Présentation par Patrick Bazin


Esprit : la fondation de la revue et le mouvement Esprit



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Esprit : la fondation de la revue et le mouvement Esprit

Par Goulven Boudic


Bernard Comte a accompli un travail extraordinaire. La technique de réédition d'autant de numéros d'une revue de ces années 1940-1941 est d'abord une prouesse, et le travail critique qu'il a accompli dans ce cadre m'a laissé absolument sidéré. Je le lui ai déjà dit, donc ce n'est pas un compliment en l'air.

Je ne vais pas exactement prendre la suite de Bernard Comte, je vais revenir à une période que Bernard Comte a déjà évoqué, qui est, finalement, la période de fondation de la revue pour comprendre, parce que c'est l'objectif du court propos qui est le mien aujourd'hui, pourquoi la revue Esprit dispose de ce que l'on appelle le « mouvement Esprit », pourquoi cette revue est aussi un mouvement, donc il y a eu des groupes locaux, dont l'un des principaux et l'un des plus actifs fut donc le groupe lyonnais dont Robert Jourdan parlera probablement plus en détails.

Pour comprendre cela, il faut revenir en fait à la période que l'on appelle la « pré-histoire » ou la période de fondation de la revue. En gros, c'est 1930 à 1934, sachant que le lancement, la publication de l'objet revue lui-même, le premier numéro de la revue Esprit, c'est octobre 1932, donc deux années avant, deux années après. Pendant ces quatre années vont s'affronter, autour du projet qu'est la revue, deux logiques, deux projets, deux visions qui sont incarnées, portées donc par deux hommes.

Le premier d'entre eux est un jeune intellectuel, de cette génération des intellectuels non-conformistes, aujourd'hui méconnu parce qu'il est mort relativement jeune, en 1944 dans les combats contre les Allemands, il s'était engagé, c'est André Deléage. Il était un historien promis à un bel avenir, un élève de Marc Bloch, un médiéviste très célèbre déjà, dans le milieu des médiévistes avant-guerre, et André Deléage est à l'époque un jeune intellectuel révolté et il incarne, dans ce projet autour de la revue, un projet qui vise à constituer d'abord et avant tout un mouvement. Ce qui importe à André Deléage, et à quelques-uns qui appuient cette démarche, c'est la création d'une organisation, d'un mouvement, qu'il pense comme un mouvement extra-parlementaire, c'est-à-dire qu'il ne s'agit pas véritablement de fonder un parti politique, au sens contemporain du terme, c'est-à-dire un parti qui sélectionnerait des candidats, qui les enverrait devant les électeurs, et qui aurait pour vocation d'exercer le pouvoir. Non, ici il s'agit véritablement d'un mouvement qui préparerait donc la révolution, une sorte de mouvement d'avant-garde et, dans ce cadre, la revue n'intervient qu'en second lieu. La revue serait donc la revue de ce mouvement, comme une sorte d'organe de propagande, de journal du mouvement dont il est question.



Et puis, face à André Deléage, il y a un deuxième homme, qui s'appelle donc Emmanuel Mounier, qui s'agrège à cette démarche dont il n'est pas l'initiateur au départ. Il va s'intéresser à cette démarche, mais il va s'intéresser, lui, à l'aspect revue. Et par rapport à André Deléage qui plaide pour la priorité du mouvement sur la revue, Mounier, lui, va plaider la solution inverse, c'est-à-dire la priorité de la revue sur le mouvement ou, plus exactement, l'autonomie de la revue par rapport au mouvement. C'est-à-dire qu'il doit y avoir deux instruments différents dans ce projet de révolution qu'il baptisera, quelques mois plus tard, « personnalisme communautaire », et une organisation parlementaire, à la limite une organisation d'agitation politique, et puis, donc, une revue intellectuelle mais qui ne serait pas et n'est pas conçue par Mounier dès le début comme un instrument de propagande. Mounier ne veut pas faire de la propagande, ni celle d'un parti qu'il ne maîtriserait pas. Il faut savoir se rappeler que Mounier ne se sent pas du tout le caractère d'un homme d'action, mais le caractère d'un intellectuel, d'un homme de pensée, et bien éloigné de la propagande, de l'agitation politique. Alors cette querelle, parce qu'il va y avoir une querelle, va se dérouler entre 1930 et 1934. Mais Mounier va devenir de fait le directeur d'Esprit, dont le premier numéro paraît en octobre 1932, et, quelques mois après la publication du premier numéro d'Esprit, naît le mouvement porté essentiellement par Georges Izard, futur avocat, futur député, et André Deléage, et puis un troisième un peu moins connu qui s'appelle Louis-Emile Galey. Ce mouvement va s'appeler « Troisième Force ». Il naît au début de l'année 1933. Et les relations vont être très tendues entre Mounier, d'un côté, et les trois hommes de l'autre, même si, en gros, Georges Izard va tenter de jouer le rôle de conciliateur entre les hommes de la revue, Mounier essentiellement, et les hommes du mouvement, Deléage essentiellement. Mounier, lui, a une position sur le mouvement qui est assez révélatrice, il pense que ce mouvement, la Troisième Force, est voué à l'échec, car, selon lui, ce mouvement va céder à ce qui est de son point de vue une dérive, c'est-à-dire à la tentation parlementaire, à la tentation électorale. Et, de fait, la suite des événements donnera raison à Mounier, puisque la Troisième Force, Georges Izard, par exemple, va s'insérer progressivement dans le jeu des forces politiques traditionnelles, dans le jeu des partis parlementaires, et Georges Izard deviendra d'ailleurs député au moment du Front Populaire, au titre d'une alliance entre, notamment, la SFIO et tout un ensemble de petites formations dont la Troisième Force. Mais au moment où Izard devient député en 1936, au moment où la Troisième Force devient un parti politique quasiment comme les autres, au point d'aller présenter des candidats aux élections, on peut dire que les relations entre Esprit et le mouvement de la Troisième Force sont déjà rompues depuis 1934, date à laquelle Georges Izard propose à Mounier une sorte d'Armistice, nous cessons les querelles sur les questions de priorités, d'articulations entre la revue et le mouvement, chacun va vivre de sa propre vie. Et Mounier devient donc, à partir de ce moment-là, en 1934, un directeur de revue à part entière et autonome. Il n'a plus à combattre la tentation que pourraient avoir certains animateurs du mouvement de lui proposer, voire imposer, une ligne éditoriale, des articles allant dans tel ou tel sens, etc. Il n'a plus cette menace. Mais le problème, c'est qu'il est un peu seul, parce que beaucoup de ceux qui étaient à ses côtés sont allés du côté du mouvement. Alors l'idée de Mounier est tout simplement de reconstituer un nouveau mouvement, mais un mouvement qui ne serait plus dans une concurrence avec la revue, mais qui serait le mouvement propre de la revue. Il s'est débarrassé de la Troisième Force en 1934, et en 1935, il va déposer, très officiellement, des statuts à la préfecture de la Seine, des statuts d'une association qui s'appelle « La Communauté des Amis d'Esprit » qui est le cadre juridique de cette association et qui va servir de dénomination pour ce que l'on va appeler le « mouvement Esprit ». Le « mouvement Esprit », c'est donc quelque chose que Mounier va maîtriser ou tenter de maîtriser le plus possible, et ce mouvement, d'emblée, va se fixer comme mission, comme tâche, de fonder des groupes provinciaux. Un petit point, ici, qui nous amène encore à revenir sur la période de fondation, lorsque Mounier fonde Esprit, il fait appel, avant même la publication de la revue, à une souscription. Et il va sillonner la France et faire jouer tout un ensemble de relations, et on peut dire qu'Esprit, d'emblée, est une revue provinciale. C'est une revue qui est écrite essentiellement, de fait, par des intellectuels parisiens, mais Mounier, à l'époque, lui-même, n'est pas parisien, il est bruxellois, il deviendra parisien plus tard, et ses lecteurs sont d'emblée des lecteurs provinciaux. Il y a un attachement de Mounier pour la province qui va se traduire donc à partir de 1935 par le fait que, dans le cadre du mouvement Esprit qu'il vient de relancer, il va s'attacher à la fondation, à la création de centres, de clubs, de groupes locaux du mouvement Esprit - c'est le terme de « groupe » qui va être le plus souvent retenu - dont on retrouve la trace dans les pages mêmes de la revue, puisque dans chaque numéro de la revue, le point est fait sur les activités de tel ou tel groupe, sur les invitations qui ont été faites, sur les conférences, sur les formes d'actions militantes, parfois, qui ont été menées par tel ou tel groupe. Mais il est vrai que, je le dis d'emblée, dans la géographie des groupes Esprit avant-guerre, on sent déjà l'importance de ce que j'ai appelé dans mon livre et dans ma thèse le Couloir rhodanien, c'est-à-dire Lyon, Grenoble, et cela va jusqu'à Aix, Marseille, Dijon également un petit peu. Dijon, où Jean Lacroix occupe l'un de ses premiers postes et il sera l'un des fondateurs actifs du groupe dijonnais, avant de devenir le fondateur et l'animateur du groupe lyonnais dont Robert Jourdan parlera. Le problème de ce mouvement dans l'entre-deux-guerres est que les groupes sont finalement moins actifs qu'espéré, et surtout que les groupes dépendent énormément de l'investissement d'une personnalité. On l'observe très bien à travers les archives : le dynamisme des groupes est très dépendant d'une personnalité qui est très souvent membre de la rédaction de la revue. Et s'il se trouve que cette personnalité déménage, on constate que la relève se fait souvent très difficilement, et donc on peut suivre en fait la géographie des groupes en suivant la géographie des mutations, et souvent des mutations universitaires ou professorales, ou des déménagements liés au déroulement des carrières. Par exemple, Jean Lacroix va être un animateur du groupe dijonnais dans l'entre-deux-guerres, mais le groupe de Dijon dépérit très rapidement dès que Jean Lacroix quitte Dijon. Et, en revanche, le groupe lyonnais, lui, deviendra un groupe très actif.

Il y a un point que j'aimerais souligner, c'est que les groupes vont donc tomber en désuétude pendant la guerre, pour des raisons qui sont évidentes, et lorsque Mounier refonde la revue Esprit en 1944 - puisque le numéro de la refondation, le premier numéro de l'après-guerre paraît en décembre 1944 - pour lui, la refondation d'un mouvement n'est pas une priorité. Et il faut attendre 1947 pour que Mounier se dise qu'il faut relancer les groupes, et la relance des groupes va s'opérer notamment à travers une petite publication, ronéotypé qui va circuler en marge d'Esprit, c'est Le Journal Intérieur qui est l'organe de communication des groupes, ensemble, forment donc le mouvement Esprit. 1947 : la date n'est pas innocente. Pourquoi Mounier refonde-t-il et relance-t-il le mouvement ? D'une part parce qu'il a un rédacteur, un collaborateur, de la revue, qui est prêt à y consacrer de l'énergie, c'est Paul Fraisse qui va être l'artisan de la relance du mouvement. Parce que Esprit se trouve traversé, comme d'autres revues, une période de crise. C'est l'une des premières étapes de la crise de la presse, qui va faire disparaître, en France, bon nombre des publications issues notamment de la Résistance, de la Libération, ce sont les premières crises au monde, des crises, évidemment, dans d'autres publications, France Soir, Combat, etc. Cette crise de la presse touche Esprit, les revues, le monde de l'édition, et notamment, pour une raison structurelle et économique, c'est l'augmentation pharaonique du prix du papier, cela coûte de plus en plus cher de faire une revue. Alors le problème, c'est que le pouvoir d'achat des Français baisse, et une revue coûte de plus en plus cher, donc il y a moins d'abonnés, et Esprit est une revue dont l'autonomie tient aussi au fait qu'elle est essentiellement une revue achetée, une revue d'abonnés, elle n'est pas adossée à une maison d'édition qui la subventionnerait, même si elle a des liens privilégiés avec Le Seuil, et donc il faut qu'elle trouve son budget, et son budget, ce sont ses ventes. La revue se vend moins bien, elle est en crise. Elle est menacée de disparaître, Mounier va lancer à nouveau un appel à souscription, et là, il y aura une mobilisation notamment de la rédaction, les rédacteurs vont mettre la main à la poche, mais Mounier va solliciter également les groupes dans le cadre de ce que j'ai appelé un « militantisme de revue ». Vendre la revue dans les régions, dans la province, devient un objectif en soi. Il y a une tactique qui est presque commerciale, finalement, et on observe d'ailleurs dans certains journaux intérieurs, il y a un classement des groupes locaux qui est un classement des meilleures ventes et de la meilleure progression d'abonnés. Alors on distingue Lyon : + 19, c'est formidable, Grenoble : + 16, etc. Donc on encourage, mais, vous voyez, le mouvement devient, finalement, une agence commerciale en un certain sens. Alors Mounier habille, malgré tout, cette stratégie, il y a aussi une conviction derrière, c'est qu'il faut sauver un organe, une revue, une publication qui se veut l'héritière de la Résistance, d'un certain nombre de valeurs, d'un idéal. Alors, les groupes locaux, à ce moment-là, sont affectés par, si je puis dire, une faiblesse de la revue elle-même ou en tout cas une de ses caractéristiques. La revue est donc une « revue mouvement », mais elle est aussi une « revue rassemblement » et Bernard Comte l'a très bien rappelé tout à l'heure, c'est une revue qui, d'emblée, est une revue qui s'ouvre à la diversité. C'est une revue-carrefour, une revue de rencontres, une revue qui intègre d'autres courants de pensées que le seul courant de pensées de ses fondateurs. Dans ce cadre, le mouvement est conçu, justement, à la fois comme le lieu d'expression d'une identité, mais également comme le lieu de construction d'une nouvelle identité à partir de ces rencontres. Les deux objectifs sont parfois contradictoires, parce qu'il y a ceux qui veulent, si vous m'autorisez l'expression, faire du Esprit, et puis il y a ceux qui viennent à Esprit mais qui ont d'autres appartenances. Il y a le problème de la double appartenance, et c'est parfois difficile d'être à la fois un carrefour et le lieu d'expression d'une identité particulière. Et entre ces deux objectifs, on va voir que toutes les années 1940 et toutes les années 1950 vont se dérouler, finalement, entre ces deux pôles, la revue mouvement est quelque chose d'homogène, et en même temps accueillir de la diversité. Deux objectifs contradictoires entre lesquels va osciller la vie des groupes.

Une vie des groupes qui, par ailleurs, et c'est la deuxième tension, est aussi tiraillée par sa relation à la revue elle-même. Et ici, je vais parler un peu plus précisément du groupe lyonnais parce que Jean Lacroix a joué, dans cette seconde tension, dans ce tiraillement, un rôle essentiel. Lorsque Mounier meurt en mars 1950, les rédacteurs d'Esprit se posent la question de savoir s'il convient de continuer ou pas la revue. Jean Lacroix a une position très ferme, et dit qu'il faut arrêter la revue Esprit, mais il ne faut pas arrêter le mouvement. Donc vous voyez que Lacroix s'inscrit finalement un petit peu aussi dans une lecture assez proche de celle d'André Deléage : le mouvement est prioritaire par rapport à la revue. La revue va toutefois continuer, parce que Lacroix est très minoritaire, avec un nouveau directeur qui s'appelle Albert Béghin. A l'héritage de Mounier, Albert Béghin a une relation particulière, il n'est pas orthodoxe. Et Lacroix va devenir, au contraire, au sein de la revue et de la rédaction, le représentant d'une certaine orthodoxie, d'une certaine interprétation de la pensée d'Emmanuel Mounier. Et c'est cette interprétation qu'il va défendre au sein de la rédaction contre Albert Béghin, et il va le faire essentiellement en mobilisant les groupes locaux, le mouvement, et notamment le groupe lyonnais qui est son assise, sa base. C'est une base qu'il instrumentalise, qu'il mobilise, dans ses relations à la rédaction. Parce qu'il n'est pas content d'un article de Béghin, Lacroix écrit une lettre à Béghin en disant qu'il en a parlé au groupe lyonnais, que cela ne va pas du tout. Notons qu'il n'est pas le seul à avoir cette stratégie, et qu'un autre rédacteur, Henri Bartoli, très important dans les années 1950 de la revue Esprit, à Grenoble, a également le même type d'attitude. Entre la rédaction et les groupes locaux, il y a un lieu qui permet l'affrontement public, en quelque sorte, de toutes ces conceptions différentes, à la fois sur la forme et aussi sur le fond, on parle de convictions, et ce lieu est le Congrès. L'un des intérêts de cette revue, c'est d'être plus qu'une revue. C'est une revue-mouvement, et cette revue a donc des congrès qui sont, à l'époque, des congrès quasi annuels, qui se réunissent généralement en banlieue parisienne, et dans le compte-rendu des congrès, on voit bien ces affrontements se dessiner. Ils se dessinent entre deux lignes, donc, Jean Lacroix, porte-parole du mouvement, et porte-parole également d'une lecture du personnalisme qui va plutôt incliner Jean Lacroix à incarner, si je puis dire très rapidement, l'aile gauche de la revue. On pourra en rediscuter, mais Jean Lacroix est l'un de ceux qui va privilégier au sein de la revue, notamment l'ouverture et le dialogue, avec l'extrême gauche communiste. Et de l'autre côté, on a les partisans d'une « société de pensée », selon l'expression qu'utilise Albert Béghin, conception donc formelle, qui se double d'une conviction selon laquelle le personnalisme n'a rien à voir avec le communisme, et le personnalisme doit au contraire s'ouvrir sur une attitude critique vis-à-vis du communisme.

Donc voilà quels sont quelques-uns des enjeux, ce que l'on peut dire, c'est que les groupes vont disparaître progressivement, tout en continuant à exister pour certains d'entre eux. Ce que je vais dire n'est pas contradictoire, ce qui va disparaître en fait, ce sont les groupes en tant que démembrement, base d'un mouvement. Ce qui disparaît, c'est l'idée même de mouvement. Cette idée va s'essouffler notamment à partir des années 1960 parce que la nécessité du mouvement est bien moindre. Tous les gens qui étaient dans les groupes Esprit, lieux de rencontres, vont trouver un débouché à leurs engagements. Ce débouché sera très largement des organisations liées à la nouvelle gauche, c'est-à-dire, à partir de 1957-1958, le PSA, puis le PSU, et puis, autour du PSU, tout un ensemble de formations, de clubs, d'associations, on a parlé de « Vie Nouvelle », « Vie Nouvelle » fait partie de cette constellation, de cette galaxie, de cette série de groupes et de clubs, et c'est la nouvelle gauche qui va être le pôle d'attraction de ces engagements, et évidemment, la gauche va très largement se substituer au groupe dont la plupart vont tomber en désuétude, et il en restera quelques-uns à Lyon, à Strasbourg, à Rennes, mais ces groupes ne constituent plus la base d'un mouvement, et d'ailleurs, les congrès ne se réunissent plus à intervalles aussi réguliers, ils s'espacent tous les deux ans, tous les trois ans, jusqu'à ce qu'on cesse, finalement, de les convoquer, mais là, ce sera les années 1970.



Bernard Comte : Merci. Nous avons tous pu nous rendre compte que l'exposé de Goulven Boudic nous renvoie à un problème historiographique, problème que rencontrent tous les historiens, qu'ils soient jeunes ou vieux : comment rendre compte de phénomènes de pensées où il y a à la fois des personnes en même temps que des idées dans leurs complexités ? Et moi, je peux témoigner, ce n'est pas parce qu'il a dit du bien de ce que j'ai fait que je vais lui renvoyer la balle, mais je peux témoigner du sérieux historique certain de son travail sur les archives d'Esprit avec des correspondances, avec beaucoup de choses, et il est un spécialiste de Sciences Politiques, mais il a travaillé vraiment en historien. Et en même temps - moi, j'en ai fait des expériences dans des domaines où j'ai été historien - ceux qui ont connu personnellement, par exemple, Jean Lacroix et le fonctionnement de son groupe, diront que oui, tout cela est sans doute vrai, mais il y a aussi autre chose, il y a aussi un autre aspect. Alors c'est l'intérêt, je crois, de la réunion de ce soir, d'associer, comme on le fait souvent aujourd'hui, des historiens avec des gens qui ont été des témoins, et le premier témoin va être Denise Lallich-Domenach à qui je donne la parole.

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