavant rencontré de graves déconvenues, il lui apparaissait que son penchant pour le végétal et le soin qu’on y apporte trouvait, là aussi, une issue très décevante. Décidément, le monde de la recherche ne semblait pas pouvoir s’ouvrir à lui ! Or, au même moment, il se trouva un peu par hasard que son goût initial pour les mathématiques appliquées put renaître mais sans faire rejaillir les mêmes vexations que par le passé. En effet, pendant qu’il effectuait cette dernière année à l’ENSAT, son camarade d’appartement suivait un cursus de génétique fondamentale à l’Université Paul Sabatier de Toulouse. Philippe de Reffye fut tout de suite très intéressé. Et il suivit pendant un an les mêmes cours que son camarade. Ce qu’il retrouve alors et qui l’intéresse avant tout dans la génétique est son recours à des modèles théoriques à la fois formels et efficaces.

À sa sortie de l’ENSAT, c’est donc dans le laboratoire du professeur Sadi Essad, au Centre National de Recherches Agronomiques de l’INRA de Versailles, qu’il prépare son DEA de génétique pour lequel il prend par ailleurs une inscription à l’Université d’Orsay auprès du professeur Yves Demarly, professeur de génétique appliquée et d’amélioration des plantes. Essad est un cytogénéticien, c’est-à-dire un spécialiste de la génétique et des lois de transmission des caractères héréditaires au niveau cellulaire et, plus spécifiquement, chromosomique. Il travaille comme chercheur dans le laboratoire de cytogénétique de l’INRA de Versailles, laboratoire alors dirigé par Marc Simonet. Essad s’intéresse au devenir des croisements entre différentes espèces de graminées2. Pour ce faire, il analyse le caryotype (la répartition des chromosomes lors de la mitose) des hybrides obtenus. C’est donc avec lui que de Reffye finit par reprendre goût aux mathématiques et à la recherche biologique formelle, puisqu’il apprend à travailler sur des chromosomes et à appliquer ainsi quelques connaissances mathématiques. Or, dans quelle mesure, sous l’encadrement d’Essad, de Reffye apprend-il à marier les mathématiques et la biologie, notamment dans ce secteur spécifique de la génétique appliquée à l’agronomie ? On ne peut répondre précisément que si l’on se penche un moment sur l’objectif et la nature plus particulière des travaux effectués par de Reffye à l’INRA pendant cette année universitaire 1970-1971. Ces travaux ont eu un certain écho dans la mesure où ils furent poursuivis par Essad après le départ de de Reffye. Ils donnèrent lieu à publication, un peu plus tard, en mai 19731. Cette publication tardive présentera de Reffye comme premier signataire.

Des modèles de la génétique au « module » des chromosomes



La question initiale qui oriente le travail de DEA est celle de savoir s’il est possible de mieux caractériser le caryotype, ou profil chromosomique, de certaines graminées : les ray-grass anglais ou Lolium perenne. Si l’on veut pouvoir produire des hybrides raisonnés et eux-mêmes fertiles de toutes plantes, il est en effet indispensable de connaître et de savoir reconnaître précisément les homologies de structure entre les chromosomes des deux génomes parentaux2. À défaut de telles homologies, l’appariement des chromosomes parentaux ne pourra s’effectuer correctement. Or, en ce début des années 1970, les cytogénéticiens sont face à des données très variables et peu sûres. Au microscope optique, et même avec les techniques de traitement et de coloration, la morphologie des chromosomes apparaît très variable et n’est que très schématiquement représentable3. On sait que la variabilité des longueurs absolues apparentes des chromosomes tient à leur propriété d’être spiralés, conformément à une idée déjà proposée par le botaniste allemand Baranetzki en 1880 et précisée entre-temps par le biologiste britannique Cyril Dean Darlington (1903-1981) en 19374. Mais la seule parade proposée consiste à établir le tableau des différentes longueurs caractéristiques du caryotype, ou caryogramme, en longueurs relatives. Ainsi, pour chaque cellule, on détermine d’une part les rapports de longueurs entre les bras de chacun de ses chromosomes (rapports centrométriques), d’autre part les rapports entre les longueurs de ses chromosomes (longueurs relatives).

C’est là que la suggestion propre à de Reffye et Essad intervient. Lorsqu’elle est publiée, de Reffye est déjà en poste en Côte-d’Ivoire depuis deux ans. Cette contribution, même modeste, semble tout de même significative car elle fait intervenir la notion de « module », tout en prêtant aux mathématiques élémentaires qui l’accompagnent un rôle descriptif sans qu’elles soient pour autant statistiques. Elle ne sera pas négligeable pour la conception que de Reffye se fera de la modélisation des formes dans les sciences du vivant. Qu’en est-il exactement ?

Philippe de Reffye et Sadi Essad proposent qu’à l’aide de la formule mathématique classique (L = exprimant la longueur développée L d’une spirale à partir de sa longueur apparente l, du nombre n et du diamètre d de ses spires5, on s’attache à chercher les longueurs relatives développées, c’est-à-dire réelles, des chromosomes. Dès lors que l’on a repéré le nombre de spires de la spirale, il est en effet possible de faire le calcul. Les longueurs ainsi développées s’avèrent remarquablement stables : les coefficients de variation passent de 30% à 5% et les écart-types obtenus sont dans la marge d’erreur des mesures. Il leur est donc possible de présenter des caryogrammes précis en longueurs développées. Ils introduisent ce faisant une représentation plus « réaliste » du caryotype, dans la mesure où elle élimine systématiquement les effets de la morphologie des chromosomes en métaphase1 sur leur longueur réelle. On se trouve plus proche de la constitution effective des chromosomes, d’où l’adjectif « naturelle » de l’expression « unité naturelle de longueur » intervenant dans le titre de la communication.

Mais le résultat qui leur paraît le plus important et le plus révélateur d’une propriété « naturelle » n’est pas celui-là. Avec cet instrument de mesure rendu plus stable mais aussi plus « réaliste » dirions-nous2, ils peuvent soulever un autre problème et tenter de le résoudre. D’habitude, en effet, « la longueur relative de chaque type de chromosome est […] déterminée soit par rapport à un type particulièrement reconnaissable [de chromosome], soit par rapport à la longueur moyenne de l’ensemble des chromosomes de chaque cellule »3. Dans ces techniques antérieures, le but, on le voit bien, consistait donc à trouver un étalon de mesure que l’on jugeait fiable soit parce qu’il était reconnaissable et donnait lieu à une mesure absolue supposée stable, soit parce qu’il était fictif mais néanmoins stable également parce que fondé sur des mesures lissées par un passage à la moyenne des mesures faites sur un même caryotype. Or, le fait expérimental que de Reffye et Essad communiquent à l’Académie prétend rendre relativement caduques de telles approches en révélant un fait naturel propre à la morphologie des chromosomes en métaphase :
« En effet, l’examen de ces données [les caryogrammes développés] révèle que toutes les longueurs développées obtenues pour les différents bras de chromosomes sont des multiples d’une certaine longueur que nous avons appelée ‘module’ (M). »4
Ils poursuivent :
« Chez le Lolium perenne, la longueur de ce module est de 0,74 μ et les bras de chromosomes en présentent de 5 à 12 […] Nous avons donc pu établir le caryogramme modulaire de cette espèce. 

Il est difficile d’admettre que l’apparition de ce multiple commun aux différents bras de chromosomes soit due à un simple coïncidence. Si l’existence d’un module se confirme dans d’autres espèces, on sera conduit à considérer ce module comme un élément important de la structure et de l’évolution des chromosomes. »5
Ainsi chaque bras de chromosome est « constitué par la juxtaposition d’éléments de longueur identique et relativement importante »1. Philippe de Reffye et Sadi Essad pensent avoir mis en évidence une caractéristique morphologique globale des chromosomes en métaphase. Du moins de Reffye en est-il plus convaincu qu’Essad2 . Ce dernier n’écarte pas en effet l’idée que cela ne soit qu’un artefact provenant des mesures. En tout cas, le caractère potentiellement significatif de ce type de travail est la raison essentielle pour laquelle Essad choisit de présenter ce résultat assez rapidement et directement à l’Académie3. Grâce à une étude statistique doublée d’un modèle mathématique simple (la formule de la spirale), ils ont construit un outil de mesure qui les met en face d’une régularité morphologique autrement inaperçue. Même s’ils ne le présentent pas comme tel, le mot qu’ils proposent pour désigner cette nouvelle régularité est emprunté à la terminologie de l’architecture classique telle qu’elle apparaît dès le traité de Vitruve (1 siècle avant J.-C.) : le « module » y est l’élément architectural qui sert de mesure élémentaire à quoi l’on rapporte par proportions, par nombres entiers donc, toutes les autres mesures de l’édifice.

Autrement dit, ce qui les intéresse dans ce résultat n’est pas seulement la possibilité de mesurer la longueur réelle du chromosome mais aussi celle de décompter les nombres entiers de modules présents sur chaque bras de chromosome pour mettre au jour une architecture globale. C’est un essai de formalisation non métrique et par réitérations. Rappelons que le terme de « modèle » est un cousin très proche de celui de « module » dont il provient étymologiquement. Le module serait ici le modèle d’une construction chromosomique élémentaire au sens où sa fonction consisterait à donner lieu à une véritable architecture constituée de simples réitérations. Le module remplirait donc bien cette fonction qu’on attribue en général aux modèles et qui consiste à résumer la structure. Mais le « module » est plus réaliste que le modèle en ce qu’il prétend construire une représentation sans résidus, sans restes, sans perte d’information. À ce titre, il n’est pas une abstraction ; sa nature est bien concrète : elle est homogène à celle de l’entité biologique à laquelle on s’intéresse, en l’occurrence le chromosome. En outre, de par cette règle de construction qu’elle manifeste, la morphologie des chromosomes en métaphase est donc implicitement apparentée à un artefact humain, à un ouvrage d’ingénieur, plus précisément d’architecte. La morphologie biologique particulière du chromosome est directement apparentée à une architecture. Elle est mathématisée mais par apparentement à une science de la conception. Cependant tout en étant réaliste, car mettant au jour une régularité bien réelle présente dans le chromosome, l’hypothèse du module reste essentiellement descriptive. Les auteurs admettent ainsi qu’ils ignorent le sens ou la fonction biologique d’une telle unité chromosomique :
« La correspondance biologique de ce module devra être recherchée en tenant compte de la situation intermodulaire du centromère et des constrictions secondaires. »er
Autrement dit, les deux auteurs avouent ne pas pouvoir encore formuler d’hypothèse à cet égard. Comme elle ne dispose pas d’une assise fonctionnelle avérée, la suggestion du « module » n’est présentée elle-même que comme hypothèse encore à tester1. La fonction du « module » dans cet article reste donc essentiellement méthodologique et descriptive. C’est tout au mieux celle d’une grille de lecture d’une organisation spatiale effective. En effet, l’application à des images de microscope d’une analyse statistique doublée d’un modèle mathématique a priori et supposé œuvrer à la déformation des données (la formule de la spirale) a mis au jour une réalité qui n’est pas fonctionnelle : d’un point de vue biologique, il ne s’agit pas de la mise au jour d’un phénomène physico-chimique ou de régulation fonctionnelle, mais d’une entité architecturale qui, en revanche, existe bien concrètement, au niveau macro-moléculaire. En un sens, Essad et de Reffye n’ont fait que redresser des images pour les rendre plus réalistes. Le rôle du modèle mathématique est de nous permettre ici d’adopter le point de vue sur l’image recueillie le plus « réaliste » possible dès lors qu’il nous décèle cette organisation modulaire ordinairement cachée2. Néanmoins, en se démarquant des approches plus fonctionnelles et physiologiques de la biologie moléculaire3, les auteurs prennent la peine de prévenir une éventuelle suggestion qui pourrait leur être faite, dès lors qu’elle a de fortes chances de naître en l’esprit de tout biologiste moléculaire ou de tout cytogénéticien en ce début des années 1970 :
« Par ailleurs, il n’existe pas de relation directe entre ce module et le réplicon, les longueurs d’ADN impliquées dans ces deux concepts étant mesurables respectivement en millimètres et en microns. »4
Il est donc hors de question d’apparenter voire d’identifier ce module avec le réplicon5 qui se trouve être, en ce qui le concerne, une unité qui a été isolée pour des raisons d’abord fonctionnelles et non descriptives. Ce que veulent dire Essad et de Reffye, c’est que l’on ne peut identifier l’unité morphologique qu’ils ont mise en évidence avec l’unité fonctionnelle théorisée en biologie moléculaire. Et c’est finalement l’argument de la différence d’échelle, les millimètres par rapport aux microns, qui montre qu’une identification serait purement illusoire.

Assez paradoxalement, au premier abord, tous ces travaux originaux initiés par l’équipe d’Essad connaîtront par la suite très peu d’autres développements. Il nous est possible de trouver à cela plusieurs raisons dont la plus importante est le décès prématuré de Sadi Essad intervenu quelques années plus tard. Mais il faut bien évidemment rappeler que de son côté, de Reffye ne peut poursuivre ces travaux sur le Lolium perenne puisque, même s’il reste en contact avec Essad (qui l’encadre de loin pendant sa thèse de troisième cycle), il quitte le centre de Versailles et part, comme convenu, en Côte-d’Ivoire, juste après le DEA, afin de contribuer à l’amélioration de ces plantes arbustives bien différentes des plantes herbacées que sont les caféiers. De ce fait, ses propres travaux connaîtront inévitablement une certaine discontinuité entre le DEA et la thèse. Elle sera due, pour l’essentiel, au changement de l’objet d’étude mais aussi, comme nous le verrons, au contraste entre les différents moyens technologiques et humains mis à disposition à Versailles et en Afrique. Enfin, dans son entretien publié, Roger Cousin, qui a bien connu Essad parce qu’il était chercheur au Centre de Génétique et d’Amélioration des Plantes de Versailles depuis 1959, indique que personne à l’INRA ne voudra poursuivre exactement sur la lancée de ces travaux. Il semble cependant que Sadi Essad ait eu le temps de modifier la présentation de cette hypothèse du « module » en proposant un terme qui lui agréait davantage : celui de « nucléon »1. Il ne tenait pas en effet à conserver le style un peu trop « modéliste » et théorique de l’approche que de Reffye et lui-même avaient dans un premier temps adoptée. Même sous ce nouveau terme, l’hypothèse ne sera pas non plus reprise. Enfin, dans le fait que personne à l’INRA ne poursuive ces travaux de cytogénétique au niveau chromosomique il faut sans doute voir une des conséquences de ce que les historiens des sciences Jean-Paul Gaudillière et Michel Morange ont appelé la « molécularisation » de la biologie française et plus particulièrement de la génétique formelle, entre 1965 et 19722. Les nouvelles technologies du génie génétique, appuyées notamment par le déploiement de la microscopie électronique, et intervenant pour leur part massivement au milieu des années 1970, vont également contribuer à marginaliser ce genre de travaux d’hybridation au niveau chromosomique puisque le contrôle génétique semblera de plus en plus pouvoir se faire au niveau moléculaire.

Quant à de Reffye, on le retrouve donc en poste en Côte-d’Ivoire, en ce début des années 1970. Le contexte de son institut d’accueil, l’IFCC, est bien particulier. Il est un des résultats du passé colonial de la France. Après la décolonisation, la mission de cet institut s’est résolument tournée vers le développement et vers la valorisation rationnelle des productions locales, cela dans l’intérêt de la France, bien sûr, mais aussi du pays d’accueil. En même temps, son implantation persistante dans des milieux et sous des climats bien différents de ceux de la métropole a fortement contribué à la diversification des problématiques agronomiques au-delà de ce qui aurait été possible sur le sol français. C’est dans ce contexte assez singulier donc, du point de vue de la recherche appliquée au niveau international, que prit naissance la simulation mixte.

La culture tropicale et la création de l’IFCC dans l’après-guerre


En 1971, lorsqu’il entre à la Division de Génétique de l’IFCC3 (Institut Français du Café, du Cacao et autres plantes stimulantes), Philippe de Reffye est donc un jeune ingénieur agronome de l’ENSAT, titulaire d’un DEA de génétique et d’amélioration des plantes de la faculté d’Orsay. Ainsi, c’est en tant que généticien améliorateur qu’il fait ses premières armes dans la recherche ; et c’est à ce titre qu’on lui confie le poste en Côte-d’Ivoire. L’IFCC a alors treize ans d’existence. Afin de comprendre comment la recherche de de Reffye va précisément prendre forme et s’inscrire dans le cadre de cet organisme, il nous faut avant tout revenir sur les raisons qui ont présidé à la création de cet institut. Les orientations de recherche que va connaître de Reffye en sont directement issues.



L’IFCC a été créé à partir d’une structure d’abord interne à l’ORSTOM (Office pour la Recherche Scientifique et Technique en Outre-Mer) : le service « Café-Cacao- Thé ». Selon le directeur de l’ORSTOM de l’époque, Jean-Jacques Juglas, ancien ministre de la France d’Outre-Mer1, la création de ce service avait été décidée au vu de « la place prépondérante du café et du cacao dans les exportations de plusieurs territoires »2. La caféiculture s’était en effet particulièrement développée en Afrique dans l’entre-deux-guerres, notamment grâce à la disponibilité nouvelle et à l’extension du café Robusta, variété de l’espèce Coffea canephora. Cette variété, plus robuste, était également plus facile à cultiver. Sous l’impulsion d’une politique favorable aux productions agricoles des colonies et attentive à réduire le déficit commercial de la France en matières premières tropicales, la culture du café avait été fortement valorisée, notamment par des exemptions de droits de douane3. Le cacao, pour sa part, constituait déjà une des ressources principales de la Côte-d’Ivoire et du Cameroun. Mais une très forte hausse de la demande avait contribué à favoriser le développement des productions concurrentes dans d’autres pays, notamment au Ghana et en Amérique latine, alors même que l’accroissement de la production dans l’Union Française se tassait4 au regard de l’augmentation de la production mondiale. De façon générale, dans l’après-guerre, la politique de la métropole a consisté à poursuivre le soutien aux cultures tropicales outre-mer, mais cette fois-ci davantage dans l’intention affichée que les régions concernées finissent par financer leur entretien et leur développement propres5. Toujours est-il que la métropole gardait un œil attentif sur les cours de ces matières premières produites dans les colonies. La culture du cacao ayant eu en outre à souffrir, au cours des années 1950, de très grosses fluctuations des cours, le gouvernement français avait réagi en créant d’abord un fonds national de régularisation des cours des produits d’outre-mer en février 1955, puis des « Caisses de stabilisation des prix », tout d’abord en Côte-d’Ivoire, puis successivement au Cameroun, au Gabon, au Togo et à Madagascar. Toutes ces créations étaient intervenues par décrets ministériels et coup sur coup à la fin de 1955 et au début de 19566.

L’ORSTOM pour sa part avait été créé en 1947. Il prenait la suite de l’ORSC (Office de la Recherche Scientifique Coloniale) créé par le gouvernement de Vichy en 1943. Dans son travail sur l’histoire du CNRS, Jean-François Picard a rappelé que cette notion juridique d’« office » était alors récente dans le droit français. Le premier « office » (Office national du tourisme) datait en effet de 1910. Ce type de structure, indique l’historien, dispose « d’une certaine autonomie financière, tout en restant attaché à une grande administration »1, en l’occurrence le ministère des colonies. Or, rappelons que la création de l’ORSC intervint précisément à ce moment-là parce que le gouvernement de Laval, succédant en 1942 à celui de Darlan, était plus favorable que son prédécesseur à cette fragmentation de la recherche en offices autonomes, notamment par rapport au CNRS2. Par la suite, les gouvernements de la quatrième république conserveront cette structure d’office pour la recherche scientifique dans les colonies. Nous évoquons brièvement ici cette décision de principe pour l’autonomie parce qu’elle jouera un rôle important dans les pratiques de recherche que nous serons bientôt amené à exposer.

En ce qui concerne plus particulièrement l’engagement de l’ORSTOM dans la recherche appliquée, ou finalisée, d’après-guerre, des orientations volontaristes en faveur des productions agricoles coloniales se multiplièrent, cela pour plusieurs raisons. Tout d’abord, lorsque, dans les années 1950, les cours mondiaux du café en vinrent à augmenter considérablement, l’intérêt et les arguments de la politique de valorisation de la caféiculture prirent davantage de poids : la métropole y vit une grande opportunité à saisir, d’autant plus que les rendements des caféiers paraissaient encore tout à fait médiocres, donc susceptibles d’améliorations. En outre, la consommation mondiale en cacao mais aussi et surtout en café avait connu une forte hausse. La demande en café fin, par exemple, augmentait très sensiblement. Le discours affiché de l’ORSTOM était alors le suivant : « Pendant longtemps encore les produits industriels ne tiendront qu’une place très limitée dans les exportations des Territoires d’Outre-Mer […] les produits agricoles constitueront encore, au moins en valeur, pendant bien des années, le gros des exportations. »3 La recherche agronomique devait donc y tenir une place plus que jamais prépondérante, et pour longtemps encore.

Le service « Café-Cacao-Thé »



C’est dans ce cadre-là que la création du service « Café-Cacao-Thé » de l’ORSTOM est intervenue, fin 1955. Dès le départ, ce service avait été conçu pour favoriser le déploiement rationnel et systématique de programmes d’amélioration, notamment par les méthodes génétiques, du rendement des plantes cultivées comme le café, le cacao ou le thé dans ce qu’on appelait alors (jusqu’en 1958) l’« Union Française » (AEF, AOF, Madagascar et Nouvelle Calédonie)4. Comme l’ont montré les travaux de Christophe Bonneuil, ce mouvement volontariste et centralisé de valorisation, de rationalisation et d’intensification des productions des colonies françaises n’était pas nouveau puisqu’on doit le faire remonter aux années qui ont immédiatement suivi la première guerre mondiale1. Mais, dans les années 1950, au vu des rendements obtenus, il était de nouveau très clair que les cultures tropicales souffraient de la comparaison avec les progrès spectaculaires que la sélection génétique avaient pu apporter entre-temps à l’agronomie rationnelle de métropole et des pays tempérés en général. Ces avancées remontaient déjà aux premières années de l’immédiate après-guerre lorsque certains hybrides créés aux Etats-Unis firent leur apparition en France. Ce fut notamment le cas en 1946 pour les hybrides du maïs2. Alors même que le café par exemple était déjà considéré comme un produit stratégique3, l’amélioration du rendement des caféiers avait été en revanche longtemps délaissée. Tout au moins était-elle abandonnée à l’initiative individuelle des jardins d’essai : des améliorations ponctuelles avaient été obtenues, mais souvent inefficaces, car il ne servait à rien d’isoler une souche à fort rendement si, par ailleurs, elle était fragile face aux maladies ou à la sécheresse. Il apparaissait ainsi de plus en plus qu’il fallait pouvoir maîtriser ou contrôler en même temps de nombreux facteurs, cela de façon rigoureuse et sur de nombreuses années. Or, selon un rapport initial de René Coste, qui fut le premier directeur du service « Café-Cacao-Thé », les membres de ce tout nouveau service s’accordaient sur le fait que ce genre de pratique n’était plus guère accessible à l’initiative individuelle et irraisonnée4. En cette fin des années 1950, les agronomes français avaient donc plus que jamais fait valoir l’idée que, dans le cas des cultures tropicales françaises, la complexité de leur discipline exigeait une organisation uniquement dédiée à l’amélioration des plantes, avec un fort versant génétique et biométrique a priori5. Si l’on voulait intensifier la caféiculture, il fallait mettre en œuvre des programmes centralisés de suivi, de traitement et d’évaluation très stricts6. L’heure n’en était plus à la sélection variétale improvisée.

La centralisation n’a pas été un des derniers arguments ni une des dernières motivations pour la création d’une telle structure. Elle était déjà pensée de longue date au niveau ministériel. On en a la preuve si l’on songe que, dès 1953, par un décret en date du 17 novembre, toutes les attributions exercées dans les territoires d’outre-mer par les divers organismes de recherches agronomiques (dont les deux Centres de Recherches Agronomiques de l’Afrique Occidentale Française de Bingerville en Côte-d’Ivoire et de N’Kolbisson au Cameroun) avaient auparavant été transférées à l’ORSTOM1. Pour toutes ces raisons, en 1955, l’ORSTOM décidait de créer ce service spécial centralisant les organismes qui étaient dédiés à l’amélioration du café, du cacao et du thé. Parmi ses premières actions ont figuré la création en Côte-d’Ivoire d’un important centre de recherches caféières et cacaoyères2. Ainsi, ce qui, à Bingerville, avait d’abord été un « jardin d’essai » à partir de 1900, puis une « station expérimentale » dédiée à la sélection variétale pour le caféier et le palmier à partir de 19293, devenait un centre de recherches particulièrement spécialisé dans l’amélioration génétique du caféier et du cacaoyer. Cette notion de « station expérimentale » venait bien entendu de l’exemple britannique et notamment de la station de Rothamsted qui vit les premiers travaux en agronomie de R. A. Fisher.

Une « large autonomie locale »



Dans l’esprit de ses fondateurs, c’est assez paradoxalement grâce au pouvoir centralisateur nouvellement accru de sa tutelle nationale directe (l’ORSTOM) que le service « Café-Cacao-Thé » devait jouir d’une « large autonomie locale ». En 1957, dans le premier numéro de la revue Café, Cacao, Thé, le directeur de l’ORSTOM, Jean-Jacques Juglas, s’exprime en effet ainsi : 
« Deux caractères distinguent [le service spécialisé Café-Cacao-Thé »] : tout d’abord large autonomie locale, son activité sur place étant orientée et contrôlée par des Conseils Techniques auxquels participent tous ceux, planteurs, négociants-exportateurs, services techniques qui dans les territoires sont intéressés à ces trois produits. En second lieu, liaison étroite par le Conseil de Spécialité d’une part avec la Fédération Nationale des producteurs de Café et de Cacao, d’autre part avec les Industriels, torréfacteurs et chocolatiers, cependant qu’à cet échelon supérieur les Conseils Techniques locaux détachent des délégués. »4
C’est donc cette structure dotée de conseils techniques locaux interdisciplinaires qui devait assurer l’adaptation des problématiques de recherche aux conditions locales. Avec ce fonctionnement, il était statutairement entendu que la conception de solutions scientifiques et techniques devait se trouver fortement en prise avec les conditions locales de production tant économiques que climatologiques : il n’y a pas d’amélioration des plantes en soi mais toujours pour un usage donné et dans un contexte donné. La structure administrative de la recherche agronomique, plus précisément des instances locales auprès desquelles les ingénieurs et techniciens devaient rendre des comptes, était en quelque sorte calquée sur la nécessaire diversité et interdisciplinarité des approches d’amélioration des plantes et des rendements. C’est à ce besoin que répondait le premier échelon des conseils techniques. Mais, comme l’indiquent les propos précédents, un deuxième niveau de fonctionnement veillait de surcroît à la communication plus globale de l’information et des ressources propres aux conseils locaux. Ces conseils techniques ont donc eux-mêmes à rendre des comptes à un niveau national et selon leur spécialité.

La perspective du marché commun : accroître la compétitivité des produits nationaux



Par ailleurs, il se trouva que les agronomes purent être entendus et exaucés justement en 1957 parce qu’un argument nouveau, d’ordre politique celui-ci, pesait tout aussi considérablement en leur faveur : l’entrée de la France dans le marché commun. En 1958, René Coste, devenu entre-temps le premier directeur général de l’IFCC, s’exprimait en effet ainsi :
« [L’importance d’une production de qualité] est encore renforcée avec la perspective de l’entrée, très prochaine, de l’Union Française dans le marché commun, car tout devra être mis en œuvre par les exploitants, dans les années de transition, pour abaisser leur prix de revient à des niveaux compétitifs sur les grands marchés des partenaires européens. »1
La perspective raisonnable de pouvoir augmenter, grâce à une recherche scientifique soutenue, le rendement d’une matière première dont les cours mondiaux étaient en même temps élevés, doublée du nouvel enjeu européen a donc incité à la création de l’IFCC comme entité autonome, ainsi qu’à la définition précise de sa mission : l’amélioration des plantes pour l’agronomie et le développement, en particulier celle du café. Un des objectifs affichés était bien évidemment de faire acheter par les pays du marché commun davantage de café venant des colonies françaises, aux dépens des cafés sud-américains, entre autres.

En outre, il y avait un grand déficit de connaissance concernant les variétés de cafés cultivées en Afrique. Car les quelques connaissances agronomiques que l’on possédait sur le café étaient pour l’essentiel dues à des agronomes néerlandais de Java, Sumatra et à des agronomes brésiliens. Et elles concernaient avant tout les cafés Arabica et non la variété Robusta qui se prête pourtant mieux à l’environnement de la Côte-d’Ivoire. Le programme d’amélioration des plantes tropicales dans les colonies françaises présentait donc tous les éléments lui permettant de passer a priori pour un défrichement initial prometteur et dont on pouvait espérer de rapides retombées scientifiques, techniques et économiques.

L’orientation de la recherche génétique à l’IFCC : l’amélioration des plantes



Il y a de très nombreuses manières d’améliorer le rendement d’une plante cultivée. D’un point de vue général, aucune d’entre elles n’est exclusive des autres, même si ponctuellement les solutions préconisées peuvent se contrarier : soit l’on tente de jouer sur l’écologie de la plante en lui trouvant un environnement, une altitude favorable ou un ensoleillement optimal ; soit on tente d’influer sur sa production, au moyen d’une approche physiologique intervenant directement sur l’assimilation en nutriments, l’apport artificiel de différentes substances : eau, engrais et produits chimiques divers ; soit on tente de la protéger des parasites ou des maladies par le recours à d’autres sortes de produits chimiques ; soit l’on développe une pratique culturale adaptée de coupe, de taille, d’élagage ou de recépage ; soit enfin on tente d’intervenir en amont, et plus directement, sur les déterminants génétiques de la plante. C’est là que l’on trouve les pratiques de sélection, de croisement et d’hybridation propres à l’agronomie.

Ainsi, dans cette dernière perspective, au lieu de privilégier l’adaptation de l’environnement à la plante, on travaille, au contraire, à créer des variétés nouvelles, génétiquement mieux adaptées à l’environnement existant et aux conduites culturales que l’on sait mener avec les moyens techniques et humains dont on dispose. Bien entendu, ces pratiques de sélection artificielle sont aussi anciennes que la culture des plantes ou l’élevage des animaux. Mais ce sont elles qui, après-guerre et avec les récents apports de la génétique à l’agronomie, seront qualifiées plus spécifiquement de techniques d’« amélioration des plantes » aux côtés de celles qui visent à améliorer le rendement de plantes déjà existantes en opérant sur leur milieu immédiat. Comme l’indiquent les publications, à la suite de la création volontariste du service spécialisé de l’ORSTOM qui deviendra l’IFCC, toutes ces sortes de pratiques d’amélioration que nous avons énumérées ont été tentées sur la caféiculture, notamment en Côte d’Ivoire, avec des résultats assez vite encourageants dans de nombreux domaines. Mais, pour ce qui concerne la production de café ivoirien, il n’aurait servi à rien de ne travailler qu’à augmenter le rendement car le type de café obtenu initialement à partir des espèces autochtones (dite « spontanées » par les agronomes) de la Côte-d’Ivoire n’était pas adapté à la demande des consommateurs. C’est la raison pour laquelle, dès les premières années de l’IFCC, l’approche de type « amélioration des plantes » au sens strict a été fortement favorisée dans le cas du café ivoirien.

À partir de 1961, J. Capot, d’abord ingénieur agronome puis chef de la division de génétique, a donc mené, avec son équipe de techniciens et d’ingénieurs, des travaux de sélection génétique sur le café de façon à améliorer la qualité de l’espèce ivoirienne spontanée : le Coffea canephora dont le Robusta est une variété. Il est bien connu que le café Arabica ou d’Arabie possède une meilleure saveur. Il est moins amer que le Robusta. Cependant le Robusta a l’avantage d’avoir plus de corps mais surtout celui d’être plus facilement cultivable en Côte-d’Ivoire, c’est-à-dire à basse altitude (pas plus de 300 m) et sous un climat tropical régulier. Or, comme ces deux derniers facteurs culturaux ne sont pas techniquement modifiables à loisir, on voit qu’il paraît préférable d’opter ici pour une approche « amélioration de la plante ». Afin d’introduire le patrimoine héréditaire de l’Arabica dans le Robusta en retirant les avantages des deux espèces, J. Capot et son équipe de l’IFCC tentent d’hybrider les deux1. À partir de 1965, ils commencent à obtenir des hybrides d’Arabica et de Robusta qu’ils vont mettre sept années à stabiliser et à évaluer correctement2, jusqu’à leur publication majeure de 1972 dans la revue Café, Cacao, Thé. C’est dans cette publication que J. Capot propose l’appellation « Arabusta »3 pour désigner l’hybride ainsi conçu. Cette appellation fera date et sera adoptée par ses collègues, dont de Reffye.

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