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Mémoire des « gauchistes »



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1.2. Mémoire des « gauchistes »

Pour l’équipe de Charles Hernu, cette opération s’inscrit dans un positionnement politique complexe entre d’un côté ses débats internes et locaux avec le parti communiste et de l’autre côté, les critiques de ceux qu’il va vite appeler les gauchistes. Ainsi de la conférence de presse de Charles Hernu lors de la démolition de la quatrième barre en 1981 :


« Lorsque le maire de Vitry/Seine est passé à l’action avec son bulldozer, j’ai été surpris que l’on ne pense plus à comparer avec ce que nous réalisons à Villeurbanne. La méthode employée ne fut pas celle de la violence mais de la concertation. Nous n’avons pas déménagé des familles, nous les avons relogés en prenant garde à ne pas recréer ici ou là des ghettos. Ce qui s’est passé à Vitry aurait très bien pu se passer dans notre agglomération, car l’action des élus communistes, je ne fais que le constater, était concertée… J’avais déjà reçu des lettres de maires communistes me demandant non seulement de ne plus accueillir de travailleurs migrants mais aussi de refuser les logements à des français et des françaises des départements et territoires d’Outre-Mer… Quand j’entends nos collègues communistes dire : » les travailleurs migrants doivent être répartis sur toute l’agglomération et aller dans l’ouest lyonnais », moi, j’en suis bien d’accord mais ils ignorent ou feignent d’ignorer que les familles refusent pour les raisons que vous savez : la proximité du lieu de travail, la fréquentation scolaire, les habitudes aussi. »
On pourrait surtout rajouter le manque de logements sociaux dans l’Ouest Lyonnais. Olivier de Serres ouvre, en la refermant, la parenthèse de la possibilité de distribution des populations immigrées dans l’ensemble de l’agglomération, celle de leur accès au parc social mais aussi et surtout les modes de gestion communale du peuplement via le parc HLM et la possibilité de l’échelon communautaire d’infléchir ces systèmes de gestion.
S’il est une mémoire restée alors prégnante du côté des élus de Villeurbanne, c’est celle de ceux qu’ils dénomment souvent les gauchistes, à savoir les différentes personnes et associations qui se sont mobilisées sur la période dans la défense du logement des immigrés.
Dès 77-78, en tant qu’élu, j’étais dans la question des droits et des devoirs. Certains disaient faut pas démolir. D’accord, s’ils l’avaient géré eux, qu’est-ce qu’ils auraient fait ? L’ACFAL disait les droits, les droits… Mais les devoirs, on dit quoi là ?
« Il y avait bien la CIMADE qui défendait les immigrés, mais c’était pas vraiment un problème… Il n’y a pas eu vraiment d’opposition, il n’y a pas eu de manifestation quand on a démoli…
Avec certains, on avait poussé pour pas construire ces villas, ces logements spécifiques. Quelle affaire ! D’un côté, il y avait eu un foyer SONACOTRA construit et inoccupé avec un gardien dedans… et les villas, là, cette affaire… C’est toujours inoccupé… Chazalette1 n’était pas à la municipalité mais avait une mission à l’époque… Ca a créé des tensions, on se disait que c’était une connerie. A la mairie, on me disait, si tu veux les garder les familles qui restent, tu te débrouilles… Tu les loges toi… Il devait rester 6, 7 familles, on savait plus quoi en faire… Avec l’autre élu, c’était pas vraiment de notre ressort en fait, on était plus chargé de faire le lien avec la population, c’est tout… C’était l’époque où les gauchistes, c’était pas des gauchistes, en fait, c’était des chrétiens d’ailleurs, les mouvements auxquels j’appartenais étaient minoritaires et les opposants se plaçaient vraiment en opposition au pouvoir…
La question des gauchistes recouvre, en fait, une succession de strates militantes qui ne sont pas forcément liées les unes aux autres. En effet, il y chez certains une forme de confusion mémorielle entre les débats qu’ont pu entraîner la démolition d’Olivier de Serres et où ce sont principalement la CIMADE puis l’ALPIL et l’ACFAL qui portaient ponctuellement la mobilisation avec les mobilisations suivantes qui font suite à l’intervention de Charles Hernu pour demander l’expulsion de deux familles des villas à l’été 1986. Cette affaire va prendre une ampleur nationale avec nombreux articles de presse à l’appui, intervention sur le terrain d’Harlem Désir dans la suite de la constitution récente de SOS Racisme et surtout implication forte de deux figures chrétiennes lyonnaises bien connues : Jean Costil, pasteur protestant, au titre de la CIMADE et le père Delorme, non pas curé des Minguettes, mais vicaire à Saint-Fons. La CIMADE va faire citer pour « abus de pouvoir » le maire de Villeurbanne devant le Tribunal Administratif. Il semble bien que ce soit cette affaire qui ait cristallisé la question des « gauchos » vus par les élus de Villeurbanne. La réponse de Charles Hernu au Quotidien de Paris1 en 1986 vaut d’être citée in extenso.
« Ils sont bien légers ceux qui parlent sans savoir. Ma démarche vis à vis des immigrés reste résolument de gauche : intégration et assimilation. A Villeurbanne, comme dans toute la périphérie lyonnaise, il y avait d’énormes problèmes… De véritables ghettos où régnait la violence et l’insécurité… Les premiers à pâtir de cette situation, on l’oublie trop souvent, sont les immigrés eux-mêmes. En quelques années, nous avions, grâce à la démolition puis à la rénovation de la cité Olivier de Serres, réussi à résoudre en grande partie le problème en supprimant le ghetto insalubre et dangereux pour reconstruire à la place des immeubles neufs, où français et immigrés cohabitaient en bonne intelligence, grâce à une judicieuse répartition. Lorsque j’ai appris, à la suite de plaintes de familles, aussi bien françaises qu’immigrées que deux résidents, deux chefs de familles, faisaient régner la terreur dans la cité, j’ai réagi… En, fait, à la cité Jacques Monod, expérience d’intégration réussie, ces deux-là risquent de saboter des années d’efforts, grâce à la complicité de quelques « gauchos » locaux, toujours prompts à utiliser ce genre d’affaires…. Nous ne sommes pas en période électorale que je sache, mais si c’était le cas, les accusations lancées contre moi par mes adversaires assureraient à coup sûr ma réélection au premier tour ! »
Cette affaire ouvre sur la fin sans fin d’Olivier de Serres, la question des villas spécifiques et surtout la crainte que d’emblée Jacques Monod ne devienne un Olivier de Serres bis. Telle est la raison principale de la fermeté de Charles Hernu à lire les coupures de presse de l’époque.


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