36
SECTEuR
>
B A n C A S S u R A n C E
Le directeur général de la BNP, Baudouin Prot, l’a parfaite-
ment résumé: «2009 s’annonce comme une année complexe.»
Faillite de Lehman Brothers, lourdes pertes de Natixis, affaires
Kerviel et Madoff... la crise est d’abord financière. Le groupe
de bancassurance néerlandais ING a annoncé fin janvier la
suppression de 7 000 emplois dans le monde en 2009 et les
mouvements dans le secteur sont loin d’être terminés.
Au contraire, la crise sem-
ble forcer à l’évolution
des modèles bancaires:
comme la création d’une
joint-venture annoncée
par le Crédit Agricole et
Société Générale dans
la gestion d’actifs en
rapprochant leurs deux
filiales d’asset manage-
ment.
«La crise se caracté-
rise surtout par un
manque de visibilité
à moyen terme»,
observe
Sidonie
Couture,
senior
manager de Robert
Half Banque &
Assurance. Louise
Enescaux, consul-
tante du cabinet
Hudson Global
Resources estime que dans le
secteur bancaire, «les recrutements, toutes popula-
tions confondues, cadres et non cadres, vont baisser de 20% par
rapport à 2008, année qui avait elle-même baissé de 10% par
rapport à 2007. Toutefois, le secteur bancaire restera en 2009 un
important recruteur, en particulier de jeunes diplômés», en rai-
son du départ en retraite de la génération papy-boom. Dans
ce paysage mouvementé, impossible de passer à côté de la
baisse du volume d’offres d’emploi dans tous les secteurs par
rapport à l’an dernier, excepté dans l’assurance. Néanmoins,
les services informatiques, le consulting et la banque de détail
sont les moins touchés par cette baisse. En revanche, les recru-
teurs redoublent de prudence et les processus de décision sont
de plus en plus longs…
un plan B
Tout ne sera pas noir en 2009. Certains sec-
teurs tireront même parti de la crise: le restructuring, la com-
pliance, l’inspection générale, la gestion des actifs/passifs…
Que ce soit dans l’assurance ou dans la banque, toutes les
activités de contrôle des risques ont la cote. Ainsi, tous les
acteurs du secteur s’arrachent désormais les actuaires, avec
parfois des préférences, comme Emmanuelle Costa, respon-
sable recrutement chez Legal et General, qui considère «que
les ingénieurs issus de grandes écoles avec une couleur financière
obtenue à Dauphine réussissent au moins aussi bien que les
actuaires “ purs ” dans les mêmes fonctions». En revanche, pour
ceux qui se destinent à un secteur comme l’activité de mar-
ché, les fusions-acquisitions, la gestion de private equity…
mieux vaut prévoir un plan B.
Un plan B ? Véronique Leenhardt, responsable du sourcing
et relations écoles de HSBC conseille «aux jeunes qui veulent
devenir traders ou structureurs de ne pas renoncer à leurs ambi-
tions, mais de chercher à élaborer des stratégies de contournement
en attendant que la situation s’éclaircisse en banque d’investisse-
ment». Par exemple, en acceptant de travailler dans les métiers
du risque ou du middle-office. Les étudiants qui visent la
fusion-acquisition gagneront, explique Véronique Leenhardt,
«à intégrer une organisation comme la nôtre. Nous pouvons leur
proposer des postes dans des Corporate Banking Center (CBC)
où ils pourront se forger une expérience sur des problématiques
similaires à leurs aspirations» et seront ensuite «aux premiers
rangs quand des places s’ouvriront de nouveau en banque d’affai-
res». Autre solution chez HSBC, les programmes Executive
Graduate qui permettent de former de futurs managers en
France et à l’étranger.
Pour contourner la crise, d’autres tentent de se rapprocher
des cabinets d’audits, grands recruteurs de jeunes diplômés.
L’année 2009 est loin d’être catastrophique. Les départs
en retraite offrent toujours des opportunités par milliers aux jeunes
diplômés motivés. Essentiellement de bac +2 à bac +5 pour
des postes de commerciaux et de contrôle des risques.
vive le
papy-boom !
En 2009, tous les
acteurs du secteur
bancassurance n’ont
que ce mot à la bouche :
«actuaire». À croire
que c’est le métier de
l’année ! Spécialiste de
la gestion des risques,
l’actuaire propose des
modèles mathématiques
afin de gérer au mieux
l’évolution incertaine
de l’environnement:
«Élaboration et
tarification de contrats
d’assurance, évaluation
de produits financiers,
choix d’investissements,
gestion des risques
financiers», explique
l’institut des Actuaires.
Mais la tâche est
rude, car de formation
scientifique, l’actuaire
doit également maîtriser
les aspects financiers,
juridiques, comptables,
fiscaux et commerciaux
de son environnement.
Le salaire peut débuter à
38 000 € et atteindre des
sommets… que personne
n’ose avouer.
ACTuAIRE: ASSuRAnCE TouT RISQuE